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25 avril 2024

“Amis Africains, vous nous gâchez notre rêve !”


COURRIER INTERNATIONAL

“Amis Africains, vous nous gâchez notre rêve !”

La revue du parti ultraorthodoxe Shas a récemment publié une lettre ouverte adressée aux Soudanais et aux Erythréens « infiltrés » en Israël. Le message est simple : « Nous ne voulons pas vivre avec vous ! » Tout en se défendant de racisme, bien sûr.

05.06.2012 | Kobi Nahshoni | Yediot Aharonot

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Un soldat israélien monte la garde près d'un réfugié soudanais arrêté alors qu'il tentait de franchir la frontière depuis l'Egypte, au nord d'Eilat, en novembre 2010.

© AFP

Un soldat israélien monte la garde près d’un réfugié soudanais arrêté alors qu’il tentait de franchir la frontière depuis l’Egypte, au nord d’Eilat, en novembre 2010.

La revue du Shas [parti politique israélien ultraorthodoxe] vient officiellement de rejoindre la lutte contre les clandestins menée par son président [et ministre de l’Intérieur israélien] Eli Yishaï. Yom LeYom, l’organe du parti ultraorthodoxe, a publié une lettre aux étrangers « qui s’infiltrent », qui se veut « une vraie conversation avec les vrais Soudanais, par affection et par souci des convenances ». Mais sa conclusion est la suivante : « Vous nous gâchez notre rêve. Mieux vaut que nos chemins se séparent. »

Le rabbin Moshe Shafir commence sa lettre sur un ton prétendument apaisant : « Chers Soudanais, nous vous aimons. Rien de ce que pourra vous faire un Juif ne peut être pire que les balles que l’on tire sur vous à la frontière égyptienne. »

Puis il explique pourquoi les deux populations ne peuvent pas vivre ensemble. « Une société [celle des immigrés] qui est en fait une bombe sociale à retardement, marquée par le vol, la violence, la sodomie et l’assimilation, qui s’accompagnent de la destruction de l’institution du mariage et de la juste cellule familiale – une telle société doit être tenue à l’écart et à distance, et le plus tôt sera le mieux. »

Selon cette lettre, le peuple juif est retourné sur sa terre après bien des années d’exil « pour concrétiser le potentiel positif de l’humanité (…). Vous avez montré que ça n’est pas ‘votre truc’ ; c’est pourquoi il vaut mieux nous séparer en amis. (…) Vous nous gâchez notre rêve. (…) Peut-être nous avez-vous aidés à plusieurs égards, mais, dans les circonstances actuelles, ce n’est sans doute plus le cas. »

« Il n’y a là aucun racisme ni aucune autre doctrine raciale, se défend Moshe Shafir. Il s’agit des principes de vie en société entre êtres humains convenables. » Plus loin, il enfonce le clou : « Cela n’a rien à voir avec le racisme des nazis – grands dieux, non ! –, qui était tout le contraire : une société corrompue et meurtrière s’est débarrassée d’un peuple étranger et honnête qui ne lui faisait que du bien et compensait ses déséquilibres par la pureté de ses vertus. »

Le rabbin conclut son article en citant le célèbre discours de Martin Luther King, I Have a Dream : « Ecoutez, mes chers et tendres Soudanais. Aux Etats-Unis, le rêve de Martin Luther King est devenu réalité. Allez-y, mettez cela en pratique au Soudan et en Erythrée. Nous promettons de vous aider, nous serons même ravis de le faire, comme toujours. »

Parallèlement, le ministre de l’Intérieur Eli Yishaï rencontrait ce dimanche l’ambassadeur d’Erythrée en Israël, Tesfamariam Tekeste. Dans une déclaration, le ministre dit avoir demandé au diplomate de porter un message à son peuple : « Israël ne peut pas devenir une destination pour les Erythréens ni pour aucun clandestin qui, à l’avenir, pourra être placé en centre de détention. »

Les deux hommes ont également évoqué une coopération entre les deux pays pour le retour des clandestins « infiltrés » en Erythrée. Selon le ministère des Affaires étrangères et en vertu des obligations internationales d’Israël, il n’est pour l’heure pas possible de les renvoyer.

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