Libye : élections, tortures et business
14 juillet 2012
Libye : élections, tortures et business> Au lendemain des élections législatives en Libye, les grands médias occidentaux soucieux de cautionner le nouveau régime politique imposé par l’OTAN ont annoncé la victoire des libéraux de l’Alliance…
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Au lendemain des élections législatives en Libye, les grands médias occidentaux soucieux de cautionner le nouveau régime politique imposé par l’OTAN ont annoncé la victoire des libéraux de l’Alliance des forces nationales, sous la houlette de Mahmoud Jibril, face aux Frères Musulmans du Parti pour la justice et le développement de Mohamed Sawan dans les grandes villes, et l’échec des autonomistes de Benghazi, mécontents de la répartition des sièges à l’assemblée constituante à faire échouer la tenue du scrutin (ils avaient détruit le bureau de la commission électorale à Adjdabia et ordonné la fermeture des entreprises de raffinage de pétrole de Syrte).
Les Frères musulmans paieraient ainsi le prix de leur proximité avec Seif-el-Islam Kadhafi (actuellement détenu à Zeitan) après qu’il eût fait libérer 150 d’entre eux en 2003 (ils avaient boycotté la conférence de l’opposition à Londres en 2005 appelant au renversement du régime) ainsi que leurs liens trop visibles avec le Qatar. Toutefois l’avance de Jibril, candidat des Occidentaux, président du Conseil national de transition et ancien patron des réformes économiques sous Kadhafi, est toute relative. En outre 80 des 200 sièges de l’assemblée constituante seulement sont attribués aux partis politiques, les autres des « indépendants ». Ce montage a été suggéré par les« spin doctors » américains logés à l’hôte Rixos en vue de marginaliser les Frères musulmans et les salafistes comme Abdelhakim Belhadj, et devrait conduire de toute façon à un gouvernement d’union nationale entre islamistes et libéraux en vue de l’élaboration d’une constitution qui débouchera seulement en 2013 sur l’élction d’une assemblée législative définitive.
Ce que les médias occidentaux oublient de dire, c’est que, comme en Irak en 2004, ou en Haïti sous l’occupation de l’ONU, les élections sous le nouveau régime ne sont pas démocratiques puisque tous les courants d’expression ne sont pas libres de concourir au scrutin (notamment les partisans de l’ancien régime) et que le règne des milices compromet la liberté d’expression et de pensée.
Début juillet Amnesty International a publié un rapport d’enquête sur des faits des mois de mai et juin dernier intitulé « Libya: rule of law or rule of militias ? » (Libye règne de la loi ou règne des milices ?).
Le rapport cite notamment le cas de Hasna Shaeeb (Chahib, en retranscription française), une femme de 31 ans, enlevée à son domicile de Tripoli en octobre dernier par des hommes en tenue militaire et transférée à l’ancien Bureau du fonds de dotation islamique dans la capitale. Elle a été accusée d’avoir été une loyaliste pro-Kadhafi et un sniper. On l’a faite s’asseoir sur une chaise avec ses mains menottées dans le dos et elle a reçu des décharges électriques à sa jambe droite, aux parties intimes et la tête. Les gardes a menacé d’introduire sa mère dans la cellule et de la violer, et ont versé de l’urine sur elle.