Mali : L’ONU a coupé la poire en deux
15 octobre 2012
Par : Kharroubi Habib
Préalablement à l’opération militaire de reconquête du Nord-Mali le gouvernement malien et les rebelles touaregs doivent s’impliquer dans un processus de négociations crédible et que l’intervention militaire reste affaire du Mali et des Etats africains concernés par la situation dans ce pays et au Sahel.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi 13 octobre une résolution sur la crise malienne dont le contenu et les préconisations «ménagent» les points de vue divergents qui opposent partisans et adversaires de l’intervention militaire en vue de mettre fin à la sécession du Nord-Mali du reste du pays. Adoptée à l’unanimité, la résolution de l’instance onusienne entérine en effet le principe d’une intervention militaire ainsi que l’ont demandé le Mali, la France et la CEDEAO. Mais elle a dans le même temps laissé la porte ouverte à l’opportunité d’une négociation afin de rechercher une solution politique viable respectant la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. Ce pourquoi ont plaidé l’Algérie et d’autres Etats qui estiment possible cette option.
Par ailleurs, si le Conseil de sécurité a donné satisfaction aux partisans de l’intervention militaire, il a parallèlement exigé des Etats de l’Afrique de l’Ouest de préciser pour l’ONU leur plan en vue de celle-ci. Il leur a accordé 45 jours à cet effet. Cette conditionnalité fait que seule l’ONU est habilitée à donner le feu vert à l’intervention militaire quand les précisions demandées par le Conseil de sécurité s’avèreront satisfaisantes. La solution est aussi claire quant aux parties appelées à participer à l’intervention militaire. C’est à l’armée malienne, a décrété le Conseil de sécurité, qu’il revient de mener la reconquête du Nord. Les pays membres de l’ONU et des organisations comme l’Union européenne sont invités seulement à entraîner et à équiper cette armée et à soutenir les efforts pour combattre les groupes terroristes.
La résolution du Conseil de sécurité ne constitue nullement une défaite pour l’Algérie comme pourraient le laisser entendre certains milieux. La diplomatie algérienne a au contraire obtenu que le Conseil de sécurité fasse droit aux deux considérations principales à la base de sa position sur la crise malienne. A savoir que préalablement à l’opération militaire de reconquête du Nord-Mali le gouvernement malien et les rebelles touaregs s’impliquent dans un processus de négociations crédible et que l’intervention militaire reste affaire du Mali et des Etats africains concernés par la situation dans ce pays et au Sahel.
En tout état de cause, l’intervention militaire dont le principe a été entériné par le Conseil de sécurité ne pourra être engagée que lorsque l’armée malienne sera prête à la mener. Ce qui est impossible à brève échéance vu l’état d’impréparation ou plus exactement de déliquescence de cette institution et du peu de fiabilité de sa chaîne de commandement.
Ce à quoi s’ajoute l’obstacle d’un pouvoir civil malien à la légitimité insuffisante pour imposer à cette armée l’objectif de reconquête espérée. Confusion et situation dont les interventionnistes étrangers (la France pour ne pas la nommer) pourront prendre prétexte pour outrepasser le cadre et le mode opératoire fixés par le Conseil de sécurité à l’intervention militaire au Mali, ce qui conduirait à d’inextricables complications qui ne feront qu’accroître l’instabilité et les problèmes dont le Sahel est le théâtre.
Le Quotidien d’Oran