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23 avril 2024

Une autre entourloupe colonialiste en chantier


Une autre entourloupe colonialiste en chantier
Ahmed Halfaoui


© Ahmed Halfaoui

Mardi 7 mai 2013

Le 11 septembre 2012, Moncef Marzouki, président provisoire de la République tunisienne, par cooptation des Frères musulmans d’Ennahda, a déclaré à partir de Doha au Qatar que «la Tunisie va soumettre officiellement à l’Organisation des Nations unies (ONU) un projet de création d’une cour constitutionnelle internationale». Le 3 mai 2013, s’est ouverte à Tunis une conférence sous le signe «Etablissement de la cour constitutionnelle internationale, une mesure pour prévenir le détournement des institutions démocratiques». Certainement convaincu d’une mission immanente et d’être réellement auréolé d’un prestige personnel, M. Marzouki s’en va démocratiser la planète. Et c’est du sérieux.

Selon lui, les institutions internationales actuelles ne peuvent modifier le rapport entre dictature et démocratie. En conséquence, il a sérieusement cravaché sur le sujet, il a mobilisé, durant des mois, juristes et spécialistes constitutionnalistes et se trouve désormais près du but. Son projet va prendre forme pour prendre la destination des instances onusiennes. Auprès desquelles M. Marzouki promet de peser de tout le poids dont il dispose pour faire la promotion de son dossier.

En attendant ce jour, il se contente de communiquer son enthousiasme et ne se prive pas de mots : «Rêvez que la cour constitutionnelle internationale sera basée à Tunis. Mais laissez-moi rêver également… que la grande salle de sa bibliothèque portera mon nom. Si c’est trop demandé, j’accepte la cafétéria.» Des mots qui donnent du grain à moudre à la rue tunisienne et un sujet supplémentaire aux critiques acerbes du Président.

Surtout qu’en termes de priorités, la situation du pays en pose suffisamment pour que les Tunisiens rejoignent les lubies de leur Président. Ainsi, ne l’oublions pas, c’est du Qatar qu’a été émise l’idée de la cour constitutionnelle internationale. Ce qui devrait paraître tout à fait incongru et étonnant à la fois. L’émir Hamad n’a pas réagit et à continué à «aider» la Tunisie, lâchée par la finance mondiale, malgré la grande hostilité populaire à son égard. Il ne s’est donc pas senti menacé. La démarche de M. Marzouki s’avère de fait sans danger à l’égard de la gouvernance en vigueur dans les pétromonarchies.

D’ailleurs, il vient de proférer une menace sans ambiguïté contre ses compatriotes : «Toute personne qui manquera de respect envers ce pays (le Qatar) devra assumer ses responsabilités.» Lors de son séjour à Doha, il avait aussi réitéré qu’il voulait, comme le Qatar, une intervention militaire arabe «en soutien au peuple syrien». Du coup, sa cour constitutionnelle internationale se met à sentir le soufre avant même de naître.

Le rôle «démocratique» qui lui est imparti ne doit pas être différent de celui de la CPI, il aura même l’avantage de rendre caduques les procédures d’agression actuelles, puisque ladite cour pourra être saisie par des «associations» et peut-être par des «personnalités» droitdelhommistes qui considéreraient que la démocratie serait bafouée. Il suffira que l’ONU lui attribue les pouvoirs qu’il faut et le tour est joué. Un simple arrêt de sa part permettra de mettre en branle des opérations de «sauvetage des peuples».

Mais, comme les peuples européens sont eux-mêmes victimes de mesures anticonstitutionnelles, leurs dirigeants se risqueront-ils à suivre le président tunisien ? Peut-être que oui, puisque le droit de la force prime en dernière instance.

Article publié sur Les Débats
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http://palestine-solidarite.org/analyses.Ahmed_Halfaoui.070513.htm      
http://www.lesdebats.com/editions/060513/les%20debats.htm

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