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26 avril 2024

L’autre 8 mai 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata…


Toutes les télés, tous les médias nous rappellent que le 8 mai, c’est l’anniversaire de la libération contre le nazisme en 1945… ils oublient juste que le 8 mai 1945 l’armée et les colons tuaient 40 000 Algériens qui voulaient également fêter la libération en brandissant des  drapeaux algériens à Setif, Guelma et Kherrata.     Se libérer de la barbarie pour devenir barbare à son tout. C’était cela  la France de 1945

ginette

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L’autre 8 mai 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata…

Il y a 68 ans  : les massacres du 8 mai 1945 dans le Nord-Constantinois.
Kateb Yacine,  collégien à l’époque, est témoin oculaire à Sétif : « Je
témoigne que la  manifestation du 8 mai était pacifique. En organisant une
manifestation qui se  voulait pacifique, on a été pris par surprise. Les
dirigeants n’avaient pas  prévu de réactions. Cela s’est terminé par des dizaines
de milliers de victimes.  » (lire la suite)

À Guelma, les milices préfigurent l’OAS – voir  l’article de Jean-Pierre
Peyroulou.
La guerre d’Algérie a commencé à Sétif  [1]
Le 8 mai, le Nord-Constantinois, délimité par les villes de Bougie,  Sétif,
Bône et Souk-Ahras et quadrillé par l’armée, s’apprête, à l’appel des AML
[Amis du Manifeste et de la liberté ] et du PPA [Parti du peuple algérien
de  Messali Hadj], à célébrer la victoire des alliés. Les consignes sont
claires :  rappeler à la France et à ses alliés les revendications
nationalistes, et ce par  des manifestations pacifiques. Aucun ordre n’avait été donné en
vue d’une  insurrection. On ne comprendrait pas sans cela la limitation des
événements aux  régions de Sétif et de Guelma. Dès lors, pourquoi les
émeutes et pourquoi les  massacres ?
La guerre a indéniablement suscité des espoirs dans le  renversement de l’
ordre colonial. L’évolution internationale les conforte. Les  nationalistes,
PPA en tête, cherchent à précipiter les événements. De la  dénonciation de
la misère et de la corruption à la défense de l’islam, tout est  mis en œ
uvre pour mobiliser. […]
Chez les Européens, une peur réelle  succède à l’angoisse diffuse. Malgré
les changements, l’égalité avec les  Algériens leur reste insupportable. Il
leur faut coûte que coûte écarter cette  alternative. Même la pâle menace de l
’ordonnance du 7 mars 1944 [relative au  statut des Français musulmans d’
Algérie] les effraie. Leur seule réponse, c’est  l’appel à la constitution
de milices et à la répression. Ils trouvent une écoute  chez Pierre-René
Gazagne, chez le préfet de Constantine Lestrade Carbonnel et le  sous-préfet de
Guelma André Achiary, qui s’assignent pour but de « crever  l’abcès ».
A Sétif, la violence commence lorsque les policiers veulent se  saisir du
drapeau du PPA, devenu depuis le drapeau algérien, et des banderoles
réclamant la libération de Messali Hadj et l’indépendance. Elle s’étend au monde
rural, où l’on assiste à une levée en masse des tribus. A Guelma, les
arrestations et l’action des milices déclenchent les événements, incitant à la
vengeance contre les colons des environs. Les civils européens et la police
se  livrent à des exécutions massives et à des représailles collectives. Pour
empêcher toute enquête, ils rouvrent les charniers et incinèrent les
cadavres  dans les fours à chaux d’Héliopolis. Quant à l’armée, son action a
fait dire à  un spécialiste, Jean-Charles Jauffret, que son intervention « se
rapproche plus  des opérations de guerre en Europe que des guerres coloniales
traditionnelles ».
Mohammed Harbi
[1] Extrait de Mohammed Harbi : “la guerre d’Algérie a  commencé à Sétif”

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