L’empire du Qatar atteint la Grèce

L’émir du Qatar vient d’acheter une demi-douzaine d’îles grecques en mer Ionienne, pour 8,5 millions d’euros.

Le Qatar continue à pratiquer une politique d’intervention tous azimuts. Son émir, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, s’est offert, pour la modique somme de 8,5 millions d’euros (11 millions de dollars), six îles grecques de la mer Ionienne, rapporte le Guardian dans son édition du 4 mars.

L’achat a nécessité dix-huit mois d’efforts, le temps de fixer un prix avec les propriétaires et de naviguer à travers les subtilités administratives locales.

«La Grèce est ce genre d’endroits. Même quand vous achetez une île, même si vous êtes l’émir du Qatar, il faut un an et demi pour que les formalités soient faites», affirme au Guardian l’avocat d’affaires Ioannis Kassianos.

Les îles, baptisées Echinades, font partie de l’archipel des îles Ioniennes situées le long de l’Acarnanie. L’émir aurait eu le coup de foudre il y a quatre ans, après avoir jeté l’ancre de son yacht luxueux dans l’archipel et découvert les magnifiques plages qu’il recèle.

M. Kassianos croit savoir que l’émir, qui a promis un nouveau pipeline pour alimenter Ithaque en eau depuis le continent, «a créé un fonds de quelques centaines de millions de dollars pour acheter la totalité de l’archipel, formé de 18 îles», la plupart inhabitées.

Pour s’offrir ces îles, l’émir a toutefois dû négocier. La première île, Oxia, était proposée à 7 millions d’euros (9 millions de dollars) avant que ses propriétaires australiens acceptent de s’en séparer pour 5 millions d’euros (6,5 millions de dollars). La famille de
Denis Grevias, qui possédait les cinq autres îles, a aussi revu son prix à la baisse. «Ma famille possédait les îles depuis plus de 150 ans mais nous n’avons pas les moyens de les garder plus longtemps. Nous sommes très heureux de les avoir vendues. Elles sont sur le marché depuis près de 40 ans», souligne M. Grevias.

Avec leurs plages de sable fin, leurs oliviers, les îles vierges sont un endroit de choix pour les investisseurs. Mais, selon le Guardian, l’objectif de l’émir du Qatar serait d’y construire des palais pour ses trois femmes et 24 enfants. Les architectes auraient déjà emménagé pour établir les plans.

Des architectes qui «risquent toutefois de tomber sur un os», note le Guardian: une loi grecque limitant la surface des maisons à 250 mètres carrés quelle que soit la surface du terrain sur lequel elles sont bâties. «L’émir a affirmé que ses toilettes faisaient 250 mètres carrés et sa cuisine à elle seule s’étendait sur plus de 1000 mètres carrés», relève M. Kassianos, au moment où le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a dépassé le seuil alarmant d’un milliard, selon le dernier rapport de la FAO.

Ambitions d’influence démesurées

Cette acquisition n’est pas le premier investissement qatari en Grèce, le pays le plus pauvre de la zone euro. En octobre 2011, le fonds souverain Qatar Holdings avait investi un milliard de dollars (755 millions d’euros) dans deux mines d’or grecs et pris une participation de 9,9 % dans le groupe European Goldfields, qui exploite les gisements. Le mois précédent, le fonds avait investi 500 millions d’euros dans le secteur bancaire grec en permettant la fusion des deuxième et troisième banques du pays, Alpha et Eurobank.

Ce richissime Etat gazier du Golfe, aux ambitions d’influence démesurées, a non seulement raflé l’organisation de la Coupe du monde de foot 2022 et racheté le club parisien du football Paris Saint-Germain PSG, ses deux faits d’armes les plus connus en France, mais il a aussi pris 5 % de la banque Santander au Brésil, le plus gros établissement financier d’Amérique latine, renfloué les studios de cinéma Miramax mis en vente par Disney et placé un autre milliard de dollars dans un fonds d’investissement en Indonésie.

Parallèlement, le Petit Poucet qatari montait au front des «révolutions arabes», en envoyant ses avions de chasse Mirage et ses forces spéciales à la rescousse des rebelles libyens et en s’activant à fournir des armes et des munitions aux insurgés syriens.

Source: Divers, édité par: moqawama.org