APRÈS AVOIR SUSCITÉ DE GRAVES ACCUSATIONS CONTRE L’ALGÉRIE Ghannouchi fait marche arrière…
3 août 2013
APRÈS AVOIR SUSCITÉ DE GRAVES ACCUSATIONS CONTRE L’ALGÉRIE Ghannouchi fait marche arrière…
La technique est bien rodée chez le leader d’Ennahda, Rached Ghannouchi qui excelle dans cette version frelatée du machiavélisme. Le procédé consiste à attaquer, charger et accuser quitte ensuite à se renier de la manière la plus vile, une fois le coup parti. Après avoir suscité auprès de ses relais médiatiques de graves accusations contre l’Algérie en insinuant qu’elle a été derrière le massacre des 10 militaires tunisiens au mont Chaâmbi, le chef du mouvement islamiste Ennahda se rétracte. Il fond dans un communiqué dans lequel il a dénoncé les déclarations et les commentaires visant à impliquer des pays voisins dans les événements en Tunisie, en allusion à l’Algérie. Avant d’insister sur l’importance des «relations avec les pays du voisinage, à leur tête l’Algérie». C’est exactement la même méthode qu’il a utilisée à Alger, en juin dernier, quand il a été invité au colloque organisé par le MSP à Zéralda. Devant les journalistes, M.Ghannouchi déclare que Abderezzak Mokri «est le mieux indiqué pour le poste de président de la République», s’immisçant ainsi dans les affaires internes de l’Algérie. Une journée après cette déclaration, il se rétracte et qualifie de «pures affabulations» les propos qui lui sont attribués par la presse et selon lesquels il aurait apporté son soutien au président du MSP.
Les graves accusations colportées par certains milieux médiatiques tunisiens sous l’inspiration du leader nahdaoui ont suscité une levée de boucliers aussi bien en Algérie qu’en Tunisie.
L’Algérie a «fermement» condamné les allégations «scandaleusement mensongères» rapportées par certains cercles en Tunisie, à travers des télévisions et sites électroniques, qui la mettent en cause dans la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays, a indiqué, jeudi, le ministère des Affaires étrangères. «Nous notons que certains cercles en Tunisie colportent sur les plateaux de télévision ainsi que sur certains sites électroniques des allégations irresponsables et des amalgames inacceptables mettant en cause l’Algérie en relation avec la détérioration de la situation sécuritaire en Tunisie», a affirmé, dans une déclaration, le porte-parole du MAE, Amar Belani. Jeudi, c’est le gouvernement qui a réagi par la voix de son ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie tunisienne a réfuté les allégations mettant en cause l’Algérie et «des pays frères et amis dans la détérioration de la situation sécuritaire» en Tunisie. «Suite aux insinuations de certains médias et sites sociaux mettant en cause des pays frères et voisins et leur imputant d’être impliqués dans les événements déplorables survenus récemment dans notre pays, le ministère des Affaires étrangères rejette, de la manière la plus catégorique, tout ce qui est de nature à compromettre les relations» de la Tunisie avec ces Etats, souligne le communiqué.
Le ministère tunisien des AE a particulièrement cité «la grande soeur, l’Algérie qui n’a rien à voir avec les tentatives visant à porter atteinte à la paix et à la stabilité en Tunisie, d’autant que les deux peuples frères sont unis par un même destin». De même qu’il a été souligné dans le même communiqué «le niveau de la coopération bilatérale constructive et de la coordination sécuritaire continue établie entre la Tunisie et tous les pays de la région, particulièrement l’Algérie, compte tenu des défis sécuritaires communs qui se posent aujourd’hui à nous et de leur incidence sur la stabilité de la Tunisie». Il a mis en exergue son souci «d’oeuvrer à l’approfondissement des relations unissant la Tunisie avec les pays frères et amis, notamment les pays voisins». Enfin, le ministère tunisien des Affaires étrangères a identifié la cible en lançant un avertissement à peine voilé à Ennadha. Aussi, a-t-il mis en garde «toutes les parties politiques et composantes de la société civile contre toute tentative visant à compromettre les relations fraternelles et amicales de la Tunisie avec tous les pays frères et amis (…)». http://www.lexpressiondz.com/actualite/178660-ghannouchi-fait-marche-arriere.html Rappel: http://www.lexpressiondz.com/actualite/178588-ghannouchi-franchit-la-ligne-rouge.html
L’art de la guerre
« Solution » égyptienne pour la Tunisie ?
Manlio Dinucci
En Egypte, le général Abdel Fattah al-Sisi –homme du Pentagone, nommé il y a un an par le président Morsi chef d’état-major et ministre de la défense- ordonne d’ouvrir le feu sur les Frères musulmans qui protestent à cause de la déposition et de l’arrestation de Morsi et appelle les forces laïques, en descendant dans la rue, à lui donner « le mandat pour affronter la violence et le terrorisme ». Appel reçu aussi en Tunisie. « Ce qui arrive en Egypte nourrit nos espoirs et pourrait avoir une influence sur la Tunisie, parce que l’ennemi commun sont les Frères musulmans », déclare Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Balaid, le leader du Front populaire assassiné en février dernier (il manifesto, 23 juillet). Et conclut : « Ce qui est arrivé en Egypte n’est pas un coup d’état, c’est la continuation de la révolution ». Grâce à cette caste militaire formée et financée par les USA, qui a garanti pendant plus de trente ans le régime de Moubarak, puis la « transition pacifique » quand le soulèvement populaire a renversé Moubarak ; puis l’ascension de Morsi à la présidence pour neutraliser les forces laïques, et enfin la déposition de Morsi quand se sont soulevées contre lui les oppositions laïques. Face à la sanglante répression du Caire, la Maison Blanche a diplomatiquement déclaré « ne pas avoir l’obligation légale de déterminer si les militaires égyptiens ont accompli un coup d’état en déposant le président Morsi », formule qui permet aux USA de continuer à fournir au Caire une aide militaire de 1,5 milliards de dollars annuels. Continuant ainsi à renforcer la caste militaire, principal levier de l’influence étasunienne et occidentale en Egypte. Comme elle l’est en Tunisie.
La Tunisie –informe l’ambassade USA- est un « allié stratégique de longue date pour les Etats-Unis », qui ont formé, entraîné et équipé ses forces armées. Confirmé par le fait que c’est « un des rares pays au monde qui ait des cadets dans toutes les académies militaires des Etats-Unis », où se sont formés environ 5mille hauts gradés tunisiens. Cette caste militaire, qui est aussi de formation française, après avoir soutenu pendant 24h le dictateur Ben Ali, l’a officiellement déposé quand désormais il avait été renversé par le soulèvement populaire.
Aujourd’hui, alors que l’affrontement se fait plus aigu entre les islamistes et les laïcs, certains dans la gauche tunisienne en appellent à cette caste militaire pour une « solution » de type égyptien, c’est-à-dire une intervention armée contre le parti islamique, « l’ennemi commun ». Position suicidaire. Comme le démontre ce qui arrive en Egypte, où les puissantes forces extérieures et intérieures opposées à la révolution ont favorisé la fracture du mouvement populaire qui a renversé la dictature de Moubarak, avec comme résultat l’affrontement aujourd’hui entre des masses musulmanes appauvries et des masses laïques appauvries. Au profit de la caste militaire, laquelle renforce sa position et ainsi celle des puissances –au premier rang desquelles les USA- qui tiennent l’Egypte sous le joug de leurs intérêts politiques, stratégiques et économiques.
Au profit d’Israël, qui renforce son siège contre Gaza : les militaires égyptiens ont détruit ou fermé environ 80% des tunnels, vitaux pour l’approvisionnement en nourriture et en carburant et donc pour la survie de la population palestinienne. Et pendant que, dans le sillage des USA, l’Union européenne inscrit la branche militaire du Hezbollah islamique libanais dans la liste des « organisations terroristes », des groupes terroristes islamiques continuent à être infiltrés en Syrie par les USA et par les alliés européens.
Et certains à gauche continuent à définir cela aussi comme une « révolution ».
Edition de mardi 30 juillet 2013 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130730/manip2pg/14/manip2pz/343816/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio