Égypte: plus de 460 morts après la dispersion des pro-Morsi
jeudi 15 août 2013 à 10h10
Les Egyptiens commençaient jeudi à revenir timidement dans les rues au lendemain de la journée la plus meurtrière de l’histoire récente du pays marquée par la mort de plus de 460 personnes, notamment dans la dispersion des manifestants pro-Morsi au Caire.
© reuters
Après que les violences ont rapidement gagné l’ensemble du pays, un couvre-feu nocturne a été décrété dans la moitié du pays et l’état d’urgence, dont la levée avait été un des acquis de la révolte populaire de 2011, a été déclaré pour un mois.
Aucun incident n’a été signalé dans la nuit et le trafic reprenait doucement dans la matinée –bien loin toutefois de l’agitation habituelle de la mégalopole égyptienne–, mais les Frères musulmans, l’influente confrérie dont est issu le président islamiste déchu Mohamed Morsi, ont appelé à maintenir la mobilisation, faisant craindre une nouvelle flambée de violences.
Les autorités intérimaires, installées par les militaires après la destitution et l’arrestation de l’ex-chef de l’Etat islamiste le 3 juillet ont prévenu qu’elles ne toléreraient aucun nouveau sit-in ou nouvelles violences, après avoir salué « la très grande retenue » de la police.
Preuve de leur détermination, des images aériennes ont montré le village de tentes des pro-Morsi sur la place Rabaa al-Adawiya en feu, une scène impressionnante et totalement inédite dans la capitale égyptienne.
Jeudi matin, la mosquée Rabaa, épicentre de la contestation et QG des derniers dirigeants des Frères musulmans n’ayant pas encore été arrêtés par les autorités, avait en grande partie brûlé, a constaté un photographe de l’AFP.
L’intervention des forces de l’ordre a toutefois suscité l’indignation à travers le monde, la communauté internationale, qui avait tenté une médiation pour éviter ce bain de sang, condamnant un « massacre » et un recours « lamentable » à la force.
Le bilan officiel fait état de 464 morts –421 civils et 43 policiers– et de 3.572 blessés dans tout le pays mais le nombre de victimes pourrait être bien plus élevé car sur la seule place Rabaa Al-Adawiya, principal point de rassemblement des pro-Morsi au Caire, un journaliste de l’AFP a dénombré 124 cadavres, la plupart portant des impacts de balles. Les Frères musulmans, eux, évoquent 2.200 morts et plus de 10.000 blessés.
Dans le pays, où les Egyptiens étaient descendus en masse dans les rues fin juillet pour « donner mandat » à la toute-puissante armée afin d’en finir avec le « terrorisme » en référence aux milliers de manifestants pro-Morsi qui occupaient deux places du Caire depuis un mois et demi, plusieurs figures d’importance se sont toutefois désolidarisées de l’opération meurtrière.
Belga