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30 décembre 2024

Al-Qaïda contre ASL : la lutte d’influence derrière les affrontements au sein de l’opposition syrienne


Mercredi 25 septembre 2013

Al-Qaïda contre ASL : la lutte d’influence derrière les affrontements au sein de l’opposition syrienne

 

Par Scarlett Haddad (Revue de presse: L’Orient-Le Jour -24/9/13)*

 

Les combats entre les différentes factions de l’opposition syrienne, pratiquement en concomitance avec l’annonce de l’accord russo-américain sur l’arsenal chimique du régime syrien, ont surpris les milieux politiques libanais. Les partisans du régime syrien ont du mal à dissimuler leur satisfaction. Tout en déplorant les victimes, ils ne se privent pas de dire que cela était prévisible, tant l’opposition est désunie et hétérogène, sans vision ni projet communs. De leur côté, les partisans de l’opposition syrienne sont déçus, tout en essayant de réduire la portée de ces accrochages et de les considérer comme mineurs, même s’ils reconnaissent à contrecœur que ces combats servent les intérêts du régime.

 

Mais au-delà des réactions subjectives dictées par les sympathies et les alliances, ces affrontements «fratricides» sont, selon un spécialiste de la scène islamique, l’indice qu’une solution est en vue et que chaque camp souhaite être l’interlocuteur au nom de l’opposition dans cette sorte de«Taëf libanais» que pourrait devenir la conférence de Genève 2. Ce spécialiste précise qu’en période de guerre, surtout interne, au sein d’un même pays, ce genre d’affrontement est presque banal lorsque plusieurs parties et courants se battent dans la même tranchée. Mais dans le cas de la Syrie, ces combats revêtent aussi une autre dimension, puisque derrière les deux grands groupes, l’Armée syrienne libre et le Front al-Nosra qui se battent contre le régime (et entre eux), se profilent les États qui les soutiennent. Le spécialiste de la scène islamique précise ainsi que ces combats reflètent en réalité la grande division du monde islamique entre le courant des Frères musulmans et celui des wahhabites. En théorie, ces deux courants considérés comme fondamentalistes ont la même démarche religieuse et relèvent d’un même chef de file, Hassan el-Banna. En revanche, tout en prônant un islam pur et dur, Hassan el-Banna n’appelait pas au Jihad (la lutte sacrée), ni au Takfir (retirer à quelqu’un son appartenance au monde musulman). C’est d’ailleurs pour cette raison que les Frères musulmans, qui sont bien implantés dans la région, ont un double visage, celui de la non-violence quia séduit de nombreux musulmans et celui qui au contraire appelle à la violence et qui est apparu clairement récemment en Égypte et ailleurs. Au départ, il s’agit donc d’un courant de pensée non violent, mais le second chef de file du mouvement, Sayyed Kotb, a lancé, lui, le concept du jihad.

 

Ce qui se passe aujourd’hui entre les factions de l’opposition syrienne serait donc un épisode de cette lutte sourde mais violente entre les Frères musulmans et les wahhabites, qui veulent, chacun de son côté, être les grands représentants du monde musulman. Les parties de l’opposition inscrites dans la mouvance des Frères musulmans sont appuyées par la Turquie et le Qatar et les autres sont appuyées par l’Arabie saoudite. Et derrière leurs combats pour le contrôle des terrains pris par les factions de l’opposition, se profile donc la lutte sourde que se livrent la Turquie et l’Arabie saoudite pour le leadership du monde musulman. Car, comme toujours au Moyen-Orient, un conflit en cache un autre. Au-delà des combats sur le terrain, il y aurait donc une lutte d’influence régionale, mais le résultat est le même.

 

*Une lutte d’influence derrière les affrontements au sein de l’opposition syrienne

http://www.lorientlejour.com/article/834539/une-lutte-dinfluence-derriere-les-affrontements-au-sein-de-lopposition-syrienne.html

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