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23 novembre 2024

Quand le FLN algérien assurait la formation militaire de Mandela


 

Quand le FLN algérien assurait la formation militaire de Mandela

Au début des années 60, Nelson Mandela a préparé la lutte armée contre le régime de l’apartheid en se rendant notamment en Algérie. Retour sur cette relation secrète entre l’ex-président sud-africain et ce qu’il appelait parfois « sa seconde patrie ».

Par Ségolène ALLEMANDOU  (texte)

Nelson Mandela a entretenu une relation particulière avec l’Algérie, en raison de leur histoire commune. Le rapprochement entre le militant du Congrès national africain (ANC), qui a lutté contre l’apartheid, et les militants du Front de libération nationale (FLN) algériens, qui ont combattu pour leur indépendance contre la France coloniale, s’est opéré comme une évidence.

Cette complicité voit le jour au début des années 60, quand l’ANC est interdit en Afrique du Sud et que les protestations anti-apartheid non-violentes ont échoué à faire céder le parti nationaliste au pouvoir. En 1961, Nelson Mandela décide alors de prôner la résistance et d’entrer dans la clandestinité. Rapidement, le militant, alors âgé de 43 ans, se voit confier les rênes de la nouvelle branche militaire de l’organisation, Umkhonto weSizwe (MK, la Lance de la nation).

Rencontres secrètes avec l’ALN

En 1961, Nelson Mandela quitte son pays pour parcourir le continent africain et l’Europe, afin de se roder aux techniques de guérilla et de solliciter des appuis pour l’ANC. Au cours de cette tournée, le militant, accompagné de Robert Reisha (futur représentant de l’ANC en Algérie indépendante), reçoit sa première formation militaire au côté de l’Armée de libération nationale (ALN), branche armée du FLN, et du général Mohammed Lamari.

Par la suite, des rencontres secrètes ont lieu entre les militants de l’ANC et l’État-major de l’ALN, pour les préparer au déclenchement de la lutte armée, raconte au micro de FRANCE 24 Nourredine Djoudi, ancien officier de l’ALN. Nelson Mandela est alors initié à la formation des premiers combattants, au stockage des armes et munitions, au déploiement de l’ennemi, etc. Mais il prend conscience aussi de l’intérêt d’intensifier les opérations diplomatiques afin de sensibiliser le monde entier à la cause du peuple d’Afrique du Sud et gagner ainsi leur soutien.

Quand l’Algérie arrache son indépendance en 1962, le pays affiche rapidement son soutien à l’ANC. Cette année-là, le président de l’époque, Ahmed Ben Bella, invite Nelson Mandela pour une parade militaire et en profite pour apporter un soutien financier au parti anti-apartheid. Des camps d’entraînement destinés aux responsables de l’ANC sont installés en Algérie.

« L’Algérie avait montré sa capacité à mener une guerre de libération »

Mandela voyait « des similitudes entre la colonisation de l’Algérie et celle en Afrique du Sud », se souvient Nourredine Djoudi, également interprète du leader sud-africain lors de ses visites en Algérie. Pour Madiba, l’Algérie avait démontré « sa capacité à mener avec succès une guerre de libération en Afrique contre une armée coloniale puissante, membre de l’OTAN et alliée objectif du régime d’apartheid ». Il avait donc « beaucoup d’admiration pour le peuple algérien », ajoute Djoudi, qui a également officié en tant qu’ambassadeur de l’Algérie en Afrique du Sud .

À son retour au pays en aôut 1962, Mandela est accusé de sabotage et de complot contre l’État et arrêté. Il est condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia en 1964. Malgré cela, Alger continue de soutenir l’ANC et oppose une résistance diplomatique contre le régime de l’apartheid à l’Organisation de l’union africaine ainsi qu’à l’ONU jusqu’en 1990.

Lorsque l’ancien prisonnier de Robben Island recouvre la liberté en mai, il ne manque pas de rendre un hommage appuyé au pays : « C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme », déclare-t-il, à Alger, lors de sa première visite à l’étranger après sa libération.

À l’annonce du décès de Nelson Mandela, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a adressé ses condoléances au président Jacob Zuma. « Le peuple algérien, qui s’enorgueillit d’avoir toujours été aux côtés de Madiba et du peuple sud-africain, s’associe à votre deuil et n’oubliera jamais que pour Mandela, l’Algérie est sa « seconde patrie » comme il aimait à le répéter ».

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