Le ministère de l’Intérieur a décidé d’étudier «toutes les voies juridiques» pour interdire les «réunions publiques» de l’humoriste Dieudonné, qui «n’appartiennent plus à la dimension créative mais contribuent […] à accroître les risques de troubles à l’ordre public», a-t-il annoncé vendredi dans un communiqué.
Le ministre de l’Intérieur condamne «avec fermeté les propos racistes et antisémites» de Dieudonné M’Bala M’Bala, rappelant notamment qu’il s’en estrécemment pris au journaliste Patrick Cohen. Un récent reportage sur France 2 montrait Dieudonné s’en prendre au journaliste de France Inter, lors d’un spectacle à Paris.
«De déclaration en déclaration, comme l’ont démontré plusieurs émissions télévisées, il s’attaque de façon évidente et insupportable à la mémoire des victimes de la Shoah», ajoute le ministère, soulignant que «malgré une condamnation pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale», Dieudonné «ne semble plus s’embarrasser de la moindre limite».
La direction de Radio France a annoncé le 20 décembre qu’elle allait saisir la justice après les propos antisémites de Dieudonné visant Patrick Cohen. Dans son spectacle au théâtre parisien de la Main d’or, Dieudonné lance notamment : «Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de faire sa valise.» «Quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage.»
L’humoriste controversé attaque régulièrement Patrick Cohen depuis que le journaliste a demandé en mars à Frédéric Taddeï, sur le plateau de C à vous, s’il continuerait à inviter «des personnalités telles que Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral, Marc-Edouard Nabe […] que les autres médias n’ont pas forcément envie d’entendre».
Dieudonné a été condamné fin novembre en appel à 28 000 euros d’amende pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson dans deux vidéos diffusées sur Internet. Dans l’une des vidéos incriminées, il transformait la chanson d’Annie Cordy Chaud cacao en «Shoah nanas».
Plus récemment, devant le tribunal correctionnel de Paris, le ministère public a requis contre lui deux cents jours amende à 100 euros pour des propos tenus dans un enregistrement vidéo diffusé sur Internet en avril 2010, dans laquelle il reprenait l’expression «Shoah-nanas».