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4 octobre 2024

Ghardaïa et l’épuisement de l’Etat national algérien


Un texte de M. Bouhamidi : Ghardaïa et l’épuisement de l’Etat national algérien
bouhamidi mohamed

Dimanche 23 mars 2014 11h09,

Ghardaïa et l’épuisement de l’Etat national algérien

Le retour sur le théâtre des violences à Ghardaïa, des désignations ethniques, religieuses ou ethno-religieuses à contenu hostile et agressif, au rôle diviseur voire meurtrier, ne peuvent qu’inquiéter. Nous pensions que l’identité algérienne bâtie par le mouvement national avait définitivement transcendé les identités particulières et régionales, ethniques ou ethno-religieuses, et forgé dans le feu de Novembre 1954 l’unité qui nous a permis de vaincre la quatrième puissance mondiale à l’époque, soutenue de surcroît par l’Otan.

Pourquoi le retour de ces identités pré-nationales et comment a surgi cette espèce de norme de la vraie religion qui désigne comme une anomalie ethnique et religieuse un segment entier de notre société, les Mozabites, en attendant de désigner toutes les autres composantes comme déviantes du modèle et de cette nouvelle orthodoxie ?

Beaucoup de consciences algériennes ont exprimé, autour de la conjoncture qui se construit à Ghardaïa, l’urgence d’alarmer les Algériens attachés à notre identité nationale des menaces fatales qui pèsent sur elle et donc sur notre état national. L’échec des démarches et solutions appliquées montrent à l’envi qu’elles ne correspondaient pas du tout à la nature du problème réel ni à son extrême gravité.

Une réflexion différente devient urgente sur la nature du problème lui-même que nous avaient caché les solutions puisées dans l’arsenal du prêt à penser des différents alignements politiques et administratifs.
Déterminer la nature du problème ouvrirait alors la voie vers les bonnes solutions au pluriel car les problèmes sociaux et politiques n’ont jamais de cause unique mais toujours des déterminations multiples

Une identité est toujours un Etat en puissance et une intrusion masquée de la politique
Toute affirmation identitaire jette les bases d’une revendication d’un Etat. La suite politique est question d’ancrage de cette identité, de rapport de forces et d’opportunités régionales.
Spécialiste reconnu de cette question, G. Corm a expliqué avec une clarté lumineuse comment les échecs et les impuissances de l’Etat national à assurer le bien-être et la promotion sociale ouvrent des failles d’où resurgissent les anciennes identités. Les composantes regroupées dans la nouvelle nation vont se replier vers les identités du passé croyant y trouver une alternative à cet échec alors que dans la réalité se joue sous ce masque des enjeux tous nouveaux du présent.

La guerre civile libanaise et la crise de tout le Moyen-Orient lui ont servi de terrain d’observation, grandeur nature, des interactions entre identités ethniques, religieuses et politiques et le poids omniprésent des facteurs internationaux. G. Corm observe le fait que la question de l’identité est immédiatement une question politique et que toute prétention identitaire devient toujours une revendication politique.
Il n’y a pas d’affirmation d’une identité sans la revendication d’un minimum d’Etat. Dès que l’identité nationale est abandonnée pour une identité particulière, quelle qu’elle soit, on postule à l’existence d’un Etat qui correspond à cette identité.

Nos identités anciennes sont toujours des identités supranationales ou pré-nationales et donc traversent les frontières nées du partage colonial du monde. Quelqu’un de votre ethnie ou de votre religion vit toujours dans un pays voisin ou lointain qui se dira interpellé par votre sort sincèrement ou cyniquement.

Contrairement aux apparences les identités locales et particulières sont immédiatement des questions supranationales. C’est en quoi ce qui se passe à Ghardaïa est un problème politique d’ordre national et non pas social qu’aurait suggéré un hooliganisme local.C’est intrinsèque à l’affirmation d’identités particulières et stigmatiser et excommunier les Ibadites revient à postuler sans le dire la nécessité de l’épuration. Manifestement, les agressions filmées contre des personnes et des lieux de culte ne relèvent pas d’actes émotionnels de masses en furie mais de bandes organisées et hiérarchisées, c’est-à-dire de milices qui ont franchi le premier pas, le plus difficile, de donner la mort.

Les difficultés d’un cadre théorique

Reste à comprendre les raisons profondes. Pourquoi un groupe de personnes, dans un coin de l’Algérie, a pu affirmer volontairement une identité autre et entraîner une force dont on ne connaît ni le poids ni le contour pour tuer des gens et instaurer l’insécurité ?

Pourquoi ce groupe passe-t-il du simple marquage de la diversité ethnique et culturelle inscrite dans notre langage ancestral à l’emprunt d’identifications chargées du poids des guerres religieuses actuelles au Moyen-Orient ? Nous avons une réponse de caractère éthique et une autre de caractère économique qui ont toutes les deux leur fondement.
La première peut se résumer dans ce cri, sorti du cœur, en 1992 et après que des Algériens ne pouvaient s’entretuer et que ce n’était pas conforme à notre religion.
On rejette sur un «autre» la responsabilité de la dissension, de la mort et de la destruction car l’idée que la main qui a pris de notre sang est aussi une main algérienne était insoutenable.
Effectivement, nos ancêtres nous ont légué une culture et des pratiques religieuses fraternelles dans lesquelles l’excommunication ou takfirisme étaient impensables. Mais ces pratiques fraternelles étaient aussi les pratiques d’une société fraternelle et solidaire tout entière mobilisée dans sa résistance au colonialisme. Ce cri de l’âme a bien raison de dire que la cause n’est pas dans la religion. Justement, cela voudrait dire que la cause est ailleurs. Mais quel ailleurs et quelles transformations survenues – dont il faut maintenant examiner la nature – ont tué les ressorts solidaires et égalitaires.

Qu’est-ce qui s’est passé ? Car si ce n’est pas la religion qui a changé, alors c’est bien la société qui s’est transformée ? Les explications socio-économiques voudraient que la violence qui a surgi à Ghardaïa proviendrait des questions d’étroitesse territoriale, trop de gens pour très peu de territoire, ou aux conséquences de l’arrêt du développement économique, qui a rendu des masses de jeunes exclus disponibles pour la violence dans une sorte de lutte sociale entre communautés riches et communautés pauvres.
La lutte de classe se déroule à l’intérieur d’une même communauté et non pas entre communautés auquel cas nous aurions affaire à une organisation sociale en caste comme en Asie ancienne, ce qui n’est vraiment pas le cas et si la misère, seule, engendrait la violence, les révolutions seraient quotidiennes dans certains pays très pauvres.
Pointer la surpopulation par le déplacement de populations allogènes vers le M’zab me semble contradictoire avec les convictions concomitantes d’une urgence des «réformes capitalistes» qui postulent à l’indépendance des Banques centrales mais aussi et surtout à la libre circulation de l’armée de réserve de la main-d’œuvre à la recherche de travail. On ne peut être, sans incohérence, en même temps pour le capitalisme et pour la vieille «rente de territoire» des époques de démocratie tribale et d’amorces balbutiantes de l’esclavagisme.

La question territoriale, elle, est plus intéressante car elle nous indiquerait justement que, même au Sud, le rapport au territoire est passé de la perception tribale de sa propriété au statut de valeur marchande et cela serait une véritable révolution. Si ces hypothèses ont tant de limites, qu’est-ce qui a changé, à notre insu, et miné notre unité nationale par tant de contradictions qui échappent à notre vigilance ?

Un processus sur le long terme

Des bouleversements, aussi graves, ne naissent pas de la veille et c’est donc un processus de long terme qui nous y a menés.
L’Algérie des luttes nationales, avant et après 1954, a réussi à construire une conscience qui transcendait les horizons limités de l’identité tribale, de son territoire, et des coutumes et représentations mentales et culturelles. Malgré la remarquable adaptation de la révolution à ce terrain social, tous les dirigeants savaient que la seule viabilité de l’Indépendance était de maintenir la prééminence de la conscience nationale si difficilement construite sur les identités locales et régionales.

Après 1962, l’élan unificateur de la guerre de Libération nationale a été repris et développé dans le projet d’un développement solidaire, reflet aussi des solidarités tribales, dans lequel chaque région, chaque fraction de la population retrouvait la possibilité de vie plus digne et d’une promotion sociale assurée. C’est ce qu’on a appelé socialisme, à tort, mais c’est le seul mot qui existe pour désigner le développement pour le bien de tous et pour désamorcer les inégalités qui nous auraient rejetés dans le spectre des divisions dans laquelle l’entreprise coloniale nous avait trouvés.

C’est dans l’abandon brutal de cette perspective de prospérité commune que résident les sources de l’érosion souterraine de notre identité nationale. Les changements ont commencé au moment des réformes, provoquant un choc à la fois politique et culturel, en utilisant cette image terrible : «L’Algérie n’est pas une vache à lait» ! Les politiques de privatisation initiées ont tenté d’appliquer la « rationalité capitaliste» et abandonné l’idée d’une Algérie solidaire.
C’est à travers ce choc, pendant les années 1980, que les populations ont été décrochées d’un rêve de destin solidaire et d’une ambition nationale transcendante pour être renvoyées à la condition de purs jouets des forces économiques agressives et souterraines. Désinvestissement, désindustrialisation, déstructuration d’un certain nombre de tissus ayant fait l’unité économique nationale (les entreprises de wilaya, communales…) ont désespéré les masses.
A partir de ce moment, comme l’explique G. Corm, la faillite de l’Etat à garantir la dignité de l’existence et la promotion sociale a poussé les masses à chercher l’alternative au nouveau modèle.

Le changement social subreptice.

Dans ce long processus – trente cinq ans environ- les réformes ont généré partout des émeutes spontanées, sans chefs ni organisation que le pouvoir a jugulées, dans les régions, en ressuscitant les vieux rapports du patriarcat leur concédant, en négociant, chaque fois plusn une part de sa propre autorité. Calmer les jeunes revenait toujours à créer ces chantiers d’urgence pour un plein emploi provisoire, distribuer des logements, installer de l’électricité ou du gaz. Mais en l’absence d’organisation les canaux de la distribution passaient par les notables et l’argent aussi. De fait les politiques de la privatisation ont trouvé dans ces nouveaux/anciens notables leur relais politiques, leur base sociale, le « secret » de leur stabilité et surtout un nouveau personnel politique qui a remplacé dans les assemblées les élus issus des instituteurs, par des élus issus des entrepreneurs. L’interpénétration entre fonctions électives et stratégies de conquête des marchés feront désormais bon ménage.
Ce processus montre que les politiques de privatisation ont réanimé d’anciennes fonctions administratives ottomanes ou coloniales et leur titres y afférent de notables à distinguer des cheikhs des conseils religieux communautaires. Pour que le transfert des richesses et des biens réussissent au sommet de l’état, il fallait au pouvoir réussir la même opération aux niveaux intermédiaires en encourageant la création de ces relais politiques et sociaux. Aux « barons » du sommet il fallait le relais de « barons » locaux nourris également de marchés, de contrats, de chantiers obtenus par la réactivation des rapports claniques auquel je préfère la notion de rapports gentilices car ils sont le plus court chemin vers l « ’idée » que les biens disponibles reviennent légitimement à la gens . Au lieu de substituer la nation à la tribu, la privatisation a substitué beaucoup de contenu tribal au contenu national de l’état. Ainsi s’est construite tout au long de ces trente cinq années une caste de privilégiés nobiliaires qui s’est constituée par cooptations successives et opportunistes et en interpénétration avec les fonctions électives et administratives de l’état. Elle ne peut devenir une classe au sens moderne car elle a encore besoin de son influence sur les structures gentilices pour s’assurer des marchés qui lui garantisse son enrichissement. Dans les villes, ces rapports gentilices se sont reconstruits en dehors des liens du sang, dans les lieux et à partir des idéologies idoines pour organiser le pillage à partir des pouvoirs administratifs de dispenser un bien : l’octroi d’un logement, de bons de ciment à prix administré, chantiers permanents de réfection des voies publiques etc. etc.

Si cette caste a donné au pouvoir la base de sa stabilité, elle a par contre engendré la crise permanente de l’état. La nature de la crise qui frappe le pays revient pour beaucoup à l’impossibilité de cette caste de nouveaux riches de se transformer en classe sociale, c’est à dire capable de faire passer ses intérêts particuliers pour l’intérêt général de la nation. Ses propres intérêts lui interdisent encore de se reconstruire un destin national car il ruinerait justement ces rapports gentilices qui assurent pour l’instant son enrichissement mais aggravent toujours plus ses contradictions à l’intérieur des gens et la pousse à chercher des idéologies de substitution qui reformulent les rapports de fraternité qui les servent tout en légitimant leur recherche du gain individuel.
Aubaines au départ, les crises sont devenues dans l’expérience pratique une méthode : au prétexte de calmer la population révoltée pour des raisons collectives, on va transférer de l’argent sur des personnes privées. Plus cette stratégie se développe plus les jeunes vont se rendre compte de l’arnaque et devenir disponibles à une « vraie révolte » en quête d’une « vraie identité » religieuse ou ethnique qui mobilisera leur énergie vertueuse en force capable de détruire les anciennes pratiques solidaires de nos ancêtres devenues socialement inefficaces pour les remplacer par des idéologies à finalités marchandes. Et plus les notables, révoqueront les pratiques religieuses solidaires au nom de la vraie religion wahhabite qui rend licite le gain et toutes ses formes.

Dans les périodes de rythme historique lent, de ces trente cinq années, les identités anciennes ont l’avantage de maintenir la fausse conscience gentilice pour faciliter la voie à de vrais rapports marchands et de vrais enrichissements que nos économistes confondent trop vite avec l’accumulation primitive. Les réformes ont précipité une marchandisation des rapports sociaux sans créer de système d’économie capitaliste. Toutes les idéologies, qu’elles soient laïques ou religieuses, qui peuvent justifier ces nouvelles inégalités par un amour naturel de l’homme pour l’argent ou par le licéité du gain vont trouver leur force de frappe dans cette caste. L’anathème jeté sur les arabes ravalés en baathistes ou sur les mozabites est du même tonneau. C’est pourquoi ceux qui ont excommunié les Mozabites excommunieront demain les Châamba, et tous les autres et détruiront leurs mausolées et leurs tombes.

Les chemins syriens de l’Algérie.

Ghardaïa est si près de Hassi Messaoud. Elle est la porte du Sud et du pétrole. L’échec patent des marches du samedi et des ordres de Sarkozy et d’Obama, d’ouvrir aux manifestants, de fevrier 2011, la route d’El Mouradia oblige les puissances impériales à passer par les dissensions ethno religieuses. Ils ont du comprendre par la suite que l’état de dislocation de l’Etat national est insuffisant en Algérie, notamment grâce aux mouvements de grèves qui ont maintenu le sentiment d’appartenance à une même nation dans les corps des élites : enseignants, médecins, fonctionnaires. Les services sociaux à contenu national ont continué d’exister : écoles, hôpitaux, service national. Pour qu’il y ait un stade avancé de dislocation de l’Etat, il faut que les familles soient atteintes dans l’éducation, la sante etc. En préservant contre la volonté des « privatiseurs » les services sociaux fondamentaux, les luttes des travailleurs ont préservé à l’Etat beaucoup de son caractère national. Quand des responsables déplorent l’absence de l’état à Ghardaïa, ils ne voient pas qu’au contraire, l’état est bien présent mais c’est ce nouvel état, celui des connivences entre les castes des nouveaux privilèges nobiliaires et commis de l’état insérés dans ces rapports gentilices. Un état qui ne peut contrer sa base inavouable ni ses commis compromis et se retourner contre sa base et ses ses amitiés.

Deux fers au feu et un incendie annoncé.

En plus de leur ONG, les forces impérialistes vont agir sur deux plans. Faire pression sur le gouvernement pour qu’il y ait davantage de renoncements aux responsabilités sociales de l’Etat et passer en force à une phase de privatisation qui aggrave à la fois les problèmes sociaux et la corruption. Deuxièmement, frapper en même temps au sud car il n’est plus possible de provoquer une révolution de velours de couleur au Nord. La seule possibilité est une guerre ethno religieuse au Sud à partir de l’abcès touareg ou de Ghardaïa. Les puissances impériales trouveront dans cette nouvelle caste des forces et des groupes impatients d’aller plus loin et plus vite dans l’espoir de gagner encore plus en ramassant les « royalties » d’une privatisation généralisée et sans limite. Les idéologies de substitution à celle de l’état national sont disponibles et actives biens qu’encore contenues mais leurs avant-gardes ont commencé le travail à Ghardaïa. Il va s’étendre.

Dans notre environnement les conditions sont mûres et les moyens réunis. A nos frontières nous avons désormais un Maroc transfiguré et transmué en pays sahélien, en membre du CCG, en partenaire de la sécurité du Mali, en allié des berbères d’Algérie et en force militaire placé à notre Sud en attendant les bases de la France.
Le jour venu de l’intervention, le Maroc qui s’apitoie sur le sort du Mzab jouera le rôle de la Turquie, la Libye en déliquescence jouera le rôle de l’Irak, la Tunisie devait jouer le rôle de la Jordanie qui ne veut mais ne peut contrôler ses salafistes surtout qu’elle reçoit l’argent du Golfe et les militaires US dans son sud. On peut imaginer que les kurdes seront présents à travers la question touarègue que la France mijote depuis cinquante dans l’Azawad. Toutes les conditions semblent réunies pour que pousser le projet d’un Etat saharien riche en ressources naturelles. Le M’zab, c’est le détonateur mais les Touaregs peuvent aussi être l’explosif en attendant d’autres carburants.
Les marches des chômeurs du Sud après les incidents ou les slogans criés ou tagués à illizi, Béchar, Touggourt, Tamanrasset a donné plus de consistance, de chair d’une polarisation sudiste. A Laghouat, la fondation Frederich Ebert a exigé pour l’accès à ses formations la qualité de « membre d’une association non agréée ». Y-t-il meilleure sélection d’éventuels jusqu’au-boutistes ? Les marches du Sud, c’était une préparation de l’identité sudiste et d’un mouvement sudiste. On ne l’avouera pleinement que lorsque les choses seront mures. Mais on se met à véhiculer l’idée qu’être sudistes vaut mieux que d’être algérien. La rupture sera consommée quand les élites du Sud se seront convaincu qu’un destin sudiste sera préférable à une identité algérienne.

Saurons-nous sauvegarder notre destin solidaire dans un état restitué au peuple et à la nation et brider les appétits voraces destructeurs de cette caste naissante aux privilèges nobiliaires ? Cela commence par sortir des analyses dont le but est plus d’affirmer une posture politique que de comprendre le réel. Il ne reste plus beaucoup de temps.

C e texte est une synthèse d’échanges avec Samia Zennadi et Mehdia Belkadi, achevés le jeudi 06 mars 2014.
Contribution publiée dans « Le Temps d’Algérie », « La Tribune » (Algérie) et « La Nouvelle République » ( Algérie)

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