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25 avril 2024

Bernard Henri Lévy, le philosophe-clown qui croit encore à la prise de la Bastille… Publié le février 11, 2014 par Robert Pioche


Bernard Henri Lévy, le philosophe-clown qui croit encore à la prise de la Bastille…

Publié le février 11, 2014 par Robert Pioche

Je n’y peux rien, ou pas grand-chose. Bernard Henri Lévy, quand il écrit ou prononce un discours, ou ce qui se voudrait un discours, me fait toujours revenir à l’esprit le (sympathique) Maire de Champignac. Je dis ça en examinant son article d’hier, pondu dans Le Monde:
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/02/10/nous-sommes-tous-des-ukrainiens_4363410_3232.html

Je prends quelques exemples.
BHL dit n’importe quoi sur la Bastille.

BHL écrit:
« Il y a là, sur cette place, tous les peuples d’Ukraine rassemblés. Des Ukrainiens de l’Ouest et des Ukrainiens de l’Est ».
Diantre. Ah que ça ratisse large! Et sur une place, à Paris, il y a des Français de l’Ouest, de l’Est, du Nord et du Sud?

BHL affirme: « Nous avons, à Paris, la place de la Bastille où se constitua le peuple français ».
Diantre! A la Bastille, cher Monsieur BHL, permettez à Olivier Mathieu de vous dire qu’il ne s’est rien passé du tout. Je vais être bref, et ce sont des choses que tout le monde sait, ou devrait savoir. Pour commencer, cette forteresse nullement « imprenable » reste, dans l’histoire, comme celle qui s’est sans doute le plus souvent rendue, à chaque fois sans livrer le moindre combat. Elle contenait, à la fin de la monarchie française, un nombre ridiculement bas de prisonniers et, d’ailleurs, sa contenance carcérale était minime (une quarantaine de prisonniers, au grand maximum). La même monarchie française (je le dis sans être royaliste le moins du monde) avait décidé, et cela avant 1789, la démolition de la Bastille. En 1789, c’était désormais une forteresse sous-armée, comptant une garnison ultra-réduite. La Bastille n’a jamais été « prise », mais tout au plus attaquée par des émeutiers qui, loin de se battre pour une quelconque « liberté » bernard-henri-lévyste, cherchaient des armes. Ces émeutiers sont entrés à la Bastille parce qu’on leur avait ouvert les portes, et il n’y a eu tout d’abord aucun mort ni blessé parmi eux. D’ailleurs, il n’y a eu que très peu de blessés aussi parmi les hommes de la garnison. En revanche, les émeutiers ont menacé de brûler vive une fille de quinze ou seize ans, et ont tué son père qui essayait de la défendre. La Bastille s’est donc rendue sans combattre le moins du monde (ce qu’ont d’ailleurs confirmé les grands noms de la Révolution française d’alors). Plus drôle encore, les « assaillants » de la Bastille n’étaient, pour la majorité d’entre eux, ni Français ni même parisiens. Moins de cent personnes sont mortes lors du deuxième assaut, souvent en s’entre-tuant les unes les autres. En revanche, les assaillants ont assassiné le gouverneur de la Bastille, qui avait rendu les armes… Ils l’ont décapité au couteau. Chevaleresque? Les prisonniers de la Bastille étaient quant à eux moins de dix, et c’était des faussaires, des fous ou des malades, dont la plupart passèrent simplement dans d’autres prisons.
Voilà, cher M. BHL, l’essentiel de ce qu’il conviendrait que vous sussiez, sur la « Bastille » – au sujets de laquelle, à en lire votre article, vous avez une vision scolaire, pathétique, d’une inculture crasse, héritée des manuels à l’usage des classes de BEPC…
Edmond Husserl.

Vous parlez ensuite du « philosophe allemand antinazi Edmund Husserl ».
Philosophe allemand?
Cher Monsieur BHL, il y a un petit problème: permettez à Olivier Mathieu de vous enseigner que Husserl, tout d’abord, est né autrichien, ou austro-hongrois si vous préférez, mais pas allemand. Ensuite, certes, il est devenu prussien. Mais est-ce que l’on peut le qualifier – comme vous le faites – de « philosophe allemand »? Allemand, il ne l’était pas par la naissance, en tout cas, puisqu’il était né le 8 avril 1859 à Proßnitz, Moravie, dans l’Empire austro-hongrois.

Anti-nazi?
Je suis d’accord avec vous, Husserl était anti-national-socialiste. Sur ce point, on ne peut pas vraiment vous contredire. Seulement, vu qu’il est mort en avril 1938, on peut quand même noter que le national-socialisme était au pouvoir depuis mars 1933, et que Husserl n’a donc pas été « anti-nazi » très longtemps, tout au plus cinq ans, sur une existence fort longue puisqu’il était né en avril 1859. A l’avènement du national-socialisme, Husserl avait donc 74 ans et il est peut-être douteux d’étiqueter principalement ce philosophe de la qualification « anti-nazi », comme si ses opinions politiques pendant les cinq dernières années de sa vie le définissaient et le qualifiaient mieux que tout ce qu’il a fait et écrit avant 1933. Tout pareillement, Husserl était d’origine juive, mais il était depuis longtemps converti au protestantisme. Depuis 1886 (trois ans avant la naissance d’Adolf Hitler, qui n’y était donc – osé-je supposer – pour rien).

La troisième guerre mondiale?
Vous écrivez, cher BHL :
« Le président de mon pays, François Hollande rencontrera dans les prochaines heures celui des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama : qui sait s’il ne le convaincra pas de s’associer, une nouvelle fois, à une opération de sauvetage de cette part de l’Europe qui demeure kidnappée ? »
Ce qui est bien avec vous, c’est que quel que soit le « président de votre pays », Sarközy ou Hollande peu vous importe, vous êtes toujours là pour lui conseiller quelque opération militaire. Et cette fois, en proposant d’embarquer Obama dans une opération de « sauvetage » de l’Ukraine qui ne pourrait guère mener (même un enfant de deux ans le comprendrait) qu’à une troisième guerre mondiale…
Sauver la Bosnie, la Géorgie, la Libye et la Syrie, ça ne vous a pas suffi, cher BHL? Quel homme que vous êtes! Quel sauveur!
Cher philosophe à la chemise amidonnée et dépoitraillée, voulez-vous me permettre de vous dire, voulez-vous permettre à Olivier Mathieu de vous dire que votre discours, de la sorte, risque de ressembler exagérément – aux yeux de beaucoup – à un discours de comices agricoles? Pourquoi faut-il absolument que vous vous ridiculisiez?
Ce que vous dites (et vous tenez à le dire à deux reprises, dans cet article) sur la Bastille est tout simplement faux d’un bout à l’autre. Ce que vous dites sur Husserl est discutable, parce que s’il fut « anti-nazi », il ne le fut (et pour cause) qu’à la fin de sa vie et on ne peut pas le définir d’abord et principalement par son « anti-nazisme ».
Paradis fiscaux et gel des avoirs.

Vous proposez, enfin, des mesures contre ceux qui ne pensent pas, en Ukraine, comme vous: « gel de leurs avoirs dans toutes les banques de l’Union européenne ainsi que dans ces paradis fiscaux dont nous savons, maintenant, forcer les portes ».

Cher Monsieur BHL, vous voyagez en avion privé, vous êtes milliardaire, et pas moi. Vous devez donc mieux vous y connaître en paradis fiscaux que moi (vu que je ne possède même pas de compte en banque depuis plus de vingt ans).
Vous écrivez encore: « on se souvient de la place de la Bastille, ou de la place Wenceslas à Prague, ou encore de l’agora athénienne, comment ne pas garder à l’esprit l’autre modèle, l’anti-modèle, celui de Tien An-Men et de l’insurrection noyée dans le sang ».

Visiblement, votre mémoire est sélective et « on » ne se souvient pas, c’est-à-dire que vous ne vous souvenez semble-t-il pas de toute une liste de massacres de Palestiniens, notamment d’enfants palestiniens.
Et vous ne songeriez pas à proposer, j’imagine, à l’égard des chefs d’Etat israéliens, un « gel de leurs avoirs dans toutes les banques de l’Union européenne ainsi que dans ces paradis fiscaux dont nous savons, maintenant, forcer les portes »…
Dites-moi, cher BHL, avez-vous obtenu votre diplôme de philosophie la même année que le grand rabbin Gilles Bernheim?

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