La Marseillaise, épisode 2.
Après que Christiane Taubira n’ait pas repris la Marseillaise en chœur et que cela ait provoqué une levée de boucliers d’une partie de la droite et du FN, certains appelant même à sa démission, c’est au tour du comédien Lambert Wilson de s’exprimer.
Il déclarait au micro de RTL « Je suis extrêmement énervé que personne ne dise qu’il est temps de changer les paroles de la Marseillaise qui sont d’un autre temps. Quand j’entends ‘Qu’un sang impur abreuve nos sillons’, je suis sidéré qu’on continue à chanter ça. Elles sont épouvantables les paroles de la Marseillaise, elles sont sanguinaires, elles sont d’un autre temps, elles sont racistes, elles sont xénophobes. La musique est fantastique et je pense qu’il y a pas mal de paroles qui passent et certaines qui sont inécoutables ».
En réclamant le changement des paroles de cette chanson, il rejoint ainsi d’autres personnalités telles que Théodore Monod qui la taxait également de « violente, raciste et xénophobe ».
Ne plus la choisir comme hymne national
Finalement, il ne s’agit pas de changer les paroles, mais la Marseillaise en tant qu’hymne National.
La Marseillaise est et reste d’abord un chant guerrier. A l’origine révolutionnaire et hymne à la liberté, la Marseillaise s’est imposée progressivement comme un hymne national.
C’est en 1792, suite à la déclaration de guerre par la jeune monarchie constitutionnelle Française à l’Europe dynastique du Roi d’Autriche, que Claude Robert Rouget de Lisle composa ce chant. Officier français en poste à Strasbourg, le jeune homme crée, dans la nuit du 25 au 26 avril, chez le Baron Dietrich (maire de la ville) ce « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ».
Cette chanson est alors reprise par les fédérés de Marseille participant à l’insurrection des Tuileries le 10 août 1792. Son succès est tel qu’il est déclaré chant national le 14 juillet 1795. Interdite sous l’Empire et la Restauration, la Marseillaise est remise à l’honneur lors de la Révolution de 1830 et Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle.
La III ème République (1879) en fait un hymne national puis en 1887 c’est une « version officielle » qui, après avis d’une commission, est adoptée par le ministère de la guerre. En septembre 1944, une circulaire du ministère de l’Education nationale préconise de faire chanter la Marseillaise dans les écoles pour « célébrer notre libération et nos martyrs ».
Le caractère d’hymne national est à nouveau affirmé dans les constitutions de 1946 et de 1958 (article 2). Elle accompagne aujourd’hui la plupart des manifestations officielles et sportives, au point de devenir parfois un véritable « karakoé d’estrade », selon formule de la Ministre Christiane Taubira.
Créer un nouvel hymne…
Et si on remplaçait la Marseillaise par une chanson non politique avec des paroles non violentes ?
Un chant qui serait symbolique des drames de notre temps que l’on perçoit que trop confusément, tout en signifiant le coté éphémère d’une vie d’Homo sapiens et les désastres qu’elle peut engendrer …
Un hymne qui soit le meilleur lien National entre les tragédies de l’histoire et qui dénonce celles à venir (qui risquent d’être bien pires encore) sans y omettre toutefois une note d’espoir…
Avec un dérèglement climatique qui s’amuse à perturber tous nos repères, nous sommes acteurs et victimes d’une catastrophe à venir.
Celle-ci étant provoquée par notre folie dévastatrice liée au nombre d’Homo sapiens qui ne cesse d’augmenter (2000 à 2012, plus d’un milliard) et à son appétit gargantuesque qui assassine la planète, alors que l’espace vital ne cesse de régresser (100.000 km2 environ par an de terres arables détruites)…
Le grand cataclysme planétaire qui se profile à l’horizon ne devrait cependant pas nous prendre au dépourvu, car, grâce au travail des scientifiques et des experts, nous savons, mais on fait tout pour feindre de ne pas croire, de ne pas penser que la catastrophe serait inévitable.
… qui serait une symbolique de cette situation
À l’image, par exemple, de la chanson ‘’Le temps des cerises’’. Elle a été écrite en 1866 par Jean-Baptiste Clément alors qu’il ignorait tout du drame qui aurait lieu quatre années plus tard avec la guerre de 1870. Laquelle précédait la commune de Paris de 1871 et son effroyable massacre.
Bien que ce ne soit pas une chanson politique, elle est pourtant devenue symbole d’un espoir déçu d’une révolution manquée, d’un crime perpétré par les Versaillais et le sinistre Adolphe Thiers.
Les cerises, ces merveilleux fruits succulents (à la vie éphémère et en passe de disparaître), illustrent parfaitement les situations auxquelles nous devront faire face. Avec en perspective dans le ciel ni rossignol ni merle ni autres oiseaux…
Dérèglements climatiques, pesticides, insecticides, croisements divers, quand ce n’est pas le recours aux OGM pour rechercher un goût standard avec un maximum de rentabilité… Ou pire, quand les vergers ne sont pas purement et simplement rasés, car la main-d’œuvre est trop coûteuse, les arboriculteurs leur préférant des fruits appréciés par les marchés financiers dont le ramassage est, de surcroît, mécanique.
Également déplacer la fête Nationale
Théodore Monod, qui réclamait la suppression du 14 Juillet pour transférer cette date de célébration soit au 4 août (jour de l’abolition des privilèges), soit au 26 août (avec une préférence pour cette date), proposait également de remplacer la Marseillaise par un autre hymne national. Il jugeait ce chant violent et raciste.
De facto, la fête nationale du 14 juillet est devenue une fête à la gloire de l’armée et le symbole d’une France guerrière au service de l’oligarchie financière et pétrolière mondiale.
Ce n’est pas faire abstraction de l’histoire, ou porter atteinte à une symbolique que de vouloir, deux siècles plus loin, recadrer la « fête nationale » qui, outre le fait qu’elle est devenue une fête à la gloire exclusive de l’armée, pose problème par rapport au choix de la date…
Désormais, si l’on tient compte des nouvelles données historiques en Europe, il faut supprimer la date du 14 juillet et la transférer au 26 Août qui est le jour de 1789 où fut proclamée la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen.
Trouver une date
À noter que, contrairement à l’imagerie populaire, le 14 Juillet ne célèbre pas la prise de la Bastille, bien que cette date prête à ambiguïté…
Soucieux de redorer le blason de l’armée après sa défaite à Sedan, le député Benjamin Raspail dépose, le 21 mai 1880, la loi faisant du 14 juillet la fête nationale annuelle, en commémoration du 14 juillet 1790, (fête de la Fédération). Le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) ayant été une journée jugée sanglante, c’est la Fête de la fédération qui emporta les suffrages. C’est finalement le 14 juillet 1790 seul qui est commémoré. Cette commémoration fera une large place à l’armée.
La loi, signée par 64 députés, est adoptée par l’Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin. Elle est promulguée le 6 juillet 1880.
Au cours de cette période, le débat préalable portant sur le choix de la date de célébration de la fête nationale avait également porté sur les dates du 4 août ou du 26 août…
En faire une journée festive et joyeuse
Transférer la fête nationale au 26 Août, ce serait en faire une journée chômée et festive, mais sans défilé militaire.
Ce qui n’interdirait nullement à l’armée d’en faire, le 14 Juillet, une fête commémorative avec portes ouvertes (mais journée non chômée).
Certains esprits chagrins considéreront cette proposition de supprimer le 14 juillet comme fête nationale avec défilé militaire comme scandaleusement déplacée, surtout au moment où les sociétés européennes traversent de profondes crises culturelles et économiques (notamment financières).
Je leur indiquerai que, sauf à faire diversion pour détourner l’attention du »bon peuple » pendant quelques instants par des parades à bruits de bottes, les prestations d’un défilé militaire ne contribueront pas à résoudre les problèmes écologiques, économiques et sociétaux qui en découlent…
Modifier la constitution
Changer l’hymne National implique une modification de l’article 2 la Constitution.
Cette modification pourrait se faire soit par une convocation de l’assemblée Nationale et du Sénat siégeant en congrès avec majorité des 3/5, soit par référendum.
Vu l’état d’esprit de la classe politique, mais aussi d’une majorité de nos concitoyens, la proposition de Lambert Wilson ou celles figurant dans ce texte risquent fort de n’être considérées que comme une provocation de plus, et sans lendemain…
Dommage… !