Je ne m’aventure que rarement dans ces lieux littéraires qui mêlent assez directement histoire, biographie et réalités imaginaires. Mais j’en comprends le choix.
Henri Gougaud nous propose bien ici d’un roman. Et si la personne de Louise Michel a bien été réelle, c’est avec les moyens du souffle romanesque que l’auteur parle de cette femme, de sa vie, de ses combats.
Et il rend palpable cette femme debout qui refuse l’ordre/désordre de la société. « Passent les jours, les nuits, les espoirs, les colères ». Louise Michel qui ne reniera rien, ne renoncera à rien…
Pages fortes sur Louise Michel et la Commune de Paris, loin de l’histoire catho-militaire et de cette honteuse basilique du sacré cœur dressée par les assassins, ce blanc monument, rouge du sang des communard-e-s, cette insulte permanente à l’émancipation.
Pages sensibles sur la déportation, la Nouvelle-Calédonie et les relations avec les êtres humains colonisés, « A cet instant, elle est canaque », le refus de l’amnistie…
Et de nouveau la prison, le premier mai, les anarchistes, « Tout est simple enfin. Elle va bien »
Pour ne pas abandonner ces hommes et ces femmes, ici une femme, qui font partie de notre histoire, de l’histoire de l’émancipation, aux scribouillards, aux galonnés d’hier et d’aujourd’hui, à ces curés de la haine et autres « bien-pensant-e-s »…
Henri Gougaud : Le roman de Louise
Albin Michel, Paris 2014, 250 pages, 19 euros
Didier Epsztajn