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27 juillet 2024

Libye : Comment Alger et Washington veulent neutraliser les djihadistes ???


El Watan

Libye : Comment Alger et Washington veulent neutraliser les djihadistes ???

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le 05.09.14 |


L’aéroport de Triploli, champ de bataille entre plusieurs milices islamistes et tribales

L’aéroport de Triploli, champ de bataille entre plusieurs…
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Alors qu’Alger, avec Doha et Ankara, tente d’exploiter les hostilités à l’intérieur des groupes armés islamistes en Libye, Washington, de son côté, veut poursuivre ses opérations commando pour capturer des chefs terroristes.

Le président Abdelaziz Bouteflika semble en désaccord avec la solution proposée par le président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, qui n’a pour le moment rien pu réaliser sur le terrain : le soutien militaire et logistique du Caire au général Haftar n’a pas apporté les résultats souhaités. L’approche algérienne envisagerait, selon des sources sécuritaires, de soutenir les Frères musulmans libyens et les groupes salafistes non djihadistes (ou salafistes scientifiques) pour contrôler le pays et détruire les milices takfiristes et extrémistes.

D’où la récente rencontre de Bouteflika avec le leader d’Ennahdha tunsien, Rached Ghannouchi. La vision algérienne rejoint celle du Qatar qui souhaite fortifier la position des groupes islamistes non extrémistes pour faire face aux plus radicaux et aux supporters libyens de Daesh. Sur le terrain, une vraie guerre s’est déclenchée entre les Frères musulmans libyens et les brigades qui les soutiennent, d’un côté, et les milices takfiristes extrémistes, de l’autre.

Nos sources affirment que des contacts secrets ont eu lieu entre Alger, Ankara et Doha pour fournir toutes les conditions favorables aux groupes non radicaux sous réserve qu’ils se rangent sous l’autorité légale et constitutionnelle de la Libye, Bouteflika ayant conscience que la Turquie et le Qatar possèdent plusieurs cartes importantes en Libye. En parallèle, Alger s’implique  directement dans le bourbier libyen, car inquiète quant au déplacement de la menace terroriste de la Libye vers l’Algérie.

khawaredj

La guerre entre les Frères musulmans libyens et les forces extrémistes a effectivement commencé avant même la «bataille de l’aéroport» de Tripoli. Les villes de Dernah et de Misrata ont connu des affrontements et des «liquidations» ainsi que des arrestations ciblant des activistes des Frères musulmans, des actes menés par des groupes armés djihadistes.

A rappeler ici l’assassinat de Salah Charnah, un des leaders des Frères musulmans libyens, président d’une association caritative. En fait, les Frères musulmans auraient pressenti le danger et les menaces que font peser les extrémistes contre eux après le déclenchement de la guerre en Syrie, entre Daesh et le Front islamique, né en 2013, regroupant plusieurs groupes, dont les Frères musulmans. Daesh considère ces derniers comme des apostats, alors que les Frères musulmans qualifient L’Etat islamique au Levant et en Irak de «khawaredj», extrémistes et impies.

Black list

Washington semble avoir opté pour une toute autre démarche : capturer, lors d’opérations commando, les terroristes recherchés les plus importants. Selon une source sécuritaire algérienne, les Américains «mobilisent, pour ces opérations, une quantité impressionnante de renseignements très précis concernant ces chefs terroristes accusés par Washington de menacer ses intérêts vitaux ou ses ressortissants».

Car après la capture d’Abou Anass Al Liby et Abou Khattala de la katiba Abou Obeida Ben Al Djerrah, les Etats-Unis gardent en tête de leur liste Mohamed Ali Al Zahawi, «émir» du puissant Ançar Charia ainsi qu’Abou Obeida Al Zawi, de son vrai nom Chaabane Messoud Hediya, commandant de la Salle des opérations des révolutionnaires libyens. Ce dernier serait le plus proche d’Al Qaîda mère en Libye depuis la capture, par un commando américain, d’Abou Anass en octobre 2013 à Tripoli.

«En fait, Abou Obeida est le plus recherché par les Américains, note une source sécuritaire algérienne. Il se prétend grand lettré, a étudié au Yémen et est aussi ‘auteur’ de plusieurs livres religieux.» Deux autres noms figurent sur la liste américaine : Sofiane Ben Qamou, l’ancien chauffeur d’Oussama Ben Laden, et Abou Hadjer Osman Djallal, qui dirige une partie de la katiba extrémiste Abou Mohdjen Al Taîfi, qui a prêté allégeance à Daesh et qui active dans le transit des recrues vers la Syrie.

Le dernier et non moindre des chefs terroristes dans le viseur de Washington est l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, censé être le cerveau de l’attaque de Tiguentourine en janvier 2013. Selon plusieurs rapports sécuritaires algériens et étrangers, il aurait été localisé dans le Sud-Ouest libyen.

Washington aura sa seconde base militaire au Niger

 

Le Département de la Défense américain s’apprête à ouvrir une deuxième base de drones dans la ville carrefour du nord du Niger, Agadez. A 350 km de la frontière algérienne et 200 km d’Arlit où se trouvent les exploitations d’uranium et où sont stationnées des troupes françaises.

L’annonce faite dans les colonnes du Washington Post a été accompagnée de messages rassurants sur la bonne coopération entre la France et les Etats-Unis. Pour preuve, l’aide financière de 10 millions de dollars accordée début août par le Pentagone à l’armée française sous forme de ravitaillement en vol pour les avions et de transport de troupes.

Cette «plateforme d’opérations et de surveillance aérienne» disposera de drones de reconnaissance non armés, probablement de type Predator, et ce, pour observer les territoires malien et libyen. La base de Niamey, déjà opérationnelle depuis plusieurs mois, se verra probablement chargée de couvrir le Sud et garder un œil sur les activités de Boko Haram dans la région entre le Nigeria et le Cameroun.

D’ailleurs, c’est à partir de cette base de Niamey que les Américains ont lancé leurs opérations aériennes pour tenter de localiser les lycéennes kidnappées par l’organisation djihadiste au nord du Niger. L’armée américaine a renforcé sa présence dans le Sahel ; elle est présente à Bamako à travers un petit contingent d’officiers de liaison, à Ouagadougou où un détachement des forces spéciales est stationné et où toute la coordination pour l’envoi de troupes et de militaires privés s’effectue.

Elle est aussi présente au Niger et au Tchad où elle supporte les opérations de drones Predator de l’armée française. Avec le dispositif Barkhane qui s’étire de Bamako à N’Djamena, l’explosion des effectifs des troupes à Camp Lemonier à Djibouti et la prochaine ouverture d’une base navale américaine au Sénégal, on assiste à une militarisation accrue de ce qui était, il y a peu, un océan de tranquillité au sud du tropique du Cancer. Akram Kharief

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