PRINTEMPS RUSSE. Ukraine (Donbass) : le cessez-le-feu et la colère des opposants russes

Posted on sept 10, 2014 @ 11:48

Allain Jules

alexPar Alexandre Sivov
________________________________________________________________________________________ 

On peut dire que le cessez-le-feu dans le Donbass a fait long feu. En réalité, ça ne marche guère et c’était prévisible malgré les dires américains. Au préalable, le Kremlin a réussi à changer quelques personnalités au Donbass, en destituant ceux jugés «incontrôlables». Les destitués étaient ciblés. Il y a entre autres, le célèbre commandant en chef de rebelles Igor Strelkov. Ce dernier a été forcé de laisser sa place sous la menace de représailles en forme de cessation d’approvisionnement militaire russe, pratiquement inexistant pourtant. Ensuite, Poutine a forcé les insurgés considérés comme les plus «dociles» de signer à Minsk, un protocole d’accord dans lequel il y a un point sur le «statut spécial» de la région du Donbass, mais pas l’indépendance de la région.

 

De vrais hurlements sur l’Internet russe.
Les médias russes de l’opposition s’emballent et affirment que c’est Kiev qui va bénéficier de cette trêve. Que, l’armée ukrainienne va se regrouper et de nouvelles armes lourdes seront envoyées au front, que les Etats-Unis vont fournir des armes modernes à Kiev. Ils accusent même Poutine de haute trahison. Dans la foulée, sa côte de popularité est en chute libre. C’est exagéré à mon avis.
Depuis la grande offensive commencée le 24 août dernier par les insurgés, ils ont saisi une grande quantité de chars, de blindés et d’artillerie de toute sorte, parfois en mauvais état. Il faut faire une pause au front afin de les réparer et trouver des équipages. Les unités encerclées de l’armée ukrainienne se sont rendues et laissées quelques armes lourdes en bon état. Il faut, pour la réussite, prendre Marioupol actuellement encerclée. C’est une ville très importante avec près de 500 000 habitants. Bref, il faut «digérer» l’énorme butin avant de lancer une nouvelle attaque. De plus, quelques commandants sur place, à l’exemple du célèbre Bezler dit «Bes» (fr. : «Diable») ont saisi une telle quantité d’armes et de munitions que,  ils peuvent se sentir très indépendants des livraisons d’armes venue au compte goutte de Russie. Ils peuvent d’ailleurs faire ce qu’ils veulent sans en référer au Kremlin et même à leurs propres dirigeants. Dans les médias russes, on parle de détachements des insurgés dits «sauvages», qui s’en foutent de tous les protocoles signés.
Et, de plus, il ne faut pas négliger le processus de démoralisation dans l’armée ukrainienne, qui persiste depuis quelque temps. Des déserteurs doivent trouver une bonne occasion pour quitter en cachette leurs unités ou même passer du côté des insurgés.

 Personne ne prend au sérieux le cessez-le-feu, les protocoles d’accord ou le plan de Poutine.     

Donc, les fameuses intrigues de Vladimir Poutine ne lèsent pas forcément les intérêts du Donbass, mais pèsent plutôt lourdement sur la réputation du président russe ainsi que sur la réputation des dirigeants «dociles» du Donabass qui se sont inclinés devant Poutine. Et par conséquent, il faut cesser de parler à l’encontre de la Russie de haute trahison. Au contraire, tout se passe plutôt bien au Donbass. D’ailleurs, un détail très important à signaler, l’aille radicale de l’insurrection du Donbass ne fait que se renforcer.
Il faut bien comprendre que: notre monde n’est pas un «Grand échiquier» comme le prétend un vieil analyste américain un peu fou, mais une entité beaucoup plus complexe. L’économie de marché et le système parlementaire n’est pas la «fin de l’histoire» comme le prétendait un publiciste japonais, qui a sombré dans l’idiotie la plus totale.

 La vraie Histoire, celle digne de ce nom et sans fin, se prolonge sous nos yeux.

Alexandre Sivov