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16 avril 2024

Ukraine : Les dislocations du front européen


Ukraine : Les dislocations du front européen

 La Russie est notamment confrontée à deux ennemis qui, pour l’essentiel, se recoupent largement : l’UE (pour la partie politico-diplomatique et économique) et l’OTAN (pour l’aspect militaire). Un des principes fondamentaux de l’art de la guerre est celui de la dislocation du front ennemi en provoquant sa rupture aux points les plus faibles pour, à partir de là, enfoncer en profondeur son dispositif afin de lui interdire toute action coordonnée.

C’est un art auquel excelle Vladimir Poutine qui va s’efforcer de provoquer l’éclatement de l’UE et de l’OTAN. Les membres de ces deux organisations étant pratiquement les mêmes, la désagrégation de l’une entrainerait celle de l’autre. Mais il ne s’agira en rien de la guerre que prévoyait l’OTAN…
Un grand nombre d’États de l’ancien COMECON, mais aussi de petits pays (Malte, Chypre, Slovénie…) n’ont adhéré à l’UE et à l’OTAN que par pur opportunisme et faute d’alternative viable. Ces intégrations leur offraient l’ouverture d’un vaste marché, l’effet de levier des aides et prêts européens, et la restructuration de leur appareil militaire dans le cadre d’un système de défense autrement inenvisageable avec leurs faibles moyens.
Ils ont commencé à déchanter quand les États-Unis ont exigé leur participation aux expéditions coloniales en Afghanistan et en Irak au titre de supplétifs pour aller « se faire casser la gueule » à la place des Boys. Ils ont continué quand ils ont découvert que la bureaucratie totalitaire de Bruxelles exigeait d’eux des réformes ultra-libérales, de l’austérité et le démantèlement/pillage de pans entiers de leurs économies au nom de la sacro-sainte libre-concurrence à la sauce anglo-saxonne.
L’engrenage dans lequel ils ont mis le doigt avec naïveté est en train de les broyer, et ils se rendent compte que le passif l’emporte largement sur les avantages qu’ils en espéraient alors même que le plus gros de la facture ne leur a pas encore été présenté… Les dirigeants de ces pays prennent de plus en plus conscience qu’ils sont ravalés au rang de gouverneurs de province, méprisés en raison de leur médiocre puissance et, à ce titre, révocables à merci et commodes tampons amortisseurs et boucs émissaires face à l’inévitable colère de leurs peuples floués.
L’union que célèbre avec autant d’empressement que d’hypocrisie l’UE n’est qu’une vaste farce. Superpuissance économique à l’échelle européenne, l’égoïste Allemagne impose une domination dictée par ses seuls intérêts. La Grande-Bretagne est la base avancée de l’Empire américano-sioniste, sapant tous les efforts de construction d’une véritable puissance européenne, dressant les pays du Vieux Continent les uns contre les autres et ne faisant semblant de les rabibocher que pour mieux les exciter contre la Russie ou un autre péril imaginaire. La France, qui ne s’est toujours pas remise de ne plus être le phare de l’Humanité et à la tête d’un empire, roule des mécaniques à défaut de rouler sur l’or et tente désespérément d’imposer sa différence pour ne pas se voir ravaler au rang de puissance de deuxième ordre aux côtés de l’Italie, de l’Espagne ou des Pays-Bas… Le reste n’est qu’une poussière de satellites essayant de rester dans l’orbite d’un des États dominants pour espérer tirer leur épingle du jeu et grappiller des miettes.
Depuis un siècle, l’Europe n’a réglé AUCUN de ses problèmes en matière de différents frontaliers, de régions tentées par la sécession et/ou leur rattachement à d’autres ensembles, de minorités ethniques, religieuses… Tout a été occulté par deux conflits mondiaux (nés de ces fameux problèmes et largement entretenus par eux !), puis nié, gelé lors des périodes d’entre-deux guerres…
Sauf que la débâcle a commencé là où avait débuté le gel : à Sarajevo… Poutine avait annoncé aux Européens qu’ils ouvraient là une boite de Pandore. On lui avait ri au nez. Aujourd’hui, les mêmes ne rient plus : le processus de décomposition les menace à leur tour. Ils ont déjà oublié que la Tchécoslovaquie, État artificiel né de la Première Guerre mondiale, a implosé. En douceur, ce qui avait alors anesthésié la sainte trouille qui s’empare maintenant de l’UE. La mafia bureaucratique qui gère l’Europe pour le compte des États-Unis a tout intérêt à la disparition en douceur des États-nations par le biais d’une régionalisation poussée à l’extrême : deux centaines de provinces sont plus faciles à manipuler que deux douzaines d’États souverains. Sauf que là, le processus dont on voit les prémisses risque de ne pas être aussi pacifique et contrôlable tant par l’UE que l’OTAN… et pas à leur avantage !
Comme toujours, tout peut démarrer là où l’on ne s’y attend pas, ou du moins avec autant d’acuité et d’actualité. On pense d’abord à la Belgique empêtrée dans son conflit entre Wallons et Flamands, à la Catalogne, à l’Italie du Nord… Moins à l’Ecosse ou à l’Ulster (rappelons que le processus menant à l’indépendance de l’Irlande a démarré lors de l’insurrection de Pâques 1916 alors que l’Empire britannique avait fort à faire ailleurs…). Et encore moins à ce patchwork surréaliste de zones conflictuelles potentielles que constitue l’Europe centrale et orientale très vite contaminable par la proximité des fronts ukrainiens…
L’UE n’a aucune colonne vertébrale, aucune vision, aucun projet fédérateur : ce n’est qu’un agglomérat de marchés, d’intérêts égoïstes divergents « dirigé » par des ectoplasmes et des bureaucrates qui feraient passer les apparatchiks soviétiques des derniers temps de l’URSS pour des consuls de la Rome républicaine. Il ne peut d’ailleurs en être autrement parce que l’UE a été délibérément conçue ainsi par ses créateurs américano-sionistes qui ne voulaient surtout pas voir l’émergence d’une puissance authentique capable de prendre en main son destin et ses intérêts. Mais un tel système a aussi – et surtout – les inconvénients mortels de ses avantages à court terme : on ne peut s’appuyer que sur ce qui résiste et la gélatine se prête mal à l’érection de murailles…
Pour percer un pareil rempart, Poutine dispose de deux armes redoutables : la cupidité et la peur. En utilisant ces deux armes, Vladimir Poutine va créer au sein du « front » européen autant de fronts qu’il y a de peurs et d’intérêts différents.
Le front de l’OTAN à l’est
Hormis la menace sur sa frontière avec l’Ukraine, la Russie doit faire face à deux autres fronts militaires.
Au nord, celui du club des hystériques de l’OTAN (Pologne, Finlande, États baltes et la Grande-Bretagne comme « coach » qui, selon son habitude, se battra jusqu’au dernier imbécile de continental). Ce front menace directement l’enclave russe de Kaliningrad et la région de Saint-Pétersbourg et, in fine, la façade sur la Baltique. On en revient là aux fondamentaux des conflits séculaires qui opposèrent les Russes aux Scandinaves et aux Baltes.
Vladimir Poutine sait pertinemment qu’il ne peut en empêcher la constitution : l’OTAN joue ici sur du velours en excitant des pays à la russophobie rabique née d’une peur aussi panique que fantasmatique de retomber sous la coupe de la Russie. Il lui faut donc transformer en avantage ce qui apparaît comme une « terrible menace » aux yeux des « experts » de l’OTAN dont la réflexion stratégique est restée gelée à l’époque de la Guerre froide. Il va donc y attirer le maximum de forces ennemies. Le déploiement et la rotation d’unités de l’OTAN loin de leurs bases va coûter fort cher pour un résultat nul : la Russie n’a pas l’intention d’envahir et l’OTAN n’a pas les moyens de ses ambitions guerrières.
L’armée russe se contentera de son habituelle posture défensive sur son territoire, profitant de positions bien défendues à proximité de ses dépôts, de ses lignes de communication et elle laissera l’adversaire s’épuiser en stériles gesticulations. Ces démonstrations de force dans le vide donneront à la Russie l’image d’une puissance responsable qui n’envahit que les fantasmes de l’OTAN. Elles lui offriront aussi le prétexte tout trouvé d’une « révision » de sa doctrine militaire et ainsi déployer des systèmes d’armes de dernière génération. Moscou fera discrètement connaître aux Baltes que, dorénavant, ils disposeront seulement de quelques centaines de secondes de préavis avant une riposte mortelle pour tout ce qui pourrait être interprété comme une menace contre le territoire russe. Cela devrait largement suffire à doucher l’enthousiasme guerrier des dirigeants du club des hystériques qui auront également à faire face aux conséquences économiques, financières et sociales des contre-sanctions russes… sans même parler du robinet de gaz qui pourrait se fermer en raison de l’anarchie régnant chez ce brave Monsieur Chocolat.
Au sud, le front de l’OTAN risque de se résumer à une opération de provocation contre la Transnistrie à partir de la Moldavie… à condition que la base arrière de l’opération ne soit pas d’ici-là complétement déstabilisée !
L’article cinq du Pacte Nord-Atlantique prévoit le cas où l’ennemi pénètre dans le territoire d’un membre du Pacte de l’Otan et promet un soutien. Ce que serait cette solidarité dans un cas critique n’est pas spécifié par le texte mais a été explicité, il y a vingt ans, par le sénateur américain John McCain durant la Conférence de sécurité à Munich et résume à : « Rien de très concret, d’une réponse nucléaire à une carte postale, avec l’expression de regrets ». Bref, le genre de réponse qui incite furieusement à la réflexion avant de se jeter dans la bataille…
En fait, la probable « offensive » russe – qui ne sera pas militaire mais politique – se fera à partir des Carpates et du flanc sud de l’Europe.
La force d’une alliance se mesure à la faiblesse de son composant le moins sûr. Vladimir Poutine va jouer habilement sur des registres très différents en fonction de ses interlocuteurs européens : solidarité slave, orthodoxe, communauté d’intérêts ou aversions communes… Il ne s’agira pas tant de s’en faire des alliés que de les amener à une bienveillante neutralité et accroître ainsi l’inertie naturelle de l’UE et de l’OTAN jusqu’à en paralyser des pans entiers.
Même s’ils le voulaient (ce qui reste d’ailleurs à démontrer) les PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne) n’ont tout simplement pas la capacité financière de se lancer dans une guerre absurde aux confins de l’Europe. Toute contribution supplémentaires aux démonstrations belliqueuses de l’OTAN minerait encore un peu plus leurs fragiles systèmes économiques déjà frappés de plein fouet par les contre-sanctions russes et aggraverait jusqu’à la limite de la rupture les tensions sociales et politiques qui les ravagent déjà.
Même si aux yeux des technocrates bruxellois certains États membres de l’UE (Malte, Chypre…) ne sont que des nains politiques et économiques insignifiants et donc méprisés, il n’en va pas de même pour les Russes qui ont conscience de leur importance géostratégique. Eux, et d’autres États européens baignés par la Méditerranée, s’inquiètent de la large déstabilisation de l’autre rive de la Mare Nostrum des frontières turques aux rivages marocains. La menace d’une « somalisation » galopante de la Libye « libérée » par l’OTAN est pour eux plus urgente et surtout beaucoup plus proche que les plaines ukrainiennes : leurs priorités sont au sud, pas à l’est…
Vladimir Poutine va ménager, autant que faire se peut, l’Europe centrale (l’Allemagne et ses satellites : Autriche, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie) pour mieux la désolidariser de la ligne de front.
Au premier abord, la position de l’Allemagne est effroyable ambiguë. Mais c’est parce que sa situation l’est tout autant ! Superpuissance économique à l’échelle de l’Europe (et pas uniquement de l’UE), l’Allemagne est aussi un pays muselé car occupé : 40 000 soldats US y stationnent pour la protéger… surtout de ses velléités d’indépendance. Ses réserves d’or (le second stock mondial) ont été confisquées par les États-Unis qui refusent de rendre les précieux lingots et même que les Allemands puissent jeter un œil dans les dépôts US qui sont censés les abriter.
L’Allemagne de la chancelière Merkel n’a en rien abandonné les projets coloniaux des chanceliers Bismarck et Hitler de pillage et de mise en esclavage des terres slaves à l’Est. Dès le début, l’Allemagne a été à la manœuvre dans l’organisation et le financement de la pseudo-révolution du Maïdan et le coup d’État fasciste de février. Si la position germanique a depuis beaucoup fluctué sur le dossier ukrainien, c’est aussi parce que la situation en Ukraine a beaucoup évoluée et pas vraiment dans le sens de ses intérêts : son économie est maintenant directement menacée et sa population rechigne à se laisser entraîner dans une aventure militaire à l’Est, la dernière s’étant terminée en désastre…
Là encore, l’objectif de Vladimir Poutine ne sera pas tant d’obtenir un improbable (mais pas impossible) basculement de Berlin, que de miner la position allemande de l’intérieur en faisant jouer tous les antagonismes, tous les intérêts divergents, toutes les peurs et en jouant de l’exaspération des Allemands pour l’insupportable tutelle anglo-saxonne. Tout ce qui fera douter l’Allemagne et douter ses partenaires de la solidité de la position allemande affaiblira d’autant l’UE et l’OTAN en raison de son rôle indispensable de pivot, de banquier et de base arrière.
Le front anglo-saxon
À leur habitude, à l’abri sur leurs îles, les puissances thalassocratiques anglo-saxonnes excitent leurs supplétifs continentaux pour qu’ils fassent le sale boulet et leur permettent de s’enrichir et se renforcer sur leurs dos et leurs ruines.
Les Russes, avec le soutien discret des BRICS, vont méthodiquement organiser la constitution de fronts d’encerclement du monde anglo-saxon.
Depuis déjà plusieurs années, les Russes renforcent leur présence dans l’Arctique pour éviter que Canadiens et Américains ne s’approprient les territoires et les richesses de la région. En y accroissant plus ostensiblement que réellement leur présence militaire, ils vont obliger Washington et Ottawa à consacrer d’importants moyens pour faire face à cette menace sur le front nord. Avant d’avoir à se préoccuper de leur front sud…
L’encerclement y a déjà commencé avec la réactivation à Cuba de la base de l’époque soviétique, la participation à la construction par les Chinois d’un canal transocéanique au Nicaragua pour court-circuiter Panama, l’intensification des liens politiques, économiques et militaires avec l’Amérique latine … Il ne s’agira, là encore, que de points d’appui, de facilités portuaires et/ou aéroportuaires, d’exercices conjoints, de coopération militaire : tout ce qu’il faut, non pour représenter une menace militaire tangible, mais préparer à terme un basculement géopolitique du cône sud-américain et priver ainsi les Etats-Unis de leur « arrière-cour ».
Le « must » en matière de provocation et de message implicite serait le déploiement de systèmes anti-missile à La Havane au prétexte de protéger Cuba et les pays de la région de la menace djihadiste qui déferle déjà sur les États-Unis à travers la très « poreuse » frontière avec le Mexique si l’on en croit Washington…
Le front dans la poussière
Les dirigeants sensés évitent de faire la guerre : malgré toutes les précautions c’est une activité très aléatoire. Ceux qui, malgré tout, y recourent se sont assurés de la victoire avant d’entrer en guerre. Les autres se jettent dans la bataille pour espérer gagner et partent, très souvent, battus d’avance…
L’OTAN n’est pas une alliance et une machine de guerre : c’est un astre noir qui piège dans son sillage mortifère une poussière de satellites impuissants, une coûteuse machine à perdre les guerres et son âme. Ses succès initiaux obtenus au prix fort lui sont montés à la tête, rien n’étant venu alors enrayer la logique et la mécanique de ce système de prédation et de destruction, il a donc continué à foncer… droit dans le mur.

Après l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, la Somalie, le Sahel, la Géorgie et aujourd’hui l’Ukraine, l’astre noir continue sa course folle avec la même absence tangible de résultats, sauf en matière de ruines.

L’OTAN reproduit jusqu’à la caricature et l’absurde le modèle nazi dont il est l’héritier direct pour ne pas dire la continuation sous un autre drapeau. C’est la même confusion entre techniques/tactiques et conception stratégique et géopolitique, la fuite en avant dans une succession ininterrompue de « coups » destinés à financer le suivant et continuer d’avancer sous peine de gripper la machine à détruire. En deux mots, l’absence totale de finalité autre que la boulimie de conquêtes et de pillages pour satisfaire l’appétit du Moloch qui autrement dévorerait ses propres entrailles pour alimenter sa furie meurtrière.
En Ukraine, l’OTAN va rencontrer son Stalingrad, comme l’armée ukrainienne a déjà connu le sien dans le Donbass. La pseudo-alliance des soumis va être confrontée au pire des scénarios : un ennemi imprévisible, implacable et en capacité de la mettre en déroute. Jusque-là les défaites de l’OTAN, si elles ont largement hypothéqué la solidité et l’avenir de l’Empire américano-sioniste, ne la remettait pas en cause faute d’un adversaire à la bonne échelle. Ici ce n’est plus le cas.
-Comment et pourquoi organiser un front défensif face à un ennemi goguenard qui n’a pas la moindre intention de vous attaquer et le fait savoir au monde entier ?
-Comment mener et justifier une guerre d’agression contre un ennemi en position ostensiblement défensive qui vous attend de pied ferme sur son terrain et qui mènera ses contre-offensives quand on le l’attend pas sur un terrain qui se dérobe sous vos pas ?
-Comment éviter le long, coûteux et désespérant enlisement quand la seule option – hormis le suicide nucléaire – est de jeter dans le bourbier ukrainien armes, argent et hommes avec pour seul résultat d’alimenter un incontrôlable trou noir à ses frontières ?
-Comment mener une guerre commune quand le front est chez vous et vos « alliés » bien à l’abri de l’autre côté de la mer, que ses intérêts ne sont pas les vôtres et qu’ils en sont même à l’opposé ?

L’hiver russe approche. Et contrairement aux apparences il ne va rien geler. Au contraire. Il va exacerber toutes les tensions, toutes les contradictions, toutes les arrière-pensées, tous les doutes et toutes les peurs. Et pire encore, le général Hiver est aussi imprévisible et impitoyable que le joueur d’échecs du Kremlin.

Le front dans la poussière
Les dirigeants sensés évitent de faire la guerre : malgré toutes les précautions c’est une activité très aléatoire. Ceux qui, malgré tout, y recourent se sont assurés de la victoire avant d’entrer en guerre. Les autres se jettent dans la bataille pour espérer gagner et partent, très souvent, battus d’avance…
L’OTAN n’est pas une alliance et une machine de guerre : c’est un astre noir qui piège dans son sillage mortifère une poussière de satellites impuissants, une coûteuse machine à perdre les guerres et son âme. Ses succès initiaux obtenus au prix fort lui sont montés à la tête, rien n’étant venu alors enrayer la logique et la mécanique de ce système de prédation et de destruction, il a donc continué à foncer… droit dans le mur. Après l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, la Somalie, le Sahel, la Géorgie et aujourd’hui l’Ukraine, l’astre noir continue sa course folle avec la même absence tangible de résultats, sauf en matière de ruines.
L’OTAN reproduit jusqu’à la caricature et l’absurde le modèle nazi dont il est l’héritier direct pour ne pas dire la continuation sous un autre drapeau. C’est la même confusion entre techniques/tactiques et conception stratégique et géopolitique, la fuite en avant dans une succession ininterrompue de « coups » destinés à financer le suivant et continuer d’avancer sous peine de gripper la machine à détruire. En deux mots, l’absence totale de finalité autre que la boulimie de conquêtes et de pillages pour satisfaire l’appétit du Moloch qui autrement dévorerait ses propres entrailles pour alimenter sa furie meurtrière.
En Ukraine, l’OTAN va rencontrer son Stalingrad, comme l’armée ukrainienne a déjà connu le sien dans le Donbass. La pseudo-alliance des soumis va être confrontée au pire des scénarios : un ennemi imprévisible, implacable et en capacité de la mettre en déroute. Jusque-là les défaites de l’OTAN, si elles ont largement hypothéqué la solidité et l’avenir de l’Empire américano-sioniste, ne la remettait pas en cause faute d’un adversaire à la bonne échelle. Ici ce n’est plus le cas.
Comment et pourquoi organiser un front défensif face à un ennemi goguenard qui n’a pas la moindre intention de vous attaquer et le fait savoir au monde entier ?
Comment mener et justifier une guerre d’agression contre un ennemi en position ostensiblement défensive qui vous attend de pied ferme sur son terrain et qui mènera ses contre-offensives quand on le l’attend pas sur un terrain qui se dérobe sous vos pas ?
Comment éviter le long, coûteux et désespérant enlisement quand la seule option – hormis le suicide nucléaire – est de jeter dans le bourbier ukrainien armes, argent et hommes avec pour seul résultat d’alimenter un incontrôlable trou noir à ses frontières ?
Comment mener une guerre commune quand le front est chez vous et vos « alliés » bien à l’abri de l’autre côté de la mer, que ses intérêts ne sont pas les vôtres et qu’ils en sont même à l’opposé ?
L’hiver russe approche. Et contrairement aux apparences il ne va rien geler. Au contraire. Il va exacerber toutes les tensions, toutes les contradictions, toutes les arrière-pensées, tous les doutes et toutes les peurs. Et pire encore, le général Hiver est aussi imprévisible et impitoyable que le joueur d’échecs du Kremlin.


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