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Ces femmes « Dâ‘esh » venues d’Occident


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Ces femmes « Dâ‘esh » venues d’Occident

Dayana Muqallid


Photo: D.R.

Mardi 23 septembre 2014

Sans doute souriait-elle pour la photo, sous son voile ?

Elle ? Une étudiante en médecine, une jeune fille britannique « fille d’Oussama », comme elle l’a indiqué dans son ‘tweet’ accompagnant une photo d’elle, intégralement voilée, portant un fichu d’un blanc immaculé et tenant à la main… une tête coupée !

La tête coupée de qui, au juste ?

C’est ce que nous ne savons pas.

De même que nous ignorons la manière dont cette tête a été décollée d’une manière horrible pour finir entre les mains de cette jeune fille voilée prenant la pose pour la photo avec à ses côtés deux enfants observant ce spectacle irréel de violence et d’apparente ironie.

Quelle folle passion peut donc pousser une étudiante en médecine à quitter l’Angleterre pour aller rejoindre le soi-disant « Etat islamique », alias Da‘esh, en Syrie ?

Quels démons ont convaincu ainsi cette jeune fille de se mettre « avantageusement » en scène en exhibant une tête coupée, avec à ses côtés deux enfants aux yeux écarquillés dont nul ne sait combien de têtes coupées ils avaient déjà vues avant la prise de cette photo (et peut-être aussi après) ?

Cette « fille d’Oussama » revendiquée n’est pas la seule : en quelques semaines seulement nous sont parvenues des dizaines de photos et de dépêches faisant état de jeunes filles et de jeunes femmes, dont des adolescentes, parties de chez elles et ayant laissé leurs familles en Grande-Bretagne, en Europe, en Occident… pour rejoindre l’ « Etat islamique » en Syrie, emplissant les pages des médias sociaux de tweets et de photos relatifs à leurs « aventures » au « merveilleux » pays de Dâ‘esh…

Le passage extrêmement rapide de ces combattantes de Dâ‘esh d’un lieu à un autre qui en est l’exact opposé et d’un style de vie à un nouveau style de vie totalement différent et leur séparation de leur famille et de leur société ne sont pas à prendre à la légère.

De la même manière dont Dâ‘esh a fourni un refuge aux hommes s’excluant de leur société, ces femmes ne semblent pas suivre un processus très différent. Les nouvelles recrues féminines de Dâ‘esh proviennent de plusieurs marges pour se transformer en une partie constituante de ce cercle d’ensauvagés qui sème la terreur et l’angoisse.

Etant donné qu’elles ont des profils différents, il est difficile de les ranger dans une même catégorie d’analyse : c’est là où les médias tombent dans la facilité consistant à présenter ces femmes en victimes de sociétés en crise et de s’en tenir à cette seule donnée. L’on a dit que les jeunes femmes s’étant embrigadées dans Dâ‘esh seraient allées [en Syrie] pour s’y marier et pour aider cette milice dans divers domaines, notamment dans sa propagande et dans son organisation.

Soit. Peut-être. Mais cela n’est pas le seul visage de la vérité.

Par le passé, des femmes ont pu participer à des tueries et appartenir à des organisations violentes dans plus d’une guerre et dans plus d’une région du monde. Dans la plupart des cas, leur intégration à ces organisations avait le même motif qu’en ce qui concerne les hommes. Des études spécialisées dans les considérations sécuritaires montrent que les opérations-suicides qui ont été perpétrées par des femmes entre 1981 et 2007 ont représenté 26 % du total de ce type d’action.

Ces nouvelles recrues féminines de Dâ‘esh venues d’Occident appartiennent pour la plupart d’entre elles à la deuxième génération des enfants d’immigrés musulmans, originaires en particulier d’Asie du Sud, comme c’est d’ailleurs le cas pour les hommes.

Elles appartiennent à la génération post-11 septembre 2001, elles ont eu le sentiment que leur identité ethnique et religieuse avait été prise pour cible et il était ô combien facile d’alimenter ce sentiment au travers des prédications religieuses et de l’émission de nombre de fatwas.

Notre « fille d’Oussama » dit qu’elle a été impressionnée par les prêches d’un homme de religion musulman se nommant Anwar al-‘Awlaqî (originaire du Yémen).

Avant l’apparition de Dâ‘esh, influencée par les prêches de ce même prédicateur, une jeune fille britannique asiatique d’origine avait tenté d’assassiner le député de son comté, en Grande-Bretagne : elle est actuellement en prison, après avoir été condamnée à la rétention à perpétuité.

Dâ ‘esh n’est absolument pas une organisation qui croit que les femmes ont un rôle à jouer dans la société et qui prône leur promotion.

Non : c’est une organisation dangereuse dont les folies ne connaissent ni interdit ni limites. En dépit du rôle limité qui est le leur dans le cercle extrêmement restreint où les décisions de cette organisation sont prises, la violence de ces jeunes filles et de ces femmes fait désormais partie intégrante de la démence de cette organisation.

Si elles ne contribuent pas réellement à en aggraver le niveau de violence, ces femmes y ajoutent une nouvelle dimension spectaculaire qui ne fait qu’en redoubler les contradictions et la sauvagerie, de par leur présence aussi incongrue que choquante.

Par Dayana Muqallid (écrivain et journaliste libanaise)

in Al-Sharq al-Awsat, 22 septembre 2014

http://www.aawsat.com/home/article/186296

Traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier

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