«On n’avait qu’un seul choix : s’enfuir ou mourir», souffle Hassan (1). Bonhomie banale et crâne dégarni, la ressemblance n’est pas frappante, pourtant c’est un proche cousin de Muammar al-Kadhafi. Comme des milliers de partisans du Guide, il a fui son pays il y a trois ans.
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Par Luc Mathieu et Jenna Le Bras
Les damnés de l’ère kadhafiste ont reformé dans le nord de l’Egypte un petit Tripoli. Amassés en périphérie du Caire et à Alexandrie, ils sont plus d’un million à reconstruire une vie en sursis. Si l’on ajoute ceux installés dans les pays voisins, ils seraient près de 4 millions d’exilés, sur une population totale évaluée à 7 millions d’habitants. Il n’y a pas d’organisation humanitaire pour les prendre en charge. Ce sont des fantômes dans la société : la plupart n’ont pas de travail, ni de logement à eux. Une infime partie des enfants vont à l’école et les petits derniers, nés sur le territoire égyptien mais non enregistrés, restent invisibles aux administrations. «Ici, on n’a le droit à rien, on est cachés», affirme Hamid, autre membre de la lignée Kadhafi en fuite. «Ceux dont les passeports ont expiré n’ont plus de papiers. On ne peut pas déclarer nos enfants quand ils naissent car notre ambassade est à la solde du nouveau régime. On ne veut pas qu’ils sachent que nous sommes ici», dit-t-il, blême, évoquant les demandes pressantes faites à l’Egypte par le nouveau régime de lui livrer les kadhafistes exilés, ce qu’elle a toujours refusé.