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29 mars 2024

GILBERT KNAMTO (EODE) : ENTRETIEN AVEC ‘HORIZONS NOUVEAUX MAGAZINE’


GILBERT KNAMTO (EODE) : ENTRETIEN AVEC ‘HORIZONS NOUVEAUX MAGAZINE’ (HNM #47 / 1er DEC. 2014)

 

Les experts internationaux de EODE sur les médias …

EODE-TV & HNM (Horizons Nouveaux Magazine)/

Avec EODE Press Office/ 2014 12 01/

 

Entretien avec Gilbert KNAMTO (*),

Administrateur de EODE Zone Africa (et n° 2 d’EODE) :

 

Diffusé dans le n° 47 de HNM (Cameroun)

Ce 1er décembre 2014

 

ENTRETIEN-VERITE AVEC GILBERT NKAMTO DE L’ONG EODE

 

# HNM INT’L : Voulez-vous rappeler à l’adresse de nos lecteurs les objectifs poursuivis par votre organisation EODE, Zone Africa ?

 

Gilbert Nkamto : Tout d’abord je vous remercie ainsi que toute l’équipe de « Nouveau Magazine Intl. » pour l’intérêt que vous avez porté à l’endroit de notre organisation EODE. Je salue en passant vos nombreux lecteurs, ce public de plus en plus nombreux et qui se hâte d’apprendre et de comprendre, à travers votre media, les enjeux politiques de l’heure, tant bien au niveau de l’Afrique que dans le reste du monde.

Pour revenir à votre préoccupation, notre ONG EODE, est une association à l’origine née en Europe. Elle s’est activée dès sa création à promouvoir la démocratie réelle, l’observation et le monitoring des élections. Mais aussi des activités de recherche et d’analyse avec notre Département EODE Think Tank : l’étude de la géopolitique et de la géostratégie, la défense de la paix. ET encore la prévention des conflits.

En Afrique, elle s’est employée dès 2006 dans ses objectifs non seulement à faire du monitoring et de l’expertise des élections, mais aussi à promouvoir le panafricanisme, à promouvoir l’«éducation pour tous» en vue de développer l’esprit civique, pacifique et la non-violence auprès des populations africaines, à lutter contre les visions tribalistes, xénophobes et racistes, à prôner le dialogue des cultures et la solidarité des peuples, à œuvrer pour intégrer le groupe d’émergence qui encouragerait l’unification d’un espace de coopération et de solidarité entre les peuples d’Afrique (un panafricanisme militant), d’Eurasie (un partenariat équitable « gagnant-gagnant ») et des Amériques (une mondialisation équilibrée).

Pour être à la hauteur de ces missions, EODE a donc mis en place dès 2011 « EODE Zone Africa », que je dirige, afin de mener à bien des activités conséquentes centrées sur le monitoring, l’observation et l’évaluation des élections sur l’étendue du territoire africain. Ainsi nous avons été présents, pour ne citer que quelques exemples, au Cameroun lors des sénatoriales d’avril 2013, mais aussi à Madagascar, lors des élections présidentielles.

Dans ce contexte international toujours en mouvement et demandant des expertises les plus accrues, EODE Zone Afrique se spécialise aussi dans l’organisation de missions de formation en technique de monitoring des élections, de comptage de voix, et en technique de gestion des résultats du scrutin ; l’organisation des séminaires, symposiums, colloques et conférences sur les élections et la démocratie ; la maitrise des systèmes et processus de prévention et de résolution de conflits liés aux élections ;

A la différence de la plupart des ONG occidentales – donneuses de leçons aux Africains -, EODE est aux côtés de l’Afrique. Elle est africaine. Elle s’oppose et s’est toujours opposée aux manigances et aux interventions dans les affaires internes des Etats africains, qui sont organisées par ces associations derrière lesquelles l’OTAN, l’UE et tous ces pays impérialistes dits « démocratiques » se cachent pour mener des actions négatives contre l’Afrique et ses peuples.

Notre association refuse donc de se poser en donneuse de leçons à l’Afrique, mais elle chemine avec elle dans son combat contre le néocolonialisme, la prédation de ses richesses. Nous nous situons dans une démarche panafricaine et souhaitons être une voix sûre de relais de la voix de l’Afrique à travers nos différents canaux informationnels, diplomatiques tant au niveau national qu’international (notre ONG faisant ce que la presse occidentale appelle de la « diplomatie parallèle ») .

 

# HNM INT’L : Le contexte international est marqué par la volonté de l’Occident de dicter une fois de plus sa loi au reste du monde sur le plan géostratégique, quelles sont les chances de voir cette politique prospérer plus que jamais?

 

Gilbert Nkamto : Comme vous devez le savoir, le XXIème siècle a commencé très mal. D’abord avec le 11 septembre 2001 et les attentats qui ont servi de prétexte à certaines puissances, principalement les Etats-Unis, pour aller à la conquête du monde, envahir des pays souverains pour y installer des régimes de terreur. Pour moi, c’est le point de départ du cataclysme de l’existence au-delà des enjeux politiques mondiaux qu’avait en son temps consacré la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Mais l’enjeu n’est pas là.

Vous conviendrez avec moi, que c’est d’abord la question de survie existentielle, la fin du cycle de domination et le choix des peuples à s’auto-affirmer qui conditionnent de nos jours le monde et pratiquement qui augure des lendemains encore plus sombres pour les pays dominés s’ils n’y prennent pas garde.

La science et la recherche d’un profit hors normes par les oligarchies mondiales, donc la transformation exagérée de l’ordre de la nature dans tout son contexte et l’accumulation des richesses par une poignée d’individus dans le monde occidental mais aussi dans l’ancien « tiers monde », ont favorisé des conditions optimales de la rareté. Ce qui a permis non seulement de continuer à assujettir des peuples innocents mais à les empêcher de s’épanouir.

Cette situation a fini par pousser les peuples innocents marginalisés à se donner des moyens de mettre en place des mécanismes stratégiques et d’acquérir des armements puissants pour se protéger d’un impérialisme violent et sauvage ; cas de la Corée du Nord, du Pakistan, de l’Iran actuellement.

Aujourd’hui la question de la survie est centrale. D’où le recours, comme ce fut le cas pendant la première et la seconde guerre mondiales, mais aussi et surtout la Guerre froide, à la course aux armements de dissuasion, de plus en plus sophistiqués, et qui sont des armes de destruction massive.

La Chine et la Russie font bloc aujourd’hui devant le zèle des USA, bref le bloc atlantiste qui domine les alliés traditionnels de l’Europe de l’ouest, de l’Asie et du Pacifique, mais où aujourd’hui, à la différence de l’époque soviétique, on peut trouver des pays phagocytés de l’ex-URSS qui ont rejoint l’OTAN. Ces nouvelles alliances doivent inquiéter les partisans de la paix – comme nous, avec notre ONG – qui redoutent la destruction de l’humanité, la fin de notre monde, je veux dire le monde des humains… bien que cette possibilité de recours à la guerre (nucléaire) à grande échelle comme en 1945, n’est pas à l’ordre du jour des puissances en confrontation, si on en croit les différents QG militaires de ces pays.

Mais si jamais le recours à la guerre atomique devrait être la seule voie déterminante pour séparer ces puissances qui naissent et qui ne sont pas loin de freiner leurs ardeurs de désir de puissance en se limitant sur l’économie mondiale, ca sera un très grand désastre, surtout pour l’Afrique, encore attentiste.

Economiquement aujourd’hui, les USA piétinent. Militairement, ils sont contestés en leur qualité de « gendarme international », par la Russie notamment, qui se pose en challenger vingt-trois ans après la chute de l’URSS. Le bloc occidental est en train de voir son pouvoir économique mourir ou tomber en ruine ainsi que tous ses instruments de domination économique [FMI, Banque Mondiale…] qui sont contestés par les BRICS. Ce qui ne doit pas être sans risque. Et c’est pourquoi je le disais, la fin du cycle de puissance du bloc occidental est annoncé, mais est-ce qu’il se laissera faire ? Et déjà les géopoliticiens et géostratèges US dressent leurs plans pour empêcher cette chute et maintenir les USA comme « la seule superpuissance du XXIe Siècle » …

Tout au long de la dernière décennie du deuxième millénaire, l’unipolarité du monde a montré ses dérives. Les USA et leurs alliés ont détruit l’humanité, dévalorisé l’Homme dans son éthique existentielle, conspiré contre des leaders historiques et légendaires tels Slobodan Milosevic mort dans sa prison à la Haye en mars 2006, Saddam Hussein en Irak pendu par des bourreaux cagoulés en décembre de la même année… plus récemment Laurent Gbagbo, président démocratiquement élu, enlevé de son domicile et extradé à la Haye comme un vulgaire bandi, sans compter la mort cruelle du frère guide Mouammar Al-Kadhafi, telles sont les pratiques exécrables qui caractérisent cet occident américanisé, violent et brutal.

Des pays comme l’Afghanistan ont risqué d’être effacés complètement. L’Irak est devenu l’ombre d’un état dévasté, un cimetière pour l’homme et un paradis pour les décérébrés désignés à tort ou à raison par cet occident, comme « terroristes, jihadistes, combattants de l’islam », tout ce qu’un public abruti par les médias de masse occidentaux peut gober sur ces pays en faillite.

C’est la survie d’une superpuissance qui est en jeu, devant une économie moribonde ! Ouvrons les yeux…

 

# HNM INT’L : Les BRICS, sinon plus précisément la Russie et la Chine, sont ils en mesure de rattraper la dérive observée avec la déstabilisation du continent africain et surtout de devenir sur le plan géostratégique de véritables boucliers pour les pays africains?

 

Gilbert Nkamto : Vous parlez bien des BRICS, ce nouveau pôle économique constitué par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Sans être professeur d’économie, on peut avoir une analyse conséquente de l’influence avérée que peuvent jouer ces pays en faveur d’un équilibre mondial. D’ailleurs le Président russe, Vladimir Poutine dans une interview qu’il avait accordée à l’agence ITAR-TASS en mars 2013, disait ceci : « Plusieurs facteurs de long terme jouent à l’avantage des pays BRICS. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud sont les leaders de la croissance économique depuis deux décennies. En 2012, le taux moyen de la croissance du PIB dans ces pays représentait 4 %. Pour les pays du G7 ce taux atteint à peine 0,7 %. Le PIB des pays BRICS mesuré selon la parité du pouvoir d’achat en monnaies nationales, atteint 27 % et cette part est en train d’augmenter… ».

Le président Poutine indique très clairement à travers son analyse comment la balance est en train de favoriser cette nouvelle union et ce à quoi le monde pourrait s’attendre avec le temps, tout en reconnaissant dans son interview le chemin encore long à parcourir pour peser fort dans le monde. Mais il s’agit bien des BRICS… l’Afrique du Sud ne représentant pas l’Afrique dans cette configuration qui se dessine, mais elle-même, seulement elle-même.

Il faut que l’Afrique se démarque. Il faut que les Africains comprennent que les défis mondiaux de l’heure ne sont pas seulement le monde occidental dirigé par les USA contre le monde en voie de développement, je veux dire les BRICS… les Africains, regroupés au sein de l’Union africaine, doivent comprendre que ces blocs combattent pour préserver leur survie existentielle. L’Afrique ne doit pas attendre que des blocs se constituent pour qu’elle vienne se protéger sous leur parapluie. Elle doit, elle-même, forger son dynamisme. Le frère Kadhafi dès septembre 1999 avait donné le ton. Il a soutenu lui-même son plan de manière énergique tant moralement, physiquement et financièrement jusqu’à y laisser sa vie.

L’Afrique doit continuer un Bloc continental et puis tisser des alliances géopolitiques. Sans doute avec le Bloc eurasiatique que construit Moscou. Le fondateur d’EODE, Luc MICHEL, parle d’un « Axe géopolitique Eurasie-Afrique » …

Vous savez, on a besoin d’un monde multipolaire où l’Afrique soit un pôle d’influence eu égard à sa position géographique stratégique, à ses énormes richesses, à sa population très jeune et dynamique. Mais en géopolitique, seuls les forts comptent et existent.

 

# HNM INT’L : Si c’est le cas, quelles sont les conditions à réunir pour voir prospérer un tel tutorat?

 

Gilbert Nkamto : Comme je l’ai déjà expliqué, les conditions s’il y en a, car pour moi, je ne vois pas pourquoi l’Afrique devrait toujours être sous protection ou sous le parapluie de X ou Y, l’Afrique doit se situer dans une démarche de « démarcation » par rapport aux enjeux stratégiques mondiaux du XXIème siècle… elle doit être elle-même, elle en a les moyens. L’Afrique a ce moyen, nous avons ce moyen. Pourquoi toujours chercher à trouver un prétexte pour justifier notre protectorat ? Nous n’avons pas besoin en Afrique de tutorat. Ce temps est dépassé, il est révolu et notre génération actuelle veut que les choses changent. Toutes les lignes sont tracées pour permettre que l’Afrique s’insère dans le monde avec sa touche singulière. Osons ! Et nous mettrons un terme à ces politiques malheureuses qui sont orientées sur notre continent. Débarrassons-nous de tout ce qui nous empêche de décoller nous mêmes … engageons une bataille ouverte contre ces africains qui nous empêchent de tracer notre propre voie. Ce n’est pas possible que quatre siècles après l’esclavage, soixante ans après nos premières indépendances, nous restions la risée des autres continents… la carte des autres puissances… il nous faut oser… donnons-nous les moyens, nous les avons !

 

# HNM INT’L : Quel est le regard que vous posez sur l’avenir des démocraties africaines au regard des intrusions répétées des puissances néo coloniales parmi lesquelles les USA et la France, avec la complicité de leurs alliés locaux dans les affaires intérieures des pays africains?

 

Gilbert Nkamto : Je vois les choses de trois manières : primo comment l’Afrique est dessinée, secundo la mentalité africaine après la deuxième guerre mondiale et enfin, le jeu trouble des anciennes puissances coloniales et singulièrement la France.

Jusque vers la fin 2010, chaque africain soucieux du devenir de l’Afrique était satisfait de la bonne marche du continent. On avait perdu cette culture du coup d’état, cette guerre acharnée pour le contrôle du sous-sol. Les pays africains semblaient se mettre enfin sur la marche de l’histoire et nous commencions à avoir une lueur d’espoir. C’était sans compter sur l’exploit des faucons impérialistes qui ne lésinent pas sur les moyens pour venir à bout de nos efforts.

L’Afrique a échoué à se saisir de l’opportunité pour décoller et à laisser la situation en Côte d’Ivoire se détériorer jusqu’à la confiscation du pouvoir populaire par la France. La même chose est le spectacle macabre qu’on a vu en Libye, une situation malheureuse qui s’est faite avec la bénédiction des pays africains notamment l’Afrique du Sud, le Gabon et le Nigeria qui assument et assumeront seuls le destin tragique de l’Afrique dès 2011. Ils ont permis aux puissances étrangères de revenir s’installer en Afrique au moment où elles étaient presque toutes boutées à l’extérieur. Les USA , avec leur AFRICOM créé par W. Bush en 2007, leurs 34 bases militaires en Afrique, leur contrôle de la France suite à sa réintégration totale dans l’OTAN par Sarkozy, intervient maintenant directement et convoque à Washington comme des sous-préfets les dirigeants africains. Conséquence, le Mali est partiellement détruit, le Niger déstabilisé, le Burkina Faso instable, la République centrafricaine en déliquescence, et les pandémies à connotation politique comme l’Ebola ont refait surface. Sans oublier la Somalie et la Libye somalisée.

Nous sommes 54 pays en Afrique pour une superficie de 30.202.704 km2, une population estimée à moins d’un milliard d’âmes. 54 pays formés sous forme de peau de panthère où chacun s’abrite pour défendre son intégrité, pourtant la Chine est à 9.596.961 km2 … Au regard de l’évolution politique, du modèle de politique générale de ces deux continents, quelle démocratie est humaniste ? A-t-on vu les interventions de pays étrangers dans les affaires de la Chine ? Il est clair que si l’Afrique ne décolle pas, c’est tout simplement parce que, parmi nous africains, certains ont décidé de se conjurer avec l’ennemi.

Il y a, si nous devons tenir compte du contexte géographique créé, né de la configuration du continent africain après le Congrès de Berlin de 1885, on peut se dire qu’il y a quelques exceptions en Afrique qui se démarquent démocratiquement. En Afrique francophone, on peut saluer le jeu démocratique au Sénégal… beaucoup reste à faire dans les pays de l’Espace francophone pour que la démocratie soit réellement au service du peuple, pour le peuple. Les pays africains d’expression anglaise ont longtemps pris de l’avance sur le plan démocratique, l’alternance au pouvoir et la valorisation du rôle de l’opposition… on peut voir ce qui s’est passé au Kenya par exemple mais aussi en Afrique du Sud.

Tant que les Africains joueront le jeu des anciennes puissances coloniales et des USA, nouvelle puissance néocoloniale en Afrique, elles resteront des traînées de l’histoire. Les Etats africains ont pour obligation de s’unir, de personnaliser leur propre démocratie qui n’a rien à voir avec les modèles importés.

 

# HNM INT’L : Quelles sont les chances pour les pays africains de l’Espace francophone de se débarrasser du joug français et comment qualifiez-vous cette situation au regard des besoins de liberté des peuples concernés?

 

Gilbert Nkamto : La condition sine qua none c’est de se libérer économiquement de l’emprise française sans chercher à s’appuyer sur aucune autre puissance occidentale. Se libérer économiquement suppose, mettre en place une monnaie commune et se débarrasser du FCFA (franc des colonies françaises d’Afrique), avoir une Union douanière commune, un plan d’industrialisation commun, une politique économique continentale unifiée et portée par une seule voix, et enfin assumer l’Afrique. REFUSER toute aide étrangère à l’Union africaine.

La France elle-même aujourd’hui est sa propre ombre. Elle n’est qu’une pseudo puissance falsifiée, les rêves résiduels de jadis, car depuis que de nombreux pays africains de l’Espace francophone se sont passés à majorité « des œuvres bienfaisantes de la Grande France » et ont refusé de placer en retour les richesses de leur pays pour continuer à perfuser l’économie française, la France se meurt petit à petit sous nos yeux. Elle a surtout perdu tout leadership politique dans l’EU au profit de l’Allemagne. Et s’est vassalisée diplomatiquement et militairement aux USA en réintégrant l’OTAN, y compris en Afrique, détruisant la grande politique du général de Gaulle dans le monde. Les africains ne s’en rendent pas compte parce que de Gaulle, anti-impérialiste dans le reste du monde, a été néocolonialiste dans le pré carré français, instrumentalisant la néfaste Françafrique …

J’encourage les pays africains dont les peuples ont décidé d’oser contre la volonté coloniale ; je rends ici hommage à la Guinée Equatoriale contre l’Espagne, le Cameroun contre la France, le Zimbabwe contre le Royaume Uni… pour ne citer que ces quelques exemples. J’encourage davantage les autres peuples à suivre les pas de ces pays, à les prendre pour exemple et à mettre hors d’état de nuire les velléités néocoloniales de la France.

Si la France veut venir à nous avec les bonnes intentions d’un partenaire historique, nous allons oublier tout le tort qu’elle nous a causé pour la prendre en partenaire égal, en pays ami. Mais si elle vient à nous avec son orgueil, son désir d’une puissance qu’elle n’a pas su faire en Asie, boutée dehors en Syrie, au Liban, en Indochine, en Algérie, au Maroc par ses peuples, elle trouvera sur nos chemins des résistances. Le problème s’est compliqué avec le fait que sous Sarkozy et Hollande c’est maintenant Washington qui décide souvent pour Paris, en lieu et place.

 

# HNM INT’L : Pouvez-vous nous faire l’inventaire des modèles politiques qui seraient susceptibles de garantir le progrès des pays africains et quels sont les forces à mettre en mouvement pour y parvenir à votre avis?

 

Gilbert Nkamto : Soyez sur que je ne vais pas ressasser des modèles politiques à même de garantir le progrès de l’Afrique. Cela serait nier moi-même mes propres convictions. Les seuls modèles politiques qui peuvent et doivent garantir le progrès des pays africains c’est sans nulle doute ceux qu’avait en son temps traité l’Osagyefo Dr. Kwame N’krumah : le panafricanisme. L’Afrique pour les Africains. Et aussi la Jamahirya de Kadhafi, sa démocratie directe, sa géopolitique continentale.

Les progressistes africains de 1963 sont morts pour cette cause. Lumumba est mort assassiné comme un fauve. Sékou Touré, Sankara, Kadhafi de la même façon, même si pas de la même manière mais avec presque des méthodes similaires. Nous devons retourner sur le chemin de nos leaders historiques et légendaires pour donner vie au dernier plan du développement de l’Afrique tel qu’il a été dessiné dès 1999 à Syrte en Libye, mais également mettre en marche le plan africain de 2010, donc la monnaie unique africaine à travers la mise en place du Fonds monétaire africain (FMA) à Yaoundé au Cameroun, la Banque centrale africaine (BCA) à Abuja au Nigeria, et déplacer la Banque africaine d’investissement qui devait être à Syrte pour un autre pays du continent. C’est le premier plan du progrès de l’Afrique. Cette souveraineté monétaire nous permettra d’agencer d’autres politiques de développement autonome.

 

# HNM INT’L : Un message de fin à l’adresse de tous ces africains qui rêvent davantage de justice et de liberté ?

 

Gilbert Nkamto : Je vois l’avenir avec tristesse, mais surtout pour notre continent. L’Union africaine est redevenue la défunte OUA (Organisation de l’unité africaine) ou son clone, une association folklorique de chefs d’états africains qui se réunissent par moments pour des dîners de gala et autres agapes chic. Au moins s’ils se réunissaient tout seuls, j’aurai un peu d’espoir que quelque chose changerait.

A chaque fois qu’ils se réunissent pour débattre de l’avenir de l’Afrique, on voit des prédateurs présents dans les salles les plus confidentielles de notre continent. D’autres viennent même nous insulter sur notre propre tribune, et ils applaudissent. Que diriez-vous !? Où quelqu’un comme Robert Mugabe est assis, on trouve à côté un traître meurtrier comme Alassane Ouattara. Quel résultat attendriez-vous au sortir de telles assises africaines ?

Vous parlez de justice et de liberté… quelle justice ? Quelle liberté ? Nous sommes loin de rêver. Le rêve est tombé dès 2011 lorsque nous avons accepté que des bombes coloniales s’abattent sur l’Afrique pour la première fois tuant plus de 70.000 âmes sur le sol libyen de notre continent qui nous est cher. Que nous acceptions qu’on s’empare d’un de nos présidents, dans sa chambre présidentielle, humilié, sa femme et lui, en « mondiovision » ? Qu’on s’attende après à un avenir radieux… au moment où les armées coloniales sont à côté de nous en RCA prêts à nous bombarder parce que nous refusons de céder nos biens matériels et naturels à nos bourreaux de tous les temps…

Je compte sur l’audace africaine. Le sursaut d’orgueil de ceux qui ont en mémoire l’histoire des progressistes africains, des nationalistes africains à l’instar de Oum Nyobè du Cameroun… c’est cette audace qui doit déterminer notre futur.

Je vous remercie pour tout le temps que vous m’avez accordé pour apporter ma part de contribution aux questions qui taraudent l’esprit des peuples africains englués dans ce nouvel environnement peu propice au décollage de l’Afrique.

Comme j’aime bien à le dire, la pensée est synonyme de l’action. Refuser de penser, de consacrer son énergie cérébrale pour participer à la marche du monde, c’est faire abstraction de soi au monde, être un sujet historique, c’est exister… Nous devons poser des actes d’information et d’éducation de nos masses, et c’est ce que vous faites déjà. Cette quête d’idées, qui associe nos pensées injectera de l’adrénaline aux peuples africains pour se poser en défenseurs de leur histoire et leur patrimoine. C’est ce que vous faites déjà… et nous sommes ensemble.

La place et le temps me manquent pour aborder les analyses géopolitiques du contexte dont nous parlons ; par exemple les rapports de sujétion au sein du bloc impérialiste occidental et la façon dont Washington domine l’UE et la France. Ou encore le grand concept géopolitique inventé par le géopoliticien Luc Michel, le fondateur d’EODE, qui est aussi un panafricaniste bien connu (à la Joe Slovo ou à la Gaston Donna), et qui parle de « l’alternative du futur » avec son « axe géopolitique Eurasie-Afrique » centré sur Moscou et Malabo, une perspective pour 2.050. Moi je suis resté dans les peurs et les espoirs immédiats des africains, ceux de la terrible décennie 2004-2014 …

 

(*) Gilbert NKAMTO est éditorialiste, panafricaniste convaincu et leader d’organisations :

– Co-fondateur et Administrateur Zone Africa de l’ONG EODE, Observatoire eurasien pour la démocratie et les élections, Yaoundé

– Correspond du CEREDD, Bruxelles

– Secrétaire général du Conseil panafricain du MDPR, Tripoli

– Co-fondateur du réseau SJA, Synergie Jeunesse Afrique, Mali

– Co-initiateur de la Charte africaine de la jeunesse, SJA-UA

– Co-fondateur du réseau RAPAD-CEMAC, Réseau des Partenaires d’Action au Développement de la Zone Cemac, Tchad

– Représentant Afrique du Forum Mondial pour la Démocratie Directe, Venezuela

 

HNM / EODE Press Office /

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www.eode.org

https://vimeo.com/eodetv/

 

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