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19 avril 2024

La France est-elle devenue une colonie américaine ?


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La France est-elle devenue une colonie américaine ?

par Ecodemos (son site)

Il est des signes qui ne trompent pas. Des évènements qui semblent a priori anodins mais qui nous mettent mal à l’aise et dont on ne sait pourquoi. Peut-être nos cerveaux anesthésiés par le torrent d’informations (ou de désinformation ?) sont-ils devenus incapables de discerner l’immense fange boueuse qui nous engloutit un peu plus tous les jours. Cette fange est protéiforme, et certains de ces éléments sont plus visibles que d’autres (chômage, inégalités, corruption…) mais le limon que je vais m’échiner à extraire de ce tout est constitué de signes, qui pris indépendamment ne sont que des faits divers. Pris ensemble, ils jettent un trouble sur la direction qu’a choisi notre pays à tel point qu’il convient de se demander s’il existe encore en tant qu’état-nation souverain ou s’il n’est plus qu’un satellite servile et acculturé des États-Unis d’Amérique.

L’américanisation de la culture française

Point le plus concret postulant à la toutoutisation de la France et du peuple français par l’empire : la culture. Certes, l’américanisation avait déjà commencé dès la fin de la seconde guerre mondiale avec la mise en place de la consommation de masse et de tous ses adjuvants (crédit, marketing, commerces en libre services, télévision…), mais elle touche aujourd’hui aux fondamentaux de notre culture.

La culture culinaire en est un bien triste exemple. Tandis que la baisse de la consommation de vin se confirme depuis 30 ans, la consommation de sodas, elle, augmente. De même, le sandwich de tradition française fait aujourd’hui égalité avec le burger alors que ce dernier était 9 fois moins vendu que le sandwich traditionnel en 2007. Notons par ailleurs que la France est le deuxième marché mondial pour Mac Donald. De manière générale, la consommation de produits sucrés et gras augmente et les courbes concernant l’obésité et la cohorte de ses problèmes concomitants rejoignent celle des Etats-Unis.

Côté art maintenant, notons que la consommation de télévision (issue tout droit de l’Amérique) augmente, tout comme les émissions d’inspiration américaine (explosion des chaînes d’info en continu, séries françaises imitant les séries américaines comme RIS, arrivée des late shows). Quant à la musique, l’hégémonie de la langue américaine s’amplifie. Certes, les radios ont obligation de diffuser 40% de chansons francophones, mais celles-ci sont largement concurrencées par internet (sites en ligne/web radios…) et leur écoute baisse régulièrement.

Avez-vous noté le nombre d’artistes français chantant en anglais ? Il est en net augmentation : sur les 10 premiers singles vendus en France entre le 17 et le 23 novembre, 4 étaient issus d’artistes français, mais seulement 2 étaient chantés en français…De plus en plus de jeunes pousses chantent ou produisent des chansons en anglais et sont mêmes nominés aux victoires de la musique et ce, quel que soit le style : Kavinsky, Phoenix (House), Lilly Wood and the Prick, Shaka Ponk (rock), Cats on trees, Woodkid (electro)…

Même l’enseignement est touché par cette mutation. La loi Fioraso étend les possibilités d’enseignement dans les langues étrangères et particulièrement en anglais, tandis que les programmes d’histoire de 6e zappent le baptême de Clovis au profit de l’étude des civilisations africaines, confirmant ainsi la vision communautariste issue des Etats-Unis et ayant aujourd’hui atteint le PS par processus de « Terranovatisation ».

Le cœur même de la France, sa langue, est en voie d’anglicisation. L’infiltration de l’anglais se fait par la publicité (slogans), les enseignes (Carrefour market, Mac Drive), l’entreprise (titres hiérarchiques, sites internet, documents d’entreprises…) ou encore l’innovation (notamment dans l’informatique). Les français adoptent sans rechigner les mots anglais encore inexistants dans leur langue lorsque les Québécois se battent becs et ongles pour franciser les mots d’origine anglaise (ex : chiens chaud pour hot dogs, courriel pour mail…).

La France : bras armé ou porte voix de l’Amérique dans le monde ?

Certains évènements nous interrogent sur ce qu’est devenu notre pays. Rappelons cette soumission humiliante de la France, de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal qui ont fermé en juin 2013 leur espace aérien à l’avion présidentiel bolivien soupçonné de transporter Edward Snowden, celui là même qui a révélé à l’Europe l’espionnage massif dont elle faisait l’objet par les américians !

Géopolitique toujours, citons le parti pris politique sur la crise ukrainienne et le traitement médiatique à sens unique sur cette crise. Rappelons l’implication des américains dans la « révolution de Maïdan » et cette fameuse conversation entre Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État pour l’Europe et l’Eurasie et Geoffrey R. Pyatt, ambassadeur des États-Unis en Ukraine, que l’on entend comploter pour choisir le prochain président fantoche, et dont les médias n’ont retenu que le trivial « fuck the Eu », résumant ainsi toute la superficialité de nos médias fascinés par le buzz. Autre preuve confondante (tue par les médias bien sûr, d’ailleurs à quoi bon le rappeler) du rôle prééminent des États-Unis dans cette déstabilisation : le financement de la révolution. Eh oui, il faut rappeler que les manifestants étaient payés pour occuper la place par des oligarques comme Mr Porochenko, pro-occidental assumé, (diantre, ne serait-ce pas le président ukrainien actuel ?) et d’autres personnalités truculentes comme Mr Soros, haut gradé de la barbouzerie international au profit des USA. Face à ce coup d’état, la France fut l’un des premiers pays à soutenir la révolution, puis le nouveau gouvernement (pourtant largement infiltré par les neonazis de Svoboda). Elle fut aussi la première à contester la légitimité du référendum d’adhésion de la Crimée à la Russie et le seul pays à suspendre un contrat d’armement (de 1,2 milliards d’euros) avec la Russie.

Un blogueur insignifiant est donc en mesure de trouver en une heure de recherche les faits (assumés qui plus est) montrant que cette révolution n’était rien de moins qu’un coup d’Etat orchestré par les Etats-Unis et qu’elle a mené à la nomination de 3 ministres, d’un secrétaire à la défense et d’un procureur général issus de partis néonazis. Comment la France et ses services de renseignements compétents a-t-elle pu se fourvoyer à ce point ?

L’alignement géopolitique se voit partout aujourd’hui. Il y a un peu plus de 10 ans, la France était capable de contrer les ambitions impérialistes américaines au Moyen-Orient en s’opposant à l’invasion de l’Irak, décision qui lui avait par ailleurs conféré une aura d’indépendance dans le monde entier. Ce temps là est désormais révolu. La France a été la première à soutenir une intervention en Lybie lors du soulèvement de février 2011 (précédant même les américains sur leur propre terrain !), et surtout en armant des groupes salafistes par l’intermédiaire du Qatar qui ont ,depuis, semé le chaos dans le pays et que nous prétendons combattre aujourd’hui. Effectivement, la France veut désormais éliminer les djihadistes lybiens depuis le Mali qu’elle a elle-même contribués à installer au pouvoir.

Plus troublant encore est le cas syrien, dont l’insurrection commencée en mars 2011 a dégénéré en guerre civile. Les pays occidentaux, ont rapidement pris acte du soulèvement et soutenu une obscure organisation rebelle hétéroclite, l’ASL (Armée Syrienne Libre). La France a été le premier pays à préconiser la livraison d’armes à la Syrie en mai 2013 , puis à prôner une intervention armée suite à l’attaque chimique de la Ghouta ; dont les américains avaient trouvé de soi-disant preuves de la responsabilité du régime d’Assad. Thèse remise en cause quelques mois plus tard par le MIT, l’ONU,et les services secrets allemands. La France se retrouve donc liée aux États-Unis par le mensonge une fois de plus. Il aura fallu l’épisode des missiles tirés officiellement par les Etats Unis juste à côté de la Syrie et selon des médias libanais et iranien sur des cibles militaires syriennes et interceptées par les Russes pour calmer les ardeurs franco-américaines.

Je pourrais enfin évoquer la coopération renforcée des États-Unis dans l’intervention au Mali ou encore en Centrafrique. La France a été contaminée par le virus de l’aventurisme guerrier, et cela risque de se payer un jour ou l’autre.

Mais quel est donc l’intérêt de la France dans toutes ces interventions ? Pour la Syrie, on peut évoquer les liens entre les Qataris et le secteur de l’énergie. Mis à part cela, la France agit contre ses propres intérêts en armant des mouvements islamistes qui déstabilisent toute une région (EEIL, GICL…), en se mettant à dos la Russie et en renonçant à son rôle de pivot entre l’est et l’ouest sans parler des enjeux énergétiques et militaires…

Ce comportement absurde prend sens dès lors que l’on considère la possibilité de l’asservissement de la France aux États-Unis, qui cherchent par tous les moyens à garder le contrôle sur la planète et tentent par la même d’empêcher la formation de super concurrents (BRICS). Le renversement du pouvoir ukrainien avait déjà été prophétisé et encouragé par Brzenzinski, conseiller du président Carter dès 1997 dans son livre Le Grand Echiquier au motif que sans l’Ukraine, la Russie redeviendrait une puissance régionale sans capacité de projection vers l’Europe. Quant à la Syrie, il s’agit d’affaiblir l’Iran, hostile à la domination américaine et à ses sbires (Arabie Saoudite en tête).

La mise en esclavage économique de la France

Pourquoi la France est-elle devenue le caniche en chef des Etats-Unis ? Selon Pierre-Yves Rougeron (deuxième vidéo du lien, 20e minute), les élites françaises ont historiquement essayé de se distancer du peuple qui se caractérise par sa passion de l’égalité et son refus de la domination, en plaçant la France sous la joug d’intérêts étrangers, et cela depuis la fin de l’empire.

L’explication est peut-être plus prosaïque : la France est enchaînée par les boulets financiers et économiques américains. Parmi, ces boulets, le Quantitative Easing (QE), autrement dit la planche à billets, qui a permis l’injection de 3630 milliards de dollars entre 2008 et 2014. Cette injection a gavé les banques américaines et indirectement les multinationales en liquidités. Ce qui explique non seulement les mégas opérations de fusion/acquisition entre multinationales françaises et américaines (fusion Omnicom/Publicis pour 19,3 milliards de dollars, vente d’Activision/Blizzard par Vivendi à un consortium américain pour 9,3 miliards de dollars, mais surtout rachat d’Alstom Energie par GE pour 10 milliards de dollars (notons rôle prééminent des banques américaines dans ces opérations).

Cette dernière fusion n’est pas anodine, puisqu’elle produit du matériel de pointe pour l’armée et des turbines pour nos centrales. Ce qui nous place directement sous la coupe américaine concernant l’approvisionnement de deux secteurs clés pour la souveraineté du pays : l’énergie et l’armement.

Dépendance énergétique à l’égard des États-Unis qui s’accroît, avec ce contrat signé par EDF visant à l’importation de gaz de schiste américain sur une durée de 20 ans et cela pour « réduire nos dépendance vis-à-vis du gaz russe« .

La corde au cou est financière aussi, et elle menace à tout moment de se tendre, avec ces agences de notation américaines (Moody’s, Fitch, S&P) totalement incompétentes (les subprimes étaient notés triple A 3 mois avant leur éclatement) ; mais dont les notes ressemblent davantage à des injonctions politiques des milieux financiers pour libéraliser toujours plus l’économie et aller vers le modèle américain. A titre d’exemple, Nicolas Sarkozy avait mis en œuvre une réforme des retraites qui ne figurait pas dans son programme sous la menace d’une dégradation de la note de la France en 2010.

Conclusion

Que ce soit sur les aspects diplomatiques, militaires, culturels et économiques, la France a choisi son camp : celui de la vassalité à l’empire américain. Il faut remettre cela en perspective avec la formation de deux blocs avec deux visions différentes des relations internationales (mais malheureusement avec les mêmes modèles socioéconomiques) dont l’un se fonde sur une vision partagée de la puissance (les BRICS) et l’autre rassemble les vieilles puissances de la triade regroupés autour du suzerain américain. Des questions restent en suspens et seront étudiés dans un prochain article : Comment en est-on arrivé là ? Qui sont les collaborationnistes et pourquoi ont-ils agi ainsi ?

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