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26 avril 2024

La liberté de la France réside dans l’indépendance et le non-alignement


La liberté de la France réside dans l’indépendance et le non-alignement

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Le 12 décembre 2014

Après la dernière tentative de Chirac et de Villepin de faire preuve d’indépendance au Moyen-Orient en général, et en Irak en particulier, la politique française s’est coulée dans le moule américain et atlantiste

Le président Hollande a rencontré brièvement le président Poutine. S’il a amorcé les retrouvailles de la France et de la Russie, c’est une excellente nouvelle. S’il s’est contenté d’être le messager de l’Europe, et à travers elle des États-Unis d’Amérique, et de leur obsession anti-russe, cela ne traduirait que l’état de dépendance de notre pays à l’égard d’une puissance dont les errements, les échecs et les contradictions n’en finissent pas de déstabiliser le Moyen-Orient et l’Afrique.

Après la dernière tentative de Chirac et de Villepin de faire preuve d’indépendance au Moyen-Orient en général, et en Irak en particulier, la politique française s’est coulée dans le moule américain et atlantiste, puisque l’Europe semble oublier que la guerre froide est terminée. La France a servi les intérêts de l’Allemagne, des États-Unis et de leurs amis musulmans dans les Balkans. Son alliée traditionnelle était la Serbie orthodoxe, elle-même épaulée par la Russie. S’il fallait nous désolidariser de la politique stupide et mortifère de Milošević, fallait-il pour autant suivre les Allemands et les Américains contre les Russes ? Le dépeçage de la Serbie s’est effectué avec le consentement de la France, alors que notre intérêt commun avec celui de la Russie était de maintenir une Serbie forte.

De même, elle a adopté une attitude semblable à celle des États-Unis pour soutenir les pétromonarchies du Golfe, sunnites wahhabites, très éloignées de notre conception des droits de l’homme, en condamnant les nationalistes arabes et les chiites, qui trouvent leur appui à Moscou, comme si rien n’avait changé depuis l’effondrement du bloc soviétique.

La crise ukrainienne a souligné le rôle grandissant de l’Allemagne en Europe et à l’Est, en particulier. Que resterait-il à la France au-delà du mirage euro-méditerranéen perdu dans les sables libyen et syrien, affaibli par les difficultés économiques du sud de l’Europe ? Elle est le gendarme de l’Afrique francophone subsaharienne. Personne ne lui conteste ce rôle qui correspond à son dispositif militaire, à sa connaissance du terrain et à des intérêts économiques comme l’uranium du Niger.

Notre politique repose sur un discours moins triomphant à mesure que la réalité lui échappe : défense des droits de l’homme face aux tyrans sanguinaires qui méprisent l’État de droit ; lutte contre les armes de destruction massive et le terrorisme ; protection des peuples en dépit de la souveraineté des États et droit d’ingérence. L’application de ces beaux principes est sélective. La souveraineté demeure absolue à partir d’une certaine taille, ou d’une certaine richesse, soit de l’État, soit de son protecteur. Le Kosovo doit être indépendant, le Tibet non. On peut critiquer l’Ouganda, mais pas l’Arabie saoudite pour leur législation dans le domaine des mœurs. La Libye est tombée, non la Syrie. La frontière qui sépare apparemment le bien du mal emprunte toujours le tracé qui oppose les intérêts des États-Unis à ceux de la Russie.

Notre vieille alliance ne doit pas nous aveugler. L’espionnage de la NSA, la manipulation des effervescences printanières et colorées avec leur curieux air de parenté, l’affaiblissement des États qui en découle doivent éveiller des doutes. Aujourd’hui, la liberté réside dans l’indépendance et le non-alignement. Celui-ci n’exclut pas le soutien à un ami, lorsqu’il en a besoin, mais doit maintenir la France à l’écart d’organisations contraignantes.

Plus la France suivra donc sa propre voie, plus elle pourra garantir ses intérêts et jouer, quand ce sera nécessaire, un rôle de médiation efficace. La politique absurde d’Obama reconstitue un bloc russo-chinois face aux « Occidentaux ». La France doit, au contraire, briser la tentative d’isolement de la Russie.

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