México: La sombra del ejército sobre Ayotzinapa
15 décembre 2014
par Fabrizio Lorusso, 11/12/2014. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: México: La sombra del ejército sobre Ayotzinapa

Leurs déclarations sont passées presque inaperçues, bien que de nombreuses déclarations de parents et de membres de l’Union des peuples et des organisations de l’État de Guerrero (UPOEG), dont font partie plusieurs parents des étudiants disparus, se soient orientées vers la même hypothèse, qui est plutôt une accusation.
Le message signalait que parmi les responsables de la disparition des 43 normaliens, il avait deux officiers du 27ème Bataillon d’infanterie : le lieutenant Barbosa et le capitaine Crespo, impliqués dans l’organisation.
En outre, cette semaine, les parents d’Ayotzinapa eux-mêmes ont demandé explicitement aux autorités et au Procureur général de la République, de pousser à fond l’enquête, y compris sur les militaires, ce qui signifie entrer dans les casernes et briser le mur d’inaccessibilité qui protège en quelque sorte le 27ème bataillon d’infanterie, stationné à Iguala et, plus généralement, les forces armées dans le Guerrero.
Historiquement, au moins depuis les années 1970, en pleine Guerre froide et guerre sale, le fait demeure que les militaires étaient en charge de l’attaque répressive de l’État mexicain contre la population, par la torture, l’occupation et le contrôle militaire et les disparitions forcées comme l’une des « techniques » pour « gagner la guerre ».
Le Secrétaire à la Marine du Mexique, Vidal Francisco Soberón, a prononcé une série de phrases pour défendre le gouvernement et en même temps, détourner l’attention et viser à criminaliser la protestation sociale: « ça m’énerve encore plus qu’ils manipulent les parents, c’est-à-dire qu’ils manipulent ces gens, parce que c’est ce qu’ils font, ils les manipulent également pour qu’ils désavouent (le gouvernement) ou pour intensifier encore plus ça. Et ça m’enrage encore plus que ces gens qui manipulent les parents ne sont intéressés ni par les parents, ni par ces jeunes, la seule chose qui les intéresse, c’est d’atteindre leurs objectifs de groupe ou de parti « . les déclarations d’EPN (Enrique Peña Nieto) le mois dernier, lorsqu’il a parlé de « tentatives de déstabilisation », allaient dans la même direction.
« Je pense que c’est parfaitement clair: oui, il y a des groupes, et les groupes et individus qui apparaissent continuellement avec eux, je pense qu’il n’est pas nécessaire de te répondre exactement qui ils sont, ils viennent à la télévision et donc ils ont des noms, et ce groupe qui apparaît partout, en bloquant les routes et tout ça, et en cherchant d’autres choses, non? … partis ? Je n’ai fait allusion à aucun parti « , a poursuivi le secrétaire, qui soutient l’idée, commune et qui n’a rien de nouveau, souvent utilisé pour discréditer les mouvements sociaux, que les manifestants le font sous le contrôle ou la manipulation de quelqu’un d’autre qui utilise leur douleur à d’autres fins. Une autre façon de détourner l’attention.

Dans le sondage récent du Centre de la Recherche et de la Sécurité Nationale (CISEN), commenté par son ancien directeur Guillermo Valdés, un Mexicain sondé sur quatre attribue la responsabilité de l’assassinat et des disparitions d’Iguala à l’armée, entre autres acteurs, mais aussi à des personnes (Aguirre, EPN, Abarca et son épouse), à des partis politiques (PRD, d’abord, et aussi les autres), à des groupes criminels (Guerriers Unis) et aux forces de police. Cela montre que l’idée d’une collusion à des multiples niveaux et multi-institutionnelle s’est ancrée dans la population.

En outre, la «guerre de basse intensité» contre les mouvements sociaux et les attaques de la propagande officielle contre les voix critiques pourront se transformer facilement en répression explicite et déterminée lorsque le feu des projecteurs de la presse internationale et nationale sur Ayotzinapa et le Mexique se sera éteint. Nous avons déjà pu l’expérimenter dans une certaine mesure dans le District fédéral, avec des tentatives de disparitions, des arrestations arbitraires, des infiltrés (dans les manifestations) et des agressions policières, et à plus fortes «doses» à Chilpancingo et dans le Guerrero, avec des affrontements violents et l’écrasement de protestations, mais l’envoi de 2000 policiers fédéraux dans le capitale de l’État, et de presque autant à Acapulco, indique une réponse musclée, non au crime organisé, mais au mécontentement social et à l’exigence de justice et de refondation des institutions pourries.

Enfin, le 11 décembre, des scientifiques de l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM) ont réfuté l’hypothèse du bureau du Procureur général (PGR): « Il est impossible qu’ils aient été brûlés à Cocula, et les autorités ont un grave problème, parce que s’ils n’ont pas été brûlés à Cocula, qui les a brûlés et où ont-ils été brûlés ? », demande Jorge Montemayor, chercheur à l’Institut de Physique de l’UNAM. Selon le chercheur, pour incinérer 43 cadavres, on a besoin de 33 tonnes de grumes de quatre pouces de diamètre, l’équivalent de deux camions de bois de chauffage et 53 litres d’essence par corps sont nécessaires. Si, comme le soutient également la PGR, sur la base des aveux des trafiquants de drogue, le bûcher a été alimenté avec des pneus, selon les scientifiques de l’UNAM, 995 pneus de voitures auraient été nécessaires pour mener à bien l’opération, de sorte qu’ils considèrent que l’hypothèse officielle ne reposerait sur « aucun fondement dans les faits physiques et chimiques naturels ».
Tout cela ouvre la port à des interprétations différentes, y compris celles pouvant impliquer dans la tuerie d’autres acteurs, dont l’armée et, surtout, le 27ème bataillon qui a opéré « comme si de rien n’était » dans une zone pleine de fosses communes pendant des années. « Rappelez-vous que dans la guerre sale, si quelqu’un était expert dans les disparitions forcées, c’était précisément l’armée », a déclaré Omar Garcia, l’un des normaliens survivants. Même une narcomanta* présumée, signée par le caporal Gil, lieutenant du chef des Guerriers Unis Sindronio Casarrubias, accrochée le 31 octobre, indiquait l’armée, mentionnant les noms du lieutenant Barbosa et du capitaine Crespo comme responsables de la disparition des 43.
En dépit d’indices pour le moins « suggestifs », aucune enquête n’a été officiellement ouverte sur

l’implication de l’armée. Francisco Javier García, maire de Chilapa, Guerrero a dit il ya environ 10 jours que, malgré la forte présence des forces fédérales dans la ville, le crime organisé continue d’agir, essentiellement à l’ombre de l’armée. Ce n’est qu’un autre exemple, de toute évidence pas le seul. De même, Abarca est un exemple parmi tant d’autres, couverts par les autorités pendant des années. Le « couple impérial, » les Abarca, avait des relations étroites non seulement avec les narcos du Guerrero bras armé et complices de la police municipale et du maire, mais aussi avec les commandants militaires de haut rang à Iguala, bien que ceux-ci aient déclaré que leurs relations n’étaient qu’institutionnelles.
En juillet 2013, le portail internet de l’État de Guerrero a signalé la disparition de 17 autres étudiants à Cocula et, selon certains témoignages, avec l’implication de la police municipale. Est-ce que l’armée n’était pas sur place pour assurer la sécurité des citoyens et combattre les narcos dans le cadre de la «guerre contre la drogue»? Si la police et les narcos sont devenus des associés agissant en collusion, la Marine et l’Armée de terre ne vont-elles pas intervenir pour freiner cette dérive? Pourquoi sont-elles là? Il semble bien que les forces de sécurité, et pas seulement l’armée, s’installent plus pour garantir une protection minimale aux entreprises minières, aux infrastructures et aux multinationales et pour le contrôle social que pour «pacifier». D’ailleurs la notion même de « faire la paix » avec des armes est un oxymore en soi.

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Envoyé par Blogger dans Basta ! Journal de marche zapatiste multilingue يكفي ! جريدة المسيرة الزاباتية المتعددة اللغات le 12/14/2014 08:29:00 PM