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25 avril 2024

Golan, fermes de Chebaa : Israël et Al-Qaïda s’allient contre le Hezbollah et tuent des casques bleus


escarmouche-au-golan-600Hier, Mercredi 28 janvier 2015, un convoi militaire de l’armée israélienne a essuyé plusieurs tirs de roquettes alors qu’il manœuvrait dans le secteur contesté des fermes de Chebaa, près du village d’al Gajahar. L’attaque a été revendiquée par le groupe des martyrs de Quneitra, une faction du Hezbollah, qui a publié un communiqué confirmant l’origine de cette opération. Selon le site d’information Al Manar, proche du Hezbollah, le convoi attaqué circulait dans le cadre d’une mission de renforcement de la position israélienne de Rwaïset al Alam.

L’armée israélienne fait état de 2 morts dans les rangs de Tsahal, tandis que des sources proches du Hezbollah décomptent entre 15 et 17 morts Israéliens, ainsi que la destruction de 9 véhicules blindés. Selon le Hezbollah, cette attaque est une représailles aux tirs de missiles Israéliens ayant détruit le 18 janvier dernier 3 véhicules Libanais près de Quneira (d’où le nom du groupe) et coûté la vie à 12 combattants, 6 Iraniens et 6 Libanais, dont Jihad Moughnieh, responsable du Hezbollah pour le Golan Syrien.

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Jihad était le fils d’Imad Moughnieh, haut commandant du Hezbollah, ayant lui-même trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée à Damas en 2008. Imad était recherché par Israël et les Etats-Unis qui l’accusaient respectivement des attaques contre l’ambassade israélienne de Buenos Aires (1992) et contre l’ambassade états-unienne de Beyrouth (1983). Les services secrets Israéliens sont fortement soupçonnés de l’assassinat d’Imad. Mohammed Issa, responsable du dossier Irak-Syrie pour le Hezbollah, aurait lui aussi été tué dans l’attaque du 18 janvier. Selon Aude Marcovitch de Libération, cette volonté de « décapiter » le Hezbollah intervient dans un climat pré-électoral en Israël. Moshe Ya’alon, ministre de la défense du gouvernement Netanyaou, aurait déclenché cette opération pour galvaniser les électeurs. Selon la même source, Israël aurait régulièrement bombardé le Sud Liban depuis le début de la guerre en Syrie. La prise en compte de la crise Syrienne est incontournable pour saisir les enjeux du ravivement des tensions entre Tsahal et le Hezbollah.

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En effet, selon plusieurs rapports de la FNUOD (force militaire de l’ONU basée sur le Golan depuis 1974), des casques bleus observeraient régulièrement des dialogues et des mouvements de convergence entre Tsahal et les brigades du Front Al-Nosra, la branche syrienne du groupe Al Qaïda. Selon ces rapports, transmis aux quinze membres du conseil de sécurité de l’ONU, ces rencontres entre Tsahal et Al-Nusra seraient quasimment quotidiennes : 59 réunions comptabilisées entre le 1 Mars et le 31 Mai 2014. Suite à l’enlèvement de 45 de ses membres par Al-Nosra entre le 28 août et le 10 septembre 2014, la FNUOD a dû quitter le « point 85 », sa position d’observation sur le Golan. Le bilan est lourd pour les casques bleus, puisqu’un soldat Espagnol de la FINUL (Force intérimaire des nations unies au Liban) a été tué Mercredi par un tir Israélien. Roman Oyarzun, ambassadeur de l’Espagne à l’ONU, a clairement signifié que cet homme était mort « à cause de l’escalade des violences venue du côté israélien ». Madrid a pour sa part exigé une enquête de l’ONU sur la mort du soldat Espagnol. Comment un membre des forces de l’ONU a-t-il pu être victime d’une attaque sensée viser le Hezbollah ? Le mystère reste entier…  Les soldats de la FNUOD étant partis, la FINUL, qui s’est portée volontaire pour diriger des négociations de cessez-le-feu, est désormais la seule force internationale agréée qui puisse témoigner des trafics d’hommes et de matériel entre Tsahal et Al-Nosra dans ce territoire hautement stratégique aux frontières de la Syrie, du Liban et d’Israël. Plus aucune autre force n’est désormais en mesure de s’opposer au bombardement régulier du Sud Liban par Tsahal.

Les perspectives de cessez-le-feu de la FINUL ne sont pas du goût de tous. Suite à l’attaque d’hier, Netanyahou à déclaré que Tsahal était prête à agir « sur tous les fronts ». Cela comprend-il la Syrie ? Avigdor Lieberman, ministre Israélien des affaires étrangères, a pour sa part appelé à des ripostes « disproportionnées ». Notons que, si cette disproportion contreviendrait aux règles du droit international, elle reste néanmoins conforme aux habitudes des dirigeants israéliens, qui ont même donné un nom à cette « méthode » cruelle : la « doctrine Dahia ».

4114R15E_UNIFIL_Jul06.aiSelon le quotidien israélien Haaretz, le Hezbollah aurait déclaré qu’une fois prise sa revanche contre l’attaque du 18 janvier, il ne chercherait pas l’escalade du conflit. Néanmoins, Kfarchouba, Halba et Majidiyé, zones frontalières du Sud Liban, ont d’ores et déjà été bombardées par l’aviation de Tsahal, au titre de représailles à l’attaque des martyrs de Quneitra. De nombreux villages ont dû être abandonnés. Difficile d’imaginer qu’il n’y a pas eu de victimes civiles Libanaises… Rappelons que les manœuvres de Tsahal dans le secteur n’ont aucune légitimité sur le plan du droit international. Après avoir soutenu sous la présidence de Kofi Annan que l’occupation de cette zone par Israël respectait la résolution 425, l’ONU aurait prié de manière officieuse le gouvernement de Jérusalem de quitter le domaine des fermes de Chebaa, le 11 Juillet 2007. Le gouvernement français pour sa part, a instamment demandé l’évacuation du territoire lors de la guerre libano-israélienne de 2006, les cartes de l’état-major Français reconnaissant par ailleurs ce territoire comme Libanais.

Le Hezbollah ayant envoyé plusieurs milliers de combattants en Syrie pour lutter contre Daech et Al-Nosra, ce ravivement des tensions et cette division des fronts ne peuvent que faire le jeu de Tsahal et du gouvernement d’Israël, dont la collaboration active avec les forces destructrices de Daech et d’Al Qaïda s’avère de jour en jour plus incontestable.

Galil Agar

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