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25 avril 2024

Les cours du PÉTROLE chutent, pourquoi ?


Les cours du PÉTROLE chutent, pourquoi ?

Sur le blog de Michel El Diablo –

7 Février 2015

En quelques mois, les cours du pétrole ont chuté de moitié, de 100 dollars le baril à moins de 50 dollars. Dégageons quelques tendances à ce phénomène. Face à une production qui ne faiblit pas et qui a même tendance à croître du fait, à la fois du maintien de la production des grands pays pétroliers en particulier l’Arabie Saoudite, la Russie, le Venezuela, l’Algérie, l’Iran…. et de l’introduction de quantités importantes sur le marché des pétroles de schistes en provenance des USA, la consommation elle stagne du fait du ralentissement de l’économie mondiale et en particulier de celle de la Chine mais aussi d’une diversification en matière d’énergie de ce grand pays.
L’explication, couramment présentée et qui se base sur le rapport de l’offre et de la demande ne permet pas d’expliquer un tel effondrement. La mise en service de nouveaux gisements qui ont demandé des lourds investissements aux majors pétroliers, investissements qui doivent devenir profitables pèsent aussi dans la tendance à la baisse. Ainsi, loin d’une pénurie de ressources énergétiques pétrolières nous sommes confrontés à une perspective durable de surproduction qui contribue à peser sur les marchés.
Dans le même temps, la guerre entre les monopoles pétroliers et les Etats à leur service fait rage pour la conquête des ressources, leur contrôle et leur transport. Un certain nombre de pays du Golfe, comme l’Arabie Saoudite, entendent maintenir des cours bas et une production importante pour amener les producteurs américains de gaz et de pétrole de schistes à sortir du marché car au-dessous de 40 dollars la rentabilité capitaliste de ces productions n’est pas assurée. Ainsi, selon des analystes, certains pays riches de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) comme les Emirats Arabes Unis sont prêts à accepter un prix bas pour pousser les producteurs de pétrole de schiste, en premier lieu les Etats-Unis, hors du marché.

Il ne faut pas sous-estimer l’enjeu de la bataille économique que se livrent les monopoles pétroliers autour de la question des gaz de schiste. Ils représentent maintenant une grande partie de la production d’hydrocarbures aux USA assurant leur quasi indépendance énergétique. Si la baisse des cours conduit à la faillite des sociétés d’exploitation, elle entraîne aussi des concentrations capitalistes qui permettront aux grands majors pétroliers de s’assurer la domination dans ce domaine et à terme d’imposer aux marchés des augmentations substantielles. Ainsi le nouveau PDG de Total estime que les évolutions techniques dans ce domaine peuvent permettre une rentabilité d’exploitation à moins de 50 dollars le baril. Les USA qui sont devenus les leaders de l’exploitation des hydrocarbures de schistes espèrent donc que leur monopole dans ce domaine leur ouvrira les gisements potentiellement importants de l’Europe centrale. Cela explique aussi leur volonté de contrôler directement cette partie de l’Europe face à la Russie.
Cet affaiblissement des cours du pétrole a des conséquences économiques directes sur l’emploi. Après Schlumberger il y a 3 semaines, Baker Hughes a annoncé le 21 janvier la suppression de 7000 postes. Les budgets d’explorations sont en baisse drastique et selon une étude de Goldman Sachs les investissements non rentables (au dessous d’un prix du baril à 70 Euros) représentent 2.000 milliards de dollars et une production de 2 millions de baril/jour. Cette baisse considérable des investissements dans la prospection va jouer à terme sur la production elle même et ouvrir un boulevard aux producteurs de pétrole de schistes déjà en embuscade.
Il faut mesurer que la question pétrolière est aussi fortement corrélée à la domination du Dollar comme monnaie de référence. En effet le marché pétrolier s’effectue pour l’essentiel sur la base du Dollar. Ces pétrodollars sont une absolue nécessité pour maintenir la domination de l’impérialisme US. Pour eux le danger vient du fait que de plus en plus des producteurs importants comme la Russie et l’Iran tentent de se dégager de cette contrainte et négocient des contrats dans leur propre monnaie. Affaiblir durablement ces concurrents c’est donc pour les USA un moyen de préserver leur capacité de domination.
Leur volonté d’affaiblir des concurrents se double aussi de visées politiques. Les grands pays producteurs du Golfe qui n’ont que des populations peu nombreuses, sont moins sensibles à la baisse des cours et peuvent attendre une remontée qui leur permettra de s’imposer. Mais d’autres pays comme l’Iran, la Russie, l’Algérie et le Venezuela dont une grande partie des ressources est liée à l’exportation du gaz et du pétrole, sont eux extrêmement vulnérables à la baisse de leurs cours. Ainsi le Président iranien vient-il de déclarer : « que l’économie (de son pays) pouvait surmonter la chute des cours » et il a prévenu les partisans d’une baisse des cours qu’ils « souffriront plus » que l’Iran ». « Ceux qui ont planifié la baisse des prix du pétrole contre certains pays devraient savoir qu’ils le regretteront ». La Russie déjà sous embargo du fait de la crise ukrainienne voit son économie souffrir de cette situation. Il en va de même pour le Venezuela et l’Algérie. Ces effets ne sont pas pour déplaire aux forces impérialistes sous domination US qui veulent affaiblir ces pays. Ainsi Obama dans son discours sur l’état de l’Union vient-il d’affirmer qu’avoir : « mis en lambeaux l’économie de la Russie » était pour lui un sujet de fierté. Dans le même temps, cette crise entretenue à la fois pour des raisons économiques et politiques avive les tensions au Moyen-Orient et rend encore plus nécessaire aux yeux de l’impérialisme US et de ses alliés concurrents le repartage et le contrôle de cette région en éliminant les Etats qui par leur politique d’indépendance refusent la main- mise des forces impérialistes.

Ainsi, la concurrence capitaliste des monopoles pétroliers et des Etats qui les servent augmentent-elle le niveau de tension dans le monde et contribue à l’élévation du danger de guerre

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