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26 avril 2024

AFI FLASH : La France en guerre de religion


 

 AFI FLASH : La France en guerre de religion

Mulla Krekar, fondateur d’Ansar al-Islam, remis en liberté (p.3)

n°155

9 Février 2015

La France en guerre de religion

Par Gilles Munier

Dans quelques semaines, le porte-avions Charles de Gaulle bien mal nommé en la circonstance – sera en position dans le Golfe pour bombarder l’Irak et tuer inévitablement des milliers de pauvres gens qui avaient « une certaine idée de la France ».

La guerre contre l’Etat islamique va provoquer de nouveaux exodes de population, achever de détruire une région à bout de souffle. Et tout cela parce que les Etats-Unis ont besoin de la caution de la France pour reprendre pied dans un pays que ses troupes ont dû quitter précipitamment en 2011, et pour se positionner pour « la guerre d’après », sans doute contre l’Iran.

Les bombardements français feront des victimes parmi les djihadistes, mais moins qu’on ne le prétendra, car si les bilans égrènent les pertes invérifiables de l’adversaire, ils se gardent bien de donner celles, plus nombreuses, des victimes dites collatérales. Les tués et blessés seront donc, comme d’habitude et dans leur majorité, de paisibles citoyens musulmans dont les parents et les proches, exaspérés, crieront vengeance et iront grossir les rangs des partisans d’Abou Bakr al- Baghdadi. Déjà alimentée par la publication des caricatures provocatrices du Prophète Muhammad, les massacres à venir de civils légitimeront dans l’esprit de très nombreux musulmans, les attaques de djihadistes contre des objectifs en France. Voilà où la politique de François Hollande, après celle de Sarkozy, a conduit notre pays.

Ce n’est peut-être pas un hasard si l’attentat Charly Hebdo a été commis peu après l’annonce de l’envoi du porte-avions Charles de Gaulle au Proche-Orient et juste avant le vote par l’Assemblée nationale et le Sénat de la poursuite de l’opération Chammal, décidée en août dernier… « à la demande du régime de Bagdad ».

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Le fait rédhibitoire que le gouvernement irakien est l’émanation d’un parlement élu dans des conditions fort peu démocratiques, que le régime ne respecte pas loin s’en faut les droits de l’homme et est un des plus corrompus au monde, n’a pas été pris en considération. Comme il fallait le craindre, la reconduction de Chammal s’est faite dans l’émotion provoquée par les attentats, à la quasi-unanimité des parlementaires, et les voix qui s’élevaient depuis son lancement ont été étouffées.

En septembre dernier, commentant la visite effectuée à Bagdad par François Hollande, Dominique de Villepin a affirmé sur BFM TV que l’engagement français dans le 3ème guerre d’Irak est « absurde et dangereux », que ce n’est pas en envoyant des militaires français là-bas que l’on endiguera l’afflux de djihadistes (1).

C’est également l’avis d’Alain Marsaud, ancien chef du Service central de lutte antiterroriste du parquet de Paris. Intervenir en Irak est une « erreur ». La France, disait-il au quotidien Le Figaro, devient « la cible n°1 » des djihadistes. « Ce sont les Américains qui sont responsables de cette situation, ils ont la capacité eux de faire le travail tout seuls », et il ajoutait : « On ne réglera pas ce problème de l’Etat islamique sans engagement de troupes au sol quoiqu’on nous raconte! On ne va quand même pas aller faire tuer des soldats français en Irak » (2).

Après l’attentat à Charly Hebdo, Alain Marsaud député UMP des Français de l’étranger – a expliqué sur France 24 pourquoi il ne voterait pas la reconduction de l’opération Chammal (3). Et, il ne l’a pas votée : Chapeau !

Le Charles de Gaulle et son escadre rejoignent en ce moment la frégate anti-aérienne Jean Bart. Ils seront intégrés, comme elle, au sein du groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Carl Vinson. Le maître américain, grand prince, laissera à l’Etat-major français dit-on – le choix de ses cibles. Billevesée… Que le missile soit américain, britannique ou français, il sème la mort indistinctement.

La France est entrée dans une nouvelle croisade contre l’islam. Personne n’en connait l’issue, si ce n’est qu’elle sera calamiteuse.

La 3ème guerre d’Irak est perdue d’avance, même si la coalition occidentale et ses alliés régionaux parviennent à détruire l’Etat islamique.

Photo : La Tour Eiffel sous haute protection militaire
Notes: (1) Bourdin direct BFM TV (12/9/14) (2) Irak: l’intervention est une « erreur » (Le Figaro 23/9/15)- (3) Attentat à Charlie Hebdo : « Nous faisons la guerre, on nous fait la guerre ! », Alain Marsaud (France 24)

Quand le Mossad assassinait à Londres

un grand caricaturiste palestinien »

n°1 sur « France-Irak-Actualité.com »

Effet Charlie Hebdo ! ( ?) Notre blog a attiré en janvier presque trois fois plus de visiteurs uniques qu’à l’ordinaire (les visiteurs revenant sur le blog à plusieurs reprises ne sont pas décomptés).. L’article titré : « Quand le Mossad assassinait à Londres un grand caricaturiste palestinien » a été lu par 46 986 visiteurs uniques, dont 17 551 le 11 janvier Il a été repris par plusieurs sites Internet en France et à l’étranger. Il a également été lu par 9 605 visiteurs via Facebook.

Par ailleurs, 60 536 pages ont été consultées, notamment « Attentat à Charlie Hebdo : comment tout a commencé », « Qassem Suleimani, un Guevara chiite », « Chronique à méditer ». par Chérif Abdedaïm, «Plus un sou pour Israël», par Maurice Buttin, «Impunité, cause de violences désespérées », par Bernard Cornut, et, à partir de la fin du mois : « La France en guerre de religion ».

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Kurdistan irakien

La Norvège libère Mulla Krebar, fondateur d’Ansar al-Islam

Mulla Krekar, 58 ans, kurde irakien fondateur de l’organisation djihadiste Ansar al-Islam, a été libéré le 25 janvier dernier en Norvège où il était interné depuis deux ans et 10 mois (1). Il a aussitôt été assigné à résidence à Kyrksaeteroera, village situé sur un fjord à 500 kilomètres au nord d’Oslo.

Les autorités judiciaires norvégiennes qui l’ont assigné à résidence voudraient maintenant l’extrader en Italie. Y parviendront-elles ? Son avocat a fait appel de la décision « au nom des droits de l’homme »…

Mulla Krekar espère retourner au Kurdistan, mais comme son passeport ne lui a pas été rendu, et que son nom– ainsi qu’Ansar al-Islam est sur la liste noire des organisations terroristes de l’ONU et du Département d’Etat US, aucune compagnie aérienne ne lui délivrera un billet.

A Erbil, capitale du Kurdistan irakien, son frère a quand même pris contact avec le gouvernement régional pour négocier son retour. Massoud Barzani et la famille Talabani n’y tiennent pas. En revanche, les trois principales organisations islamiques kurdes Mouvement islamique du Kurdistan, Groupe islamique du Kurdistan et Union islamique du Kurdistan y sont favorables. Muhammad Hakim, porte-parole de la Société islamique du Kurdistan (KIS), a déclaré qu’il serait enchanté de voir Krekar poursuivre sa lutte au sein de son parti (2). Ses ennemis, nombreux au PDK (Parti démocratique du Kurdistan) et à l’UPK (Union patriotique du Kurdistan), craignent son charisme, tout en reconnaissant en lui un intellectuel musulman brillant, un poète féru d’histoire du monde moderne et notamment de celle du Proche-Orient.

Ben Laden, « joyau sur la couronne de l’islam »

Mulla Krekar de son vrai nom Najmeddine Faraj Ahmad ancien opposant au régime baasiste irakien, a le statut de réfugié en Norvège depuis 1991. Mais, cela ne l’a pas empêché de retourner clandestinement en 2000 dans le nord de l’Irak pour fonder Ansar al-Islam qu’il a dirigé, selon ses dires, jusqu’en 2002.

Il avait constitué un califat dans les régions de Biara et Tawela, deux villages de montagne proches de la frontière avec l’Iran, au nord de Halabja. Son organisation faisait partie des réseaux d’Oussama Ben Laden dont il a fait la connaissance en 1988 à Peshawar, au Pakistan et qu’il décrit comme « un homme bon, un bon musulman opposé à l’administration Bush », « un joyau sur le couronne de l’islam ».

Après le renversement de Saddam Hussein, quand le djihadiste jordanien Abou Moussab al- Zarqaoui – futur chef d’Al-Qaïda au pays des deux fleuves s’est installé au nord de Halabja, Mulla Krekar était rentré définitivement à Oslo. Il y condamnait l’invasion américaine, allant jusqu’à promettre la mort à tous ceux qui collaboraient aves les troupes d’occupation américaines en Irak, y compris « les civils qui leur offre un verre d’eau à boire » (3).

Le PST (Politiets Sikkerhetstjeneste – service secret norvégien chargé de la sécurité intérieure) le considèrent comme une « menace pour la sécurité nationale », mais la législation du pays, très respectueuse du statut de réfugié politique, ne devrait pas permettre de l’expulser.

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Allégeance au califat

Sous George W. Bush, la CIA a tenté à plusieurs reprises d’enlever Mulla Krebar. En février 2003, juste avant l’invasion de l’Irak, Colin Powell le présentait comme un lien organisationnel entre Al- Qaïda et Saddam Hussein.

Des agents secrets américains, venus d’Italie – dont celui qui avait kidnappé Hassan Mustafa Osama Nasr, un religieux soupçonné à tort de terrorisme transféré clandestinement dans un centre de torture secret égyptien ont tenté de d’enlever Krekar à Oslo. L’opération a échoué, un officiel norvégien ayant prévenu Krekar, lui donnant le temps d’ameuter les médias et de réclamer une protection spéciale (3).

Mulla Krekar était incarcéré à la prison de Kongsvinger, un centre de détention réservé aux étrangers, pour avoir menacé, en juin 2010, la députée conservatrice Erna Solberg, aujourd’hui Premier ministre en déclarant que s’il était assassiné, à la suite d’une « déportation », « elle subirait le même sort ». Surnommée « Solberg de fer » – en référence à Margaret Thatcher la Premier ministre est connue en Norvège pour ses amitiés israéliennes. En 2008, elle a refusé d’accorder l’asile à Mordechaï Vanunu, l’ingénieur qui a révélé l’existence du programme nucléaire militaire israélien au Sunday Times, en 1986.

On ne peut pas dire que l’Italie soit le havre de paix convenant à Mulla Krekar. La CIA et les services secrets de l’OTAN ont toujours eu les mains libres, si ce n’est plus. Il a promis aux habitants de Kyrksaeteroera où on l’a assigné à résidence, de leur apprendre la cuisine kurde ! Mais, sa dernière apparition sur Al-Jazeera n’est pas de nature à améliorer son sort en Occident : n’étant pas du genre à cacher ses opinions, il y a déclaré son admiration pour l’Etat islamique et accusé ceux qui résistent au Califat d’être des « lâches » au service des Etats-Unis et de l’Iran (4).

Photo : Mulla Krekar se recueillant dans la neige à sa sortie de prison

(1) Libération de Mullah Krekar de la prison de Kongsvinger
(2) Mixed feelings in Kurdistan as Norway set to free radical Mulla Krekar (Rudaw 16/1/15)
(3)
The CIA and The Militant Who Eluded It in Norway par Craig Whitlock (Washington Post- 4/12/06)
(4)
Kurdish Islamic radical Mullah Krekar: Only ISIS can fulfill Muslim ‘ambitions and dreams (Ekud Daily 5/2/15)

                               __________________

Sur le blog France-Irak-Actualité.com

Lettre de Ali Khamenei, Guide de la Révolution iranienne, aux jeunes d’Europe et d’Amérique du Nord Après la mort de dirigeants du Hezbollah et d’un général iranien sur le Golan syrien
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Jordanie : Abdallah II libère Muhammad al-Maqdisi

Le cheikh Abou Muhammad Al-Maqdisi, un des plus influents idéologues du djihadisme, – incarcéré plusieurs fois ces dernières années en Jordanie pour ses écrits et ses déclarations – a été libéré le 5 février. Il était emprisonné depuis octobre dernier pour « utilisation des réseaux sociaux en faveur des organisations terroristes », en l’occurrence le Front al-Nosra.

La libération de Muhammad Al-Maqdesi intervient après la diffusion de la vidéo de la mort horrible de Maaz al-Kassasbeh pilote jordanien de F16 brûlé vif dans une cage par l’Etat islamique -, et au lendemain de la pendaison – en réponse – de Sajida al-Rishawi, condamnée à mort pour sa participation à trois attentats meurtriers contre des hôtels de luxe à Amman en décembre 2005 (57 morts et 90 blessés), et de Ziad Karbouli, présenté comme un membre important d’Al-Qaïda en Iraq (AQI). L’aviation jordanienne a par ailleurs pilonné des objectifs en Syrie, dans la zone sous contrôle de l’Etat islamique.

Le roi Abdallah II espère sans doute que Muhammad Al-Maqdisi use de son influence pour calmer les milieux salafistes jordaniens qui lui reprochent son intervention dans la coalition militaire occidentale. En juillet dernier, Al-Maqdisi a condamné la proclamation du Califat par Abou Bakr al-Baghdadi et mis en garde contre un «bain de sang», mais considère les interventions occidentales en Irak comme étant des « croisades ».

Cela dit, Muhammad al-Maqdisi n’a pas dû apprécier que le roi défile à Paris dans la manifestation « Je suis Charlie » où étaient brandis des posters insultant la Prophète, ni que le gouvernement jordanien ordonne, le 2 février, à son ambassadeur en Israël de regagner son poste à Tel-Aviv. Il avait été rappelé il y a trois mois suite aux « violations répétées » de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem par des fanatiques juifs. Selon le porte-parole jordanien les choses vont désormais « dans le bon sens » ! L’annonce qui tombait à pic avec la visite du roi à Washington, était sans doute faite pour amadouer le lobby pro-israélien.

Le lendemain, 3 février, l’Etat islamique a diffusé la vidéo du meurtre abominable du pilote. G.M

Rappel : Qui est Abou Muhammad al- Maqdisi ? (par G.M, AFI-Flash n°84 du 3/4/08) L’idéologue djihadiste jordanien Al-Maqdisi, mentor d’Abou Moussab al-Zarqaoui, a été libéré le 12 mars 2008 à la demande du roi Abdallah II. Etudiant à l’université de Mossoul dans les années 80 – puis expulsé vers l’Arabie Saoudite pour son hostilité au baasisme – il est considéré comme un des penseurs salafistes les plus influents.
Il rencontra Al-Zarqaoui à Peshawar, au Pakistan, où il enseignait l’islam.
Auteur de plusieurs ouvrages dont « La religion démocratie»* – il revint en Jordanie en 1992 où il fut emprisonné à plusieurs reprises pour ses idées.
Incarcéré dans la même prison que Zarqaoui, après l’arrestation en 1994 des dirigeants de Beyt Al-Imam, organisation clandestine qui voulait renverser la monarchie hachémite, il critique, depuis, l’utilisation du terrorisme en politique, sauf pour combattre le sionisme et Israël. De sa cellule, il a condamné les massacres de chiites irakiens perpétrés par Zarqaoui, et s’est dit opposé à la participation d’ « Arabes Afghans » à la libération de l’Irak, parce qu’il s’agit d’une guerre entre « croisés » et « apostats », américains et baasistes. Le roi Adballah espère qu’Al-Maqdisi, libre, usera de son influence sur les partisans d « Al-Qaïda au pays des deux fleuves », présents parmi les réfugiés irakiens en Jordanie, pour qu’ils ne portent pas atteinte à la sécurité du royaume et pour que l’ « Etat islamique d’Irak » cesse ses attaques contre les chefs de tribus sunnites qui refusent de lui faire allégeance. (…)
Après la publication, en novembre 2007, d’une lettre du Docteur Fadl –
ancien compagnon d’Aymen Zawahiri, n°2 d’Al-Qaïda -, incarcéré en Egypte, accusant Ben Laden de « traîtrise envers le mollah Omar » et de « la perte de l’Afghanistan », les déclarations d’Abou Muhammad Al-Maqdisi ouvrent un débat sur l’avenir du djihadisme global et ses aspects contre-productifs. Pour Al-Zawahiri, il s’agit de propos extorqués sous la contrainte. Il a prévenu que s’il était lui-même un jour arrêté, il ne faudrait croire aucun de ses discours contredisant ses engagements actuels.

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Revue de presse

Les médias français, les politiques et les intellectuels,

par Tariq Ramadan (3/2/15)*
Ces derniers jours ont été bien révélateurs. Au gré de mes interventions médiatiques en France, les téléspectateurs autant que les auditeurs ont pu se rendre compte du jeu malsain de certains journalistes. La plupart ont inlassablement répété le refrain de mon «double discours» et d’autres, sans arguments, ont insisté sur la non-clarté de mon propos pour entretenir l’impression de ce qu’ils ne pouvaient prouver. Oui, vraiment, «nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre », et la double audition est devenue un mal médiatique (intellectuel et politique) français.
Au-delà de ma personne, cette attitude met en évidence un problème en France, réel, profond, ancien. Pour discréditer ma personne, il faut commencer par dire que je suis «controversé», «ambigu», et que mon discours est
«habile» et «double». Ces deux dernières semaines étaient symptomatiques : à quelques rares exceptions près, la même stratégie fut établie, pour refuser d’entendre, ou pour troubler l’écoute du public. Il s’agit donc soit de ne pas m’inviter, soit de m’inviter avec «le filtre» d’usage. «Prévenir», «avertir» les spectateurs et les auditeurs que «l’homme» est dangereux et malin…des fois qu’il (cet Africain, cet Arabe, ce musulman) dirait quelque chose d’intéressant (il serait alors deux fois plus dangereux). Ils sont rares ceux qui en France ont osé m’inviter sans y ajouter le perpétuel coup bas d’une présentation malhonnête, agrémentée de sinueux sous-entendus : Moati, Giesbert, Taddéi, Simonin, Marschall et Truchot, Naulleau et Zemmour, à ce jour. Tant d’autres, grands défenseurs de la liberté d’expression, ne m’invitent pas, ou plus (les pressions et les critiques furent si fortes).
Il est intéressant de noter le parallèle avec les institutions d’Etat et les universités. Je suis professeur d’études islamiques contemporaines à Oxford et j’ai été invité à m’exprimer dans les plus grandes universités et institutions à travers le monde. Sauf en France, avec son étrange « exception », où l’académique semble prendre pour argent comptant (et se plier devant) les approximations médiatiques (ce qui est en soi très inquiétant). Pas d’interventions universitaires, des conférences annulées et des services de l’Etat faisant pression pour m’empêcher de m’exprimer, presque chaque mois, depuis vingt-cinq ans. Quelle insulte faite aux étudiants français ! Ils ne seraient donc pas intellectuellement armés pour entendre, analyser, critiquer ? Seraient-ils plus bêtes et vulnérables que les autres ? Ou alors a-t-on peur d’autre chose, que mon propos réveille des consciences libres par exemple ?
Il faut mettre en évidence trois points qui sont cruciaux au-delà de ma personne :

  1. Soit les musulmans invités à s’exprimer (tv, radios, ou autres) sont diabolisés soit ils répètent ce

    que les médias et l’Etat a envie d’entendre ou de leur faire dire. Le résultat est sans équivoque : on n’avance pas, on assiste à l’éternel retour des mêmes sujets, réchauffés, encore et encore. Quelle lassitude ! Or, ne pas avancer sur ces questions c’est bel et bien régresser. Intellectuellement (et socialement), chers journalistes, vous faites régresser la France et les politiques et les intellectuels vous emboîtent le pas.

  2. Les Français de confession musulmane sont encore et toujours perçus comme « l’autre » dans les débats publics et médiatiques. Ils doivent se justifier, sont suspects et/ou suspectés, et leur liberté d’expression critique est restreinte par cette épée Damoclès sous laquelle elles /ils doivent décliner leur identité physique autant qu’intellectuelle. Ils doivent montrer patte blanche avec le faciès autant qu’avec l’esprit ;
  3. 3. Les médias grands publics, comme les politiques et les intellectuels, sont aujourd’hui les principaux responsables de la normalisation du discours stigmatisant, xénophobe, raciste aux parfums de l’extrême droite d’antan. On peut bien faire mine de ne pas y toucher, mais le ton, la substance des débats et les stigmatisations récurrentes sont en train d’avoir un impact dangereux sur la France, sa psychologie collective et son manque d’ouverture à la diversité.

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Je l’ai répété souvent. Je ne suis que l’arbre qui cache la forêt et mon traitement médiatique et académique est révélateur des contradictions françaises… pays de la liberté aux libertés à géométrie variable. Néanmoins, je suis optimiste car les choses changeront assurément. Je prends date. Je me répète depuis 30 ans, en France, sans être entendu : déjà des femmes et des hommes, Français de confession musulmane, se font entendre et défendent autant leurs droits qu’ils connaissent leurs responsabilités. Ils construiront une France réconciliée avec ses valeurs de liberté et d’égalité. Il faudra les écouter car votre surdité continuée serait alors le pire qui puisse advenir. Vous les entendrez, assurément, et vous vous souviendrez qu’un jour, avec humilité et sérénité, je vous avais invités à prendre date.

J’accuse aujourd’hui la grande majorité d’entre vous de manquer de déontologie, de professionnalisme, de liberté et de courage. Et je prends date car l’Histoire sera plus forte que vos présentes trahisons à ces belles valeurs que vous affirmez défendre. *http://tariqramadan.com/blog/2015/02/03/jaccuse-et-je-prends-date/

Tueurs de Charlie Hebdo :

Ne les appelez pas « terroristes » dit la BBC…

Revue de presse : The Independent (25/1/15)*
Les Islamistes, auteurs du massacre à Charlie Hebdo à Paris, ne doivent pas être qualifiés de « terroristes » selon la BBC. Tarif Kafala, responsable de la BBC en langue arabe du groupe britannique BBC World Service qui compte 36 millions d’auditeurs et de téléspectateurs pense que le terme est « trop chargé » pour décrire les actions du groupe qui a tué 12 personnes au siège du magazine satirique.
La déontologie de la BBC et l’emploi du mot « terroriste »
« Nous essayons » dit-il « de ne pas qualifier quelqu’un de terroriste ou un acte de terroriste. Nous essayons de dire que « deux hommes ont tué 12 personnes dans un attentat dans les locaux d’un journal satirique. Cela suffit, car tout le monde sait ce que c’est et ce que cela veut dire ». «Terrorisme est un mot trop chargé. Les Nations unies ont débattu pendant une dizaine d’années pour définir ce mot et ont échoué vu la difficulté. Nous savons ce que sont la violence politique, le meurtre, les bombes et les fusillades. Nous croyons que ces mots parlent plus que le mot terrorisme et que les gens peuvent considérer comme chargé politiquement »…
Ne pas semer le doute sur l’impartialité des journalistes
Ces propos peuvent surprendre mais ils correspondent à la charte de la BBC en matière de reportages sur le terrorisme : « la (BBC) n’interdit pas le mot mais demande à reconsidérer avec soin son emploi lors des reportages de la chaîne. Il existe des moyens de faire partager l’horreur et les conséquences humaines d’actes de terreur sans recourir aux mots terrorisme ou groupe terroriste pour en décrire les auteurs. Le jugement inhérent à leur utilisation peut amener à des contradictions ou, au sein du public, à semer le doute sur notre impartialité. Il est préférable de parler d’un acte apparent de terreur ou terroriste au lieu d’étiqueter des individus ou un groupe ». Lors d’un attentat, la charte de la BBC conseille d’utiliser les mots « assaillant », « tireur », « kidnappeur » ou « militant » pour décrire plus spécifiquement la personne.
*Version intégrale :
Paris attacks: Do not call Charlie Hebdo killers ‘terrorists’, BBC says, par Adam Sherwin
Traduction et Synthèse: Xavière Jardez

Au premier rang pour saluer
Par Uri Avnery (revue de presse: france-palestine.org – 19/1/15)*
Les trois terroristes islamiques auraient été très fiers d’eux s’ils avaient vécu pour le voir.
En commettant deux attaques (assez banales selon les normes israéliennes) ils ont semé la panique dans toute la France, jeté des millions de personnes dans les rues, réuni plus de 40 chefs d’États à Paris. Ils ont modifié le paysage de la capitale française et d’autres villes de France en mobilisant

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des milliers de militaires et de policiers pour protéger des cibles potentielles juives et autres. Pendant plusieurs jours ils ont dominé les informations du monde entier.
Trois terroristes, agissant probablement seuls. Trois !!!
Pour d’autres terroristes islamiques potentiels d’Europe et d’Amérique, cela doit représenter un énorme succès. C’est une invitation pour des individus et des groupuscules à refaire la même chose, partout.

Le terrorisme signifie répandre la peur. Les trois de Paris ont à coup sûr réussi à le faire. Ils ont terrorisé la population française. Et si trois jeunes sans aucune compétence peuvent faire cela, imaginez ce que pourraient faire 30, ou 300 !
Franchement, je n’aime pas les énormes manifestations. J’ai participé dans ma vie à beaucoup de manifestations, peut-être plus de 500, mais toujours contre les pouvoirs en place. Je n’ai jamais participé à une manifestation à l’appel du gouvernement, même pour une bonne cause. Cela me rappelle trop l’ancienne Union soviétique, l’Italie fasciste et pire. Pas pour moi, merci.

Mais cette manifestation particulière fut aussi contre-productive. Non seulement elle a prouvé que le terrorisme est efficace, non seulement elle incite à des attaques similaires, mais elle porte aussi atteinte au vrai combat contre les fanatiques.
Pour mener un combat efficace, on doit se mettre dans la peau des fanatiques pour tenter de comprendre la dynamique qui pousse de jeunes musulmans nés sur place à commettre de tels actes. Qui sont-ils ? À quoi pensent-ils ? Quels sont leurs sentiments ? Dans quel environnement ont-ils grandi ? Que peut-on faire pour les faire changer ?

Après des décennies de désintérêt, c’est une rude tâche. Cela demande du temps et du travail, sans garantie de résultats. Il est beaucoup plus facile pour les politiques de défiler dans la rue devant les caméras.
Et qui marchait au premier rang, rayonnant comme un vainqueur ?

Notre irremplaçable Bibi.

La suite : http://www.france-irak-actualite.com/2015/01/au-premier-rang-pour-saluer.html

Irak: près de 1400 morts en janvier selon l’ONU

Comme tous les mois, l’Unani (Mission d’assistance des Nations unies en Irak) dresse le bilan des morts et des blessés en Irak.

Selon cet organisme, 1 375 Irakiens ont été tués et 2 007 blessés en janvier. Ces chiffres ne prennent en compte que les victimes enregistrées par lui au sein de la population civiles et des forces gouvernementales.

De son côté, le gouvernement irakien fait état de 1 408 morts et 2 008 blessés. En décembre, l’ONU décomptait 1 101 personnes tuées.

Ces chiffres ne comprennent pas les victimes des bombardements de la coalition américaine, les morts ou blessés dans l’Etat islamique, au Kurdistan irakien ou au sein des tribus sunnites.

AFI Flash

Bulletin des Amitiés franco-irakiennes

Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez Courriel : gilsmun@gmail.com – Portable : 06 19 74 45 99 Désabonnement à AFI Flash : cliquer sur l’adresse courriel, écrire « non » dans la partie objet, puis cliquer sur « envoyer » ISSN : 1773 9780

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