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24 avril 2024

Boko Haram attaque pour la première fois le Tchad


Boko Haram attaque pour la première fois le Tchad

AFP Publié le – Mis à jour le

International  

 

Boko Haram a répondu vendredi à l’offensive lancée par N’Djamena contre le groupe islamiste avec une première attaque sur le territoire tchadien, s’infiltrant sur les rives du lac Tchad, où il a tué au moins cinq personnes près d’un site de réfugiés.

Les assaillants ont traversé le lac Tchad à bord de quatre « hors bord » (grandes pirogues motorisées) très tôt le matin, et ont attaqué la presqu’île de Ngouboua, sur la rive tchadienne du lac, a affirmé à la radio nationale le porte-parole de l’armée tchadienne, le colonel Azem Bermandoa Agouna.

« Ils ont commencé à tirer sur tout ce qui bouge, les militaires ont riposté », a déclaré le colonel, ajoutant que les islamistes avaient ensuite fui en direction du Nigeria avec les militaires « à leurs trousses ».

Le bilan officiel fait état d’un mort et quatre blessés chez les militaires tchadiens, le chef de canton ayant également été tué par une « balle perdue ». Côté Boko Haram, deux combattants ont été tués dans la riposte et cinq autres blessés.

Une source sécuritaire pour sa part a affirmé à l’AFP que quatre civils – dont le chef de canton – et un militaire avaient trouvé la mort.

Les éléments de Boko Haram sont arrivés de Baga (Nigeria), sur la rive opposée du lac aux environs de trois heures du matin (02H00 GMT), et s’en sont pris à la fois au village et au camp militaire. Les deux tiers du village ont été incendiés, selon cette source.

L’aviation tchadienne est ensuite entrée « en action » et a détruit tous les « hors bord » des assaillants, a-t-elle ajouté.

Le lac Tchad était jadis un carrefour commercial stratégique pour les quatre pays riverains (Tchad, Cameroun, Niger, Nigeria), mais depuis des mois, Boko Haram multipliant les attaques sur ses rives nigérianes, l’insécurité paralyse les échanges économiques, aujourd’hui au point mort.

Il s’agit de la première attaque du groupe islamiste nigérian sur le sol tchadien, alors que le Tchad a déjà engagé ses troupes dans de violents combats contre le groupe au Nigeria.

Le village de Ngouboua, situé sur une presqu’île à 18 km du Nigeria, accueille plus de 7.000 réfugiés de ce pays qui avaient pour la plupart fui les attaques particulièrement meurtrières de Boko Haram depuis début janvier. Traversant le lac en pirogue, des milliers de civils se sont ainsi éparpillés sur des dizaines d’îlots tchadiens.

« Nous n’avons pas encore beaucoup de détails, les autorités (tchadiennes) sont en train d’arriver sur place », a déclaré à l’AFP le représentant adjoint du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), Mamadou Dian Balde, joint au téléphone.

Le responsable s’est dit « très touché par le décès du chef de canton. On n’a jamais eu quelqu’un d’aussi généreux, il avait accueilli des milliers de réfugiés à Ngouboua » dans des conditions extrêmement difficiles.

Mais, a-t-il ajouté, « je ne crois pas que leur (Boko Haram) objectif était d’atteindre les réfugiés, c’était plutôt le village » tchadien.

La sanglante insurrection de Boko Haram contrôle de vastes territoires du nord-est du Nigeria où elle a fait au moins 13.000 morts depuis 2009.

Jeudi encore, les islamistes ont tué au moins 21 personnes dans deux attaques distinctes de villages situés à proximité de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno (nord-est) et berceau de l’insurrection. Quelques heures plus tard, un attentat suicide commis par une femme à Biu, toujours dans l’État de Borno, faisait au moins 11 morts.

L’insurrection a pris ces derniers mois une ampleur régionale. Les pays du bassin du lac Tchad (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun et Bénin) ont prévu de mobiliser 8.700 hommes dans la force multinationale contre le groupe islamiste.

Le Niger a rejoint lundi le Cameroun, engagé depuis plusieurs mois dans sa région de l’Extrême-nord infiltrée par les insurgés, et le Tchad, mobilisé depuis un mois.

Prenant l’initiative, le président tchadien Idriss Deby Itno avait décidé de lancer ses troupes – déployées de part et d’autre du lac Tchad- dans la bataille, sans attendre.

Le 3 février, son armée a mené une grande offensive terrestre au Nigeria à partir du Cameroun, reprenant aux islamistes la localité nigériane frontalière de Gamboru après de durs combats.

Mais le lendemain, Boko Haram a mené une contre-attaque à Fotokol, particulièrement sanglante: 13 militaires tchadiens, six soldats camerounais et 81 civils ont péri dans cet assaut, selon Yaoundé.

Les islamistes ont également lancé la semaine dernière les premières attaques meurtrières au Niger, où 109 combattants de Boko Haram, quatre militaires et un civil ont été tués.

 

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