Sous la férule états-unienne, l’impérialisme mondial est un système qui hiérarchise les différents États capitalistes. Pour ne prendre qu’elles, l’Allemagne et la France sont constamment occupées à jouer des coudes dans un univers sauvage où la concurrence pour conserver sa part du fromage, ou l’accroître, revêt toutes sortes de formes, dont les deux principales sont, l’une, économique, l’autre, militaire.

Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre, maintenant président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat est sans doute l’un des meilleurs porte- parole de la France bourgeoise de ce début du XXIème siècle.

Grâce aux documents désormais accessibles sur Internet, nous pouvons le saisir dans le feu de l’action… guerrière.

J’ai eu précédemment l’occasion de montrer ici même (http://reseauinternational.net/le-troufion- arabo-musulman-et-le-chevalier-du-ciel-occidental/) le décalage saisissant qui existe entre les comptes rendus écrits des débats parlementaires et ce que révèlent les vidéos correspondantes. Certains passages essentiels sautent.

Prenons la séance qui a eu lieu le 14 janvier 2015 au Sénat, en présence de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, venu demander, de la part du gouvernement, l’autorisation de prolonger l’intervention de l’armée française en Irak.

Selon la transcription officielle, voici ce qu’aurait déclaré Jean-Pierre Raffarin :

« Nous partons sur une stratégie de moyen terme. La France déploie 8 500 militaires dans une vingtaine d’Opex. C’est un effort considérable. »

Traduisons aussitôt : par « Opex« , il faut entendre « opérations extérieures« , ou encore « guerre étrangère« .

En nous rangeant entre les premiers mots (« nous partons« ) et le dernier (« considérable« ) de cette prétendue citation, voyons ce que révèle la vidéo correspondante. Quantitativement et qualitativement, la différence est ahurissante. Voilà ce que cela donne :

« Nous partons donc dans un engagement de moyen terme à l’issue incertaine, et avec une posture qui n’est pas si modeste, puisque, outre nos moyens aériens, il est question de déployer le porte- avions et son groupe aéro-naval dans le golfe Arabo-persique. Au-delà du théâtre irako-syrien, c’est bien la question plus large de la soutenabilité dans le temps de nos opérations extérieures qui nous est aujourd’hui posée par le vote sur l’opération Chammal. La France déploie actuellement 8 500 militaires en opérations extérieures dans une vingtaine d’Opex. C’est un effort, chers collègues, considérable.«

L’original est, en volume, quatre fois plus important que le texte officiellement publié…

Y a-t-il un(e) seul(e) député(e), un(e) seul(e) sénateur(rice) qui puissent ignorer le caractère constant de cette manipulation des sources ? Non, bien sûr.

C’est qu’en France, nous ne sommes même pas dans une république, je veux dire : une république bourgeoise. Nous sommes dans un Empire. Ne l’ignorent que celles et ceux qui n’ont encore rien compris, ni à la personnalité vraie d’un Charles De Gaulle, ni à ce que c’est que la Constitution de 1958 (révisée 1962), dont je répète qu’elle peut, sans aucune modification institutionnelle (et grâce à l’article 16) se transformer immédiatement en dictature civilo-militaire.

Revenons au contenu, terrible en réalité, du vrai propos de Jean-Pierre Raffarin :

« Nous partons« … « issue incertaine« … « posture pas si modeste« , « moyens aériens« , « porte-avions« , « groupe aéro-naval« , « question plus large de la soutenabilité dans le temps de nos opérations extérieures« .

Il y a comme un petit coup de poker dans l’air…

Laissons-nous maintenant endormir par cet autre passage du compte rendu officiel :

« Plus d’opérations, moins de dépenses, quel paradoxe ! Bercy n’est pas innocent de la guerre ; la sécurité doit être exemptée des restrictions budgétaires. »

Et réveillons-nous en sursaut à lire la version originale :

« Plus d’opérations, moins de crédits budgétaires, c’est un paradoxe. Une demande de sécurité forte, massivement exprimée par le peuple français qui, dimanche, embrasse ses policiers et ses gendarmes, et en face nous lui proposons des solutions financières improvisées dont on se demande quelle est vraiment leur crédibilité. Bercy n’est pas innocent de la guerre : la sécurité doit être à l’extérieur du périmètre des restrictions budgétaires. »

Joli, ce sandwich, avec son jambon Charlie au beau milieu !… Alors, camarades, citoyennes et citoyens ! Qui se moque de qui ?

Devrons-nous, longtemps encore, nous laisser amuser par cette bourgeoisie criminelle qui nous conduit à la catastrophe ?…

Avant de venir en dire plus ici, je poserai une question : ces 24 Rafale, prétendument vendus à l’Egypte par la firme Dassault, c’est du lard ou du cochon ?

Pour De Gaulle, ce sera ici : http://youtu.be/Jo2hIRYoRW0

Il y a urgence !

Michel J. Cuny