Afrique, comment briser les chaines de la domination étrangère. 3e partie : Pistes de solutions

Posted on fév 17, 2015 @ 8:39

Allain Jules

paul bekimaPaul Daniel Bekima pour le Sphinx Hebdo

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sphinxDans la 1ere partie intitulée : « Au Commencement était le Lavage Systématique de Cerveau », la question du contrôle de l’Afrique a été posée du point de vue de sa genèse. Ce premier élément expliquait comment le prédateur a procédé pour instiller en les Africains la mentalité de l’esclave. La 2eme partie s’est quant à elle consacrée aux mécanismes de contrôle sous la forme d’institutions financières, politiques, religieuses et militaires chargées de réguler le monde selon les intérêts de certaines puissances, ou plutôt de la poignée de familles qui dirigent le monde. Cette partie démontrait aussi que les chefs d’Etats africains n’étaient que des exécutants de bas niveau derrière les financiers, les planificateurs et les principaux exécutants; cette 3eme partie se propose d’explorer quelques pistes de solutions.

Ce sujet est tellement vaste, multidimensionnel et multidisciplinaire qu’il serait naïf de penser pouvoir le traiter de façon exhaustive dans l’espace limité d’un article. Nous avons dû faire des choix sur les aspects à couvrir.

Par exemple, bien que la culture soit d’une importance capitale dans le processus de la renaissance africaine, cet aspect ne sera pas abordé. Sachant qu’elle repose sur une histoire et une langue, et qu’elle est l’enveloppe protectrice d’une spiritualité, ces composantes seront elles aussi par voie de conséquence laissées de côté. Une autre chose dont nous ne parlerons pas est la modification des programmes scolaires, car il est clair que ces programmes sont plus adaptés au maintien de la mentalité de colonisé qu’à la construction intellectuelle et mentale de l’africain décomplexé

Ces précisions étant faites, nous allons par la suite consacrer nos efforts sur l’économie, étant entendu que l’indépendance économique est essentielle à toute autre forme d’indépendance.

Compte tenu de toute la superstructure de prédation qui nous entoure (voir 2eme partie), l’on serait tenté de croire qu’il est impossible de se tirer des griffes des puissants, mais cet état d’esprit oublie une chose: le meilleur moyen de changer l’autre est de se changer soi-même. L’Afrique si elle veut survivre n’a pas d’autres choix que de se changer elle-même, et de s’assumer. Pour ce faire, voici quelques étapes qu’elle aura à franchir:

1 – Exercer un contrôle absolu de ses ressources naturelles et minières.

1. 1-Nos pays étant faibles et vulnérables individuellement face aux multinationales, il est nécessaire, pour éviter de se faire flouer, de mettre en place une structure unique et commune à tous les pays africains qui négocie les contrats d’exploitation de nos matières premières. Cela veut dire que tout pays qui va adhérer à cette structure renoncera à ses droits de négocier de façon individuelle la vente de ses matières premières. Ceci nécessite la mise en place de quelques mesures d’accompagnement entre autres,  une banque qui pourrait avancer de l’argent aux pays dont les matières premières seraient en instance de négociation afin que ces derniers en cas de besoin urgent de cash ne soient pas pénalisés par la longueur des négociations. Chaque pays recevra une quote-part supérieure à tout ce qu’il pouvait obtenir d’une négociation directe et individuelle avec les prédateurs, l’autre partie allant dans le financement de l’UA, et la dernière dans les projets de développement qui profiteraient à tous les africains, tels que la construction d’un réseau de chemin de fer et d’une autoroute reliant tous les pays.

Même si la mise en place de ce système constitue déjà une avancée considérable, il ne concerne que la vente de nos matières premières. Or il serait avisé d’avoir un objectif plus ambitieux, celui de contrôler nos ressources depuis la phase de l’exploration jusqu’à celui de la distribution, et pour cela il est nécessaire de :

2- Bâtir des universités régionales ayant pour mission la maîtrise des connaissances nécessaires dans l’exploitation de nos matières premières afin de nous permettre d’en exercer le contrôle de nos ressources, comme nous l’avons déjà souligné depuis l’exploration jusqu’à la distribution. Ces institutions devraient nous permettre de résoudre 2 problèmes :

2.1- celui de la transformation surplace de nos matières premières qui doit être une priorité.

2.2- Nous garantir que nous aurons toujours sous la main, les ressources humaines locales et compétentes nécessaires à notre politique des matières premières. (Voir l’article de l’auteur: Université de Pétrole et Futur de l’Afrique Noire)

3. Reconsidérer et Redéfinir la question de la dette

La dette est l’un de ses domaines où la manipulation de l’occident sur nos élites a le mieux marché. L’Occident a réussi le tour de force de les faire croire  à des peuples riches qu’ils étaient pauvres ; et curieusement cette propagande continue de bien marcher aujourd’hui parce qu’une bonne partie de l’élite africaine actuelle ne comprend toujours pas la vrai signification de la richesse: avoir du papier imprimé en grande quantité ne signifie pas que l’on est riche ; le richesse, la vraie, c’est ce que l’Afrique possède sans en être consciente alors que le reste du monde le sait très bien et développe des sciences et des stratégies (la plus récente des trouvailles étant les fameux Accords de Partenariats Economiques) pour mieux piller l’Afrique   :        

C’est la raison pour laquelle  L’UA doit mettre en place une commission qui va évaluer et estimer le pillage qu’a subit l’Afrique depuis les 100 ou 200 dernières années et adresser les factures aux pays concernés, tout en conditionnant les négociations de la dette actuelle sur celle concernant le pillage;  suspendre tout remboursement tant qu’un accord ne sera pas trouvé.

Le pillage est un domaine sur lequel l’Afrique est en terrain ferme puisqu’il existe des précédents. Récemment, la Grèce  a expédié une facture à l’Allemagne pour le pillage subi lors de l’invasion nazie. Haïti aussi a demandé à la France le remboursement de l’or qui lui avait été volé pendant son occupation, évalué aujourd’hui à 19 milliards d’euros. C’est même l’une des raisons du départ de Jean Bertrand Aristide du pouvoir par coup d’Etat. Israël a quant à elle obtenu des réparations de l’Allemagne. Les pays comme le Niger, le Gabon, ou la RCA pourront se faire compenser au juste prix la valeur de leur uranium. Et après calculs, on se rendra compte que ce sont ces pays qui nous doivent de l’argent

Le remboursement de la dette distrait la majorité de nos ressources à la fois matérielles, humaines et mentales au point de nous empêcher de nous pencher sereinement sur tous les problèmes que nous avons. C’est la raison pour laquelle sa suspension serait peut-être un préalable à la mise en place des institutions dont nous avons besoin

La mise en place de tels programmes va nécessiter beaucoup de courage, de détermination, et peut-être de flexion de muscles ; pour ce faire, l’Afrique aura besoin d’établir des alliances en béton, parmi celle-ci, la plus naturelle et la plus forte qu’elle pourrait récolter sera celle d’avec les afro-descendants et plus particulièrement les africain-américains (voir l’article de l’auteur : Partenariat Stratégique: L’Alternative Africaine-Américaine). Dans le cadre de ce combat, l’Union Africaine doit non seulement laisser la porte ouverte à tous pays à dominance africaine comme Haïti qui souhaite y adhérer, donner une place aux autres, mais également s’intéresser et se tenir prête à aider les communautés d’origine africaines où qu’elles se trouvent dans le monde, c’est la seule façon de bâtir une solidarité durable entre les africains, les afro-descendants et l’Afrique.

Paul Daniel Bekima pour le Sphinx Hebdo