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18 avril 2024

L’OTAN aide l’Ukraine: La meilleure façon de ne rien faire


L’OTAN aide l’Ukraine:
La meilleure façon de ne rien faire

Par Alex Leshy – Le 16 février 2015 – Source Fort Russ

proverbe DU  BERRY
Grands causeux, petits faiseux

Je ne connais aucune autre façon de décrire la position de l’OTAN. Un grand bordel. Le Secrétaire général dit une chose, le commandant militaire suprême dit le contraire. Dans le même temps, les dirigeants des états membres de l’OTAN disent quelque chose de complètement différent des deux précédents. Cela signifie que l’OTAN a officiellement adopté une position très curieuse. Quelque chose du genre, «Nous, en tant qu’alliance, ne donnerons aucune aide à l’Ukraine mais les états membres, peuvent individuellement prendre leur propre décision.»

 

Officiellement, cette position est ainsi formulée. Le sujet des fournitures d’armement à l’Ukraine ne sera pas soulevé au niveau de l’OTAN. Cela a été annoncé par le Secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg dans une entrevue accordée à Kommersant.

La conclusion la plus simple est que l’Ukraine n’aura pas d’armes. Les instructeurs apparaîtront, mais uniquement au titre qu’instructeurs et seulement à grande distance de la ligne de front. Ce n’est pas qu’on aura vraiment besoin d’eux, étant donné leur efficacité pour entraîner les Irakiens ou les Afghans. Ils n’ont jamais réussi nulle part. L’assistance militaire états-unienne est ce qui les empêche de s’effondrer. Mais dès que les États-uniens commencent à partir, tout se casse la figure. L’histoire du succès d’EIIL constitue en cela un parfait exemple.

Pourquoi faudrait-il s’attendre à quelque chose de différent dans ce cas? Par exemple des chars d’assaut allemands ou états-uniens? Qui coûtent $6,2 millions l’unité?

Durant l’été 2014, les Forces armées ukrainiennes (FAU) avaient 600 très bons chars d’assaut alors que la milice n’en avait aucun. Cela a-t-il aidé les FAU? D’un autre côté, supposons que les FAU se débrouillent pour faire en sorte que leurs équipages soient entraînés à utiliser les chars de l’OTAN. Alors combien d’entre eux doivent-ils s’attendre à recevoir ? Les États-Unis ont au total 8 725 chars Abrams MBT. Les FAU auraient besoin de 600 à 700 chars pour recomposer leurs unités. Peut-on sérieusement penser que les États-Unis vont donner, comme ça, 10% de leur flotte MBT, soit $4,3 milliards? Ou bien peut être 600 Leopard de la Bundeswehr, qui en possède 1 048 en tout? Il y a aussi les 776 Leclerc français (c’est le nombre total produit, l’armée française en a 400). La France voudrait-elle transférer pratiquement tous ses blindés à l’Ukraine? Peut on sérieusement croire cela?

Ne parlons même pas de la question du carburant et des lubrifiants, que l’Ukraine possède aussi en petites quantités. Il faudrait là encore faire des importations, payées avec des devises réelles que ne possède pas l’Ukraine. Je vous rappelle que le coût d’un seul obus de char d’assaut est de $25 000. Dans certains cas, on peut en trouver pour $6 000 ou $8 000. En tout cas, cela signifie qu’un seul chargement de 40 obus coûte au minimum un quart de million de dollars. Un chargement peut facilement être dépensé en un seul jour. Même si l’on réussit à le faire durer une semaine, cela signifie toujours que l’Ukraine devrait dépenser $150 millions par semaine pour les munitions de ses chars d’assaut. Ou bien encore $600 millions par mois, au moins.

Je comprend donc très bien le Secrétaire général de l’OTAN et le président des États-Unis. Soutenir la démocratie, c’est une chose, mais allons-nous faire cadeau de chars d’assauts pour une valeur de  $4,3 milliards et ensuite continuer à leur donner un demi-million de dollars de munition par mois? Pour quelle raison? Simplement pour voir comment les cornichons de Novorussie font exploser les coûteux chars de l’OTAN pour faire des selfies avec les carcasses en arrière-plan? Que l’Ukraine aille au diable. En enfer, avec les sommes dépensées. Mais qui donc va encore acheter nos cercueils blindés après ce genre de publicité? Même les char Abrams, invincibles et encensés, se sont révélés ne pas être les armes formidables qu’affirment les publicités à leur sujet. Même lorsqu’ils sont entre les mains d’équipages états-uniens expérimentées. Ne parlons pas des équipages locaux.

La France voudrait-elle voir toute sa flotte de chars d’assaut remise à l’Ukraine, simplement pour voir tous les acheteurs potentiels s’en détourner à l’avenir? Non merci. Mais c’est la politique. Les paroles fortes ne sont pas moins importantes que les actes forts. Par conséquent, quand il s’agit de paroles, tout le monde occidental est en rang, prêt à aider, à soutenir, a renforcer et à fournir. Mais quand il s’agit d’agir… L’OTAN a déjà dit nooon! pas nous! Mais attention, si des pays, à titre individuel, veulent aider, c’est vraiment parce que la démocratie est sacrée. Sauf qu’on n’a vu aucun pays agir individuellement et sérieusement. Il y a eu par exemple de nombreuses discussions au sujet des howitzers Polonais Danas 152mm (en fait une conception tchèque, bien qu’utilisée aussi par l’armée polonaise), qui ont commencé l’an dernier. Eh bien, malgré toutes ces causeries, on n’a pas vu un seul de ces Danas en Ukraine. Même pas une seul photo floue. Il y a des photos de plein d’autres choses. Même celle d’un instructeur états-unien ivre, couché dans l’herbe. Mais pas de Danas. Il semble donc qu’il n’y ait pas de Danas en Ukraine. On en a parlé, mais ça n’a pas été plus loin.

En conclusion, il me semble que les espoirs de Kiev d’obtenir des armes occidentales et d’autres trucs tip-top ont à peu près autant de chance de se réaliser que ceux qui voulaient que l’UE ouvre immédiatement ses frontières en février 2014.

Par Alex Leshy

Commentaire de J.Hawk, traducteur du russe

Je ne peux qu’ajouter que les pays de l’OTAN n’ont aucune garantie que les équipements qu’ils fournissent ne finiront pas sur le marché international de l’armement. Ce qui serait une gêne encore plus grande que de les voir détruits au Donbass [pas si sûr, Note du Saker].

Traduit de l’anglais par Toma, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

 

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