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25 avril 2024

Ex benalistes et islamistes aux commandes du nouveau gouvernement tunisien


Ex benalistes et islamistes aux commandes du nouveau gouvernement tunisien

La composition du nouveau gouvernement tunisien formé vendredi dernier est décidément un étrange mélange. D’anciens benalistes et des islamistes du parti Ennahdha se retrouvent dans la même chaloupe. Un savant alliage qui est loin de faire l’unanimité auprès des électeurs et de la société civile.

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Crédit photo: Tous droits réservés d.r.

Les Tunisiens aiment à savourer leurs plaisirs… et déplaisirs. La séance de mercredi 4 février, qui devait être consacrée au vote de confiance à la seconde version du gouvernement proposée par le Premier ministre nommé, Habib Essid, s’est transformée en quasi séance de questions au gouvernement. Car après avoir présenté les grandes lignes du programme qu’il compte défendre, Habib Essid a essuyé, de longues heures durant, les récriminations, revendications, critiques et oppositions variées en provenance de tous les partis politiques présents… ambiance.

Gouvernement « tchoutchouka »

Quant à la séance, elle s’est finalement terminée aux alentours de 20 h 30 pour reprendre le jeudi 5 février à 11 h. Cette fois, sans grande surprise malgré la séance houleuse du mercredi, le vote a pu se tenir et les députés présents (204 sur 217) ont voté la confiance au gouvernement avec 166 voix pour, 30 contre et 8 abstentions. Habib Essid peut respirer.

Mais la composition de son cabinet ministériel n’a pas fait que des heureux. Les femmes, tout d’abord, qui se sont beaucoup mobilisées lors des manifestations, des sit-in et des campagnes d’affichages et ont apporté un soutien actif à la candidature de Béji Caïd Essebsi, ne sont que 8 au gouvernement (3 ministères et 5 secrétariats d’État) et s’estiment sous-représentées. La présence au gouvernement des islamistes d’Ennahdha, présence certes symbolique, avec un ministère et trois secrétariats d’État, nourrit cependant les inquiétudes et les déceptions. Le député du parti islamiste, Zouheir Rejbi, a déclaré que « le gouvernement ne doit pas espérer recevoir un blanc-seing, mais s’attendre à répondre des performances de chaque ministère et de chaque secrétariat d’État ». Il est loin, le doux rêve caressé du gouvernement d’union nationale.

Rappelons au passage que Zied Ladhari, le porte-parole officiel d’Ennahdha nommé lundi dernier ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, a été à la tête de la commission d’enquête chargée de « faire toute la lumière » sur la répression policière vaillamment aidée par les membres des « Ligues de protection de la révolution », proches de l’ancien président provisoire, Moncef Marzouki et survenue lors de la manifestation (non autorisée par le gouvernement islamiste d’alors) du 9 avril 2012 ayant fait plusieurs dizaines de blessés. Démissions en cascade, propension manifeste à traîner des pieds, la commission en question n’a jamais rendu son rapport. Ce qui faisait écrire à Amnesty international « Un an après (NDLR en 2013), les violences contre les manifestants n’ont toujours pas été punies ». En 2015 on ne l’attend désormais même plus.

La société civile grince également des dents. La nomination au ministère de l’Intérieur de Nejem Gharsalli, juge, actuellement gouverneur de la ville de Mahdia, suscite une vive controverse. L’Association des magistrats tunisiens l’accuse d’être impliqué dans de « graves violations des Droits de l’homme » sous Ben Ali. Re-ambiance…

Cette accumulation de mécontentements, par ailleurs brièvement évoqués ici, ajoutée à une formation gouvernementale disparate qui, de plus, n’a pas de véritable programme politique à défendre, car les grandes lignes annoncées hier par le Premier ministre ne sont qu’une succession de vœux pieux, augurent une très grande instabilité gouvernementale. Depuis les promesses de Bourguiba, on savait les Tunisiens patients. Jusqu’à quand ?

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