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23 avril 2024

Les malheureux réfugiés africains suspectés même d’infiltration par les terroristes


MONDAFRIQUE

Les malheureux réfugiés africains suspectés même d’infiltration par les terroristes

Fuyant la pauvreté ou l’horreur des conflits, des centaines de milliers d’africains continuent chaque année de quitter leur pays. En Afrique, les Etats redoutent désormais l’infiltration de ces personnes déplacés par des éléments terroristes.

 
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Crédit photo: Tous droits réservés d.r.

Des camps de réfugiés maliens aux plages libyennes, sinistres plaques tournantes vers l’Europe, des milliers d’Africains sont chaque année contraints à l’exil à l’intérieur ou à l’extérieur du continent. Fuyant les conflits, en quête d’une vie meilleure, ces déplacés ont gravé dans les esprits une image choc, celle de milliers de candidats au départ pour l’Europe bravant la mer sur des embarcations de fortunes au péril de leur vie.

Un véritable casse-tête pour les pays d’accueil dont beaucoup font face à la montée des partis d’extrême droite xénophobes. C’est notamment le cas des Pays-Bas où le parti pour la liberté de Geert Wilders gagne en popularité, de la France où le Front national séduit de plus en plus, de la Grande-Bretagne où UKIP connaît une ascension fulgurante tout comme les Démocrates de Suède ou l’Aube Dorée en Grèce. Repliés sur eux-mêmes, les pays du nord ferment leurs portes.

L’Europe murée

Tout aussi dépassée, l’Union européenne se drape elle aussi dans ses habits de forteresse. La fin de l’opération italienne « Mare Nostrum » illustre tristement le manque de coopération entre les Etats membres qui met en péril l’accomplissement des devoirs humanitaires les plus élémentaires. Mise en place en octobre 2013 après la catastrophe maritime de Lampedusa, ce dispositif prévoyait le déploiement de patrouilles régulières de la marine italienne dans les eaux internationales, à la frontière maritime avec la Libye. Une initiative saluée par les ONGs qui a permis de porter secours à plusieurs dizaines de milliers de naufragés. En tout, depuis un an, 4000 personnes ont trouvé la mort lors de ces traversés périlleuses. Un bilan macabre dont on voit mal comment il pourrait s’améliorer étant donné que le nombre total de déplacés évalué à 51,2 millions, soit le plus élevé de l’histoire, ne cesse d’augmenter.

Qu’à cela ne tienne, les Etats européens ont préféré laisser Rome assumer seule le coût de l’opération de sauvetage qui atteignait 9 millions d’euros par mois. Mieux, ils ont reproché de plus en plus clairement aux italiens d’avoir créé avec « Mare Nostrum », un facteur d’attraction. Sa désactivation au profit de l’opération « Triton » lancée en novembre 2014 qui vise avant tout le contrôle des frontières par l’agence de surveillance européenne Frontex dispose de moyens bien plus limités. Un dispositif au rabais qui cache mal la volonté des Etats européens de femer le robinet de l’immigration. Quitte à condamner à mort les futurs exilés.

Malgré le déclin démographique de l’UE, les pays européens n’ont de toutes façons plus les mêmes besoins de main d’œuvre qu’auparavant. Dans un entretien au Monde daté du 21 octobre, le responsable du département migrations de l’OCDE Jean-Christophe Dumont explique qu’ « autrefois, on avait besoin de bras ; actuellement, les carences concernent des emplois d’artisans, d’aide-soignant ou de technicien spécialisé ». Or, à niveau d’études égal, les compétences des migrants dans ces domaines ne sont pas toujours équivalentes à celles obtenues dans les pays européens. Par ailleurs, les déplacés rencontrent souvent des difficiultés à faire reconnaitre leurs diplômes.

L’Afrique terre d’exils

Porteur de tragédies, l’afflot d’éxilés vers l’Europe ne représente pourtant qu’une petite portion des flux migratoires africains dont la majorité ont lieu à l’intérieur du continent. Les conflits sanglants et la montée de la violence terroriste qui secouent le Mali, la Centrafrique, la Libye ou encore le Nigéria ont notamment provoqué le départ de centaines de milliers de personnes dont une grande partie se retrouvent entassées dans des camps éparpillés dans les pays voisins. Situés pour la plupart dans des zones reculées qui compliquent l’acheminement de l’aide vitale aux réfugiés, les camps gérés par Haut Commisariat de l’Onu aux Réfugiés pâtissent églement du manque de moyens financiers et matériels à disposition cet organe onusien dépassé par l’ampleur de la tâche. La montée de la menace terroriste en Afrique de l’Ouest alimente par ailleurs les craintes des pays d’accueil de voir arriver des éléments terroristes parmis le flot de réfugiés. Des inquiétudes qui ne sont pas prêtes de diminuer compte tenu de la progression de Boko Haram dans la région, du retour de groupes terroristes au nord Mali alimentés depuis le sud Libyen et l’installation de bases du groupe djihadiste Daech dans ce pays livré au chaos.

 

Pour aller plus loin, lire les articles de notre dossier consacré aux « Réfugiés du Sahel »

-Les ressortissants maliens quittent la Centrafrique

-Mauritanie, les réfugiés maliens dans l’impasse

-13000 réfugiés mauritaniens toujours au Sénégal

-Réfugiés maliens, quand l’Onu fait face à ses erreurs

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