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25 avril 2024

A quand le retour de Ben Ali ?


A quand le retour de Ben Ali ?

Ancien homme fort de Ben Ali, Ali Seriati, fait son retour sur la scène politique tunisienne en tant qu’expert de sécurité auprès des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Après la nomination d’un ancien haut cadre benaliste au poste de premier ministre, à quand le retour de Ben Ali?

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Crédit photo: Tous droits réservés d.r.

Ali Seriati à la tête du conseil consultatif chargé de proposer des stratégies aux ministères de l’Intérieur! La nouvelle annoncée, hier mercredi 22 avril, aurait dû faire l’effet d’une bombe, mais il n’en a rien été, ce qui en dit déjà long sur l’état d’abattement, ou de la lassitude, du peuple tunisien en 2015.

Parcours qui en dit long

Nommé directeur de la sûreté tunisienne en 1991, chef de la garde présidentielle en 2001, responsable de la Garde nationale et de la police, Ali Seriati était l’homme fort du régime de Ben Ali, le planificateur d’une politique répressive à laquelle tous les « opposants » (journalistes un peu trop bavards, politiques toutes tendances confondues, artistes divers, citoyens lambda, etc.) eurent affaire à un moment ou à un autre. Dans les toutes dernières heures précédant la fuite de Ben Ali pour l’Arabie saoudite, il est soupçonné de fomenter avec des proches de l’ex-président et des légitimistes un coup d’État permettant de reprendre les choses en main. Peut-être une simple rumeur comme il en a beaucoup couru à ce moment-là…

Traversée du désert

Mais après janvier 2011 et avec quelques autres responsables de la « sûreté » tunisienne, il est accusé de nombreux crimes tels que « complot contre la sûreté intérieure de l’État », « actes d’agression », « incitation à s’armer, à commettre des crimes et à provoquer le désordre sur le territoire tunisien ». Il est également accusé d’avoir donné « l’ordre de tirer » sur les manifestants à Thala et Kasserine, au plus fort des émeutes, entre le 7 et le 9 janvier 2011. Il obtient un non-lieu. Condamné à 20 ans de prison par le tribunal militaire de Tunis, à l’issue d’un procès fleuve et tumultueux chargé du dossier des blessés et martyrs de la révolution, sa peine est ramenée en appel à 3 ans en avril 2014. Il est libéré de prison le mois suivant.

En faisant ainsi appel à « l’expertise » d’Ali Seriati, l’actuel gouvernement tunisien — qui ne manquera pas de crier au pragmatisme en des temps difficiles et à la « compétence » — pourrait bien porter le coup de grâce au « printemps arabe » et aux ultimes illusions de la révolution tunisienne. Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’une nouvelle étape franchie dans le retour en grâce des dignitaires — et plus seulement politiques — de l’ancien régime de Ben Ali. Ce qui, en plus d’être un incroyable aveu d’impuissance de la part du gouvernement concernant sa stratégie de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, offre sur un plateau un argument en béton armé à tous ceux, Ennahdha et consorts en tête, qui martèlent depuis toujours que Nidaa Tounes = RCD.

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