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25 avril 2024

Marche mondiale contre Monsanto le 23 mai 2015


Les secrets de Kokopelli

Une info de la revue de presse de Benji, « Marche mondiale contre Monsanto le 23 mai 2015« , m’a interpelée. Nous savons que l’empoisonneur numéro un, avec ses complices tout aussi néfastes, Bayer, Pionner, Sygenta, Vilmorin, brevètent le vivant en le modifiant, ce qui à terme donnera une uniformisation des cultures, qui n’auront d’alimentaires que le nom. Je vous propose un entretien avec Raoul Jacquin, responsable du jardin de l’association Kokopelli,  paru en 2009 dans la revue Nexus n° 65, qui démontre que les chimères « monsantesques », ne sont pas la panacée, et ne luttent pas contre la faim dans le monde. Lisez attentivement cet entretien, et en regard des scandales liés aux pesticides, que l’on trouve à présent presque partout, analysez la situation.

Monsanto

L’association Kokopelli a été crée en France en 1999 dans le but de préserver la biodiversité à partir de semences naturelles. Aujourd’hui elle compte entre 4 000 et 5 000 variétés de légumes, de céréales, et de fleurs, et expédie ses semences dans le monde entier.

Voici l’interview de Nexus avec Raoul Jacquin, responsable du jardin de l’association.

Nexus :

Vous dressez un constat alarmiste de la situation alimentaire…

R.J :

Je pense qu’en Europe nous ne sommes pas à l’abri de connaître, peut être pas les grandes famines du moyen age, mais tout est en place pour que nous soyons en état de disette, c’est évident.

Nexus :

Pourquoi doit on craindre une prochaine disette… ?

R.J :

Alors que le France est un pays de cocagne ou l’on peut tout produire, on est plus du tout en mesure d’avoir une assiette variée : Il n’y a qu’à lire les étiquettes pour constater la provenance de ce que nous mangeons.

En cas de vrai pandémie mondiale, avec des restrictions sur les transports, nous allons vivre une crise dramatique.

Si on ne met que du blé ou du maïs dans notre assiette, nous serons autosuffisants, surtout si l’on éradique une partie des troupeaux qui en consomment. Mais pour la multiplicité et la diversité biologique de notre assiette, donc de nos apports alimentaire, il est évident que nous ne sommes plus autosuffisants.

Plus inquiétant encore, les constructions génétiques actuelles défendues par nos gouvernements et les multinationales semencières nous placent en état d’insécurité alimentaire, en hypothéquant gravement, contrairement à ce qu’ils veulent nous faire croire, la souveraineté alimentaire de la planète.

Nexus :

De quelle façon… ?

R.J :

Prenons l’exemple du maïs. Sans même parler des OGM, l’industrie ne produit plus que des variétés hybrides, c’est à dire des clones.

Le peuplement d’un champ de maïs, c’est à peu près , 100 000 pieds à l’hectar, si l’on prend le 1er pied à l ‘entrée du champ et le dernier à la sortie, ils sont parfaitement identiques génétiquement, ce qui signifie qu’au niveau mondial, tous les pieds cultivés d’une même ( pseudo ) variété, ( elles portent désormais des numéros matricules et plus des noms ) possèdent strictement le même patrimoine génétique.

Si un seul plan est attaqué par une virose ou un parasite, comme les schémas génétiques sont exactement les mêmes pour les milliards de plans de cette variété sur la planète, tous les autres le seront aussi et les récoltes seront détruites ! Vous imaginez les répercutions…

Nexus :

Certes, c’est inquiétant…

R.J :

Sans compter que le plus grand danger des semences de maïs hybride est qu’elles ne sont pas reproductibles fidèlement à elles-mêmes, ce qui signifie synthétiquement qu’un paysan qui prélèverait une partie de sa récolte pour la resemer l’année suivante n’obtiendra pas de récolte. Donc la encore, s’il y a un problème majeur au niveau mondial, et que les semences ne peuvent plus circuler, nous serons dans une situation de disette et de famine.

Et ce sera d’autant plus imparable dans les pays dits ‘’ industrialisés ‘’ que nous n’avons plus aucune porte de sortie.

Dans les pays qu’on voudrait ‘’ émergents ‘’, il y a encore des semences de pays reproductibles. Mais en France, par exemple les hectares de maïs reproductibles cultivés cette année peuvent se compter sur les doigts de la main.

Sans entrer dans les notions de nouvel ordre mondial ou de théorie du complot, on peut quand même se demander si tout n’est pas mis en place pour affamer la population mondiale, sachant que ce qui vaut pour le maïs, existe pour le blé, le riz, et le soja, quatre piliers de l’alimentation de l’humanité !

Nexus :

Peut on faire autrement … ?

R.J :

Notre maïs fait partie des grandes fiertés de ce jardin. Nous sommes dans les Alpes de Haute Provence. Tout le monde sait que ce n’est pas du tout une terre d’éléction ou de prédilection du maïs, par manque d’eau. Or, nous sommes le 31 aout 2009, après 2 mois de chaleur intense et pourtant, voilà un maïs parfaitement vert, en pleine floraison mâle et femelle, il y a fécondation , avec du pollen partout sur les feuilles, sans que nous ayons irrigué !!

Donc les gens qui racontent que le maïs exige au moins 3 M³ d’eau par kilo, se trompe. La raison est que l’on ne parle plus de la même chose, on ne parle plus du ‘’ maïs ‘’ en tant que plante divinisée des Amérindiens, qui avec la pomme de terre, a sauvé l’Europe de la famine.

Cependant, et ce depuis plus d’un siècle, l’industrie semencière a entièrement détruit cette sublimissime plante et l’a transformée en une chimère génétique.

Nexus :

Comment le maïs est il devenu une chimère génétique … ?

R.J :

L’hybridation et maintenant les manipulations transgéniques, ont appauvri son patrimoine génétique à un point tel que cette plante, qui était cultivée par les Amérindiens dans les déserts, est devenue une culture strictement irriguée qui a extrêmement besoin d’eau !

Dans notre jardin, nous prouvons que le contraire est possible. Et puisqu’aujourd’hui il faut parler de façon bassement matérielle, nous obtenons, de plus, du rendement, sur une plante qui n’a rien demandé d’autre que l’énergie du Soleil, du cosmos, et ce qu’elle peut puiser dans le sol, sachant que nous l’avons légèrement aidée en ajoutant un peu de compost de brebis, et que les plans sont paillés pour le maintien de l’humidité.

Une plante, quand elle a soif, cherche à y remédier. Que fait-elle ?

Elle pousse ses racines toujours plus profondément , qui vont chercher l’humidité et les nutriments du sol. Si on l’arrose, elle n’a plus besoin de ‘’ travailler ‘’. On l’empêche alors de se développer et, de fait, plus on l’arrose, plus elle aura soif.

Nexus :

Donc le maïs pourrait se passer d’irrigation… ?

R.J :

Absolument.

C’est une plante d’avenir, surtout si on ne prélève que la partie grain et que l’on restitue au sol l’ensemble des pailles. Au lieu de destructurer les sols et ‘’ bousiller ‘’ nos nappes phréatique, le maïs s’avère en afit un précieux reconstituant des sols, parce qu’il laisse beaucoup plus de carbonne à l’hectare qu’il n’en prélève.

C’est donc une plante de solution à la sécheresse, à condition que nous parlions de maïs et non pas de ce clone que vend l’industrie, qui ne mérite pas ce nom de « maïs ».

Nexus :

Et les tomates, un légume phare chez Kokopolli ?

R.J :

Cela fait 33 jours que ces tomates n’ont pas été arrosées et il n’a pas plu depuis 2 mois. Elles sont pourtant très loin d’avoir soif.

Nexus :

Comment expliquez-vous cela ?

R.J :

On a tout simplement oublié que nous vivons sur quelque chose d’ ‘’ approprié ‘’ , la Terre mère, un être vivant et nourricier , et qu’une plante ne vit pas d’une culture hydroponique et d’un raisonnement trilogique NPK 2 + pesticides.

Une plante se nourrit du sol et de l’air, et puisqu’on est sur ce sujet qui me tient vraiment à cœur, qui est la capacité d’une plante à s’adapter à son milieu, à comprendre, à évoluer, à co-évoluer avec son jardinier et son environnement, hé bien nous, avant de soigner les plantes, nous soignons le sol. A partir du moment ou la terre est en bonne santé, les plantes le sont forcément aussi.

Ce sol par exemple a été complètement anéanti et destructuré jusqu’à il y a 2 ans lorsque nous avons repris ce jardin, après 50 ans d’agriculture intensive, productiviste, chimique, tassé, compacté, complètement exsangue en humus, il ne demandait qu’à revivre, à passer du sytème anaérobie dans lequel il avait été contraint à un système de vrai sol , avec des bactéries, des vers de terre et tant d’autres choses…

Nous avons juste passé une sous-soleuse, une epèce de grand couteau que l’on enfonce jusqu’à 40-45 cm, pour que l’air se réapproprie le sol, que les pluies descendent et alimentent les couches profondes…

C’est alors un grand levain qui se remet en place, une grande alchimie qui se prépare de nouveau pour permettre au sol de nourrir la plante, ce dont il est parfaitement capable.

Et il faut sortir de cette espèce d’inféodation de la nature. Car en fait, nos plantes ici ne sont pas vraiment des plantes cultivées. Elles coopèrent avec les élèments et nous faisons partie des élèments, nous , êtres humains.

Quelque part, nous pouvons considérer qu’elles ont aussi envie de nous faire plaisir, elles savent que nous avons besoin d’elles pour notre alimentation, car je pense qu’elles sont en capacité de le comprendre et de répondre favorablement à nos attentes.

Nexus :

Ce n’est pas le cas des plantes cultivées chimiquement … ?

R.J :

A partir du moment ou , comme le fait l’agriculture intensive , on exerce des moyens qui sont uniquement coercitifs, les plantes n’ont aucune envie de donner le meilleur d’elles-même. Peut être se disent elles que quitte à être assistées et contraintes à ne pouvoir vivre qu’avec des béquilles chimiques, autant aller jusqu’au bout de notre délire, donc la aussi elles ont envie de nous faire plaisir, elles abondent dans notre sens en demandant systématiquement des pesticides et des produits chimiques.

Les plantes peuvent se suffire de la nature , il suffit de regarder autour de nous. Aujourd’hui, les sols agricoles sont malades de l’homme. Ils ne demandent qu’un chose, c’est de produire, produire, et encore produire .

Le problème c’est qu’un sol en bonne santé ne rapporte rien à personne, ni aux lobbys politico-chimico-industriels, ni au Crédit Agricole qui ne peut consentir des prêts à court terme pour acheter des engrais …

Un sol vivant, rend indépendant ceux qui vivent dessus et, dans notre société c’est ingérable pour les politiciens de savoir que les gens peuvent se suffire à eux mêmes, donc on essaie de rendre aussi la nature incapable de s’autogérer.

Nexus :

Que faut il faire ?

R.J :

Il est essentiel de continuer à faire vivre ces variétés naturelles qui nous ont rendus indépendants et dont on est en train de priver les générations à naître. Le mot est peut être un peu fort, mais je l’assume, nous sommes dans une dictature semencière.

Il y a des gens en situation de monopole qui veulent aller jusqu’au bout de cette ineptie. Et ce qui me révolte le plus, c’est que nous imposons cette catastrophe à des générations qui ne sont même pas la pour s’exprimer, et qui ne pourront revenir en arrière si nous ne resistons pas.

Nexus :

Bien sur on va vous objecter les rendements…

R.J :

Alors sur ce sujet, je suis très embêté pour nos détracteurs. Ce jardin est aussi un jardin expérimental, donc nous pesons tout ce qui en sort.

A la fin de la récolte, d’ici un mois, nous pourrons produire des chiffres de rendement, mais d’ores et déjà nous avons des pieds sur lesquels nous avons cueilli plus de 8 kilos de tomates et il en reste encore à peu près 4 à 6 kilo, ça dépendra de l’arrière saison.

Ces plants vont donc rendre 12 kilos minimum, sachant que c’est un rendement net, parce que si on m’objecte celui des serres de grandes productions ou les tomates sont en hydroponie et coutent une fortune en ingénierie fossile, il va falloir intégrer ce qu’on appelle pudiquement les ‘’ dégâts collatéraux ‘’.

En effet il faut mettre en parallèle le pseudo rendement de l’agriculture industrielle et productiviste avec les coûts de dépollution et ceux induits sur la santé humaine.

Des professeurs comme Jacques Testard ou Henri Joyeux, tendent à prouver que notre alimentation est potentiellement dangereuse pour notre santé.

Pierre Rabhi dit : ‘’ Avant, on se souhaitait bon appétit, maintenant, il faut se souhaiter bonne chance ‘’.

Lao-Tseu déjà disait : ‘’ Que ton aliment soit ton médicament ‘’.

La réalité aujourd’hui, c’est que ton aliment t’oblige à prendre des médicaments. Nous sommes même obligés de consommer des compléments alimentaires. Non seulement notre alimentation est carencée, mais elle devient dangereuse pour la santé et tout prouve qu’elle l’est pour la planète.

Si 86% des eaux de surface sont polluées, les eaux résiduelles et les eaux des nappes phréatiques aussi, il y a forcément une cause, et on la connaît en grande partie.

Voilà ou nous en sommes et je pense que, malheureusement, ce n’est que le début. Il faut se rappeler que tout a commencé et a été érigé en dogme pendant les 30 glorieuses, mais s’il y a un constat à faire, c’est un constat d’échec.

Nous sommes effectivement malades de notre alimentation et la planète l’est aussi.

Nexus :

Reste-il des raisons d’espérer… ?

R.J :

Chez Kokopelli, nous sommes très optimistes parce qu’en fait nous avons encore toutes les solutions possibles. Il ne faut donc absolument pas sombrer dans la sinistrose, car nous sommes en passe de prouver qu’il est possible de pratiquer une agriculture respectueuse de l’environnement et du consommateur, et que notre aliment soit réellement notre médicament.

C’est aussi offrir aux générations à venir le mot ‘’ futur ‘’.

Plus d’infos ici sur le site de l’association Kokopelli :

http://www.kokopelli.asso.fr/

Publié par Merlin pour Homme-et-Espace

(note: le lien est la page en cache de Google, je n’ai pu afficher la page du site de Merlin. Si vous avez plus de chance c’est ICI)

Souvenez vous du procès intenté et gagné après 10 ans de procédure à Kokopelli par la Sté graines Baumaux. Une victoire en demi-teinte selon Infogm.

Pour aller plus loin ne manquez pas:

On en parlait déjà….

 

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