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28 mars 2024

Monsanto est au courant du lien entre glyphosate et cancer depuis 35 ans


Monsanto est au courant du lien entre glyphosate et cancer depuis 35 ans

Selon des preuves mises à jour par des archives de l’EPA (Environmental Protection Agency, agence de protection de l’environnement) aux États-Unis, il apparaît que Monsanto était pleinement conscient, dès 1981, que le glyphosate est susceptible de causer des cancers chez les mammifères.

Monsanto est au courant du lien entre glyphosate et cancer depuis 35 ansRécemment, l’agence internationale pour la recherche contre le cancer (IARC) de l’OMS a publié un communiqué dans lequel le glyphosate (le principal composant de l’herbicide Roundup) est classé comme « carcinogène probable » pour l’être humain, et dont la génotoxicité pour les animaux était « suffisamment démontrée ».

Cette annonce de changement vers une toxicité de classe 2A a donné lieu à une vaste couverture médiatique à l’échelle mondiale, obligeant Monsanto à passer immédiatement en mode défensif, afin de limiter les dégâts. La corporation a demandé le retrait du rapport, alors qu’il n’avait même pas été publié! Comme c’était à prévoir, l’équipe industrielle travaillant sur le glyphosate a réagi avec fureur. Cette équipe de travail a aussi sponsorisé un article de « réfutation » par un groupe d’auteurs fortement liés à l’industrie de la biotechnologie; mais en raison du manifeste point de vue subjectif de ce document (qui suggère que le glyphosate n’a aucun potentiel carcinogène pour les humains), il est ignoré en attendant qu’une équipe de chercheurs indépendants l’examine.

Alors que Monsanto continue de prétendre que le Roundup et le glyphosate sont inoffensifs si utilisés selon les instructions, en dépit des preuves du contraire qui s’accumulent, nous avons entrepris une recherche à travers les archives de l’agence pour la protection environnementale (EPA) afin de découvrir ce que l’on savait du glyphosate au moment de son enregistrement initial. Ceci à la suite d’enquêtes menées par Sustainable Pulse qui soulignaient un changement soudain en 1991 dans le point de vue de l’EPA sur la toxicité. Ce qui a été découvert était très parlant. Il y a eu de nombreuses expériences sur animaux (des rats, des souris et des chiens) afin de tester la toxicité aiguë et chronique du glyphosate sur la période 1978–1986, conduites par des laboratoires comme Bio/dynamics Inc pour Monsanto puis soumises à l’examen de l’EPA. Deux de ces rapports étudient la reproduction de rats sur trois générations, et un autre s’intitule « étude de l’alimentation à vie des rats avec du glyphosate »; mais comme toutes les autres anciennes études elles étaient et sont toujours considérées comme des secrets commerciaux et ne sont pas librement accessibles pour un examen indépendant. Ceci suggère que ces études contiennent des données que Monsanto ne souhaite pas voir examinées par des experts en toxicologie. Il est également très inquiétant que l’EPA ait régulièrement accepté les requêtes de confidentialité de Monsanto, pour des motifs plus que douteux.

Cependant, des mémos archivés et accessibles de l’EPA du début des années 1980 donnent quelques indications sur ce que contiennent les études sur les rats. Bien que ces études précèdent l’adoption de règles internationales et de standards de bonnes pratiques en laboratoire (GLP) elles suggèrent que les rats ont subi des lésions rénales significatives dans l’étude sur trois générations – l’incidence de la dilatation tubulaire dans les reins était plus élevée dans tous les groupes de rats traités, quand on compare au groupe témoin. La dilatation tubulaire et la néphrose étaient aussi accompagnées de fibroses interstitielles dans tous les groupes tests et dans certains intestins les chercheurs ont retrouvé de la matière amorphe et des débris cellulaires. Moins d’un tiers des rats témoins présentait des signes de dilatation tubulaire. Dans les résultats de l’étude sur les rats, les changements de la muqueuse vésicale sont significatifs parce que les métabolites, concentrées dans les reins, ont mené à l’hyperplasie qui peut être considérée comme une étape très précoce et condition indispensable à l’initiation de tumeurs. L’EPA était inquiète en 1981 que ces indications soient sinistres, et a d’abord refusé de publier un NOEL (No Observed adverse Effect Level – « sans effet nocif observé ») – elle a exigé de plus amples informations et des recherches additionnelles.

Dans son addendum de 1982, Monsanto présente des preuves qui minimisent les effets et brouillent les données – et sur cette base l’EPA accepte la toxicité peu probable du glyphosate. Mais Monsanto savait que l’examen des données de ces études pourrait potentiellement menacer ses ambitions commerciales, et a par conséquent exigé que les documents de recherche concernés soient retenus et traités comme des secrets commerciaux. Par conséquent, Il n’y a pas eu de réel examen indépendant. Monsanto et l’EPA se sont concertés afin de garder ces documents à l’abri d’une expertise impartiale, en dépit des preuves irréfutables des dommages occasionnés. (Il est évident que l’EPA pensait aux effets carcinogènes – elle savait en 1981 que le glyphosate causait des croissances tumorigènes et des maladies rénales mais a qualifié ces découvertes de « mystères » afin d’appliquer le NOEL — « sans effet nocif observé » — pour ce produit chimique et d’autoriser sa mise en place sur le marché).

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Dans les études sur les rats, les doses de glyphosate administrées aux groupes témoins étaient le centième (1\100) de celles utilisées plus tard dans une étude sur les souris (9). Pourquoi ces doses très faibles ont été décidées par Monsanto et acceptées par l’EPA n’est pas clair, puisqu’il doit y avoir suspicion de manipulation des études, ou de configuration afin d’éviter des signes de dommages aux organes. Dans son mémo de 1986, l’EPA remarque ces doses très faibles, et explique qu’aucune des doses testées n’était proche « de la dose maximale tolérée ». Puis la « revue par les pairs » du Comité d’oncogénicité a expliqué: « à des doses proches du MTD (dose maximale tolérée), des tumeurs auraient pu advenir ». Une nouvelle étude sur les rats a été exigée. Cependant, BioDynamics (qui s’occupait de l’étude pour Monsanto) a utilisé les données de trois études sans rapport, menées en interne, comme témoin historique afin de créer du « bruit expérimental » et de diminuer l’importance des résultats obtenus par l’expérience.

Dans une étude sur les souris dirigée par Bio/dynamics Inc pour Monsanto en 1983, on remarque une légère augmentation de l’incidence des adénomes tubules rénaux (tumeurs bénignes) chez les mâles avec les plus hautes doses. Des tumeurs malignes étaient observées dans les groupes soumis aux plus hautes doses. Cependant, « selon le jugement de deux pathologistes examinant, les tumeurs rénales n’étaient pas liées au traitement ». D’autres effets comprenaient hypertrophie centrolobulaire, nécrose des hépatocytes, néphrite interstitielle chronique, basophilie de l’épithélium cellulaire des tubules et hypertrophie chez les femelles. Le comité de l’EPA a déterminé qu’il y avait une « faible réponse oncogénique » – alors que les preuves suggéraient des malignités précoces. Le conseil scientifique de l’EPA a été consulté, et a déclaré que les données étaient équivoques et ont appelé à des études supplémentaires sur des sourits et des rats. Un nouveau rapport a été publié en 1985. Une des raisons pour cette tergiversation était la croyance prévalente mais fausse de l’EPA selon laquelle les effets physiologiques devaient être liés aux doses : à savoir, plus la dose est élevée, plus l’effet est important.

Bien que les conditions précancéreuses n’étaient pas bien comprises il y a 35 ans, et qu’à l’époque les adénomes corticaux dans les reins n’étaient pas considérés comme dangereux, les preuves des mémos montrent que Monsanto, BioDynamics Inc, et les comités impliqués de l’EPA étaient pleinement conscients, probablement avant 1981, du potentiel carcinogénique du glyphosate sur les mammifères. Dans les mémos il y a des références à bien plus d’expériences « secrètes » sur des animaux et d’études de données, servant simplement à embrouiller les législateurs avec des données contradictoires supplémentaires. C’est pourquoi l’EPA a publiquement accepté les garanties de sécurité du responsable de la sûreté des produits de Monsanto, Robert W. Street, et le statut du produit a été confirmé pour utilisation sur le terrain. Mais dans les coulisses, selon un mémo de 1991 de l’EPA, ses propres experts savaient avant 1985 que le glyphosate causait des tumeurs pancréatiques, à la thyroïde et aux reins.

Sur le site Web de l’EPA (mis à jour pour la dernière fois le 31/10/2014) une référence est faite à cinq études de Monsanto de 1980–1985, et il est intéressant de souligner que ces études n’ont pas été rendues publiques dans le contexte des événements actuels et des informations sur les tumeurs malignes et les conditions précancéreuses. Aucune de ces études n’a été révisée ou ré-interprétée par Monsanto et l’EPA, bien qu’une étude de 1981 sur les rats et une de 1983 sur les souris soient mentionnées dans les rapports récents de Greim et al (2015). Selon la conclusion que le glyphosate n’était « pas classable comme carcinogène pour les humains », rien n’a changé dans les conseils de l’EPA sur ce produit chimique depuis 1990. Au vu des récentes déclarations du panel de l’OMS, et  au vu de la marée d’études scientifiques relatives aux dégâts sur la santé associés au glyphosate, l’attitude de l’EPA est empreinte de complaisance voire d’incompétence.

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S’exprimant au nom de GM-Free Cymru, le Dr. Brian John explique que:

« les preuves montrent que depuis 1981 à la fois Monsanto et l’EPA étaient au courant des tumeurs malignes et des conditions précancéreuses chez les animaux témoins ayant été nourris avec des faibles doses de glyphosate lors des expériences secrètes de nourrissage. Bien que des inquiétudes aient été exprimées à l’époque par les comités de l’EPA, ces inquiétudes ont ensuite été supprimées sous le poids de preuves contradictoires avancées par Monsanto, dont certaines impliquaient l’usage inapproprié de données de contrôle témoin de qualité douteuse. Aucune de ces études n’est disponible pour examen indépendant. C’est en soi un scandale. Il y a eu un camouflage prolongé et cynique dans ce domaine. Le glyphosate est un « carcinogène humain probable », comme l’a maintenant confirmé le groupe de travail de l’OMS, et peu importe les protestations de Monsanto et de l’EPA, ils sont entièrement au courant de son potentiel à causer des cancers depuis au moins 35 ans. S’ils avaient agi de manière préventive à l’époque, au lieu de tourner le dos aux mauvaises pratiques scientifiques, le glyphosate n’aurait jamais été homologué, et des milliers de vies auraient été sauvées ».

Le Dr Stanley Ewen, pathologiste universitaire à la retraite, explique que:

« le glyphosate a été impliqué dans la carcinogenèse humaine par l’IARC et il est remarquable que, dès 1981, le glyphosate ait été associé aux transformations prè-néoplasiques lors d’expériences sur des souris. Cette découverte n’a jamais été révélée par le processus de réglementation et l’on peut donc s’attendre à voir la malignité humaine augmenter dans le suivi des années à venir. John Little (lors d’un contact personnel) a démontré une inattendue et alarmante recrudescence de 56 % de la malignité en Angleterre chez les moins de 65 ans dans les 10 dernières années. Les excrétions urinaires britanniques de glyphosate sont probablement similaires au niveau germanique documenté, et par conséquent tout le monde est en danger. Les effets du glyphosate sur les tissus endocriniens comme la poitrine et la prostate, ou même le placenta, sont pour le moins perturbateurs et une incidence croissante de néoplasie endocrinienne va probablement apparaître dans les statistiques nationales. L’équipe de travail sur le glyphosate nie l’implication du glyphosate dans la malignité humaine en dépit de leur connaissance de nombreux cas de lymphomes et d’adénomes hypophysaires chez des animaux de test nourris au glyphosate. D’un autre côté, le Prof. Don Huber, lors d’un récent meeting au Palais de Westminster, a averti de graves conséquences si la consommation effrénée de glyphosate n’était pas éliminée. Je suis sûr que la suppression des résultats expérimentaux de 1981 a fait augmenter le risque mondial de malignité ».

Le toxicologue-pathologiste Vyvyan Howard explique que:

« l’incitation à la transparence dans les expérimentations pharmaceutiques gagne du terrain grâce à l’amélioration de la législation dans l’union européenne, aux USA et au Canada. Tous les essais pour les médicaments homologués vont probablement devoir être disponibles dans le domaine public. Selon moi, il devrait en être de même pour les produits agrochimiques. Pour les produits pharmaceutiques, au moins, l’exposition est volontaire, et sous consentement éclairé. Il y a de nombreuses études de bio surveillance qui démontrent une exposition étendue des populations humaines au glyphosate, probablement sans consentement éclairé. Étant donné le niveau manifeste de méfiance concernant l’homologation de cet herbicide et les preuves épidémiologiques émergentes de ses effets négatifs, il ne peut y avoir, selon moi, aucune raison pour garder secrètes les études toxicologiques utilisées pour justifier l’homologation. Elles devraient passer dans le domaine public ».

Le Dr Anthony Samsel, chercheur scientifique, explique que:

« les études secrètes commerciales de Monsanto révèlent une incidence significative de tumeurs cancéreuses des testicules et de croissance tumorigène dans de multiples organes et tissus. Elles montrent aussi une importante fibrose interstitielle des reins comprenant, en particulier, des effets sur la glande pituitaire, les glandes mammaires, le foie, et la peau. Le glyphosate a des effets significatifs sur les poumons indicatifs de maladies respiratoires chroniques. Le glyphosate a une relation de dose à effet inverse, et il apparaît que ces effets soient hautement dépendants du pH. Monsanto, tout comme l’EPA, connaissait les effets délétères de ce produit chimique depuis 1980, à la suite de la conclusion de leurs évaluations à long terme, mais l’EPA a caché les résultats de cette découverte au prétexte de « secrets commerciaux ». Monsanto a menti et a camouflé la vérité sur les effets néfastes du glyphosate sur la santé publique et l’environnement pendant des décennies. Les augmentations des multiples maladies chroniques, observées depuis son introduction dans l’agroalimentaire, continue à croître parallèlement à son usage. L’herbicide Roundup de Monsanto basé sur le glyphosate est omniprésent dans les résidus de stocks alimentaires issus des récoltes associées à son usage. Les nations doivent faire front ensemble contre Monsanto et les autres compagnies de produits chimiques qui continuent de détruire la biosphère. Nous faisons tous partie de cette biosphère et nous sommes tous connectés. Ce qui affecte l’un d’entre nous, nous affecte tous. »

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