Tarik Hassan a publié dans Le Panafricanisme: histoire, mythe et projets politiques Tarik Hassan 13 mai 2015 Pourquoi les États-Unis envoient-ils des troupes au Pérou ? Que les États-Unis aient une stratégie de domination continentale, et qu’ils s’apprêtent à livrer une aventure militaire contre les peuples d’Amérique latine, nous l’avons dit plusieurs fois. Quelques-uns nous ont pris au sérieux et ont ratifié une volonté antiimpérialiste qui doit aujourd’hui se concrétiser. D’autres, en revanche, gardent silence, peut-être avec l’idée que notre affirmation était exagérée et répondait au style de confrontation classique de ce qu’ils appellent « la gauche traditionnelle ». Les faits sont en train de nous donner raison de manière constante. L’agressivité impérialiste contre nos pays se manifeste constamment ; et aujourd’hui, elle prend un tour concret au Pérou, avec l’autorisation de l’entrée d’une véritable armée d’occupation composée d’environ 4000 soldats, qui se mettront en place sur notre territoire sous le prétexte de « combattre le narcotrafic et le terrorisme ». Pour situer les choses dans le court terme, il convient de préciser que le 29 janvier dernier, lors d’une décision presque cachée, qui a filtré il y a peu sur les réseaux sociaux, le Congrès de la République a autorisé l’entrée de troupes et de personnel armé des États-Unis en territoire péruvien, selon un calendrier très précis. Et élaboré d’un commun accord entre « les deux parties ». Les partis et les forces qui composent aujourd’hui le Congrès, et chacun des parlementaires en particulier, a l’obligation de rendre compte de la façon dont ils ont argumenté et dont ils ont voté cette décision dont on a aujourd’hui connaissance. Pour le moment, on sait que, le 1er et le 15 février, sont arrivés sur notre sol deux contingents de militaires, envoyés par la Pentagone. Le premier se compose de 58 soldats ; et le second de 67. Tous deux y demeureront jusqu’en février 2016 avec la tâche d’ « entraîner les instituts armés péruviens dans l’accomplissement de missions spéciales ». On dirait qu’en matière de « missions spéciales » les soldats péruviens sont un peu moins que des néophytes. Ils manquent de l’expérience au combat qu’a acquis l’armée nord-américaine après les longues guerres du Vietnam, de la Péninsule d’Indochine et du Moyen-Orient. L’Afghanistan ou l’Irak ont probablement tellement renforcé le bagage de l’armée Yanqui qu’elle considère de son devoir de la partager avec ses frères latino-américains dans l’idée d’amener jusqu’ici des prisons clandestines comme celles de Bagdad ou de Guantanamo, dans lesquelles la torture et la mort sont le pain quotidien. Néanmoins, ces effectifs qui sont déjà ici, ne sont rien en comparaison de ceux qui doivent accoster sur nos côtes en septembre prochain. 3200 soldats yankees débarqueront au moment de notre printemps et du fait de l’armement qu’ils utilisent, de l’expérience qui est la leur et de leur préparation, ils constitueront une véritable armée d’occupation. C’est de cette manière que l’on mettra en place les accords entre ces deux pays, laborieusement préparés depuis quelques années. L’exécution de ces projets mettra en évidence que les visites répétées du Secrétaire à la Défense des États-Unis au Pérou, et celles du Chef du Comando Sur de ce pays n’étaient pas des visites touristiques ou protocolaires. Elles avaient un contenu guerrier évident que personne aujourd’hui ne peut cacher. Alors il est légitime de se demander : qu’est-ce qui pousse le gouvernement des États-Unis à déployer sur notre territoire cette vaste action militaire ? Que se passe-t-il sur ce continent pour que la première puissance militaire du monde décide d’ouvrir le feu sur les péruviens ? Que visent réellement les fusils yanquis qui tireront sur le VRAE et d’autres zones des cordillères d’Amérique ? Si nous regardons, même si ce n’est que de loin, ce qui se passe dans cette partie du monde, nous verrons que la lutte antiimpérialiste de nos peuples redouble. Elle s’exprime dans des demandes concrètes : le respect de l’indépendance de nos pays, le plein exercice de la Souveraineté nationale, la récupération des richesses de bases et la protection de la biodiversité ; et ceci dans un monde où les ressources hydriques et les richesses naturelles s’érigent en forteresse de subsistance pour l’humanité entière. Cela fait un bon moment que les États-Unis cherchent une façon d’intervenir militairement au Venezuela et d’en finir par le feu et le sang avec le projet bolivarien historiquement dirigé par le Commandant Hugo Chavez, et que conduit aujourd’hui Nicolas Maduro, acculé par une virulente campagne de discrédit et la violence déchaînée par les forces les plus réactionnaires de notre continent. Pour le moment, faire débarquer des troupes au Pérou et faire en sorte que cela soit admis pacifiquement par la communauté internationale, ce serait une façon d’affirmer l’idée qu’il est normal que les États-Unis recoure à ce procédé en Amérique et qu’ils pourraient le faire demain au Venezuela, ou n’importe où ailleurs. Qui a le permis de tuer, peut en faire usage dans n’importe quelle circonstance. La Bolivie, ou bien l’Equateur pourraient bien se rappeler cette maxime : quand tu verras que l’on coupe la barbe de ton voisin, mets la tienne à tremper ; car l’avertissement yanqui se projette également en direction de l’altiplano – contre Evo et la Bolivie multiculturelle – et de la région plus au nord, où les actions du gouvernement équatorien de Rafael Correa ne bénéficient guère de l’approbation de Washington. L’argument que l’on utilise pour justifier l’intervention militaire américaine est celui de la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme. Ceci est une vieille et fausse chanson. En 1965 elle est devenue très à la mode lorsque l’administration Belaunde Terry accepta l’opération appelée : « Opération Ayacucho » laquelle ne donna aucun résultat. Aujourd’hui, le combat contre le narcotrafic au Pérou est virtuellement à la charge de la DEA depuis longtemps. Et quel en est le résultat ? Le Pérou est devenu le premier producteur mondial de PBC. Avant la DEA, nous n’avions jamais eu ce privilège. Jusqu’où ira l’escalade de la « stratégie d’aujourd’hui » ? Peut-être jusqu’à l’expansion des cultures de la drogue, en ramenant ici le Haschisch d’Afghanistan ou bien l’opium d’autres latitudes ? Serait-ce cela que cherche l’administration nord-américaine pour lancer des troupes sur notre territoire dans ce qui pourrait bien être le défi pour une nouvelle Bataille d’Ayacucho ? Mais la stratégie de domination yanqui va encore plus loin : elle cherche à faire en sorte que les peuples s’affrontent les uns les autres tout comme les gouvernements dans lesquels elle n’a que peu ou prou confiance. Nous n’aurions point besoin d’être particulièrement perspicaces pour deviner que derrière « l’opération d’espionnage » chilienne contre le Pérou récemment dénoncée, se trouve l’esprit retors des services de renseignement yanquis, qui pourraient bien monter des opérations de ce genre, et de plus grande envergure, même dans le dos des états, en recourant à l’infiltration des services secrets qu’ils manipulent. Il revient aux peuples de notre continent d’œuvrer avec la fermeté et la rigueur requise dans des circonstances où se joue la survie du continent, agressé par la barbarie impérialiste. Au début des années trente du siècle passé, dans un autre contexte mais également dans d’autres conditions, Augusto C. Sandino a dit d’une façon catégorique : « La souveraineté des États, ça ne se discute pas. Ça se défend les armes à la main. » D’ici quelques semaines, nous autres, les péruviens, nous évoquerons le 200ème anniversaire de l’exécution du jeune poète Mariano Melgar, tombé aux mains de l’armée coloniale espagnole lors de la Bataille d’Umachiri. Son souvenir sera-t-il le motif de l’affirmation d’un sentiment patriotique qui conduira nos jeunes d’aujourd’hui à brandir le même drapeau ? En tout cas, le devoir de tout patriote est d’assumer son engagement face à l’histoire et de dénoncer ce qui constitue une véritable agression contre le Pérou et son peuple. J’aime Commenter Partager | | | | | | Tarik Hassan a publié dans Le Panafricanisme: histoire, mythe et projets politiques | | | | | | Pourquoi les États-Unis envoient-ils
des troupes au Pérou ?Que les États-Unis aient une stratégie de
domination continentale, et qu’ils s’apprêtent à
livrer une aventure militaire contre les peuples
d’Amérique latine, nous l’avons dit plusieurs
fois. Quelques-uns nous ont pris au sérieux et
ont ratifié une volonté antiimpérialiste qui doit
aujourd’hui se concrétiser. D’autres, en
revanche, gardent silence, peut-être avec l’idée
que notre affirmation était exagérée et répondait
au style de confrontation classique de ce qu’ils
appellent « la gauche traditionnelle ».
Les faits sont en train de nous donner raison de
manière constante. L’agressivité impérialiste
contre nos pays se manifeste constamment ; et
aujourd’hui, elle prend un tour concret au Pérou,
avec l’autorisation de l’entrée d’une véritable
armée d’occupation composée d’environ 4000
soldats, qui se mettront en place sur notre
territoire sous le prétexte de « combattre le
narcotrafic et le terrorisme ».
Pour situer les choses dans le court terme, il
convient de préciser que le 29 janvier dernier,
lors d’une décision presque cachée, qui a filtré il
y a peu sur les réseaux sociaux, le Congrès de la
République a autorisé l’entrée de troupes et de
personnel armé des États-Unis en territoire
péruvien, selon un calendrier très précis. Et
élaboré d’un commun accord entre « les deux
parties ».
Les partis et les forces qui composent
aujourd’hui le Congrès, et chacun des
parlementaires en particulier, a l’obligation de
rendre compte de la façon dont ils ont
argumenté et dont ils ont voté cette décision
dont on a aujourd’hui connaissance.
Pour le moment, on sait que, le 1er et le 15
février, sont arrivés sur notre sol deux
contingents de militaires, envoyés par la
Pentagone. Le premier se compose de 58 soldats
; et le second de 67. Tous deux y demeureront
jusqu’en février 2016 avec la tâche d’ « entraîner
les instituts armés péruviens dans
l’accomplissement de missions spéciales ».
On dirait qu’en matière de « missions spéciales »
les soldats péruviens sont un peu moins que des
néophytes. Ils manquent de l’expérience au
combat qu’a acquis l’armée nord-américaine
après les longues guerres du Vietnam, de la
Péninsule d’Indochine et du Moyen-Orient.
L’Afghanistan ou l’Irak ont probablement
tellement renforcé le bagage de l’armée Yanqui
qu’elle considère de son devoir de la partager
avec ses frères latino-américains dans l’idée
d’amener jusqu’ici des prisons clandestines
comme celles de Bagdad ou de Guantanamo,
dans lesquelles la torture et la mort sont le pain
quotidien.
Néanmoins, ces effectifs qui sont déjà ici, ne
sont rien en comparaison de ceux qui doivent
accoster sur nos côtes en septembre prochain.
3200 soldats yankees débarqueront au moment
de notre printemps et du fait de l’armement
qu’ils utilisent, de l’expérience qui est la leur et
de leur préparation, ils constitueront une
véritable armée d’occupation. C’est de cette
manière que l’on mettra en place les accords
entre ces deux pays, laborieusement préparés
depuis quelques années.
L’exécution de ces projets mettra en évidence
que les visites répétées du Secrétaire à la
Défense des États-Unis au Pérou, et celles du
Chef du Comando Sur de ce pays n’étaient pas
des visites touristiques ou protocolaires. Elles
avaient un contenu guerrier évident que personne
aujourd’hui ne peut cacher. Alors il est légitime
de se demander : qu’est-ce qui pousse le
gouvernement des États-Unis à déployer sur
notre territoire cette vaste action militaire ? Que
se passe-t-il sur ce continent pour que la
première puissance militaire du monde décide
d’ouvrir le feu sur les péruviens ? Que visent
réellement les fusils yanquis qui tireront sur le
VRAE et d’autres zones des cordillères
d’Amérique ?
Si nous regardons, même si ce n’est que de loin,
ce qui se passe dans cette partie du monde,
nous verrons que la lutte antiimpérialiste de nos
peuples redouble.
Elle s’exprime dans des demandes concrètes : le
respect de l’indépendance de nos pays, le plein
exercice de la Souveraineté nationale, la
récupération des richesses de bases et la
protection de la biodiversité ; et ceci dans un
monde où les ressources hydriques et les
richesses naturelles s’érigent en forteresse de
subsistance pour l’humanité entière.
Cela fait un bon moment que les États-Unis
cherchent une façon d’intervenir militairement au
Venezuela et d’en finir par le feu et le sang avec
le projet bolivarien historiquement dirigé par le
Commandant Hugo Chavez, et que conduit
aujourd’hui Nicolas Maduro, acculé par une
virulente campagne de discrédit et la violence
déchaînée par les forces les plus réactionnaires
de notre continent.
Pour le moment, faire débarquer des troupes au
Pérou et faire en sorte que cela soit admis
pacifiquement par la communauté internationale,
ce serait une façon d’affirmer l’idée qu’il est
normal que les États-Unis recoure à ce procédé
en Amérique et qu’ils pourraient le faire demain
au Venezuela, ou n’importe où ailleurs.
Qui a le permis de tuer, peut en faire usage dans
n’importe quelle circonstance. La Bolivie, ou bien
l’Equateur pourraient bien se rappeler cette
maxime : quand tu verras que l’on coupe la
barbe de ton voisin, mets la tienne à tremper ;
car l’avertissement yanqui se projette également
en direction de l’altiplano – contre Evo et la
Bolivie multiculturelle – et de la région plus au
nord, où les actions du gouvernement équatorien
de Rafael Correa ne bénéficient guère de
l’approbation de Washington.
L’argument que l’on utilise pour justifier
l’intervention militaire américaine est celui de la
lutte contre le narcotrafic et le terrorisme. Ceci
est une vieille et fausse chanson. En 1965 elle
est devenue très à la mode lorsque
l’administration Belaunde Terry accepta
l’opération appelée : « Opération Ayacucho »
laquelle ne donna aucun résultat.
Aujourd’hui, le combat contre le narcotrafic au
Pérou est virtuellement à la charge de la DEA
depuis longtemps. Et quel en est le résultat ? Le
Pérou est devenu le premier producteur mondial
de PBC. Avant la DEA, nous n’avions jamais eu
ce privilège.
Jusqu’où ira l’escalade de la « stratégie
d’aujourd’hui » ? Peut-être jusqu’à l’expansion
des cultures de la drogue, en ramenant ici le
Haschisch d’Afghanistan ou bien l’opium
d’autres latitudes ? Serait-ce cela que cherche
l’administration nord-américaine pour lancer des
troupes sur notre territoire dans ce qui pourrait
bien être le défi pour une nouvelle Bataille
d’Ayacucho ? Mais la stratégie de domination
yanqui va encore plus loin : elle cherche à faire
en sorte que les peuples s’affrontent les uns les
autres tout comme les gouvernements dans
lesquels elle n’a que peu ou prou confiance.
Nous n’aurions point besoin d’être
particulièrement perspicaces pour deviner que
derrière « l’opération d’espionnage » chilienne
contre le Pérou récemment dénoncée, se trouve
l’esprit retors des services de renseignement
yanquis, qui pourraient bien monter des
opérations de ce genre, et de plus grande
envergure, même dans le dos des états, en
recourant à l’infiltration des services secrets
qu’ils manipulent.
Il revient aux peuples de notre continent
d’œuvrer avec la fermeté et la rigueur requise
dans des circonstances où se joue la survie du
continent, agressé par la barbarie impérialiste.
Au début des années trente du siècle passé,
dans un autre contexte mais également dans
d’autres conditions, Augusto C. Sandino a dit
d’une façon catégorique : « La souveraineté des
États, ça ne se discute pas. Ça se défend les
armes à la main. »
D’ici quelques semaines, nous autres, les
péruviens, nous évoquerons le 200ème
anniversaire de l’exécution du jeune poète
Mariano Melgar, tombé aux mains de l’armée
coloniale espagnole lors de la Bataille
d’Umachiri. Son souvenir sera-t-il le motif de
l’affirmation d’un sentiment patriotique qui
conduira nos jeunes d’aujourd’hui à brandir le
même drapeau ?
En tout cas, le devoir de tout patriote est
d’assumer son engagement face à l’histoire et
de dénoncer ce qui constitue une véritable
agression contre le Pérou et son peuple. | |
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