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19 avril 2024

«Gestion de la Barbarie », livre de chevet du djihadiste


«Gestion de la Barbarie », livre de chevet du djihadiste

Publié par Gilles Munier sur 13 Mai 2015,

Catégories : #Etat islamique

«Gestion de la Barbarie », livre de chevet du djihadiste

Par Gilles Munier (Eléments – avril 2015)

Le terme « sauvagerie » est celui qui convient le mieux pour qualifier les pratiques de l’Etat islamique. Mais ce n’est pas le diaboliser que de l’employer, car ce sont celles détaillées dans «Gestion de la barbarie », un de leurs manuels de combat, écrit dans les montagnes afghanes sons le pseudonyme collectif d’Abu Bakr Naji, un collectif d’éminents stratèges du djihadisme moderne comprenant Mohammad Hasan Khalil al-Hakim – tué au nord Waziristan en 2008 par un drone américain – et Abou Moussab al-Souri, capturé par les Américains au Pakistan en 2005, livré en 2007 à la Syrie, libéré fin 2011 par Bachar al-Assad et peut-être toujours en vie.

L’ouvrage, diffusé en arabe sur Internet en 2004, a été traduit aux Etats-Unis sous le titre de « Management of savagery » par le Olin Institute for Strategic Studies de l’université d’Harvard, un think tank fondé en 1989 par Samuel Huntington, « prophète » du Choc des civilisations, et étudié au Combating Terrorism Center (CCR) de l’Académie militaire West Point, le Saint Cyr étasunien. En France, il a été publié en 2007 aux Editions de Paris, mais est passé pratiquement inaperçu. Et pourtant…

La « sauvagerie » ou la « barbarie » dont il est question dans le livre est la situation de chaos et de désespérance dans laquelle se débattraient actuellement les musulmans. Selon Abu Bakr Naji, la conjoncture n’a jamais été aussi propice au rétablissement du Califat et à l’instauration d’un ordre social régi par la charia. Dans le 4ème chapitre de l’ouvrage, il préconise l’utilisation de la violence à outrance, comme par exemple de liquider les otages « de manière terrifiante » et de le médiatiser pour « semer l’effroi dans les cœurs de l’ennemi et de ceux qui les soutiennent ». On pense évidemment au sort réservé par l’EI aux otages égorgés et à Moaz al-Kasasbeh, le pilote jordanien brûlé vif.

Tout attentat spectaculaire médiatisé, comme ceux de Bali (octobre 2002 – 202 morts, principalement Australiens) et de la synagogue de la Ghriba à Djerba (11 avril 2002 – 19 morts)ou encore celui contre Charlie Hebdo, médiatisé à l’extrême -, permet, selon l’auteur, d’attirer de nouveaux jeunes au djihad. L’objectif étant d’en recruter 500 000 de par le monde pour mener le combat à son terme. On en est loin, mais pour y parvenir Abu Bakr Naji n’est pas à court de suggestions et de stratégies. Il prévient tout de même ceux qui s’engagent, que le djihad «n’est rien d’autre que violence, cruauté, terrorisme, terreur et massacre». On ne peut être plus clair.

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