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26 avril 2024

BIG BROTHER ou LE SYSTEME ECHELON


BIG BROTHER ou LE SYSTEME ECHELON

par Djamal BENMERAD

Il a fallu la découverte des écoutes opérées sur le téléphone portable de Mme Angela Merkel pour que les citoyens entendent parlant d’un système de surveillance US, mais ils ignorent quel niveau atteint la sophistication et l’étendue de ce système. Il s’appelle le Réseau Echelon. Zbigniw Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale sous la présidence de Jimmy Carter avouait à l’époque déjà, et non sans cynisme, mais sans évoquer Echelon : « Quand vous avez la capacité d’avoir des informations, il est très dur d’imposer des barrières arbitraires à leur acquisition ».
L’embryon du système d’espionnage étatsunien date du début de la guerre froide lorsqu’un premier pacte de collecte et d’échange de renseignements, dénommé Ukusa, fut établi entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. A ces deux Etats se sont joints le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ce pacte reçut le nom de code d’Echelon
Echelon est un système US d’interception planétaire. Il a la capacité d’intercepter 1.500.000 communications téléphoniques par minute, aux fins d’espionnage bien entendu. Chaque jour ces « grandes oreilles », munies ses meilleurs systèmes automatiques de reconnaissance vocale, de lecture optiques et d’évaluation des contenus, sélectionnent les communications à surveiller. Chaque jour, les analystes de la NSA examinent la « moisson » de la veille. Qui arrive marquée de dates, d’indication de provenance, de destination et de chiffres-clés : 5 535 représente, par exemple, les communications diplomatiques japonaises ; 8 182 concernant les technologies de chiffrement, etc. Les données sont transcrites, déchiffrées et traduite sous formes de rapports détaillés.
Le document ainsi produit reçoit une estampille « Moray » (secret), « Spoke » (plus secret que « Moray »), « Umbra » (top secret), « Gamma » (interception de communications russes) ou « Druid » (destiné à Israël) ; « Alpha » pour les services britanniques, « Echo » pour les services australien, « India » pour l’agence néo-zélandaise, « Uniform » pour les services canadiens et « Oscar » pour la NSA. « Platform » est le centre nerveux d’Ukusa. C’est ainsi que que des « dissidents » comme Jne Fonda, Malcom X, Mmrtin Luther King, Jaon Baez et des centaines d’autres, moins connus parce que moins connus, furent fichés par la NSA et suivis tout au long de leur parcours.
Dans ses révélations, le chercheur Patrick Poole montre que les bénéficiaires des produit de l’espionnage mené par Echelon sont les même qui fabriquant l’équipement du réseau Echelon, notamment Lokheed, Boing, Loral, TRW et Raytheon : « une relation incestueuse si forte que les renseignements recueillis sont parfois utilisés pour écarter des fabricants américains au profit d’autres fabricants » (également américains) qui ont également des compétences dans des domaines tels que la défense et du renseignement sont écartés au profits de celle qui sont soumises à l’estabishment. Les objectifs classiques de l’espionnage sont les secrets militaires et les secrets d’autres gouvernements. Sont visés, par exemple, les nouveaux systèmes d’armement, les stratégies militaires ou des informations concernant le stationnement des troupes, comme ce fut le cas visant l’Irak avant son agression par les USA. Bien entendu le système Echelon sert aussi d’espionnage économique. Ce fut Echelon qui fut utilisée pour rafler au profit de Boeing l’option saoudienne d’achat d’Airbus en se présentant comme le moins disant sur le plan du coût de l’aéronef.
Le chercheur Nicky Hajer explique qu’ « il a été conçu de manière à interconnecter tous les systèmes d’écoute pour leur permettre de fonctionner comme les composants d’un tout intégré » Les stations de réception satellitaire captent l’ensemble des faisceaux des satellites Intelsat, le plus importante d’entre elle, localisée à Menwith Hill, en Angleterre, étant placée sous le contrôle direct et exclusif de la NSA. Grâce à lui tous les réseaux de communications sont écoutés ; des câbles sous-marins (des capteurs sont déposés par des plongeurs spécialisés) au réseau Internet La surveillance du réseau mondial est particulièrement aisée : la quasi-totalité des données transitent par des « nœuds » situés sur le territoire étatsunien, même lorsqu’il s’agit de connexions européennes ! Le système Echelon se distingue des autres systèmes de renseignement par le fait qu’il présente deux caractéristiques lui conférant un niveau de qualité tout particulier.
La première qu’il est réputé avoir, c’est la capacité d’exercer une surveillance totale. Par l’intermédiaire de stations de réception satellitaire et de satellites-espions, toute communication d’une personne transportée sur n’importe quel support -téléphone, télex, réseau Internet – peut être interceptée aux fins de prendre connaissance de son contenu.
La deuxième caractéristique, c’est que le réseau Echelon exerce ses activités grâce à la complicité intéressée de certains Etats (Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), ce qui constitue un plus par rapport aux systèmes nationaux de renseignements : les pays parties du système Echelon peuvent se partager l’utilisation de leurs installations d’interception, les tâches en résultat et les résultats obtenus.

Cependant l’empire US transmet en temps réel à la prunelle de ses yeux : Israël (qui ne fait pourtant pas partie de l’ensemble des pays Ukusa) TOUTES les informations recueillies.

Parallèlement, un intérêt est également manifesté pour des informations importantes du point de vue économique qui peuvent porter sur des nouvelles technologies ou des contrats avec l’étranger. Les risques que pourrait présenter, pour la sphère privée et les milieux économiques un système du type Echelon ne résultent pas uniquement du très grand potentiel de ce système de surveillance, mais procèdent bien d’avantage du fait qu’il fonctionne dans un espace qui échappe à toute règle juridique. De par son statut d’étranger, la personne dont les messages sont interceptés ne dispose d’aucune protection juridique intérieure. « Comme nous l’évoquions dans notre n° 92, cet état de fait résulte également de la course technologique à laquelle se livre le renseignement US » (4)
Le Parlement européen a traité de ce réseau « pouvant mettre en danger les sécurités nationales » des pays européens. Le dossier semble plutôt avoir été maltraité puisque, d’abord, parce que le Parlement européen a opté pour une commission « temporaire » parce que « la constitution d’une commission d’enquête n’est possible qu’aux fins d’examiner des violations de droit communautaire dans le cadre du traité CE »(1) Alors il a commencé à piocher dans son jardin, c’est-à -dire qu’il a écouté les services de renseignements européens. On a bien voulu lui donner ce que presque tous les lycéens connaissent. Voici sa manière de « traiter » le réseau Echelon concernant le volet belge : « Il existe deux services de renseignement, l’un militaire et l’autre civil. Le service général du renseignement et de la sécurité des forces armées est placé sous l’autorité du ministre de la Défense. Des missions consistent à rassembler et analyser des informations concernant les activités susceptibles de présenter une menace pour l’intégrité territoriale nationale, les projets de défense militaire, le déroulement des missions militaires ou la sécurité des ressortissants belges à l’étranger. Le Service général est, en outre, chargé d’assurer « la sécurité du personnel de l’armée et des installations militaires » ainsi que « le caractère confidentiel des informations militaires ». Le service d’information civil, la Sûreté de l’Etat relève du ministre de la Justice sur le plan de l’organisation, tout en étant également à la disposition du ministère de l’Intérieur. Il a pour mission de rassembler et d’analyser toutes les informations susceptibles de représenter une menace pour la sûreté intérieure, l’ordre démocratique et constitutionnel, la sûreté extérieure, les relations internationales, le potentiel économique ou d’autres intérêts fondamentaux. Des tâches lui incombent, en outre dans le domaine du contre-espionnage, de la surveillance des mouvements politiques extrémistes et de la sécurité des personnes(2) . A l’instar des autres services de renseignement européens, point ici de réseau Echelon. Aux Etats-Unis, c’est mieux. Voilà la retranscription des déclarations de M. Arthur Paecht (3) : « Tout au long de mon enquête, je me suis heurté à la réponse suivante : « Echelon cela n’existe pas ». Le système d’interception existe et c’est que j’ai essayé de démontrer à travers mon rapport ».
Une manœuvre machiavélique voudrait que « les craintes éveillées par la menace du réseau anglo-américain visent (…) à mettre en accusation les pays européens coopérant au système. Il s’agirait, par exemple, de semer la zizanie entre les membres de l’Union européenne »(5). Ceci set dit sans honte aucune alors que comme l’a expliqué M. Alain Pompidou, président du Comité d’évaluation des choix technologiques et scientifiques (4STOA) du Parlement européen. Mais comme elles commercent avec les Etats-Unis elle se taisent.
Des preuves ? seul le directeur des services secrets australiens a eu le courage d’en parler, suite à un reportage sur ce sujet diffusé à la télévision australienne, M. Martin Brady, le directeur des services secrets australiens (DSD) a mis un terme à plus de cinquante années de secret officiel et lâché les mots tabous : l’agence australienne {des services secrets}coopère en effet avec ses homologues américains dans l’organisation d’interception étrangères.
Tout est dit.

…Ou presque ?
Dj. B.

(1) Article193 TCE
(2) Document de travail du Parlement européen n° PE 294.997
(3) Arthur Paecht, rapporteur de la Commission de la Défense et des Forces Armées.
(4) Le Journal du Mardi du n° 73 du 21 au 27.10.2000
(5) Idem

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