ISRAËL/PALESTINE. Rétropédalage: Netanyahu se dit favorable à une solution à deux Etats

Posted on mai 21, 2015 @ 9:00

Allain Jules

Benjamin Netanyahu

ISRAËL/PALESTINE — Suite à sa rencontre avec la cheffe de la diplomatie de l’UE, le Premier ministre israélien s’est dit favorable à une solution à deux Etats.

Benjamin Netanyahu s’est dit mercredi 20 mai au soir favorable à une solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien, après une rencontre avec la cheffe de la diplomatie de l’UE. Le Premier ministre israélien a par ailleurs enduré le premier couac de son gouvernement.

Il a dû annuler la décision jugée ségrégationniste d’un de ses ministres qui devait entrer en vigueur mercredi. Il s’agissait d’interdire aux Palestiniens allant travailler en Israël de rentrer en Cisjordanie par les mêmes bus que les Israéliens.

La séparation des bus «impensable»

Pour le ministère israélien de la Défense, cette mesure édictée au nom de la sécurité devait être appliquée durant trois mois. Elle a suscité un tel tollé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé d’annuler cette interdiction. Celle-ci aurait concerné des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie occupée.

Le président israélien Reuven Rivlin s’est félicité de la marche arrière du gouvernement, qualifiant d’«impensable» la séparation des bus entre juifs et arabes. Il a estimé qu’une telle idée «allait à l’encontre des fondations même de l’Etat d’Israël».

Bâtiment et restauration

Quelque 92’000 Palestiniens sont employés en Israël de façon légale ou illégale, selon la Banque d’Israël. Environ 52’000 sont titulaires d’un permis de travail en Israël, selon le Cogat, organe du ministère de la Défense qui coordonne les activités israéliennes dans les Territoires.

Les Palestiniens trouvent en Israël des emplois, notamment dans le bâtiment et la restauration. Ils y obtiennent des salaires bien plus élevés que dans les Territoires.

De longs contrôles

Chaque jour, ils quittent leur domicile au milieu de la nuit pour se rendre à pied ou en utilisant des services de taxis collectifs à des points de passage vers Israël où ils sont soumis à des contrôles de sécurité dont la durée varie. De là, ils rejoignent leur lieu de travail en Israël, grâce à un système de voiturage privé organisé par leurs employeurs ou des taxis collectifs.

Ces dernières années, les travailleurs palestiniens ont pris l’habitude d’emprunter les lignes directes d’autobus israéliennes. Ce qui leur permet de regagner plus rapidement la Cisjordanie le soir, car les Palestiniens ne sont pas soumis à un contrôle de sécurité à leur entrée dans le territoire palestinien.

Image d’Israël écornée

Ce projet d’interdiction, sans précédent depuis l’occupation de la Cisjordanie en 1967, aurait considérablement rallongé le trajet de ces Palestiniens. Elle a provoqué une vive controverse et les protestations de l’opposition et d’organisations de défense des droits de l’Homme qui la jugent ségrégationniste, humiliante et inutile.

On s’est ému jusque dans le camp de la droite du nouveau coup que risquait de subir l’image d’Israël, le jour même de la venue de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini en Cisjordanie et en Israël. Il s’agit de la visite de la plus haute responsable étrangère en Israël depuis la formation du nouveau gouvernement.

«Solution à deux Etats»

Federica Mogherini a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah. Elle s’est ensuite entretenue avec Benjamin Netanyahu. Ce voyage est l’occasion pour elle de sonder les intentions des deux parties.

Le Premier ministre israélien s’est dit favorable à une solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien. «Nous voulons une paix qui mette une fois pour toute fin au conflit (…). Je ne suis pas favorable à une solution à un Etat (…) je soutiens la vision de deux Etats pour deux peuples», a dit Benjamin Netanyahu à Federica Mogherini.

Territoires annexés

Un Etat palestinien établi sur les territoires annexés par Israël lors de la Guerre des Six-Jours en 1967 devra être démilitarisé, a-t-il expliqué. Il a dit vouloir discuter avec Federica Mogherini «sur la façon dont nous pouvons faire avancer cette vision». La cheffe de la diplomatie européenne lui a répondu qu’elle veut discuter avec lui des possibilités de «relance du processus de paix».

Par ailleurs, l’ONU souhaite travailler avec le nouveau gouvernement israélien pour promouvoir une «solution à deux Etats», a indiqué mardi soir le nouveau coordinateur spécial de l’ONU au Proche-Orient. «La période qui s’ouvre sera cruciale pour l’avenir du processus de paix», a ajouté Nickolay Mladenov.

(ats/Newsnet)