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25 avril 2024

Le couteau du FMI sur la gorge de la Tunisie


Publié par Saoudi Abdelaziz

Photo DR

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« Si mon pays avait suivi, à l’aube de son indépendance, les politiques économiques préconisées par la Banque Mondiale et le FMI, il serait aujourd’hui en faillite» affirme l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad. Quel avenir pour la Tunisie, condamnée par ses gouvernants à obéir aux injonctions du FMI?

Par Marwene El Gabsi, 23 mai 2015

Le Fonds Monétaire International (FMI) a accordé à la Tunisie un délai de sept mois pour « permettre aux autorités tunisiennes de parachever les réformes et tenir ses engagements. Ce qui constitue, selon Ezzedine Saidane, « un avertissement ». Car pour l’analyste tunisien, dans le cas où notre pays ne parvient pas à honorer ses engagements d’ici la fin de l’année en cours, le FMI ne lui versera pas les 600 millions de dollars restants, sur le montant global de  1,75 milliard de dollars, approuvé par l’institution financière, le 7 Juin 2013. Il est donc vraisemblable que le gouvernement tunisien finisse par plier aux injonctions, alors que le pays vit une crise économique et sociale particulièrement aigue. Au point où certains observateurs font état de suspicions sur la capacité de l’Etat à verser les retraites et les salaires des fonctionnaires dans les délais. Faut-il pour autant mettre au clou nos bijoux de famille ?

« Si mon pays avait suivi, à l’aube de son indépendance, les politiques économiques préconisées par la Banque Mondiale et le FMI, il serait aujourd’hui en faillite» a affirmé l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, le 11 mai dernier, lors d’une conférence internationale au Koweït. Et le dirigeant qui a contribué à faire son pays l’un des tigres asiatiques les plus en vue, n’est pas le seul à défendre cette opinion.

L’un des analystes les plus éminents du décollage économique de la Corée du Sud,  l’économiste Ha-joon Chang, ne tient guère un langage différent. Et sa position est d’autant plus intéressante, que le PIB par habitant de son pays, culminait, en 1960, à 260 dollars, soit au même niveau, à l’époque, que celui des Etats les moins avancés d’Afrique ou d’Asie. Or la Corée du Sud figure aujourd’hui parmi les leaders mondiaux de la technologie. Les secrets de la réussite ?

Selon Ha-joon Chang, les pays développés n’ont pu s’enrichir qu’en menant des politiques à la fois massivement interventionnistes et protectionnistes. Dans un ouvrage publié en 2008, intitulé “Bad Samaritans: The Myth of Free Trade and the Secret History of Capitalism”, il soutient en effet qu’exiger des pays en voie de développement qu’ils ouvrent leurs marchés et privatisent leur économie, frise l’escroquerie. Puisqu’il affirme que ce sont justement les politiques néolibérales imposées à ces pays au nom du développement qui les empêchent justement de se développer.

L’économiste sud-coréen, qui a paradoxalement travaillé en tant que consultant auprès de la Banque Mondiale, souligne en effet dans son livre, que l’ouverture totale des frontières à l’importation, ne saurait constituer un tremplin au développement, bien au contraire. Pour Ha-joon Chang, l’interventionnisme de l’Etat dans l’économie produit de bien meilleur résultats en termes de croissance, et se révèle beaucoup plus efficace pour sortir de la pauvreté. Et c’est ainsi que l’économie sud-coréenne, comparable à celle du Cameroun en 1960, en est arrivée là où elle est aujourd’hui.

A contrario, les solutions préconisées par les économistes du FMI pour la Grèce, se sont révélées «erronées », de l’aveu même des experts de l’institution internationale. Une funeste erreur, qui a entraîné ce pays à la civilisation millénaire, dans la faillite financière. Et voici que le FMI menace aujourd’hui de mettre le couteau sur la gorge de la Tunisie.

Source: mag14.com

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