Ne pouvant cacher que c’est leur armée qui avait pris l’initiative des opérations, au matin du 5 juin 1967, les dirigeants israéliens ont longtemps affirmé qu’ils n’avaient fait là que se prémunir d’une agression imminente, les discours belliqueux des dirigeants arabes confortant leur thèse.
A distance, la recherche a révélé un tout autre scénario. A savoir, que les dirigeants israéliens, et plus particulièrement les chefs de l’armée, réclamaient une guerre.
L’historien israélien Tom Segev raconte bien comment, dans les semaines puis les jours qui ont précédé l’attaque, les généraux n’ont cessé de faire pression pour « régler nos comptes avec les Arabes une fois pour toutes ». Enervé par les hésitations du Premier ministre Levi Eshkol, un général nommé Ariel Sharon envisage même un coup d’Etat militaire pour s’assurer que la guerre aura bien lieu, et il s’en ouvre à son chef Ytzhak Rabin.
Finalement, Eshkol accepte, mais il exige que Washington donne son feu vert préalable. Le Président américain Johnson dit OK, et confirme aux délégués israéliens que militairement, ils disposent bien d’une supériorité a priori écrasante. Un gouvernement « d’Union Sacrée » est formé, où est convié, pour la première fois, le patron de l’extrême-droite Menahem Begin, et c’est l’attaque.
L’aviation israélienne détruit au sol une armée de l’air égyptienne assoupie sur des aérodromes non protégés, et permet à ses troupes terrestres de mener une offensive-éclair, qui conduit à la conquête rapide de la bande de Gaza, du Sinaï, de la Vieille Ville de Jérusalem et de la Cisjordanie, ainsi que du plateau du Golan en Syrie, avant que les Nations Unies ordonnent un cessez-le-feu. Le « Grand Israël » prend forme.
par CAPJPO-EuroPalestine