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16 avril 2024

Lettre ouverte au Journal La Croix à propos de son dossier « Quelle paix en Syrie ? ».


La Syrie, le journalisme chrétien et la Science d’Etat en France.

Lettre ouverte au Journal La Croix à propos de son dossier « Quelle paix en Syrie ? ».

  1. Bensmail

15/06/2015

Dans un dossier intitulé « Quelle paix en Syrie ?», paru vendredi 24 avril 2015 et composé de trois contributions, le journal La Croix introduit d’emblée : « Sourd à toute idée de réforme, le régime de Bachar al-Assad résiste farouchement aux attaques de l’opposition armée ».

 

Alors que dans la première de ces contributions, « Soulager la population », Monseigneur Pascal GOLLNISCH, directeur général de L’Œuvre d’Orient,  apporte un point de vue équilibré, les deux autres sont curieusement éloignées de l’objectivité à la base du métier de chercheur. Leurs auteurs, respectivement d’« Une guerre de Trente Ans » et du “(Le) prisme de l’émotion”, sont en effet Camille GRAND, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), et Matthieu REY, Maître de conférences auprès de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France.

 

Seule, la parole invitée de l’homme d’église – le plus apte avant tout à la compassion à l’égard des victimes ? -, est informée d’une connaissance in situ. Les autres, pourtant marquées du sceau de la légitimité scientifique, ne donnent hélas qu’une construction argumentative peu ou prou étayée par une expérience actualisée du terrain.

 

A ces experts en géopolitique nucléaire et en histoire politique, nous avons envie, en tant que simple lecteur, de poser une ou deux questions simples mais cependant essentielles : Avez-vous séjourné plus ou moins longuement en Syrie depuis 2011? Et si oui, à quelle(s) période(s) et sur quel(s) territoire(s) : celui tenu par l’Armée Arabe Syrienne ou, au contraire, celui contrôlé par l’un des groupes dits « rebelles »? [1]

 

Plus encore, puisque vous évoquez la grande brutalité et la sauvagerie du « régime » de Bashar el Assad : seriez-vous prêts aujourd’hui, comme français et spécialistes de ces questions, à séjourner dans l’une des zones tenues par la milice la plus puissante de la « rébellion » : Joubhat el Nusra, affiliée à el Qaida, voire l’un des groupes rivaux ayant fait allégeance à Da’ech ?

 

François, un ancien haut fonctionnaire soucieux d’échanger sur un « Islam de plus en plus violent » – selon lui -, m’a tancé à la lecture de cette lettre « impubliable » et « agressive » : il est inutile de procéder par attaque personnelle ! Mais est-ce là des questions en rapport avec la vie privée de ces experts – qui ont le pouvoir de rendre publiques leurs opinions avant tout personnelles et de les présenter comme vraies[2] ? Y a-t-il là une agressivité intolérable de la part d’un lecteur quand on lit les lettres poignantes et accusatrices des violences autrement plus terribles commises quotidiennement contre les Syriens : celles, par exemple, de Mouna Alno-Nakhal, « Alep : de quelle couleur es-tu ? »[3], et du Docteur Nabil Antaki, «Ce qui se passe en Syrie »[4] ?

 

Expertise médiatique & témoignages chrétiens en Syrie

En observant le paysage de l’expertise française médiatisée, il ne faut pas s’étonner de la cécité et de l’autisme de nos dirigeants qui écoutent leur cour de conseillers et de communicants officiels et officieux – payés avec nos impôts s’il vous plaît – pour obtenir confirmation de leur propre dissonance cognitive, mais également de leur vision inhumaine, cynique et impitoyable du Monde. Dans Spoutnik[5], Alexandre Latsa relève à propos de l’alliée russe de la Syrie – le dossier ukrainien est étroitement lié à la Syrie et renvoie à la nouvelle et dangereuse guerre froide imposée par les USA à la Russie diabolisée -, ce déni permanent et systématique de la réalité :

« Les experts omniprésents tant dans la sphère médiatique que dans divers instituts n’ont finalement rien produit de réaliste à propos de l’évolution de la situation en Russie, et ils n’ont pas beaucoup éclairé la lanterne des décideurs politiques français, c’est le moins qu’on puisse dire. Non, l’économie russe ne s’est pas effondrée et la plausible récession de cette année sera visiblement bien plus faible que prévue.

(…) La totale incapacité de la majorité des analystes et journalistes français à percevoir et à comprendre les réalités russes ne s’explique d’aucune façon rationnelle. Souvent, ils nient les évidences, comme aveuglés par une folie idéologique et dogmatique.

(…)Au lieu de nous inquiéter pour la gouvernance russe, il conviendrait plutôt de nous demander pourquoi nos élites journalistiques et politiques, en France et en occident, sabordent le navire commun sur lequel nous nous trouvons.

Et l’on se prend à rêver de l’arrivée d’une génération de conseillers consciencieux et lucides, des conseillers dont l’État français manque cruellement en ce moment.»[6]

 

Pour en revenir à La Croix, seul quotidien encore crédible à mes yeux – et à ceux de nombreuses personnes de tout horizon que je côtoie -, encore capable de produire une analyse relativement objective de l’actualité, deux spécialistes sur trois réitèrent un point de vue biaisé de la situation en Syrie. Vos ajouts rédactionnels : le chapeau introductif, les « Repères » dans lesquels on lit que « 20 000 personnes sont portées disparues après être passées par les prisons du régime », les extraits d’une lettre importante des Évêques catholiques et orthodoxes[7], vont dans le même sens : dénoncer et diaboliser Damas, afin de préparer l’opinion publique (française) à la destruction finale de ce pays qui a tant œuvré à notre propre sécurité[8]. Quelle belle gratitude !

Peut-être aurait-il été utile, aussi, d’ajouter une ou deux pièces au dossier, cette étude de François Belliot par exemple, « Autorités chrétiennes de Syrie censurées ou diffamées par les médias »[9], précédée de son « Syrie : Comment les médias français intoxiquent l’opinion publique »[10], ou cette lettre de Mgr Samir NASSAR, Archevêque Maronite de Damas :

« A QUELLE HEURE NOUS ALLONS MOURIR ?

Entre Noël et la tempête, la famille syrienne est prise en tenailles… D’un côté le chant des anges pour la Paix et de l’autre une tempête sans merci.

La tempête sauvage et cruelle propose :

1)   la mort sous les bombes

2)   les balles des francs-tireurs

3)   Les voitures piégées

4)   L’enlèvement et échange de rançons

5)   L’insécurité des routes

6)   L’inflation et tous genres de pénurie

7)   l’Embargo et l’étouffement de l’économie

8)   La vie en nomade, sans domicile

9)   Année scolaire perdue, écoles fermées …

10) Vivre l’hiver sans vêtements chauds ni chauffage.

11)  Mourir loin des parents, de la paroisse et des caveaux familiaux

12)  Sans travail ni ressources, attendre l’aumône irrégulière.

Cette litanie interminable de souffrances et de misères se prolonge chaque jour devant le silence mondial. Même les aides humanitaires n’arrivent qu’à une minorité des millions de  réfugiés et familles sinistrés abandonnés à leur triste sort.

Devant cette crise sans issue et sans merci, la famille syrienne porte seule ses lourds fardeaux et se tourne vers la Crèche Divine pour trouver refuge auprès de la SAINTE FAMILLE, prier en silence et  écouter la symphonie des Anges :

GLOIRE À DIEU…ET PAIX SUR LA TERRE…

Écoutant les bombes tomber sur le quartier, un enfant de quatre ans collé à sa maman les larmes aux yeux, l’interrogeait toute la journée : maman à quelle heure nous allons mourir?

ENFANT DIVIN, ROI DE LA PAIX…PRENDS PITIÉ ! »[11]

Pointe-t-il du doigt l’Armée arabe syrienne (AAS), cet appel à la pitié ? Comme pour l’usage des « armes chimiques », dont même les médias les plus hostiles au Président Assad ont dû finalement avouer la fausseté de l’attribution au « régime »[12], avez-vous des informations concernant la pratique chez ses soldats du tir de mortier aveugle, de la voiture piégée ou du rapt visant des civils?

 

Pourquoi ne pas donner la parole au Père Rodrigo Miranda, par exemple :

« Ce que désire le peuple syrien par-dessus tout, c’est que dans les autres pays, on raconte ce qui se passe vraiment en Syrie. (…) et non de parler de ‘’régime’’, de vouloir cataloguer à tout prix comme ‘’dictateur’’ tous ceux qui ne font pas ce que [certains pays] veulent (…). On ne peut pas appliquer la démocratie telle que nous l’entendons, à des pays où le substrat culturel est totalement différent : il faut respecter la diversité et la culture de l’autre, c’est comme cela qu’on garantit la paix. »[13]

 

Alors que Monseigneur Gollnisch rappelle à juste titre que le « président Assad » est un « chef de l’État reconnu d’un pays souverain » il affirme en connaissance de cause : « Nous ne pouvons négocier avec les groupes ultra-violents qui terrorisent la population ». Ce principe essentiel dans la résolution des conflits est à nouveau souligné : « Donner la parole aux Syriens eux-mêmes », tout en étant complété en ce même sens de respect de l’autre :

« Il n’y a pas qu’une forme de démocratie. La Syrie a sans doute besoin d’une forme fédérale permettant aux différentes composantes de jouir d’une autonomie suffisante ; il appartiendra alors aux Syriens de désigner leurs dirigeants. »

 

Cette parole essentielle, qui rejoint la position de Mère Agnès-Mariam de la Croix[14], vaut aussi pour toute investigation journalistique : donner la parole aux concernés, c’est-à-dire aux acteurs et aux témoins de cette tragédie. Où sont-ils dans votre dossier ? N’y a-t-il pas de Syriens, sur place ou en France, susceptibles d’apporter un éclairage plus juste et moins idéologique? Des arabes, des kurdes, des yazidis par exemple, musulmans, chrétiens, juifs ou d’autres encore qui pourraient « rationaliser des scénarios menant à la paix », comme le prétend votre rédacteur en chef, J. – C. Ploquin ?

 

Du Moyen-Orient à l’Europe et au Maghreb, tout autour de la Mer Méditerrané, des pistes sérieuses d’analyse et de lutte contre le terrorisme sont pourtant données pour qui veut écouter[15]. Vous ne les évoquez même pas.

 

  1. Rey, l’historien qui élude la permanence du projet colonial

Prenons le premier de vos spécialistes scientifiques.

Jeune agrégé détaché au Collège de France, Matthieu Rey[16], dans sa contribution pourtant assez nuancée, nous laisse penser à la quasi-inexistence de l’Armée Arabe Syrienne – qui a tant sacrifié depuis 2011[17]. Celle-ci ne se serait plus qu’« une coalition de milices, plus ou moins autonomes, développant des liens avec des forces étrangères armées. »Voici donc une armée régionale puissante – et pour preuve !, réduite à un ensemble hétéroclite et désorganisé de bandes armées implicitement incontrôlables!?

 

Soit dit en passant, que diriez-vous si la France venait à être attaquée par un flux continu de dizaines de milliers de terroristes ? Nos forces de sécurité auraient alors tout intérêt à être particulièrement aguerries (le sont-elles vraiment face à un éventuel terrorisme urbain de grande ampleur?…), agiles mais unifiées, rationnelles mais prêtes au don de soi. Imaginez un seul instant ! En ville ou au travail, cette simple hypothèse en a scandalisé plus d’un : « Mais ce n’est pas possible ! », « Justement, ça ne peut pas arriver en France ! », « Nous sommes une démocratie bon sang !! »

 

En voyant l’extraordinaire endurance de la société syrienne, que dire de notre société à nous, en état d’anomie[18], société atomisée et vulnérable dont les États-majors de défense s’inquiètent à juste titre de sa faible capacité de résilience face aux traumatismes à venir ? A ce sujet, lors d’un récent échange, un colonel de la place de Paris m’a confié en effet cette grande préoccupation des Armées[19].

 

Il est à ce propos un peu étrange que ceux avec qui j’ai toujours un peu de mal à échanger librement fassent partie des classes moyennes ou supérieures, cadres supérieurs d’entreprises ou de la fonction publique. Je pense là à mon ami Dominique, terrien plein de bon sens, travaillant chez un opérateur de téléphonie, à Daniel, chrétien et concerné par ses frères d’Orient, à des universitaires, médecins, professions libérales, fonctionnaires, simples voisins.

 

La semaine dernière, dans une boutique du boulevard Saint-Michel, j’attends sagement mon tour. Celui qui discute longuement et ironiquement avec la vendeuse a le look reconnaissable entre mille du professeur de la Sorbonne : gabardine coûteuse, serviette en vieux cuir si élégante, nœud papillon de rigueur et surtout ce verbe haut et ce regard altier… Un appel le dérange. Il y répond néanmoins après avoir vérifié le numéro (probablement l’un de ses pairs) et s’empresse d’annoncer, fièrement et sur un ton bien plus agréable, la publication de son « article sur l’Iran dans une revue au Koweït »…

 

En effet, du financement du département des Arts islamiques du Musée du Louvre (la Réunion des Musées Nationaux réduite à jouer à la vieille demoiselle en quête d’un parti avantageux!) au prolongement de la Sorbonne aux Emirats Arabes Unis (la doyenne des universités chez les Bédouins !), la France académique et culturelle s’est depuis quelques années déjà solidement acoquinée à ses sponsors pétro-monarchiques, suivant docilement leur iranophobie en plus de leur amour du billet vert. Est-ce vraiment la bonne voie ?

 

Pour M. Rey, l’historien que vous avez invité, il s’agit en Syrie tout simplement d’un « soulèvement contre des tyrannies ». Grosso modo, rien ne peut nous arriver dans notre si « douce France » car nous sommes en démocratie, un pays leader évidemment. Eux, les moyen-orientaux, les arabes, mais aussi les slaves et les russes, sont les barbares et les despotes !

 

Les nombreux témoignages, parfaitement documentés, relayés même par des médias anglo-saxons voire continentaux, rapportent les techniques identiques de déstabilisation – de « proxy war » – par assassinats croisés de manifestants et de forces de l’ordre, via de mystérieux snipers sur les toits provoquant l’embrasement général en Libye[20], comme au Maïdan de Kiev[21]et en Syrie[22]. Malgré des officiels sécuritaires et des diplomates européens, malgré les preuves matérielles dûment authentifiées notamment les services allemands et français notamment, cela n’a donc tout simplement pas existé pour nos médias et nos intellectuels.

 

Marc, l’un de mes camarades comme je les aime, chef d’entreprise désabusé dans le conseil en sécurité et ancien nageur de combat d’une unité d’élite, m’interroge rigolard il y a quelques mois lors d’un repas sans chichi :

« Mais, dis-donc, pourquoi, lors du salon de l’armement à Satory, la délégation militaire algérienne n’était intéressée que par les fusils de précision longue portée et rien d’autre? Que se passe-t-il là-bas!! »

 

Même pendant la décennie sanglante des groupes armés du GIA et de l’AIS[23], l’acquisition de cette arme particulière n’a jamais été exclusive des autres moyens de lutte anti-terroriste[24]. Les enseignements sur les techniques de sniper, à Benghazi, à Tripoli comme dans d’autres lieux mortels des « printemps arabes » – celles-là qui provoquent une cassure sanglante et définitive entre un État autoritaire et une population à bout de souffle, l’avertissement donné cet hiver à l’Algérie par Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires Étrangères de la Russie, quant à une prochaine déstabilisation, les tout derniers messages secrets interceptés de Da’ech planifiant une attaque d’envergure par les frontières libyennes, peuvent peut-être expliquer maintenant ce besoin si pressant.

 

Votre expert, pour en revenir à lui, nous explique :

« Les régimes de Damas et de Bagdad partagent une gestion confessionnalisée de leur population, avec l’exclusion de groupes de citoyens et la mise en valeur d’autres ; l’absence de formule politique d’avenir pour la gestion des besoins de la population ; et une approche exclusivement sécuritaire des problèmes. »

 

Or, en dépit des pronostics (toujours très assurés) du Quai d’Orsay[25] – qui a fait la sourde oreille à son Ambassadeur de l’époque en place, Éric Chevalier, tout en lui tirant la sienne[26] –, si l’Armée Arabe Syrienne ne s’est toujours pas effondrée, c’est précisément parce qu’en plus d’être rustique et soudée sous un commandement fiable, elle intègre toutes les confessions et les couches de la société. Au fur et à mesure des monstrueuses exactions commises par les groupes armés « modérément » décapiteurs, cette armée est apparue comme le seul rempart au chaos, au viol, à la rapine et au meurtre. Les unités même les moins aguerries évitent autant que possible les pertes civiles – ou « dommages collatéraux »[27].Tout officier syrien sait en effet que la victoire finale consolidée dépend de la population ; et c’est bien pour cela que les groupes terroristes les utilisent comme boucliers humains, gelant des quartiers (voire des villes entières) de toute attaque massive – contrairement à une énième campagne de désinformation relayée par nos grands médias en perte continue de crédibilité[28].

 

Parler de « gestion confessionnalisée » des populations, et d’ « absence de formule politique d’avenir pour la gestion des besoins de la population » est erroné puisque, quatre ans plus tard, en dépit d’une guerre acharnée par procuration, en dépit des pertes humaines considérables[29], de l’exode massif qui dévitalise l’économie, et de la destruction de plus de 70 % des infrastructures[30] – profite-t-elle vraiment à la population ? -, le « régime » est toujours là, appuyé par la grande majorité. Regardez ces vidéos et photographies de foules immenses allant voter[31], voyez comment les habitants des villes et villages accueillent en liesse les unités victorieuses.

Ah ces Syriens qui ne comprennent rien!…

 

Plus loin, au niveau de la « Syrak »[32], M. Rey relève cependant et à juste titre l’absence d’”objectif de guerre” contre Da’ech par la coalition pilotée par les USA, sous la bannière de laquelle la France s’est sagement rangée. Dommage qu’il n’aille pas plus loin. Pourquoi donc, de l’avis des nombreux observateurs locaux et internationaux, les frappes aériennes coalisées se contentent-elles d’affaiblir et de repousser Da’ech (par ailleurs bien renseigné et approvisionné) des zones jugées utiles (pétrolières ou kurdes alliées, à Erbil, par exemple)[33]? L’efficacité des frappes aériennes dont on nous vante les mérites est en effet largement remise en cause dans certains cercles militaires arabes et occidentaux, malgré les opérations de communication ici et là[34], sans parler d’une presse internationale plus objective qui parle de plus en plus de soutiens ponctuels avérés de l’appui aérien coalisé en faveur d’unités Da’esh en mauvaise posture face aux brigades des résistances populaire et tribale.

Plus généralement, comment une organisation terroriste aussi bien organisée, armée et financée a-t-elle pu voir le jour aussi vite, conquérir plus du tiers de l’Irak en quelques semaines, exceller en art militaire tactique et maitriser aussi bien les ressorts de la guerre psychologique que médiatique? Qui sont exactement, parmi nos chers amis qatari-saoudiens – amoureux de la culture française, donateurs au Musée du Louvre mais aussi investisseurs immobiliers et sportifs !-, les réseaux et circuits de leurs sponsors, formateurs et pourvoyeurs d’équipement?[35] Quid aussi de la Turquie dirigée par les Frères musulmans, cette bourgeoisie islamiste et mercantile nostalgique de l’histoire ottomane ? A qui finalement profite cette noria furieuse et proliférante[36]?

Il est vraiment dommage donc que l’analyse intéressante de M. Rey (la crise syrienne perçue au prisme de l’émotion, et la critique de la tradition française de valorisation exclusive des minorités)[37] ne s’arrête qu’au seuil des raisons véritables et profondes de la destruction systématique et continue de l’un des derniers grands pays arabes fidèles à l’esprit de la Résistance.

Résistance à la colonisation et à la domination.

Mais où donc est justement passé l’esprit français de résistance ?

Tout juste après le 70ème anniversaire de la libération du Camp de Ravensbrück, je pense aux milliers d’histoires héroïques d’une France en guerre, à Martha Desrumaux par exemple, qui survécu à son internement aux côtés de Geneviève de Gaulle – Anthonioz et de Germaine Tillion – celle-là même qui a naturellement œuvré pour l’indépendance de l’Algérie. Après son engagement politique de jeune femme en colère face à « la rudesse des ordres » dans les usines de textile, basculant dans la clandestinité, Martha jetait des pavés dans les vitrines du centre de la propagande nazie à Lille :

« La résistance telle que nous la comprenions alors prenait toutes les formes capables de soutenir le physique et le moral des détenues et d’affaiblir le potentiel de guerre de l’Allemagne. »[38]

Où sont passés ces pavés dans la mare à défaut de vitrine?! Où est donc cette grande tradition critique, journalistique et même scientifique de la France, celle qui défend avec courage l’homme dans ses dimensions de vérité, de justice et de fraternité – celle qui lutte contre l’asservissement et la propagande ?

Pourquoi notre expert en vue évite-t-il de nous expliquer sur le fond ce que tout étudiant en Licence d’histoire sait, ce qu’il ne peut ignorer lui-même de ces “traditions diplomatiques” dont il nous parle ? Appuyées sur la survalorisation et la soi-disant protection des minorités[39], celles-ci ont été forgées tout au long du colonialisme et ont été modelées à son service. C’est là un point essentiel et indiscutable.

Si l’on étudie cette relation organique entre pensée diplomatique et esprit de conquête et de colonisation depuis le 16ème siècle et surtout la fin du 18ème, nous pouvons alors comprendre ce qui aujourd’hui se passe en Syrie et ailleurs. Les accords de Sykes-Picot, le démembrement colonial, les accords non respectés, les massacres de l’Armée française… Avez-vous lu quelque rappel historique de ce genre dans les analyses autorisées, une critique des permanences actuelles de la pensée néocoloniale française dans ses actions politiques et militaires, notamment depuis l’ère de N. Sarkozy et même celle, finissante, de Jacques Chirac[40] ?

Écoutons A. Vitchek, grand reporter, écrivain et journaliste d’investigation évidemment peu connu en France, qui vient de publier ses entretiens avec Noam Chomsky sur le terrorisme et l’Occident :

« Après la Seconde Guerre mondiale, de l’Afrique du Nord à l’Iran, (les peuples) optèrent pour différentes formes de socialisme. Mais ils n’ont jamais été autorisés à suivre leur propre chemin. Tout ce qui était laïc et progressiste fut brisé, détruit par les maîtres occidentaux du monde. Puis vint la deuxième vague d’États semi-socialistes : la Libye, l’Irak, la Syrie. Ces derniers ont été bombardés et détruits aussi, car rien de socialiste, rien qui puisse être au service du peuple n’est toléré dans le « tiers monde » tel que conçu par Washington, Londres et Paris.

Des millions sont morts. L’impérialisme occidental a orchestré des coups d’état, dressé des frères les uns contre les autres, bombardé des civils et envahi directement lorsque toutes autres moyens pour atteindre ses objectifs hégémoniques avaient échoué. 

(…) Le résultat est atroce : l’une des civilisations les plus avancées de la terre a été convertie en l’une des plus rétrogrades. »[41]

 

De cela, de cette « kill list » (Libye, Irak, Syrie), le jeune arabisant M. Rey, très rapidement promu au Collège de France – le Saint des Saints vieillissant des lieux du savoir parisien – depuis sa soutenance de thèse sur la Syrie en 2013, ne peut certes nous entretenir[42].

L’écrivain serbe Slobodan Despot, amoureux de la langue française mais polyglotte, écrit avec justesse :

« La vraie guerre de civilisation, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople, apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désamorcer. Étant entendu que la menace islamique n’est que le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l’action des services d’État occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité. »[43]

 

C. Grand, le spécialiste de la prolifération nucléaire et sa « guerre de Trente ans »

Quant au géopoliticien Camille Grand[44], de la Fondation de la Recherche Stratégique, les choses sont plus évidentes encore tant son analyse est simpliste : “une guerre de trente ans”. Bruno Tertrais[45], maître de recherche dans ce même centre de recherche – et dont les « Prolifération nucléaire, Dissuasion nucléaire, Stratégie militaire” figurent comme mêmes spécialités que son directeur, explique dix jours après la parution de l’interview de ce dernier dans vos colonnes, que l’attaque massive de l’Arabie Saoudite contre le Yémen est « peut-être une « guerre de trente ans »».[46] La puissance d’analyse de la Fondation concernant notamment le Moyen-Orient – avec ses dizaines de chercheurs – ne peut donc aller plus loin que cette formule binaire et lapidaire renvoyant à la « rivalité sunnite-chiite (…), conflit de longue haleine. »[47] ?! Cette clé peut-elle sérieusement ouvrir un tant soit peu la complexité de l’Orient?

Équilibre et nuance, objectivité, démonstration ? Le lecteur est encore une fois laissé sur sa faim. La même doxa officielle est reprise fidèlement sans l’ombre d’un questionnement, d’un renouvellement conceptuel. Le conflit n’est que la conséquence « d’une révolution pacifique inspirée des événements de Tunisie et d’Égypte, (…) transformée en une guerre civile d’une brutalité insoutenable mettant aux prises plusieurs factions ».

Selon C. Grand, «la cruauté de la répression du régime a contribué à la radicalisation de la frange la plus extrême de l’opposition islamiste et a mobilisé des combattants étrangers venus du monde arabe et d’Europe, permettant l’essor de Daech, le soi- disant « État islamique ».” Dans d’autres colonnes, M. Rey n’hésite pas, lui aussi, à constater la même chose : « « La progression de l’EI en Syrie a constitué une véritable aubaine pour le régime.« [48] En somme, Da’ech étant décrété comme une coproduction du « régime de Bashar », il faudra donc se résoudre à détruire la Syrie par des bombardements massifs pour vaincre cette tumeur bien opportune qu’est l’ « État Islamique », aussi multivitaminé que multiforme. La boucle est bouclée, le raisonnement imparable !

C. Grand explique ensuite que “grâce au soutien financier et militaire résolu de ses parrains russe et, surtout, iranien, le régime contrôle encore une partie significative de la Syrie utile, au-delà de la seule zone alaouite”. Il suggère par là que Damas ne se préoccupe que des territoires utiles sur les plans économique et confessionnel et que son temps est compté. Nul mot bien sûr sur les flux ininterrompus d’argent, d’hommes[49], de matériels[50] et de renseignement aussi, de la part des sponsors régionaux et extrarégionaux du terrorisme islamiste.

En dépit de toutes les évidences, tel le pyromane qui prédit une forêt plus verte après son incendie, ce directeur de la Fondation de Recherche Stratégique rappelle curieusement plus loin : “la Syrie de demain sera toujours multiethnique et multiconfessionnelle”. Dans cette dissonance cognitive continuelle, la “gestion confessionnalisée” du conflit reste l’un des leitmotiv les plus puissants de cette doxa obligatoire.

Vraie guerre confessionnelle ou vraie volonté qu’elle le devienne ? Da’ech est en guerre contre tous, sauf contre ses sponsors – pour le moment …-, en Syrie comme ailleurs, pour asseoir son propre pouvoir, mais aussi pour répondre à un projet anglo-saxon déjà ancien : disloquer complètement le Moyen Orient, et avec lui tous les Etats-nations arabes, les réduire en petits Etats vassaux antagonistes. Nous devons donc remercier Samuel Huntington et son Choc des civilisations, qui a préparé le terrain, rappeler que ce chercheur a été avant tout « un conseiller très proche des présidents étatsuniens en matière de conduite de la guerre au Vietnam. »[51] A qui donc profitent ces forces qui poussent à la confessionnalisation du conflit sans fin, à l’affrontement perpétuel dans cette si riche partie du monde ? Pourquoi une telle explication en dépit des massacres dont sont victimes toutes les composantes religieuses et ethniques de la région, sunnites y compris ? Étrange pour ceux qui veulent « rationaliser des scénarios menant à la paix ».

Dans sa « narrative » officielle, C. Grand met en évidence la construction artificielle et perverse du discours convenu sur la question syrienne (et arabe), autant dans les milieux intellectuels que médiatiques, sans parler du politique. Lisons quelques-uns des thèmes favoris qu’il reprend sans rougir :

– Bashar Al Assad[52] ne peut faire partie de la solution “tant il porte une responsabilité écrasante dans les massacres comme dans l’émergence de Da’ech”. A noter à ce titre que « Bashar » a été plébiscité par plus de 80% de voix dans les dernières élections reconnues par les instances internationales[53] !

– L’existence d’une “frange démocratique”, alors que tous les rapports de renseignement occidentaux ont acté la disparition des unités« modérées » de l’ASL depuis au moins mi – 2013 ?! “L’opposition est faible militairement et divisée entre ses factions islamistes et sa frange plus démocratique.”…!

– le découpage surprenant mais réfléchi de la société syrienne – millénaire, rappelons-le – en éternelles « franges », allant de la « frange la plus extrême de l’opposition islamiste » et de la « frange démocratique ». Entre les deux, rien ? Aucune composante refusant autant l’autocratie fasciste islamiste que les impasses et les contradictions de la démocratie occidentale n’existerait donc ?! Cette société ne serait donc constituée que de franges, nullement de centre ?!

– la nécessité de “renforcer l’opposition modérée et rechercher les moyens de retirer au régime ses soutiens internes et externes.” Or, nul doute qu’au vu des terribles crimes contre l’humanité de Da’ech et des autres milices – « qui font du bon boulot… » dixit le grand collectionneur d’œuvres d’art L. Fabius[54], les soutiens sont au contraire plus forts encore, tant dans la majorité de la population[55], que dans l’opinion arabe et iranienne, sans parler de l’appui iranien et Hezbollahi, des milices irakiennes auxquelles s’ajoutent quelques bataillons panarabes[56]. Une mobilisation générale est en passe d’être décrétée dans les prochains jours…

– un “soutien sans équivoque des grandes puissances comme des acteurs régionaux (Turquie, Iran, Arabie saoudite)”. Hormis l’Iran, dont l’appui (avec la Russie) a été déterminant dans l’abandon des frappes aériennes par les USA début septembre 2013 (suivi de leur supplétif français mondialement ridiculisé), tout le monde –sauf ces fameux experts médiatiques – sait que la Turquie d’Erdogan et l’Arabie Saoudite des Ibn Seoud décadents et wahabi sont les moteurs régionaux de cette guerre par procuration. Même les supporteurs du club de Bastia l’on récemment exprimé avec leurs banderoles anti-PSG [57]!

Ah ces incorrigibles Corses !

On note par ailleurs de significatives erreurs discursives : la guerre en Syrie n’oppose pas « plusieurs factions entre elles » mais bien celles-ci contre le pouvoir de l’État organisé comme tel, quoiqu’on en pense. D’autre part, de quelle « radicalisation de la frange la plus extrême de l’opposition islamiste » s’agit-il ? Les factions ou « groupes islamistes extrémistes » – donc terroristes si je ne m’abuse ? – ne sont-ils pas par définition radicaux et violents ?! Comment la « frange la plus extrême » peut-elle être encore « plus radicale » ?! Y a-t-il un extrême de l’extrême ?! La répétition continuelle du discours officiel – mantra, qui devrait transformer la réalité vraie par sa seule force incantatoire, fait dire des choses surprenantes.

En plus des contre-sens, de l’illogisme, de l’absence surtout de connaissance de ce qui se passe en Syrie et alentours, C. Grand redessine les lieux communs du seul « story telling » autorisé. Comment, par ailleurs – si l’on en croit son curriculum-vitae -, un spécialiste de la non-prolifération nucléaire du Quai d’Orsay, propulsé à la tête de la FRS[58], fréquentant les cercles et think tank euro-américains, a priori sans publication sur la Syrie ou le Moyen-Orient politique d’aujourd’hui, peut-il être invité au débat sur la Syrie? Mystère ! La mise au pas de l’Iran, comme sujet de recherche et « danger nucléaire » à neutraliser, passerait-elle d’abord par le chemin de Damas ?! Tout pourrait commencer à s’éclaircir!

Journaliste-écrivain, notamment ancien responsable au service diplomatique de l’AFP, René Naba, nous éclaire différemment sur l’Iran :

«Comme un pied de nez à l’ensemble arabe, l’Iran, malgré guerres, embargo et ostracisme, accédera au rang de « puissance seuil nucléaire », alors que le Monde arable, qui a engagé près de 2000 milliards de dollars au titre des dépenses militaires depuis le dernier tiers du XXème siècle, soit environ 50 milliards de dollars par an en moyenne, demeure privé des trois attributs de la puissance moderne – la capacité de projection de puissance, la capacité de dissuasion nucléaire, la capacité spatiale du renseignement -, autant d’attributs qui lui font cruellement défaut à l’ère de la société d’information»[59]

 

Monsieur J. -C. Ploquin, vous qui avez été en charge de ce dossier, nous aimerions vous poser la même question initiale : Combien avez-vous effectué de séjours en Syrie depuis le début des violences pour avoir une haute et juste vue de son actualité, pour affirmer, entre autres, que cette guerre est « civile » ?

N’est-elle pas alimentée par des batailles et des attentats – ciblés ou aveugles – opposant une armée loyaliste d’un pays souverain[60] à des groupes armés de djihadistes internationaux ? Qui sont « les chefs de guerre » et leurs « parrains internationaux » dont vous parlez ? Bashar el Assad? Son Ministre de la Défense et ses généraux le sont-ils ? Voudriez-vous ramener sur le même plan les chefs d’États-majors et généraux d’un pays souverain aux chefs d’une milice de terroristes?

Djihadistes en Syrie – Néonazis en Ukraine : où sont passés nos journalistes ?

Dans un temps qui semble se rapprocher selon de sombres nuages dont la météo ne veut pas nous alerter, l’UE et avec elle la France risque probablement de lutter sur leurs sols contre de nouveaux chefs de guerre terroristes autant islamistes que néo-nazis (de l’Ukraine et d’ailleurs)[61]. Croyez-vous à une plaisanterie de mauvais goût, de mauvais augure ? Lisez les articles des journalistes, diplomates et politiciens les plus lucides, hélas étouffés par l’Omerta générale[62] à laquelle vous participez.

Justin Raimundo relate pourtant dans « L’Empire du Chaos s’installe en Europe. L’État islamique en Ukraine » :

« Le Bataillon Doudaïev compte environ 500 combattants, mais il y a aussi d’autres brigades djihadistes en Ukraine (…) Comme l’aide des États-Unis coule à flot en Ukraine, dans quelle mesure va-t-elle retomber sur ces alliés de l’EI – et quelle sera son utilisation future ? Si John McCain et Lindsey Graham arrivent à leurs fins, les armes américaines vont bientôt se trouver dans les mains de ces terroristes, dont il est sûr que le djihad contre les Russes se tournera vers l’Ouest et frappera les capitales de l’Europe.

C’est un retour de flamme avec une vengeance : nous créons nos propres ennemis, et leur donnons les armes pour nous faire du mal, alors même que nous affirmons notre besoin d’une surveillance universelle pour les combattre. Les savants fous formulant la politique étrangère américaine sont en train de créer une armée de monstres de Frankenstein – qui ne manqueront pas d’attaquer leurs créateurs bercés d’illusions. »[63]

Qu’écririez-vous alors ? Iriez-vous jusqu’à parler symétriquement de « guerre civile » et de « chefs de guerre »? Prendriez-vous en dernier recours les armes au risque de perdre la vie pour défendre votre famille, votre quartier, votre ville et votre pays, comme le font des centaines de milliers de Syriens, d’Irakiens, d’Ukrainiens du Donbass, de Libyens, de Libanais?…

Monsieur Ploquin, sans aller aussi loin dans cette hypothèse dramatique, combien de dizaines, de centaines d’heures avez-vous passées à vous documenter à toutes les sources possibles, à téléphoner à vos contacts, à séjourner ne serait-ce qu’à Beyrouth ou à Amman, pour pouvoir présenter ce dossier et ceux à venir? N’est-ce pas là le propre et l’honneur du journaliste intègre, soucieux de faits avérés ? Comment, dans votre « Forum et débats», un tel dossier au titre prometteur – au moins sur le plan méthodologique et programmatique – « Quelle paix en Syrie ?», peut-il être biaisé par une propagande à mille lieux de sa meilleure tradition journalistique?

  1. Rey et C. Grand sont hélas dans leurs rôles respectifs de cautionnement et de réitération de la voix officielle – de plus en plus inconfortable depuis les attentats de janvier dernier? – de l’Élysée, de Matignon et du Quai d’Orsay[64]. Sans légitimité scientifique sur la question (autre que celle que leur donnent leur fonction d’intellectuels appointés par l’État), et de manière flagrante en ce qui concerne C. Grand, ils expriment ce qui est attendu d’eux, ce pourquoi ils sont rétribués[65]. Rendez-vous compte pour M. Rey : enseigner un moment dans des lycées du « 93» (Saint-Denis), face à des classes majoritairement constituées d’enfants d’immigrés musulmans[66] et passer en deux ans du statut d’étudiant à celui de professeur au Collège de France ! Une ascension pyrotechnique !

Les mettre avantageusement en scène au détriment de la juste et inquiète parole de Mgr Gollnisch et des évêques d’Alep[67], parole sincère et minimisée curieusement réduite dans un média pourtant chrétien est une faute et une trahison à l’égard de vos frères en religion.

De qui parlent ces derniers évêques? Qui défendent-ils ? Par qui sont-ils bombardés ? A qui s’adressent-ils en disant « verrouillez les portes des armements » ? A l’Armée syrienne ? À l’iranienne ? Pourquoi cette lettre de ces gens d’église parle-t-elle de « Patrie », notion férocement combattue par ces « franges islamistes » même « démocratiques », et très éloignée de leur conception politique d’un Dar el Islam réduit à un Dar el Harb pathologique – un état de guerre perpétuelle? Les auteurs ne prennent-ils pas position sans équivoque pour un retour à la stabilité de l’Etat syrien? A qui s’adresse, enfin, Mgr Gollnisch quand il demande « la sécurisation rapide des lieux où les chrétiens ont été chassés. » [68]? Aux légions de Joubhat Nousra ou d’Ahrar el Cham ?

Pour suivre l’actualité syrienne, je peux vous dire que c’est bien l’Armée Arabe Syrienne, appuyée par les quelques 5000 combattants du Hezbollah (selon certains recoupements) et des groupes de volontaires irakiens et iraniens, aidés aussi par des conseillers Pasdaran iraniens et russes, que les Chrétiens – sans parler des autres communautés confessionnelles et religieuses – de Syrie ont échappé au massacre général. Chaque semaine, des centaines de vidéos sur la toile, des milliers de photographies autant que de témoignages directs prouvent, indiscutablement, que le Hezbollah, pour ne prendre que lui, défend de toutes ses forces les quartiers, villages et églises chrétiennes placées sous sa protection[69].

Dans ce que je considère comme la meilleure boulangerie de notre ville, j’ai plaisir à discuter avec son aimable patron libanais. Chrétien, celui-ci me confie que son « village (chrétien) est entouré depuis très longtemps par douze villages musulmans qui le protège ; et que le Hezbollah les protège depuis quelques dizaines d’années ». A la stupéfaction des quelques clients pressés derrière moi, sous hypnose médiatique. Pensez-vous que j’invente cette histoire ?

Pourquoi alors plusieurs familles que je connais, dont celle de l’épouse d’un ami, franco-libanaise et arménienne dont la famille vit à Beyrouth, plusieurs étudiants libanais, m’ont indiqué, au fil de mes rencontres depuis plus de vingt ans déjà, ici et ailleurs que le Hezbollah est aimé et respecté par leurs communautés respectives, qu’il accueille même en son sein des combattants chrétiens?

Comme le dit André Vitchek :

« Le Hezbollah est le seul grand mouvement dans le pays qui se bat pour le bien-être social de la population. Il se bat aussi contre Israël lorsque ce dernier envahit. Et maintenant, il est aux prises avec l’EI dans un combat épique. Mais le mouvement figure sur la liste des organisations terroristes dressées par l’Occident, parce qu’il est chiite, et parce qu’il est trop « socialiste » et trop critique envers l’Occident. »[70]

Chers journalistes, cher rédacteur en chef, qui lutte sur le terrain de l’horreur et de la mort brutale contre Da’ech et ses groupes satellites ? Non pas avec des avions à l’altitude prudente, mais « on the ground » ? Seuls, l’AAS, le Hezbollah[71], l’Iran, l’Armée du Yémen, ses tribus et comités révolutionnaires pas seulement Houthis (maintenant, de très nombreuses tribus sunnites – merci aux bombardements inouïs de la Coalition menée par l’Arabie Saoudite dans l’indifférence générale[72]!-) ainsi que des groupes palestiniens[73]. Qui d’autre?

Pensez-vous qu’une demi-douzaine de sorties quotidiennes au maximum de nos 12 Rafales – qu’on tant de mal à vendre depuis 20 ans et qui subitement sont commandés par le Qatar ! – et 9 Étendards, depuis le pont de notre glorieux porte-avions « le Charles de Gaulle », voire un peu plus en comptant les bases de Djibouti et ailleurs, puisse suffire  à lutter contre Da’ech? Sans blague !

Pourquoi alors les autorités étatsuniennes viennent-ils de le faire sortir, ce Hezbollah, de ses listes noires ? Pourquoi, aussi, des personnalités politiques françaises, des hauts fonctionnaires, reprennent-ils langue avec cette organisation « terroriste », de manière confidentielle ou, il y a quelque temps, publique comme avec F. Fillon, ancien premier ministre de N. Sarkozy – qui a pris position également en faveur d’un accord 5+1 / Iran juste[74] ? Pourquoi, enfin, les plus hautes autorités de la diplomatie russe – et pas uniquement elles – ont-elles des relations de plus en plus suivies et étroites avec le Hezbollah devenu un acteur incontournable au Moyen-Orient  – ce qui est reconnu même dans une certaine presse à Tel-Aviv[75]?

Sur uniquement la Syrie, l’Irak et le terrorisme islamiste, et notamment, Da’ech, avez-vous pris le temps d’écouter avec attention les derniers discours de leur leader, le charismatique Seyyed Hassan Nassrallah, respecté même par les anciens chefs militaires israéliens (non pas les ambitieux proches de Bibi) ? Les médias arabes relèvent toujours, lors de ses discours, des rues, des places quasi-vidées de leurs passants du Nil à l’Euphrate. Pourquoi ? Analysez les déclarations de ce chef, homonyme par ailleurs – c’est dire l’Orient – d’un prêtre gréco-catholique, « un marathonien au grand cœur » localement respecté pour son aide à 30 000 réfugiés, dans le nord-est de la Bekaa et dont parle l’Œuvre d’Orient[76].

Quant au Président Bashar el Assad, même certains médias israéliens reconnaissent sa grande intelligence et sa haute personnalité. Par exemple, le quotidien israélien Maariv affirme, décembre 2014 :

« L’immense tache qu’est celle d’Assad pour gérer une guerre d’usure qui dure (…) sans que sa popularité en pâtisse (…) C’est en ceci, qu’on devrait reconnaitre en Assad, un leader authentique. »

Ce journal se réfère à un des commandants du front nord (frontières de Palestine occupée près du Liban) :

«  Assad reste toujours le maitre dans des régions qu’il contrôle car c’est un vrai leader. Ses opposants se moquaient de lui, en disant qu’il est restera en fin du compte un ophtalmologue et pourtant, cela fait quatre ans qu’il gère une guerre d’envergure, ce qui est une tache extrêmement ardue. »

Et le journal d’ajouter :

« Assad a l’intime conviction qu’il va finir par sauver le monde du sanguinaire Daech et le plus curieux dans tout cela est que les positions d’Assad qui suscitaient notre moquerie dans le temps, nous semble désormais relativement logiques. »

 

La presse israélienne serait-elle plus libre qu’en France, monsieur Ploquin ?!

Qu’est devenu le Collège de France ?! Celui que j’ai connu grâce à André Miquel, grand spécialiste du monde arabe, dont l’œuvre et les conférences nous ont tant ravis il y a quelques trente ans ? Ce Collège dans lequel ont officié de grands penseurs libres, tels l’historien Maurice Agulhon et le sociologue Pierre Bourdieu – avec lesquels j’ai eu l’insigne honneur d’échanger ? De grands noms, sensibles aux attentes des étudiants (les plus faibles), toujours acérés dans leurs critiques des plus forts. Je pense aussi à Cornelius Castoriadis qui constatait, il y a près de 40 ans déjà, à propos de l’un des propagandistes du chaos, B. – H. Lévy, l’abandon de l’esprit libre et critique :

« Sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de vieille et grande culture, un “auteur” peut-il se permettre d’écrire n’importe quoi, la “critique” le porter aux nues, le public le suivre docilement — et ceux qui dévoilent l’imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n’avoir aucun écho effectif ? »[77]

Comme ils nous manquent ces libres penseurs…

Quand à la FRS, dont j’ai remarqué in situ l’afflux massif et rapide d’argent et son réaménagement rapidement après le 9/11, dans son site parisien, rue Damesme, il suffit de suivre l’actualité de ses productions et rencontres pour se rendre compte que l’esprit critique, la liberté de pensée et d’expression semble peu goûtés hormis la ligne officielle de ses commanditaires et de ses bailleurs. Quel gâchis !

Dans une récente table-ronde filmée sur Europe1, Emmanuel Todd, socio-économiste et (vrai) spécialiste de la Russie – l’un des trop rares intellectuels indépendants, avec Jacques Sapir de l’EHESS, à s’opposer à la bêtise de la russophobie obligatoire – déclarait que le Monde, « journal de référence », est « menteur » et « dangereux »[78]. Il pointait ce que de nombreux lecteurs et spectateurs constatent tous les jours : la presse anglo-saxonne, quand bien même très poutinophobe et russophobe, apporte néanmoins des faits au lecteur. Pour notre « prestigieux » quotidien, il n’y a même plus de présentation de faits. Triste constat de la presse écrite française en général. Que pourrait-elle faire sans la perfusion de l’État – c’est-à-dire de notre argent ?

Le choix que vous avez fait aurait pourtant pu être équilibré par des spécialistes objectifs et reconnus comme tels, en plus d’être courageux. Et il y en a, syriens ou même français. Nous pensons à des personnalités reconnues comme Richard Labévière, par exemple, qui expliquait dans un média russe :

« Sarkozy a réintégré la France au commandement intégré de l’OTAN… Et on pensait qu’avec François Hollande les choses seraient un peu différentes et qu’on reviendrait à une certaine vision gaulliste. Malheureusement, il n’en a rien été ! (…) Ainsi on voit que l’on a une politique française qui s’appuie principalement sur l’Arabie Saoudite maintenant dans le monde arabe… Pourquoi ? Espérant peut-être signer des contrats importants avec l’Arabie Saoudite. Cela me semble une vision politique de courte vue et cela finira par un isolement diplomatique de la France, sinon la fin de la diplomatie française dans le monde arabe au Proche et Moyen-Orient ! »[79]

Autisme ? Ralliement à la meute des confrères ? Conformisme et autocensure ? Ligne rouge à ne dépasser en aucun cas ? Tout cela à la fois peut-être. Comme pour cette presse aussi orthodoxe, suiviste que médiocre, j’espère de tout mon cœur que La Croix saura sortir de ce maléfice, retrouver sa rationalité et son éthique – sa valeur d’exemple dont elle jouit encore, se garder de toute propagande que nous pourrions payer au prix fort[80].

Cette propagande, cette ignorance généralisée et imposée, me fait penser enfin au cri de Slobodan Despot, récemment auréolé d’un grand prix littéraire :

« Ce qui m’impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du « ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie civilisation » (…) l’inculture généralisée du « chercheur » universitaire parisien qui prétend nous expliquer (leur) obscurantisme et (leur) arriération. 

(…) Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire (…) et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales, calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre. (…) Votre gouvernement contre leur régime… ».[81]

Il y a véritablement urgence, en France comme en Europe. C’est ce dont s’alarme aussi John Pilger dans « Pourquoi la montée du fascisme est encore le problème » :

« Dans les années 1990 (…) les successeurs d’un mouvement nazi ukrainien eurent droit à leur chance. (…) L’apogée fut atteinte en 2014 quand l’administration Obama organisa un coup d’état à 5 milliards de $ contre le gouvernement élu. Les troupes de choc étaient des néo-nazis, le Secteur Droit et Svoboda. (…) Ces fascistes font maintenant partie du gouvernement de Kiev issu du coup d’état.»

Il poursuit :

« Une fois de plus, il y a un objectif sérieux. Les dirigeants du monde veulent non seulement que l’Ukraine soit une base de missiles; ils veulent aussi son économie. (…) Par-dessus tout, ils convoitent le puissant voisin de l’Ukraine, la Russie. Ils veulent balkaniser ou démembrer la Russie et exploiter les plus importantes ressources en gaz naturel de la Terre (…) Leur homme à Moscou était Boris Eltsine, un alcoolique, qui laissait l’économie de son pays à l’occident. Son successeur, Poutine, a ré-établi la Russie en tant que nation souveraine; tel est son crime.

Notre responsabilité est claire. Il nous faut identifier et exposer les mensonges irresponsables des faiseurs de guerre et ne jamais collaborer avec eux. Il nous faut réveiller les grands mouvements populaires qui ont apporté une civilisation fragile aux états impérialistes modernes. Plus important encore, il nous faut résister à l’endoctrinement  au nom de notre esprit, de  notre humanité, et de  notre dignité. Si nous restons silencieux, la victoire leur est assurée, et la menace d’un l’holocauste plane. »[82]

Le Père Rodrigo Miranda nous le dit encore et encore : « il faut respecter la diversité et la culture de l’autre, c’est comme cela qu’on garantit la paix », sinon, à terme, le risque est « une radicalisation toujours plus forte, qui est prête à contaminer également l’Europe, comme cela se produit sous nos yeux aujourd’hui. »[83]

Bien curieuse coïncidence, en cette fin de dimanche où je termine ce texte. Sortant avec mes courses d’un supermarché de quartier, un grand véhicule utilitaire Mercedes, flambant neuf, blanc étincelant, vitres noires, se gare près de ma voiture. Deux hommes athlétiques en sortent, le regard dur, coiffure militaire et tempes rasées. L’immatriculation est « UA », avec ce drapeau à fond bleu barré de jaune d’Ukrainia…

C’est bien la première fois que je croise ces gens, et je parie que vous ne me croyez pas.

Mesdames et messieurs les journalistes, ne continuez pas de scier la branche sur laquelle vous êtes assis, de couper même l’arbre qui nous relie les uns aux autres et nous protège tous.

 

 

[1] Veuillez excuser mon impertinence… Nous avons tellement été saturés par le mainstream médiatique euro-français basés à Beyrouth ou à Istanbul, depuis des hôtels plus ou moins luxueux et sécurisés ou à partir des rapports d’une mystérieuse officine londonienne, l’OSDH. Vos Repères donnés sont d’“Au moins 215 000 morts”, selon « l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation basée à Londres, qui dispose d’un large réseau d’informateurs à travers le pays. » Quels sont ces informateurs? A quelle obédience appartiennent-ils ? Pour qui travaillent-ils précisément ? Ce sont là également des questions de base.

[2] A l’inverse, quelle probabilité a cette présente lettre ouverte (même expurgée de sa partie la plus critique) de paraître?!

[3] http://www.mondialisation.ca/alep-syrie-de-quelle-couleur-es-tu/5446518

[4] Lettre écrite dès juin 2011 : http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/video-temoignage-du-dr-nabil-49136

[5] 21 avril 2015. De plus en plus de lecteurs cherchent désormais ailleurs un vrai traitement de l’information, rejoignant en cela ce que le grand journaliste d’investigation, Robert Parry, vient de déclarer récemment : les médias iraniens, pour ne citer qu’eux, sont plus objectifs     que ceux des USA (pourquoi donc, dans notre pays où la liberté d’expression est si précieuse, la chaine iranienne TV Press a-t-elle été interdite ?). D’autres témoignages de professionnels de l’information courageux corroborent ce point de vue. http://www.truth-out.org/author/itemlist/user/45130# et en particulier : http://www.truth-out.org/news/item/30563-syria-s-nightmarish-narrative, l’article d’O. Berruyer : https://www.les-crises.fr/syrie-mensonges-medias/ ; sur les armes chimiques : http://blogs.mediapart.fr/blog/khaled youssef/150315/armes-chimiques-en-syrie-le-mensonge-devenu-verite et, bien sûr, l’un des textes de Michel Collon : http://www.michelcollon.info/Syrie-conflits-et-mensonges.html?lang=fr

[6] Plusieurs observateurs confirment l’essor actuel de la Russie et sa (surprenante ?) résilience, en dépit des sanctions et de l’attaque du Rouble, comme ici : http://www.globalresearch.ca/russias-remarkable-renaissance/5435643

et ici : http://www.mondialisation.ca/le-monde-anglo-saxon-en-guerre-contre-leurope/5435836

[7] Lettre rendue publique le 13 avril dernier : http://www.christianophobie.fr/breves/eveques-catholiques-de-syrie-a-loccident-cessez-vos-livraisons-darmes

[8] Des témoignages des milieux du renseignement ont en effet récemment reconnu le grand rôle joué par la Syrie, pendant 30 ans, dans la protection du sol français des attaques terroristes.

[9] http://www.mondialisation.ca/autorites-chretiennes-de-syrie-censurees-ou-diffamees-par-les-medias/5435534

[10] Écrite à Noël 2012 : http://www.mondialisation.ca/syrie-comment-les-medias-francais-intoxiquent-lopinion-publique/5433015

[11] Parue dans L’œuvre d’Orient : http://www.oeuvre-orient.fr/2012/12/05/syrie-temoignage-poignant-dun-eveque-de-damas/

[12] http://www.lepoint.fr/monde/attaque-chimique-en-syrie-le-rapport-qui-derange-19-02-2014-1793755_24.php

et http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-syrie-et-le-rapport-du-mit-147902

[13] http://ilfattoquotidiano.fr/alep-un-cure-raconte-la-bataille-dans-la-ville-martyre-symbole-de-la-guerre-artificielle/

[14] http://www.mondialisation.ca/syrie-la-verite-quon-vous-cache/5435057

[15] Tel cet appel : http://www.washingtonsblog.com/2015/01/paris-terror-attack-isis-result-911-cover.html

[16] http://college-de-france.academia.edu/MatthieuRey et https://www.college-de-france.fr/media/henry-laurens/UPL8154989523562504326_MatthieuRey_cv.pdf

[17] Et qui s’efforce actuellement à reprendre et à sécuriser les zones reconquises par des milices terroristes réorganisées, entraînées et armées en Turquie, en coordination avec l’Arabie Saoudite et son frère-jumeau le Qatar. Sommes-nous aussi sûrs qu’aucune des caisses de missiles anti-char Milan fournis par la DGSE ne reviendra un jour ou l’autre en France ? http://arretsurinfo.ch/loccident-doit-cesser-de-couvrir-le-terrorisme-en-syrie-par-bachar-al-assad/

[18] J. Sapir, « Crise de la démocratie et souveraineté”: http://russeurope.hypotheses.org/3758

[19] Consultez le site du SGDN, le Secrétariat général de la Défense nationale, et notamment la page consacrée à ce thème, ici : http://www.sgdsn.gouv.fr/site_rubrique108.html, ainsi que le rapport de la Défense : www.defense.gouv.fr/content/download/…/Rapport%20Résilience.pdf

[20] http://www.ottawacitizen.com/news/world/Canadian+military+predicted+Libya+would+descend+into+civil/10853269/story.html

[21] http://www.realpolitik.tv/2014/03/maidan-les-snipers-appartenaient-a-la-coalition-anti-opposition/, http://www.mondialisation.ca/maidan-fevrier-2014-un-sniper-et-un-depute-pris-en-flag-par-les-manifestants-video/5429717, http://www.lesobservateurs.ch/2014/03/05/maidan-t-il-embauche-des-snipers-pour-tirer-sur-la-police/

[22] Lire A. Lantier, « The CIA proxy war in Syria and the pro-imperialist “left” » https://www.wsws.org/en/articles/2012/08/pers-a03.html ou « US war provocations against Syria » : https://www.wsws.org/en/articles/2012/02/pers-f06.html

[23] Dont certains représentants avaient pignon sur rue à Washington comme dans certaines capitales européennes dont Paris.

[24] Rappelons que sous la cohabitation avec Balladur, la France a vendu des hélicoptères de combat démilitarisés malgré la demande urgente d’Alger, validé de nombreux dossiers de nationalité et octroyé des milliers de visas, asiles et titres de séjour aux membres et sympathisants du FIS – tout en les refusant aux personnes ciblées par les groupes armées (sécuritaires, intellectuels, associatifs, etc.).

[25] http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150325/1015326093.html#ixzz3VUuM5lxD

[26] http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2014/10/les-chemins-de-damas-le-dossie.html

[27] Ces « dommages collatéraux » toujours « virtualisés » par nos médias, les dizaines, les centaines de milliers de vie sans visage détruites par nos attaques aériennes contre l’Irak, la Libye, la Serbie, etc. lire le texte de C. D. Chitour : http://www.mondialisation.ca/donner-la-mort-dune-facon-anonyme-linhumanisme-nouveau-est-arrive/5443146, Ce rapport : https://www.icrc.org/fre/assets/files/review/2014/irrc-900-germain.pdf, l’analyse de Paul Virilio : http://www.republique-des-lettres.fr/190-paul-virilio.php, la lettre d’analyse du CREC n° 9 “Guerre et stratégie au 21ème siècle” : http://en.calameo.com/books/0004610913072092aea5, ou le rapport d’Éric Germain, « De la guerre à distance à une guerre désincarnée » : cicr.blog.lemonde.fr/…/De-la-guerre-à-distance-à-une-guerre-désincarné. Lire aussi C.S. Gray, Another Bloody Century: Future Warfare, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 2005

[28] http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/06/12/des-enfants-servent-de-boucliers-humains-a-l-armee-syrienne-selon-l-onu_1716814_3218.html

[29] 40 000 hommes en ce qui concerne les seules forces armées.

[30] Mgr Gollnisch rappelle, dans son Éditorial de L’œuvre d’Orient, les chrétiens de France au service des chrétiens d’Orient, ces « destructions d’infrastructures et de l’appareil économique. » Janvier – février – mars 2015, n°778, p.180

[31] http://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/presidentielle-en-syrie-victoire-sans-surprise-de-bachar-al-assad-reelu-avec-88-7-des-voix_614567.html Au sujet de l’élection de B. Assad, voyons ces photographies et vidéos : http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?fromval=3&cid=35&frid=18&seccatid=23&eid=175052 ou ici : http://www.france24.com/fr/20140528-vote-syriens-liban-foule-immense-chaos-beyrouth-assad-syrie-election-presidentielle/

[32] Une contraction de ces deux pays martyrs : la Syrie et l’Irak dont les limites ont été définies par les nations coloniales et en premier lieu l’Angleterre et la France.

[33] Ce face à quoi le Gouvernement irakien a protesté à plusieurs reprises. Régulièrement, des bombardements (opportuns) des Comités populaires et notamment des forces chiites (du Hezbollah irakien et milices de Bani Sadr), connus pour leur grande efficacité face à Da’ech, ainsi que des largages d’armements au profit des groupes terroristes sont dénoncés à l’appui de preuves transmises à la Coalition et à l’ONU.

[34] http://www.tdg.ch/monde/proche-orient/frappes-daech-progresse-syrie/story/11978048. Lire la position de la Syrie : http://www.lessentiel.lu/fr/news/dossier/islamique/story/19189044.

Lire aussi http://article.wn.com/view/2015/01/11/LIrak_critique_la_lenteur_de_laide_de_la_coalition_internati/, http://www.globalresearch.ca/iraqi-army-downs-two-british-planes-carrying-weapons-for-isil-terrorists/5433089.

Lire enfin : http://www.mondialisation.ca/la-fausse-guerre-dobama-contre-le-groupe-etat-islamique-protege-par-les-etats-unis-et-leurs-allies/5432512

et ici : http://www.mondialisation.ca/laide-americaine-a-daesh-se-confirme-des-marines-et-des-helicopteres-apaches-chez-les-djihadistes/5434395

[35] Il est curieux que cette question de l’origine – dans un pays où elle reste toujours centrale dans les têtes – n’apparaisse pas dans la grande majorité des analyses en France et ailleurs en Occident. Mais cela, M. Rey ne peut le dire, ne peut probablement même pas s’autoriser à le penser : la “formulation d’avenir” de sa carrière professionnelle (pour reprendre son expression) risquerait d’en être compromise !…

[36] http://www.mondialisation.ca/guerre-illimitee-la-psyop-de-daesh-porte-pleinement-ses-fruits/5432725

[37] Ce qui nous rappelle cette tyrannie de l’image et de l’empathie sélective guidant l’ « opinion internationale » et obligeant nos États essoufflés et chaque jour plus discrédités (mais toujours aiguillonné par les intérêts privés) à agir militairement au profit de la prédation. Lire le blog de Jacques Sapir, et notamment : http://www.mondialisation.ca/crise-de-la-democratie-et-souverainete/5445663

[38] Pierre Outteryck, Martha Desrumaux, une femme du Nord, ouvrière, syndicaliste, déportée, féministe, éd. Du Geai Bleu, Lille, 2009

[39] Ayant abouti depuis les années 1970 au principe du “droit d’ingérence”, si cher à notre élite intellectuelle belliciste qui applaudissait à la destruction inimaginable (et aux souffrances infinies des populations) de l’Irak, de la Serbie, de la Libye et maintenant du Yémen.

[40] Et de ses accointances (notamment immobilières) avec Rafic Hariri. Pourtant favorable à la cause arabe, « A la faveur du bouleversement géopolitique induit par l’invasion américaine de l’Irak, Jacques Chirac va opérer un infléchissement de sa politique dans un sens atlantiste, parrainant une résolution du Conseil de Sécurité (n°1509, 2 septembre 2004) préconisant le retrait militaire syrien du Liban. » René Naba, « Liban : Beyrouth, le Vietnam d’Israël », R. Naba, op. cit.

[41] A. Vitchek, « Nothing is right in the middle-East » in Counterpunch, 3 avril 2015.

[42] M. Rey a soutenue sa thèse de doctorat sur « Le parlementarisme en Irak et en Syrie entre 1946 et 1963, étude sur le pluralisme politique au Moyen-Orient », le 21 octobre 2013. Comment ce chercheur peut-il être expert sur cette brûlante actualité après avoir travaillé jusqu’en 2013 sur une période aboutissant au début des années 1960, même à l’appui de quelques séjours (linguistiques ? confidentiels ?!) en Syrie entre 2009 et 2013 ? Est-on en droit de se le demander ?

[43] S. Despot, « Misère de l’occidentalisme » : https://www.les-crises.fr/misere-de-l-occidentalisme/

[44] https://www.frstrategie.org/barreFRS/chercheurs/c_grand.php

[45] https://www.frstrategie.org/barreFRS/chercheurs/b_tertrais.php

[46] Trois questions à Bruno Tertrais » in Guillaume Belan, “Démonstration de force saoudienne”, Air & Cosmos, n°2447, 3 avril 2015, p. 29

[47] Op. cit.

[48] Catherine Gousset, “En Syrie, les exactions du régime dans l’ombre de Daech”. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/en-syrie-les-exactions-du-regime-dans-l-ombre-de-daech_1649669.html

[49] http://www.mondialisation.ca/des-milliers-de-freres-kouachi-ravagent-le-nord-syrien-avec-laide-de-loccident/5446809; Pour l’implication du Canada par exemple, lire http://www.mondialisation.ca/m-harper-que-vont-faire-nos-soldats-en-syrie/5438035 ou ce texte de S. Charbonneau, « Combattre la propagande est quasi impossible » : http://arretsurinfo.ch/combattre-la-propagande-est-quasi-impossible/

[50] Et parmi eux des centaines de missiles sophistiqués anti-char TOW, Milan et sol-air MANPAD. 14000 missiles auraient été acquis par les terroristes, http://www.slate.fr/story/101291/France-armes-Syrie

[51] Comaguer, « Sciences sociales et propagande : le cas Huntington » in Global research.

[52] Pour cet expert, “Bashar” ; on pourra donc analyser sérieusement la France en parlant de « François », de son “régime” et de ses virées nocturnes en scooter ! Sur ce dernier plan « Bashar » semble de toute évidence un peu éloigné de ces pratiques insouciantes!

[53]François” et son parti PS au pouvoir ne font qu’environ 10 à 15 % au maximum à chaque échéance électorale, en prenant en compte les chiffres du vote blanc ou nul et de l’abstention. Rappelons que la France s’est opposée à ce que les Syriens ne puissent voter sur son sol.

[54] Et impliqué dans un grand scandale d’Etat – celui du sang contaminé, http://www.comite-valmy.org/spip.php?article4542

[55] Et même, au péril de la vie des habitants qui, régulièrement, manifestent contre l’ultra-violence des Tribunaux islamiques et le pillage, le viol et le kidnapping, des groupes terroristes qui les gouvernent, et se font mitraillé…

[56] Qui parle dans les médias de ces bataillons de volontaires arabes de tout âge, venus en Syrie lutter aux côtés des comités de Défense nationale? Ou des unités combattantes féminines ?

[57] Voir ici : http://www.corsematin.com/article/bastia/la-banderole-anti-qatar-de-furiani-na-pas-preche-dans-le-desert.1661512.html

[58] L’une des têtes pensantes de la Direction des Affaires Stratégiques (DAS) du Ministère des Affaires Étrangères, dont on sait le rôle qu’elle joue dans l’approche dure sinon intransigeante de la France dans les négociations entre les 5+1 et l’Iran.

[59] René Naba, « Liban : Beyrouth, le Vietnam d’Israël »: http://www.mondialisation.ca/liban-beyrouth-le-vietnam-disrael/5442666

[60]Armée loyaliste qui, contrairement à l’imagination des uns et des autres, ne s’est pas effondrée en quelques semaines ni en quelques mois, n’est-ce pas monsieur Fabius ? Malgré les budgets importants mis en jeu, les défections d’officiers supérieurs syriens ont été très rares. Plus encore, le corps diplomatique n’a pas cédé aux offres mirobolantes faire défection.

[61] Voici un bon début en Ukraine : http://www.globalresearch.ca/the-isil-is-in-ukraine-americas-agents-of-chaos-unleashed-in-eurasia/5446989; Lire aussi : http://www.globalresearch.ca/truth-has-been-murdered/5446009; Ainsi que : http://www.mondialisation.ca/quand-lukraine-devient-officiellement-nazie/5444101ou ceci : http://www.mondialisation.ca/le-dirigeant-fasciste-yarosh-nomme-conseiller-de-larmee-ukrainienne/5441550

[62] http://arretsurinfo.ch/les-etats-unis-et-la-grande-bretagne-arment-les-bataillons-neo-nazis-de-la-garde-nationale-ukrainienne/

[63] http://www.mondialisation.ca/lempire-du-chaos-sinstalle-en-europe-l-etat-islamique-en-ukraine-2/5438794; Lire la déclaration du général étatsunien, Wesley Clark: «L’EI a été fondé grâce au financement de nos alliés les plus proches» : http://www.globalresearch.ca/gen-wesley-clark-isis-got-started-with-funding-from-our-closest-allies/5432707

[64] Qui s’agitent de plus en plus pour reprendre les canaux de coopération au moins sécuritaire avec l’État syrien qu’ils ont eux-mêmes rompus, en dépit des mises en garde de leurs chancelleries arabes et de la communauté du Renseignement.

[65] Rémunération, privilèges et ascension rapide obligent, à un moment où les places sont chères.

[66] Il serait tellement intéressant d’en savoir plus au sujet des rapports de cet agrégé d’histoire avec ses classes, de ses cours, des débats éventuels !

[67]Le poumon économique de ce pays, livré depuis 4 ans aux groupes armés terroristes grâce aux services secrets turcs.

[68] Mgr Gollnisch, op. cit., p. 181

[69] Lire : http://www.lefigaro.fr/international/2006/08/07/01003-20060807ARTFIG90130-les_chretiens_de_syrie_applaudissent_le_hezbollah.php

http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/319315-des-eglises-syriennes-que-le-hezbollah-a-lib%C3%A9r%C3%A9es

[70] A. Vitchek, « Nothing is right in the middle-East » in Counterpunch, 3 avril 2015.

[71] Dont je rappelle l’hypocrisie de l’UE et de la France à avoir déclaré (à la suite des USA) il y a quelques années sa branche militaire comme « terroriste » – et non la branche politique qui donne les ordres ! http://fr.sputniknews.com/french.ruvr.ru/news/2013_07_25/Le-Hezbollah-porte-sur-la-liste-des-organisations-terroristes-de-lUE-9242/

[72] http://www.renenaba.com/la-lutte-pour-le-pouvoir-dans-le-sud-yemen-prosovietique/, http://www.mondialisation.ca/yemen-arabie-saoudite-arabie-saoudite-versus-houthistes-22/5447191

Et http://www.mondialisation.ca/yemen-arabie-saoudite-arabie-saoudite-versus-al-qaida-12/5446651

[73] Après le récent carnage de Yarmouk à Damas, causé par l’assaut rapide de centaines de terroristes, en avril dernier.

[74] Imaginez encore un peu la situation inédite de nos représentants officiels contrôlés au Liban à chaque check-point du Hezbollah ?! Il aurait fallu, pour éviter cette absurdité, s’enfermer ad vitam aeternam dans la belle Ambassade de France à Beyrouth.

[75] Lire l’analyse d’Alain Chouet, ancien haut responsable de la DGSE, spécialiste du Moyen-Orient : http://fr.sputniknews.com/french.ruvr.ru/radio_broadcast/217362642/230257861/ « Le Hezbollah- le vice ministre russe des AE, Bogdanov a effectivement abordé la question de la livraison des armes russes au Hezbollah au cours de sa récente rencontre à Beyrouth avec Nassrallah » in http://axedelaresistance.com/la-russie-veut-livrer-directement-des-armes-au-hezbollah/. Lire ici aussi : http://fr.timesofisrael.com/le-vice-ministre-des-affaires-etrangeres-russe-rencontre-le-chef-du-hezbollah/ ; et ici : http://coolamnews.com/la-russie-au-service-du-hezbollah-au-conseil-de-securite-de-lonu/

[76] Témoignage de Camille Jeanjean, « Liban, plaine de la Bekaa : aidons-nous chrétiens et musulmans », Œuvre d’Orient, p. 216 – 217, qui écrit : « Malgré la peur et les menaces d’être kidnappé, le père ne cesse d’unifier les communautés pour plus de dialogues. Il en fait son combat ! »

[77] Nouvel Observateur, 9 juillet 1979.

[78] https://www.youtube.com/watch?v=jIjAoCjYSKc

[79] « Décès de la géostratégie française” : http://fr.sputniknews.com/french.ruvr.ru/radio_broadcast/67041912/276825831/ Rappelons que “la nouvelle direction de RFI, sous la houlette de Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac, a viré, pour faute grave, un des meilleurs spécialistes de politique étrangère de la radio, Richard Labévière. Sous prétexte qu’il a commis l’irréparable en obtenant un entretien exclusif, le 11 juillet dernier, avec le président syrien. Et pire encore, en collaborant avec ses collègues de TV5, en voie pourtant de rapprochement, croyait-on, avec RFI. » M. Labévière a été licencié hier alors que la France cherche désespérément à renouer contact avec B. Assad aujourd’hui ! http://guerre.libreinfo.org/censure/presse-sous-pression/160-richard-labeviere-vire-de-rfi.html

[80] http://www.mondialisation.ca/la-mise-en-place-dun-systeme-de-propagande-au-niveau-europeen/5438355. Lire l’article intéressant de Roberto Quaglia, « Seeking a Multipolar World Inside the Quite Unipolar Informational Medium » http://english.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13930812000170

[81] S. Despot, op. cit.

[82] http://www.globalresearch.ca/why-the-rise-of-fascism-is-again-the-issue/5433762. Nous soulignons.

[83] http://ilfattoquotidiano.fr/alep-un-cure-raconte-la-bataille-dans-la-ville-martyre-symbole-de-la-guerre-artificielle/

 

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