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16 avril 2024

Grandeur et misère des spécialistes


Grandeur et misère des spécialistes

Une carte de visite bien remplie… Et pour quoi faire ?

En 1983, Agnès Levallois obtient un diplôme supérieur d’arabe littéral de l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales). Deux ans après, en 1990, en tant que spécialiste du Proche-Orient, elle intègre le service du SGDN (Secrétariat Général de la Défense Nationale). En 1993, elle obtient un DEA (Diplôme d’Études Approfondies) de l’IEP (Institut d’Études Politiques) de Paris sur le monde arabe contemporain. Elle devient « responsable du bureau arabe et persan à la Délégation aux affaires stratégiques, au ministère de la Défense ».

En 1995, elle rédige des articles sur le monde arabe (Maghreb-Machrek) pour la revue La Documentation Française. Trois ans plus tard, en 1998, elle est journaliste à Nord-Sud Export pour le groupe Le Monde, et collaboratrice au Monde Économie. De novembre 2005 à juillet 2006, elle est directrice de l’information et des programmes de RMC-MO (Radio Monte-Carlo – Moyen- Orient), la filiale arabophone de RFI (Radio France Internationale). De juillet 2006 à février 2009, elle est directrice adjointe de la rédaction de France 24, responsable des contenus arabophones.

En 2012, elle crée une SARL (Société à Responsabilité Limitée), Agnès Levallois Conseil. Le capital est de 8.000 euros ; le chiffre d’affaires atteint 1 million d’euros dès l’année 2013. Sur le site Agnès Levallois Conseil, le curriculum vitae de la spécialiste ès Moyen Orient, est, dans l’« À propos », un peu plus détaillé : « Parlant l’arabe, ayant vécu à Damas et effectué de nombreux séjours en Égypte, au Liban, au Maroc elle est l’auteur de nombreuses publications dont Moyen- Orient mode d’emploi, Stock, 2002. Agnès Levallois s’appuie sur un parcours de spécialiste en géopolitique, analyse du risque pays et en communication pour offrir une expertise sur les pays arabes. »

Sur le même site, le chapitre « Services/Références » permet de découvrir ses diverses activités : missions, séminaires, conseils. Le passage au ministère de la Défense lui a ouvert des portes, dont celles, entre autres, de l’entreprise Thalès. Elle est…

«Chargée de mission à l’Académie diplomatique internationale (ADI). Participation à l’organisation de rencontres, de séminaires sur les transitions que vivent les pays de la zone MENA [Middle East and North Africa] ; chargée de cours à l’ENA sur les conséquences géopolitiques des bouleversements dans les pays arabes ; chargée de cours à Sciences po : les services de sécurité et de renseignement dans le monde arabe : acteurs du changement ; animation de séminaires à Ubifrance et dans de grandes entreprises parmi lesquelles Crédit agricole, Renault, Thalès ; conseillère éditoriale d’Ipemed, institut de prospective économique du monde méditerranéen, think tank spécialiste des questions euro méditerranéennes. Juin 2011 – Juin 2014 ; Interventions dans de nombreux média : […]. »

D’ailleurs, les logos de tous ces médias sont affichés sur le site : i Télé, RTL, France Inter, RFI, TF1, Arte, France 5, Radio-Canada, AFP, TV5 Monde, RTS Radio Télévision Suisse, Aljazeera, Europe 1, France 2, France Culture.

*

Avec pareil curriculum vitae, que peut dire cette spécialiste sur le sort réservé par l’Occident au monde arabe ?

Le 20 mai 2015, Agnès Levallois était l’invitée du Club de la Presse, sur Europe 1.

(À noter que le logo de la radio se trouve, effectivement, sur son site.)

Après l’avoir présentée comme la spécialiste du Moyen Orient et du monde arabe, chargée de cours à l’ENA et à Sciences Po, Nicolas Poincaré tente de dresser un bilan rapide de la situation du moment.

«Faut-il s’inquiéter des récentes progressions de l’État islamique en Syrie et en Irak ? L’État islamique, qui n’est plus qu’à 100 kilomètres de Bagdad après la prise de Ramadi, qui se serait emparé aujourd’hui d’une partie de la cité antique de Palmyre en Syrie… Daesh, est-il en train de progresser, faut-il s’en inquiéter ? On vous pose la question jusqu’à 20 heures avec nos trois grandes voix du soir : Gérard Carreyrou, Serge July et Olivier Duhamel. »

Mais, d’abord, qu’en est-il de la situation au Mali ?

C’est l’animateur de l’émission, Nicolas Poincaré, qui pose la

première question…

« Est-ce que c’est une guerre qu’on peut gagner ? »

Agnès Levallois :

« Très difficile, hein, puisqu’on voit bien, surtout sur un terrain comme le Mali qui est un terrain extrêmement large, et très très grand. Et donc, la grande difficulté est d’arriver à repérer où sont les terroristes, ou ceux qui sont contre nous, et la difficulté à pouvoir atteindre puisqu’on sait très bien que, même si on atteint un groupe ou un responsable, il peut y en avoir d’autres et qui se meuvent très facilement sur ces terrains qu’ils connaissent évidemment beaucoup mieux que nous, et qui leur donne un avantage certain sur la capacité que l’on a à réagir. »

« Contre nous », c’est-à-dire ? Après son élection en 2012, le nouveau président, François Hollande, n’a pas hésité à marcher sur les pas de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui, en faisant la guerre contre le peuple libyen et le Guide révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, a non seulement détruit la Libye mais achevé de déstabiliser toute la région sahélienne. En dépit de plusieurs déclarations, François Hollande, s’ingérant dans les problèmes intérieurs du Mali, lançait le 11 janvier 2013, une importante opération militaire sur le sol de ce pays africain autant que dans les airs, et imposait la date des élections présidentielles au peuple malien pour faire élire l’un de ses favoris. Car, intervenir au Mali, c’est protéger les intérêts français dans les mines d’uranium du pays voisin, le Niger.

L’invitée veut croire, quant à elle, que tout va bien, pour la France, dans le meilleur des mondes…

« Ce qu’y a de vrai, c’est que…, non c’est vrai que l’opération française au Mali a été plutôt réussie, mais, là, nous sommes sur des espaces avec peu de population. C’est la grande différence, je crois, quand même, avec l’Irak et la Syrie où la situation, du coup, est beaucoup plus compliquée, heu, qu’on n’a pas vraiment un projet politique au Mali parce que la situation politique, dans ce pays, est autrement différente de celle qui existe en Irak, qu’en Irak, on sort quand même de plus de dix ans de guerre ou, en tous les cas, d’un pays qui a été complètement cassé, destructuré, lors de l’invasion américaine. »

Comme le dit madame Levallois, « L’opération française au Mali a été plutôt réussie ». En effet… France Diplomatie se trouvait dans l’obligation, en ce mois de mai 2015 – soit, deux ans après l’opération guerrière de François Hollande – d’alerter toute personne, résidant au Mali ou désirant s’y rendre, quant au degré du danger.

« En raison des menaces terroristes prévalant dans la zone sahélienne et des opérations militaires en cours sur une partie du territoire malien, il est recommandé aux personnes devant se rendre en mission au Mali et à nos compatriotes résidant sur place de faire preuve de vigilance et de se tenir informés de l’évolution de la situation. Pour rappel, il est formellement déconseillé de se rendre en zone rouge (cf. carte en rubrique sécurité) et il est déconseillé, sauf raison impérative liée notamment à des déplacements professionnels, de se rendre en zone orange. »

Enfin… « Le tourisme au Mali reste formellement déconseillé.» [Citation et carte dans http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/mali-12287/]

Il est vrai que, à consulter la carte produite par le site, il est difficile de savoir où il serait possible de poser un pied sûr au Mali…

(À suivre sur ce même site La Voix de la Libye.) Françoise Petitdemange

http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr/#LA_LIBYE_REVOLUTIONNAIRE_.A

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