C’est une chasse au trésor des temps modernes, à l’époque néolibérale. Beaucoup moins romanesque qu’autrefois mais toute autant rémunératrice qu’une quête aux manuscrits anciens : 100 000 dollars (89 700 euros). C’est la récompense qu’offre le site WikiLeaks à qui révèlera le « secret le mieux gardé des États-Unis » : les détails de l’accord de partenariat transpacifique (TPP). Ce projet d’accord commercial international est en train d’être négocié dans la plus grande discrétion entre une douzaine d’États situés sur les deux rives du Pacifique, dont les États-Unis, le Canada, le Mexique, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon. « Cet accord contient 29 chapitres, dont 26 restent secrets », explique WikiLeaks, qui en a déjà révélé trois. Une opacité similaire entoure les négociations sur l’accord sur le commerce des services (Tisa) et le traité de libre-échange transatlantique (Tafta) cette fois entre l’Europe et les États-Unis.
Selon WikiLeaks, le TPP couvre 40 % du PIB mondial ce qui en fait « le plus grand accord de ce type dans l’histoire ». « Le traité vise à créer un nouveau régime juridique international qui permettra à des multinationales de contourner les tribunaux nationaux, de se soustraire à la protection de l’environnement, de surveiller Internet pour le compte des fournisseurs de contenus, de restreindre la disponibilité des médicaments génériques abordables et de limiter drastiquement la souveraineté législative de chaque pays », précise le site. Qui rappelle les propos de la sénatrice américaine Elizabeth Warren (Parti démocrate) : « [ils] ne peuvent pas rendre cette négociation publique car si les Américains voyaient ce qu’il y avait dedans, il y seraient opposés ».
Une campagne de financement participatif vient d’être lancée. A l’heure où nous écrivons ces lignes, plus d’un tiers de la somme a déjà été récoltée, selon le site de l’organisation. « L’heure de la transparence a sonné pour le TPP. Stop aux secrets. Stop aux excuses », écrit Julian Assange, cofondateur de WikiLeaks, qui s’est notamment illustré en révélant des milliers de documents relatifs aux modes opératoires de l’armée américaine en Irak. Problème : la personne qui révèlera l’accord devra probablement fuir et demander l’asile dans un pays qui ne lui reprochera pas d’avoir rendu public un tel document, comme d’autres lanceurs d’alerte.
Notre dossier : Traités de libre-échange : les multinationales contre la démocratie