La semaine dernière, Libération et Médiapart révélaient l’ampleur des opérations d’espionnage de la NSA, qui a écouté à de multiples reprises les conversations des Présidents français entre 2006 et 2012. Mais la classe politique n’est pas la seule à avoir été surveillée d’un peu trop près par les autorités outre-Atlantique. Lundi soir, les deux médias révèlent un nouveau volet des écoutes, qui porte cette fois sur les acteurs économiques de l’Hexagone. Plusieurs rapports de la NSA obtenus par le site Internet Wikileaks montrent ainsi comment, entre 2004 et 2012, l’agence organisait la collecte de nombreuses informations, détenues par les entreprises françaises et les ministres des finances successifs, François Baroin et Pierre Moscovici en tête.

Tous les contrats majeurs et tous les secteurs stratégiques sur écoute

Parmi les données intéressant Washington, on trouve ainsi tous les contrats internationaux d’une valeur supérieure à 200 millions de dollars, les pratiques commerciales françaises, etc. Aucun secteur stratégique n’aurait échappé aux oreilles de la NSA : nucléaire, transports, nouvelles technologies, laboratoires, électricité, etc. En bref, tout le monde ou presque est concerné : selon Libération, qui site l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations, la quasi-totalité des entreprises stratégiques entrent dans les critères retenus par l’agence de sécurité américaine. Des informations qui étaient ensuite partagées avec les différentes administrations des Etats-Unis, le Département du Commerce, celui de l’Energie, la Réserve Fédérale ou encore le commandement des forces armées américaines en Europe.

Des milliers d’emplois en jeu

Pire encore, selon Wikileaks, ces informations auraient pu être partagées avec les principaux alliés des Etats-Unis que sont la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. De quoi fausser gravement le jeu de la concurrence, et faire potentiellement perdre des contrats majeurs aux entreprises françaises. A la clé, à chaque contrat perdu, ce sont des centaines d’emplois menacés de disparition. Lors d’une interview la semaine dernière, Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, expliquait que « le chômage est particulièrement élevé, mais il y a une raison à cela : c’est que les Etats-Unis jouent un sale jeu ».

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Reste maintenant à connaître les conséquences de ces révélations. Pour les Etats-Unis, elles pourraient être lourdes. Depuis deux ans, Barack Obama tente en effet de négocier un traité de libre-échange avec les partenaires européens, qui doit permettre de faciliter l’accès des entreprises américaines au vieux continent, et vice-versa. Or, s’il semble avéré que la NSA a écouté les entreprises françaises, il est tout à fait possible qu’elle ait également fait surveiller d’autres groupes, allemands, italiens, danois ou autres afin de s’assurer que le texte final soit plus favorable aux géants étasuniens qu’à leurs concurrents européens. Les révélations de ce lundi soir pourraient bien enterrer une fois pour toutes le texte, déjà fortement décrié de ce côté de l’Atlantique.

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