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28 mars 2024

Le très sérieux « The Guardian » vire conspirationniste : « Daesh financé par les États-Unis »


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Le très sérieux « The Guardian » vire conspirationniste : « Daesh financé par les États-Unis »

Le très sérieux « The Guardian » vire conspirationniste : « Daesh financé par les États-Unis »

Voici dans son intégralité (et traduit en français) l’article conspirationniste publié sur le site Internet du quotidien britannique The Guardian, vainqueur du prix Pulitzer 2014.

La guerre contre le terrorisme, la campagne sans fin initiée il y a 14 ans par George W. Bush, prend des tournures de plus en plus grotesques et tordues. Lundi, le procès contre un Suédois de Londres, Bherlin Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s’est terminé en eau de boudin, puisqu’il a rapidement été établi que le renseignement britannique avait armé les mêmes groupes rebelles que ceux auxquels l’intéressé était accusé d’avoir participé.

Le procureur a classé l’affaire sans suite, sans doute pour éviter d’impliquer les services secrets britanniques. La défense a pour sa part déclaré que poursuivre le procès aurait été un « affront à la justice », puisqu’il y avait un océan de preuves de l’implication de la Grande-Bretagne, qui a fourni « un soutien important » aux groupes armés de l’opposition syrienne.

Il ne s’agissait pas seulement de « soutien non létal », dont le gouvernement se vantait d’être le fournisseur (comme par exemple des gilets pare-balles et des véhicules militaires), mais également d’entraînement, de soutien logistique et d’approvisionnements secrets et massifs en armement. Les rapports indiquent notamment que le MI6 a coopéré étroitement avec la CIA concernant des transferts d’armement en provenance de Libye vers les groupes rebelles syriens en 2012, après la chute du régime de Kadhafi.

Il est donc clair qu’il eut été tout à fait absurde d’envoyer un individu en prison pour avoir fait ce que les ministres et les responsables de la Sécurité espéraient qu’ils fassent. Il s’agit pourtant du dernier fait en date d’une longue série de cas similaires. Anis Sardar, chauffeur de taxi à Londres, a eu moins de chance. Il a été condamné à perpétuité deux semaines plus tôt pour avoir participé, en 2007, à la résistance irakienne contre les forces étasuniennes et britanniques. L’opposition armée face à une invasion illégale et à l’occupation ne constitue pourtant pas un acte de terrorisme ni un meurtre dans la plupart des contextes applicables, notamment selon les conventions de Genève.

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Mais le terrorisme fait partie intégrante du panorama télévisuel des téléspectateurs. Surtout au Moyen-Orient, où les terroristes d’aujourd’hui deviendront des combattants contre la tyrannie demain (et les alliés des ennemis), selon les caprices imprévisibles d’une bande de conférenciers occidentaux.

Au cours de l’année dernière, les forces étasuniennes, britanniques et leurs alliés occidentaux sont retournées en Irak, a priori pour détruire le groupe terroriste ultra-violent DAESH. Ce groupuscule takfiriste s’était en effet emparé d’énormes portions de territoires irakiens et syriens, et a proclamé un soi-disant « califat islamique ».

La campagne militaire est loin d’être efficace. Le mois dernier, DAESH s’est emparé de la ville irakienne de Ramadi, tandis que de l’autre côté de la frontière (pour l’instant inexistante) avec la Syrie, les forces takfiristes se sont emparées de la ville de Palmyre. Le Front Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, a également gagné du terrain en Syrie.

Certains Irakiens se plaignent du fait que les États-Unis se soient tourné les pouces pendant ce temps-là. Les Américains, quant à eux, assurent vouloir à tout prix éviter des pertes parmi les civils et avoir remporté des victoires importantes. Dans les coulisses, les responsables affirment ne pas vouloir s’en prendre aux places fortes sunnites dans une guerre religieuse et risquer de vexer leurs alliés sunnites dans le Golfe.

Un indice important sur la façon dont nous en sommes arrivés là a été apporté par un document rédigé en 2012 et récemment déclassifié par le Renseignement américain. Ce document prévoyait (et acceptait volontiers) la possibilité qu’un califat salafiste voie le jour dans l’est de la Syrie, et qu’un État Islamique contrôlé par Al-Qaïda soit créé en Syrie et en Irak. Aux antipodes de ce qui était vociféré par l’Occident à l’époque, ce rapport qualifiait Al-Qaïda en Irak (qui est devenu DAESH) et ses alliés salafistes de « forces majeures dirigeant l’insurrection en Syrie », et stipulait que « les pays occidentaux, les États du Golfe et la Turquie » soutenaient les luttes de cette opposition pour prendre le contrôle de l’est de la Syrie.

Soulevant la « possibilité d’établir un califat salafiste déclaré ou non », le rapport du Pentagone indique que « c’est exactement ce que les puissances qui soutiennent l’opposition veulent afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme une pilier stratégique de l’expansion chiite (Irak et Iran) ».

C’est exactement ce qui s’est produit deux ans plus tard. Le rapport n’est pas un document politique : il est rédigé de façon assez sommaire et contient des ambiguïtés au niveau du langage employé. Mais les implications de ce dernier sont claires : en soutenant les rebelles syriens, les États-Unis et leurs alliés n’étaient pas seulement en train de soutenir et d’armer une opposition qu’ils savaient être dominées par des groupes extrémistes ; ils préparaient méticuleusement la création d’un « État Islamique » (et ce malgré les « graves dangers » que cela impliquait pour l’unité de l’Irak), une sorte de tampon sunnite destiné à affaiblir la Syrie.

Cela ne veut évidemment pas dire que les États-Unis ont directement créé DAESH, même si ses alliés du Golfe ont clairement œuvré dans cette voie, comme l’a admis l’an dernier Joe Biden, vice-président des États-Unis. Mais Al-Qaïda n’était pas présente en Irak jusqu’à l’invasion américano-britannique. Et les États-Unis ont sans l’ombre d’un doute exploité l’existence de DAESH contre d’autres forces régionales dans un but bien plus vaste : garder cette région sous contrôle occidental.

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Les forces armées étasuniennes bombardent un groupe rebelle et en soutiennent un autre en Syrie dans le même temps

Un calcul qui s’est révélé préjudiciable lorsque DAESH a commencé à décapiter des Occidentaux, à publier ses atrocités sur Internet, et quand les États du Golfe se sont mis à soutenir d’autres groupes dans la guerre en Syrie, comme par exemple le Front Al-Nosra. Mais cette habitude qu’ont les États-Unis et l’Occident de jouer avec des groupes djihadistes (qui reviennent par la suite dans leurs pays de départ pour les mordre) dure depuis au moins les années 1980, lorsque pour nuire à l’Union soviétique en Afghanistan, les États-Unis ont soutenu ce qui allait devenir Al-Qaïda, avec l’aide de la CIA.

Une technique utilisée à nouveau lors de l’occupation de l’Irak, lorsque les forces américaines dirigées par le général Petraeus ont fomenté une guerre sale (du style El Salvador) entre des groupes religieux afin d’affaiblir la Résistance irakienne. Et elle fut encore utilisée en 2011 lors de la guerre en Libye, orchestrée par l’OTAN. Un pays où, pas plus tard que la semaine dernière, DAESH a pris le contrôle de la ville d’origine de Kadhafi : Syrte.

En réalité, la politique des États-Unis et de l’Occident au sein de la poudrière qu’est désormais le Moyen-Orient consiste en une application du classique « diviser pour mieux régner » de l’Empire. Les États-Unis bombardent un groupe de rebelles et en arment un autre en Syrie, montant des opérations militaires conjointes avec l’Iran contre DAESH en Irak, tout en soutenant l’Arabie saoudite dans sa campagne mortifère contre les rebelles houthis, soutenus par l’Iran au Yémen. La politique américaine peut bien souvent sembler particulièrement incohérente, mais un Levant (Syrie, Irak…) divisé et faible est exactement ce qu’ils souhaitent.

Ce qui est clair, c’est que DAESH et ses monstruosités ne seront pas vaincues par les puissances qui les ont mises en place en Irak et en Syrie, et dont les opérations militaires officielles ou officieuses ont permis la croissance au cours des dernières années. Les interventions militaires interminables de l’Occident au Moyen-Orient n’ont eu pour résultat que la destruction et la division.

Ce sont les populations de la région qui peuvent soigner cette maladie ; pas celles qui ont inoculé le virus.

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