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26 avril 2024

Enquête de L’Express sur les agissements de Grégory Chelli


16 juillet 2015

Enquête de L’Express sur les agissements de Grégory Chelli

Enquête de l’Express sur le criminel Gregory Chelli de la LDJ, où l’on apprend entre autres que la France n’a toujours pas lancé de mandat d’arrêt contre celui qui nargue, en toute impunité, la police et la justice, à partir d’Ashdod en Israël.

Sous le titre « Ulcan, l’hacktiviste impuni », Emmanuel Paquette et Eric Pelletier, publient ce reportage dans l’Express du 15 juillet 2015 :

« Ulcan pirate des lignes téléphoniques et orchestre des « actions punitives » contre ceux PDG, artistes, élus… qui, en France, critiquent Israël. Ou contre les journalistes qui brossent son portrait. Selon un rapport médical, un homme en est mort. Enquête.

Grégory Chelli, alias Ulcan, a pris en Israël l’identité de Yehuda Ozenkia. Il continue ses agissements malgré la centaine de plaintes qui le visent.

Ils n’ont pas pris la peine de sonner. Dans la nuit du 8 au 9 juin, un commando armé fracasse la porte d’un appartement marseillais. Un militant propalestinien de l’Union juive française pour la paix est jeté hors de son lit et traîné à terre. Pierre Stambul réalise la situation lorsqu’il aperçoit les quatre lettres inscrites sur l’uniforme des hommes encagoulés : « Raid ». « Les policiers tenaient en joue ma femme, bien vivante, que j’étais censé avoir tuée. La méprise aurait pu être dissipée très vite, mais je n’ai été libéré que bien plus tard, après être resté une heure menotté devant ma porte et sept heures en garde à vue », témoigne le sexagénaire, encore sous le choc.

Pour lui, aucun doute possible. Derrière cet acte odieux – quelqu’un venait d’orienter la police sur une fausse piste – se cache un hackeur franco-israélien de 32 ans, auteur de très mauvaises blagues, désignées en anglais sous le terme de swatting. La technique consiste à usurper l’identité d’une personne et son numéro de téléphone avant d’alerter les forces de l’ordre en les provoquant : « Je viens de tuer ma femme, venez me chercher ! »

« Petite salope de juif honteuse, fils de porc… »

Ce hackeur n’en est pas à son coup d’essai. Grégory Chelli, alias Ulcan, son pseudo dans le jeu vidéo World of Warcraft, mène sa « guerre » depuis Israël, pays dont il a obtenu la nationalité le 26 mars 2014. Après son alya (son installation en Terre promise), le voilà prêt à éradiquer ce qu’il appelle « la saloperie humaine ». Vaste programme… Les opposants à la politique sioniste, ceux qui se soucient du sort des civils palestiniens, ne valent pas mieux à ses yeux que les sympathisants de l’ »humoriste » Dieudonné ou du polémiste antisémite Alain Soral. Tous déclenchent chez lui la même rage. En cas de portrait déplaisant, les journalistes s’exposent à un blocage des sites d’information(Rue89, Arrêt sur images, Libération.fr, Mediapart), à des menaces de mort ou à la mise en ligne de leurs coordonnées personnelles.

Si Ulcan dément être à l’origine des ennuis de Pierre Stambul avec le Raid, on reconnaît clairement sa voix enregistrée sur la boîte vocale de la victime quelques jours plus tard : « Petite salope de juif honteuse […], fils de porc, enfant de putain. Ton père a été déporté, fils de pute, ton père te regarde d’en haut : juif honteux de mes couilles, putain de kapo, salope ! »

La liste impressionnante de ses souffre-douleur supposés – plus d’une centaine de victimes à ce jour – ne cesse de s’allonger, allant de l’humoriste Jamel Debbouze au chroniqueur télé Aymeric Caron, en passant par la société de restauration rapide Speed Rabbit Pizza.

Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, a, lui, reçu des menaces de mort sur son mobile après la polémique sur un retrait éventuel d’Israël de la marque française. La maire de Lille, Martine Aubry, a déposé plainte après des menaces. Le député socialiste Yann Galut a été victime d’une attaque informatique.

Sans parler des journalistes Pierre Haski, de Rue89, et Daniel Schneidermann, d’Arrêt sur images. Tous deux ont eu droit à une, voire deux descentes de police consécutives à des appels mensongers…

Croisade téléphonique

« J’ai bien diffusé le numéro de mobile de Stéphane Richard et je m’en excuse, mais ce n’est pas moi qui ai passé les appels, se défend Ulcan dans un entretien à L’Express. Quant à Martine Aubry, j’ai simplement menacé de donner son adresse personnelle. Personne ne parlerait de cette histoire s’il s’agissait d’une citoyenne ordinaire. » Son avocat, Me Gilles-William Goldnadel, dénonce « une affaire grossie de manière inconsidérée, donnant lieu à une série incroyable d’extrapolations. »

« Les grands principes réclamés régulièrement par les contempteurs de M. Chelli sont foulés aux pieds, à commencer par la présomption d’innocence ! » s’emporte-t-il.

Pourtant, le militant sioniste recense ses « exploits » sur sa page Facebook, où il recrute les membres de son « armée ». Avec une assurance en acier trempé et un culot hors du commun, Chelli n’hésite pas à téléphoner au juge et aux enquêteurs chargés de le pister. L’ »hacktiviste » s’adresse aussi à des commissariats et à des brigades de gendarmerie, en utilisant le jargon maison et le tutoiement, histoire de se faire passer pour un collègue. Cette méthode éprouvée lui permet d’obtenir les antécédents judiciaires de futures victimes répertoriées dans les fichiers. Il accède même à son propre « casier », plutôt fourni. En juillet 2009, par exemple, Grégory Chelli est condamné, avec trois autres militants de la Ligue de défense juive, pour le saccage, à Paris, de la librairie Résistances, connue pour son soutien à la cause palestinienne.

Malgré les consignes de prudence passées aux services (le ministère de l’Intérieur est allé jusqu’à diffuser des « échantillons de voix »), le stratagème fonctionne toujours. Ces « canulars » téléphoniques, Grégory Chelli les partage en ligne grâce à une webcam, et les commente sur un site, baptisé Violvocal, dont il est la vedette incontestée.

Les enquêteurs, qui ont saisi à Paris un serveur informatique du site, s’arrachent les cheveux. Les magistrats en perdent leur latin et les diplomates, leur flegme. Un an que cela dure, plus précisément depuis l’opération « Bordure protectrice », du nom de l’intervention israélienne de l’été 2014 à Gaza.

A l’époque, les critiques internationales dénoncent la brutalité de l’action de Tsahal. Ulcan se lance alors dans sa croisade téléphonique. Mais l’un de ses appels malveillants va faire basculer l’affaire dans le registre criminel…

« J’en ai marre des amalgames de la presse ! »

Le 29 juillet 2014, vers 20 heures, il téléphone aux parents d’un journaliste de Rue89, Benoît Le Corre, auteur d’un portrait peu flatteur à son égard. Ulcan se fait passer pour un policier. « Votre fils est mort, lâche-t-il. Il est mort. Il est mort. » Trois jours plus tard, un autre appel, au commissariat cette fois, provoque l’intervention des forces de l’ordre chez les Le Corre. Le 6 août, le père, Thierry, est victime d’un malaise cardiaque et décède quelques semaines plus tard, à 56 ans, sans avoir repris connaissance. La farce tourne à la tragédie et suscite la nausée lorsque, après les obsèques, le récidiviste appelle le fils pour le narguer : « Je peux faire livrer une couronne ? »

Dans un récent rapport, dont L’Express a eu connaissance, deux cardiologues établissent un « lien direct et certain entre les deux situations extrêmement stressantes et la survenue quelques jours plus tard d’un accident coronaire chez M. Le Corre », un homme souffrant par ailleurs d’hypertension artérielle. Fini de rire. Cette analyse médico-judiciaire fait bondir l’activiste, qui hurle à la « manipulation » et assure : « Le rapport d’expertise sur la mort de M. Le Corre dit tout et son contraire. Il ne prouve rien. J’en ai marre de la désinformation à mon sujet et des amalgames de la presse ! »

En attendant, Grégory Chelli coule des jours paisibles à Ashdod, en Israël, où il a pris le nom de Yehuda Ozenkia. Son argent provient, en partie, de France, où il est actionnaire à 34% de la régie publicitaire parisienne Euro-Publi Conseil (EPC), gérée par son père, Gilles. Sa grand-mère lui donne ses parts de société en 2001, l’année de ses 18 ans. Grâce à cette participation, il peut toucher des émoluments – 14 500 euros encore récemment.

Un business lucratif : le porno

Déclaré comme « webmaster » de la société familiale, Grégory Chelli se lance, en juillet 2006, dans un business lucratif : le porno. Il fonde alors son premier site, Live-visio.com, un peepshow à distance où des femmes se dénudent devant leur webcam, moyennant paiement.

Anna, 22 ans, y tient alors un blog détaillant les qualités requises : « Il faut avoir beaucoup d’habileté, une grosse dose de sensualité, de la personnalité et évidemment un physique agréable. » Deux ans plus tard, Live-visio rejoint un réseau bien plus important, celui d’Xlovecam.com, promettant de répondre à « tous les fantasmes ». Mais c’est surtout en Roumanie qu’Ulcan tente de faire prospérer ses affaires. « Un pays idéal pour le métier que je voulais exercer. Il est très facile pour un Français de s’installer là-bas », explique-t-il.

Une fois sur place, l’entrepreneur crée une autre société : Cam Prod Studio. Parallèlement, une seconde entité, Cam Prod LLC, est constituée dans l’Etat américain du Delaware, connu pour sa fiscalité avantageuse. En Roumanie, le Français fait tourner l’économie locale : dans une petite annonce passée dans un quotidien, il offre à de « jolies filles » un salaire mensuel de 1400 dollars. Les vidéos sont diffusées sur plusieurs sites, tels que Livejasmin, Chaturbate ou Myfreecams. Pour d’obscures raisons, Chelli quitte ensuite la Roumanie, direction Limnos, une île grecque de la mer Egée, où il séjourne neuf mois.

Le voyageur pose finalement ses bagages à Ashdod. Son QG…

Son apparente impunité suscite une énième crise dans les relations diplomatiques entre Paris et Tel-Aviv. Selon le Quai d’Orsay, lors de son déplacement du 21 juin dernier, Laurent Fabius insiste auprès du Premier ministre Benyamin Netanyahu « sur la gravité des actes odieux reprochés à Ulcan et sur leur caractère répétitif ». « C’est bien le moins que puisse faire la diplomatie après tant de passivité et de silence total sur des actes de guerre à l’égard de la presse ! » s’emporte Me Antoine Comte, avocat des Le Corre. Le suspect, lui, peste : « Le temps de la colonisation est fini. Israël est un pays libre, ce n’est pas la Françafrique. »

« De simples canulars téléphoniques »

Avant cet ultime épisode médiatique, bien des choses se sont déjà déroulées en coulisses. Les Israéliens ne sont pas restés inactifs : dès l’automne dernier, une équipe de policiers fait pression sur Ulcan afin qu’il stoppe ses agissements. Sans succès. Son adresse est même transmise aux enquêteurs parisiens. Mais la justice française, débordée par le nombre d’affaires concernant le hackeur – trois juges d’instruction, une quinzaine d’enquêtes préliminaires rien qu’à Paris – ne brille guère par son sens de la coordination. Fin 2014, l’une des juges délivre une commission rogatoire internationale (CRI) demandant – officiellement, cette fois – l’assistance de Tel-Aviv.

Le document comporte des demandes très précises d’identification de numéros de téléphone et de connexion Internet. Cette CRI suit un circuit très balisé, passant par le bureau d’entraide pénale internationale de la Chancellerie. Une source bien informée au sein du ministère de la Justice assure que le document a été envoyé dès la fin du mois de décembre 2014. Une version fermement contestée par la partie israélienne. Le document ne serait arrivé à Tel-Aviv qu’à la fin du mois de mai dernier !

L’enquête a tout de même connu, au début de l’été, un vrai coup d’accélérateur. Une cour israélienne a donné l’autorisation d’obtenir les données de connexion du hackeur. Elles ont été transmises à Paris dans la foulée. A la mi-juillet, aucun mandat d’arrêt n’avait encore été délivré côté français. A plusieurs milliers de kilomètres de son XVIe arrondissement natal, Ulcan se veut serein : « Pourquoi voulez-vous que je sois extradé pour de simples canulars téléphoniques ? »

Source : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/ulcan-l-hacktiviste-qui-defie-la-justice_1698364.html

Il apparait donc, contrairement à ce qu’affirme Pierre Haski sur France 2, que la balle est bien dans le camp de la France, qui a la possibilité de demander l’extradition de Grégory Chelli et de lancer un mandat d’arrêt contre lui mais le fait pas. Tout comme elle aurait dû, depuis longtemps, interdire la LDJ, dont les nervis fascistes commettent agression sur agression en France, seul pays au monde où ils ont pignon sur rue.

Alors pourquoi cette protection en haut lieu qui prive la police et la justice de tout moyen de les empêcher de nuire ?

Et n’en déplaise à Pierre Haski, qui déclare sur France 2 : « Il fait tellement de tort à Israël, car c’est de cela qu’il s’agit », c’est d’abord aux multiples personnes et associations qu’il agresse qu’il fait du tort. Israël n’a pas besoin de Chelli pour se faire du tort : ses massacres, son blocus, son vol permanent de terres palestiniennes, la torture des enfants palestiniens, son occupation et sa colonisation, se suffisent à eux-même pour « lui faire du tort ».

CAPJPO-EuroPalestine

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