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29 mars 2024

Qui se cache derrière la Cyber Armée du Yémen:


Qui se cache derrière la Cyber Armée du Yémen: un véritable ennemi de l’Arabie saoudite ou bien un allié mécontent qui veut empêcher tout rapprochement entre la Russie et l’Arabie saoudite?

17/07/2015…
Un des documents qui retient de plus en plus l’attention est un accord entre la Russie et l’Arabie saoudite qui prévoit que chaque pays votera pour l’autre pour rejoindre le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies à Genève. Est-ce une pure coïncidence si UN Watch a décidé de s’appuyer sur ce document pour critiquer la Russie et même la traiter de dictature dans un article publié par Hillel Neuer le 21 juin 2015? A l’inverse, UN Watch n’a rien dit sur la multitude d’accords similaires passés entre les Etats-Unis et la Maison des Saoud et autres dictatures. Qu’est-ce que UN Watch a dit sur le Bahreïn ou sur Gaza? Pourquoi cet organisme s’oppose-t-il au gouvernement du Vénézuela? En fait, le véritable but de UN Watch a été d’utiliser le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies dans le sens des intérêts d’Israël et des Etats-Unis tout en l’attaquant pour avoir osé critiquer Israël et ses violations des droits de l’homme. UN Watch a même contribué à légitimer la guerre menée par l’OTAN contre la Libye en 2011 et a encouragé la guerre en Syrie. A présent, cet organisme vise la Russie.

Il se pourrait que Ryad manipule Moscou pour servir Washington. Malgré ça, des fonds communs, une coopération spatiale, des accords nucléaires, des investissements et des contrats de ventes d’armes semblent prévus. La dernière fois que l’Arabie saoudite est parvenue à d’importants accords avec le Kremlin, il n’en est pas sorti grand-chose, soit parce que la Maison des Saoud s’amusait avec les Russes soit parce que les Etats-Unis avaient donné des ordres à Ryad.

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Les services secrets saoudiens frisent le ridicule
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Un autre point important à noter, c’est le manque total de professionnalisme des services de renseignements saoudiens. Cela non plus n’est pas nouveau, mais ça vaut toujours la peine de le rappeler. A la lecture des câbles, on comprend vite que la structure de ces services a été bâclée, qu’elle est trop sommaire et mal préparée. Les analyses qui apparaissent dans leurs rapports frisent le ridicule et s’appuient même sur des tabloïds et des recherches sur Internet non vérifiées.

Un bon exemple est le rapport qu’ils ont fait à mon propre sujet. Comme j’étais mentionné dans les premiers câbles saoudiens que Wikileaks a publiés, j’ai examiné avec intérêt la note de service des Saoudiens dans laquelle on nommait mon nom de façon erronée, «Mahdi Nazemroaya Darius ». Cette note de service s’appuie sur une recherche faite sur Internet pour voir mes antécédents et ceux de collègues qui avaient fait remarquer que l’Arabie saoudite soutient le terrorisme et travaille main dans la main avec Israël pour déstabiliser le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

La note de service suppose que je suis d’origine iranienne [Mahdi Nazemroaya n’est pas d’origine iranienne – Ndlr], puisque je m’appelle Darius, et que je pourrais bien « travailler pour l’Iran », ce qui est totalement faux. D’ailleurs cette note ne donne aucune précision sur ce que cela signifie exactement. Quant au portrait qu’elle fait des autres collègues, ce sont de pures et simples caricatures pour les présenter comme « anti-américains » ou « antioccidentaux».

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Absence totale d’esprit critique à l’âge de l’information
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Ce genre de piètre analyse est de plus en plus courante de la part des services de renseignements et consultants auxquels les gouvernements du monde entier, dont celui des Etats-Unis, font confiance. A ce sujet, je précise que c’est la deuxième fois que j’apparais dans un document publié par Wikileaks. La première fois, c’était en 2013 quand Wikileaks a publié un e-mail sur l’endroit probable où se trouvait Mouammar Kadhafi, e-mail piraté sur le site de Stratfor (Strategic Forecasting), agence de consultants en renseignements basée au Texas. Stratfor aussi s’était trompé. Ils m’avaient mis sur la liste des employés de l’Associated Press en Libye pendant les bombardements de l’OTAN, ce qui était faux.

En ce qui concerne la note de service saoudienne, il est évident qu’ils n’ont fait aucun effort pour vérifier mes antécédents en dehors d’une recherche sur internet. Du coup, on se demande si les services secrets saoudiens font autre chose que de surveiller la population du Royaume et si ce ne sont pas les services secrets des Etats-Unis et d’autres pays, dont Israël et la Grande-Bretagne, qui ne font le plus gros travail de renseignements pour le compte de Ryad.

En examinant les documents publiés par Wikileaks, on réalise qu’ils confirment ce que l’on sait déjà sur la Maison des Saoud : qu’il y a un grave problème d’analyse dans les services saoudiens. Le manque d’esprit critique n’est pas un problème que l’argent et la corruption peuvent résoudre. Avec ce type de mentalité et cette absence d’esprit critique à propos de ce qui se passe dans le monde, ce n’est guère étonnant que Ryad se soit mis dans un bourbier au Yémen.
Cependant, les questions restent posées sur le pourquoi des publications des câbles saoudiens et sur qui se cache derrière la Cyber Armée du Yémen.


Par Mahdi Darius Nazemroaya

Photo de Mahamat Djiddi.
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