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25 avril 2024

L’impact du BDS sur l’économie israélienne


L’impact du BDS sur l’économie israélienne – Focus sur 2014

Publié par Gilles Munier sur 3 Septembre 2015, 07:50am

Catégories : #BDS

L'impact du BDS sur l'économie israélienne – Focus sur 2014

Dernière nouvelle BDS (30 aout 2015) : United Electrical, Radio and Machine Workers of America, un des syndicats prépondérants de l’industrie des États-Unis a voté le soutien aux objectifs du mouvement mondial boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël, mentionnant « son long passé de violation des droits humains des Palestiniens ».

Par Shir Hever (conférence à Bonn – extrait – 14/3/15*

L’année 2014 a été l’année pendant laquelle le mouvement BDS mondial (boycott – désinvestissement – sanctions) a atteint les grands médias en Israël. Un nouveau magazine d’actualités diffusé aux heures de grande écoute a consacré 20 mn au BDS (le 18 janvier), et la plupart des ministres du gouvernement ont réagi. Les nouvelles directives adoptées par l’Europe sont entrées en application en janvier 2014 et ont expliqué au public israélien le fait que la pression internationale sur Israël allait continuer à augmenter. La Ministre de la justice, Tzipi Livni, a averti qu’Israël allait vers une situation semblable à celle de l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid : boycottée par le reste du monde.

Un très rapide résumé des principaux événements BDS en 2014 comprend la décision du fond de pension Néerlandais PGGM de désinvestir de cinq banques israéliennes, la perte par Véolia d’un contrat de 4 milliards de dollars à Boston ; Scarlett Johansson a dû abandonner son rôle d’Ambassadrice d’Oxfam à cause de sa participation à la promotion commerciale de Sodasteam ; la plus grande banque danoise a blacklisté la banque israélienne Hapoalim ; le parlement sud africain a voté une résolution de soutien à BDS ; deux firmes européennes ont abandonné le projet de construction d’un port à Ashdod ; le syndicat des étudiants de l’Université du Kent a annulé un contrat avec G4S ; le fond de pension luxembourgeois FDC a désinvesti de 9 firmes israéliennes ; le syndicat des étudiants de l’université de Galway adopte le BDS ; l’église méthodiste US appelle au boycott de Sodastream ; Buenos Aires annule un contrat de 170 millions avec Mekorot (la compagnie d’eau portugaise EPAL a rejoint le boycott une semaine plus tard) ; le syndicat national des enseignants du Royaume Uni adopte le boycott ; l’UE bannit l’exportation de volailles des colonies puis étend l’interdiction aux productions animales ; le rappeur Talib Kweli annule un concert en Israël ; l’association des étudiants de l’université de Santa Cruz passe une motion pour désinvestir ; Bill Gates vend ses parts dans G4S ; G4S annonce qu’il va mettre fin au contrat avec les prisons israéliennes ; l’église presbytérienne vote pour désinvestir de Caterpillar, HP et Motorola ; le fond de pension Néerlandais ABP désinvestit de deux entreprises d’armement israéliennes ; Sinéad O’Connor annonce qu’elle ne jouera pas en Israël ; quatre municipalités écossaises adoptent BDS ; Georges Soros vend ses actions Sodastream ; un cargo israélien est empêché de décharger à Oakland pendant 4 jours ; la chaîne de supermarchés SuperValu arrête de vendre des produits israéliens en Irlande. Cette très longue liste n’est que partielle. Évidemment ce n’est pas quelque chose que les Israéliens peuvent ignorer.

En 2005, quand plus de 170 organisations de la société civile palestinienne lancèrent l’appel du BDS, de fortes discussions sur la question s’ensuivirent dans la gauche israélienne. Des membres de la gauche (comme Uri Avneri), dirent que le BDS allait faire que les Israéliens se sentiraient coincés, que la société israélienne s’enfermerait encore plus dans sa forteresse défensive et que son agressivité contre les Palestiniens augmenterait. Cet avertissement s’est avéré absolument vrai, et l’année 2014 fut celle où c’est devenu absolument évident. Nous reviendrons sur cet avertissement à la fin de cet exposé.

Comme il est facile d’ignorer les premiers mois de 2014, au regard de ce qui s’est passé ensuite. Mahmoud Abbas forme le gouvernement d’union nationale, trois colons sont assassinés, Netanyahou accuse Hamas et appelle à la vengeance. L’armée israélienne envahit la Cisjordanie, dans un assaut qui conduit rapidement à une invasion et à un bombardement de Gaza comme on ne l’avait jamais vu jusque-là. Presque immédiatement après le cessez le feu à Gaza, des affrontements éclatent à Jérusalem. Des opérations militaires et policières massives à Jérusalem Est contre les Palestiniens et une série d’attaques de Palestiniens contre des cibles civiles. Ces événements de sont pas sans lien avec la pression internationale sur Israël.

Le lien se trouve dans les débats en Israël sur le niveau de vie, la détérioration des conditions sociales, la stagnation des salaires et l’augmentation croissante du coût de la vie et le manque de logements. Les protestations sociales en Israël se sont bien gardées d’en parler, mais de nombreux Israéliens réalisent que les ressources nécessaires pour changer la situation sociale en Israël sont accaparées par la sécurité et l’armée. Aucun pays développé au monde ne dépense, pour la sécurité, une part du budget de l’État équivalente à celle d’Israël. L’organisation suédoise SIPRI estime les dépenses militaires israéliennes à 6 ou 8 % du PIB, mais l’organisation israélienne de droite INSS (Institut National des Études de Sécurité) avance des chiffres encore supérieurs. Il n’y a pas de pays plus militarisé au monde qu’Israël, mais, quand des politiciens tentent de couper dans le budget de la défense, les hauts gradés de la défense effraient le public avec le terrorisme, Daech, Hamas, la Syrie etc. Après les élections de 2013 en Israël, les médias ont présenté une analyse en termes de deux discours en compétition : un discours socio-économique vs un discours sécuritaire. C’est une équation cruciale et un message clair. Si les gens sont plus préoccupés par leur niveau de vie, la puissance militaire d’Israël peut en souffrir. Si la sécurité prend la priorité, aucune avancée ne sera possible pour le bien-être du public.

Le mouvement BDS change la donne parce qu’il met cela au grand jour : la société israélienne doit payer un prix économique pour l’occupation, la colonisation et l’apartheid. Ce ne sont pas seulement quelques économistes qui spéculant sur la manière dont le niveau de vie pourrait augmenter si on parvenait à la paix. C’est un mouvement mondial qui appelle à une pression économique pour qu’Israël respecte le droit international, et tous les Israéliens sont conscients de son existence.

*Shir Hever est un économiste israélien spécialiste de « l’économie de l’occupation ». Il est membre du Centre d’informations alternatives (AIC)

La suite sur : Campagne BDS France

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